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“Art Paris Art Fair 2016” article 1840
au Grand Palais, Paris

du 31 mars au 3 avril 2016



www.artparis.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 30 mars 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pavel Ilie, well, 1975. Photographie. 22 x 36 cm. Allegra Nomad Gallery.
2/  Min Jung-Yeon, Etourdi d'une patience, 2014. Oeuvres sur papier, Mixed media. 29 x 22 cm. Galerie Maria Lund.
3/  Léo Dorfner, So let's take a ride and see what's mine, 2016. Oeuvres sur papier. 20 x 15 cm. Galerie ALB - Anouk Le Bourdiec.

 


1840_Art-Paris-2016 audio
Interview de Guillaume Piens, commissaire général de Art Paris Art Fair,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 mars 2016, durée 15'44". © FranceFineArt.
(Guillaume Piens dans une rue de Séoul)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Equipe Art Paris Art Fair :
Direction générale : Julien & Valentine Lecêtre
Commissaire général : Guillaume Piens




Du 31 mars au 3 avril 2016, Art Paris Art Fair est le rendez-vous incontournable de l’art moderne et contemporain au printemps à Paris, qui rassemble 143 galeries d’une vingtaine de pays dont, pour la première fois, l’Azerbaïdjan, la Colombie et l’Iran.

Foire généraliste ouverte à toutes les formes d’expression, Art Paris Art Fair offre un aperçu de l’art d’après-guerre à nos jours, tandis que ses secteurs thématiques favorisent la découverte : un focus sur une scène La Corée à l’honneur, les expositions personnelles d’artistes avec Solo Show, la création émergente avec le secteur Promesses pour les jeunes galeries et l’art numérique avec les projections en façade du Grand Palais.




Editorial de Guillaume Piens, commissaire général
ART PARIS ART FAIR 2016 : Une foire de découverte au printemps

Art Paris Art Fair est le rendez-vous incontournable de l’art moderne et contemporain au printemps à Paris, qui rassemble cette année 143 galeries de 22 pays. Fidèle à son concept du régionalisme cosmopolite initié il y a quatre ans, l’édition 2016 explore le territoire européen et ses scènes singulières de Marseille à Milan, de Munich à Zürich tout en accueillant la création venue de rivages plus lointains notamment, d’Azerbaïdjan, de Colombie et d’Iran, non sans oublier la Corée, pays invité d’honneur.

Ouverte à toutes les formes d’expression y compris le design, Art Paris Art Fair offre un aperçu de l’art d’après-guerre à nos jours, tandis que ses secteurs thématiques favorisent la découverte.

La Corée à l’honneur constitue le dernier volet d’une exploration des scènes artistiques asiatiques. Confiée à la commissaire d’expositions Sang-A Chun, cette invitation d’une ampleur exceptionnelle, avec près de 80 artistes coréens exposés et de nombreux évènements annexes, souligne la richesse de la scène artistique du « pays du matin calme », depuis les années 1960 jusqu’à l’effervescence artistique actuelle.

La section « Promesses » met l’accent sur la création émergente de plus en plus mondialisée, tandis que le secteur « Solo Show » offre une vingtaine d’expositions personnelles disséminées dans la foire et permet au public de découvrir ou de redécouvrir des artistes modernes, contemporains ou émergents. L’art numérique est mis en majesté grâce à un programme de projections nocturnes spectaculaires sur la façade du Grand Palais. Le parcours VIP « À Paris au Printemps », conçu pour les collectionneurs et les professionnels de l’art, met en avant le meilleur de la scène artistique parisienne et le nouveau paysage institutionnel de la ville lumière du XXIème siècle.

Art Paris Art Fair se réjouit d’accueillir de nouveaux partenaires tels que la Maison Daum qui, au sein d’une exposition spécifique souhaite, illustrer ses collaborations artistiques autour du street art, ou Bus Expo avec qui, Art Paris Art Fair, s’associe pour proposer une exposition itinérante de cinq Solo Show de l’édition 2016 sur les cars Air France. Cette initiative a pour objectif de démocratiser l’accès à l’art contemporain et reflète les valeurs d’Art Paris Art Fair : celles d’être une foire accessible et de découverte pour les passionnés d’art au printemps.




Quelques points de l’édition 2016

La Corée à l’honneur, un focus sur une scène de l’Est.

Après Singapour et l’Asie du Sud-Est, Art Paris Art Fair réaffirme son identité résolument tournée vers l’Est en accueillant en 2016 la Corée, pays dont la création contemporaine sera mise en lumière dans le cadre des célébrations de l’année France-Corée.

Confiée à la commissaire d’expositions Sang-A Chun, cette invitation souligne la richesse de la scène artistique du « pays du matin calme », depuis l’émergence d’un art contemporain spécifique dans les années 1960 jusqu’à l’effervescence actuelle avec près de 80 artistes représentés par des galeries coréennes venues de Séoul, Daegu et Paju, et une vingtaine d’enseignes occidentales.

On retrouve aussi bien la génération des tout premiers modernistes comme Ungno Lee, figure historique qui a su bâtir une oeuvre novatrice au carrefour des traditions orientales et occidentales à qui la galerie Thessa Herold consacre une exposition personnelle, que les maîtres de l’art abstrait liés à la mouvance de Dansaekhwa, cet art mystérieux et poétique du monochrome coréen dont les ambassadeurs les plus connus seront présents comme Lee Ufan, Myeong-Ro Youn représentés par la galerie Gana Art. Les figures contemporaines établies comme Moon-Pil Shim (Galerie Lahumière et Gallery Shilla), Lee Bae (Galerie RX), Kwang Young Chun (Sundaram Tagore Gallery, Omer Tiroche Contemporary Art) ou Boomoon (Flowers Gallery) sont présentes. La génération émergente sera également honorée avec les installations de Kiwon Park (313 Art Project) et de Yun Soo Kim (Gallery Soso), les sculptures oniriques de MyeongBeom Kim (Galerie Paris-Beijing) ou encore le travail graphique de Min Jung- Yeon (Galerie Maria Lund).

À l’occasion des célébrations de l’année France-Corée, la scène coréenne investit la capitale française pendant Art Paris Art Fair et s’expose dans de grands lieux parisiens. à l’initiative de la IBU Gallery et en collaboration avec les galeries RX et Hakgojae, l’artiste CHUNG Hyun présente « L’homme debout », un ensemble de sculptures monumentales disséminées dans le jardin du Palais Royal. Par ailleurs, le musée Cernuschi expose sa collection d’art coréen contemporain constituée à partir des années 1980 ainsi que des jeunes talents prometteurs. Le Centre culturel Coréen consacre une exposition au peintre Oh Se-Yeol et accueille une conférence, « Art Contemporain : tracer le passé, éclairer l’avenir », modérée par Sang-A Chun, commissaire invitée pour la Corée à l’honneur à Art Paris Art Fair (Centre culturel Coréen, 2 avenue d’Iéna, 75116 Paris le vendredi 1er avril à 18h).
 La Corée à l’honneur à Art Paris Art Fair 2016 est une manifestation de la programmation oficielle de l’année France-Corée 2015-2016 :
www.anneefrancecoree.com




Une exploration des régions européennes

Art Paris Art Fair accueille les grandes enseignes internationales comme Daniel Templon (Paris), Sundaram Tagore (New York, Hong Kong, Singapour) et Flowers (Londres, New York). Parallèlement, la sélection 2016 privilégie l’exploration des régions de l’Europe, des villes singulières comme Zurich, Munich ou Milan. Art Paris Art Fair tient aussi à mettre en avant les galeries d’auteur dont la ligne artistique reflète la passion, comme un antidote à la tendance d’uniformisation que l’on constate d’une foire à l’autre.

L’édition 2016 maintient un équilibre entre 48% de galeries étrangères et 52% de galeries françaises, avec 58 nouvelles participations. Parmi les nouveaux entrants, on note l’arrivée des galeries Bob Gysin (Zurich), Art Bärtschi & Cie (Genève), La Balsa Arte (Bogota), Silk Road Gallery (Téhéran), Studio Giangaleazzo Visconti (Milan) et le retour de Ditesheim & Maffei Fine Art (Neuchâtel). Du côté français, Art Paris Art Fair fait la part belle aux galeries en région avec la présence de trois galeries de Marseille (Galerie Gourvennec Ogor, Béa-Ba et Najuma), deux galeries bordelaises (D.X et Xénon), des enseignes lilloise (Cédric Bacqueville), lyonnaise (Galerie Françoise Besson), rennaise (Galerie Oniris - Florent Paumelle) ou strasbourgeoise (Galerie Jean-Pierre Ritsch Fisch). Parmi les nouvelles enseignes parisiennes, on note l’arrivée des galeries Eric Dupont, RX, Françoise Paviot, MAGNIN-A et le retour de Sèvres-Cité de la Céramique.


Solo show

Inauguré en 2015, le secteur « Solo Show » offre une vingtaine d’expositions personnelles, disséminées dans la foire, qui permettent au public de découvrir ou de redécouvrir des artistes modernes, contemporains ou émergents, tels que le peintre français Damien Cabanes à la Galerie Eric Dupont, le philippin Ronald Ventura à la Galerie Primae Noctis, ou encore le belge Antoine Roegiers chez Art Bärtschi & Cie dont le travail s’inspire de l’oeuvre du peintre flamand Pieter Brueghel.

Les figures féminines sont particulièrement mises à l’honneur avec des expositions personnelles consacrées à Claudine Drai (Galerie 111), Jan Haworth (Galerie duCentre), Carmen Perrin (Galerie Bob Gysin), Ruby Rumie (NH Galeria) ou encore Song Hyun Sook (Galerie Ditesheim & Maffei Fine Art).


Promesses

Ce secteur, dédié à la promotion des jeunes galeries et à la création émergente, accueille douze enseignes de moins de cinq ans d’existence et n’ayant jamais participé à la foire. Sélection 2016 : 50 Golborne (Londres), ART’LOFT Lee-Bauwens Gallery (Bruxelles), Bildhalle (Zurich), Galerie Béa-Ba (Marseille), Rutger Brandt Gallery (Amsterdam), Espace L (Genève), Galerie Valerie Delaunay (Paris), Galerie Gourvennec Ogor (Marseille), Christine Park Gallery (Londres), Maëlle Galerie (Paris), under construction (Paris), YAY Gallery (Bakou).


L’art numérique en majesté sur la façade du Grand Palais

Art Paris Art Fair, en partenariat avec la société Vidélio, propose une programmation d’installations numériques projetées sur la façade du Grand Palais tous les soirs pendant la durée de la foire. Six artistes ont été sélectionnés : Col.l.age + Sho Jang and Min Kim (Paik Hae Young Gallery), ENCOR Studio (Galerie Madé), Kim Joon (Galerie Park Ryu Sook), Hypnotica (YAY Gallery), Moon-Pil Shim (Galeries Shilla et Anne Lahumière) et Antoine Schmitt (Galerie Charlot).




Corée à l’honneur :

Art contemporain coréen : promesse de l’éternelle métamorphose
par Sang-A Chun, commissaire invitée.



Depuis l’automne dernier, la Corée est partout, à Paris comme en province. En résonance avec l’Année de la France qui commence en Corée, mars 2016 marque un temps fort de l’Année de la Corée en France, le Pays du matin calme étant l’invité d’honneur de Art Paris Art Fair. Cent trente ans d’amitié : les relations francocoréennes ne datent pas d’hier. Mais que sait-on réellement de la Corée, et plus particulièrement de sa scène artistique ?

Contrairement à ses voisins chinois et japonais, l’art coréen est encore relativement méconnu sur la scène internationale. Pourtant, la Corée est dotée de ressources et d’équipements artistiques remarquables, et elle commence à s’affirmer comme l’un des principaux acteurs culturels mondiaux en termes de programmation et d’infrastructures. Partition de la péninsule coréenne, cohabitation entre tradition et (ultra)modernité, technologies de pointe dominant le monde… ces traits distinctifs du pays, évidemment partiels, peuvent nous fournir quelques pistes intéressantes et nous servir d’outils visuels – au figuré – pour explorer la vaste question de ce qu’est l’art coréen et en donner une vision globale.

À la recherche de l’identité perdue

Le contexte politique a joué un rôle majeur dans l’évolution de l’art coréen. En effet, les grandes manifestations démocratiques emmenées par les étudiants ou les syndicalistes entre 1969 et 1987 ont modifié non seulement le paysage politique, mais aussi les manières de voir des artistes, contribuant à l’essor de nouvelles formes et techniques artistiques. Cette période de démocratisation du pays a vu d’un côté le régime dictatorial exercer une répression et une censure systématiques des oeuvres, de l’autre l’émergence de deux grands objectifs communs : l’élaboration d’une nouvelle identité artistique coréenne et la modernisation, dans tous les sens du terme.

Avec l’occupation japonaise, la partition du pays (en 1945) puis la tragédie d’une guerre fratricide, ce désir de retour aux sources avait été fortement ressenti chez les artistes coréens dès les années 1960 : le problème de l’essence de l’art traditionnel avait ainsi été l’objet de nombreux débats esthétiques, certains artistes proposant même de le rétablir. Les mouvements d’avant-garde, quant à eux, avaient été stimulés par les importants changements de la vie quotidienne dans une Corée en marche vers une société de consommation issue de la priorité absolue donnée par le gouvernement à l’industrialisation du pays. Par la suite, dans les années 1970, l’art abstrait coréen sut déployer son propre langage sous l’influence de l’informel, de l’expressionnisme abstrait et du minimalisme de l’Occident, et vit le triomphe du Dansaekhwa, école de peinture qui a produit des oeuvres abstraites et monochromes, devenu le modèle du modernisme. Par contrecoup, ce fut un mouvement basé sur la peinture traditionnelle coréenne, le Soomookhwa (peinture à l’encre), qui prit le relais de cette quête d’identité. La période suivante, dans le contexte de la lutte contre la dictature et de la transition démocratique des années 1980, vit aussi resurgir un courant réaliste politisé, le Minjungmisul prenant le contrepied du courant Dansaekhwa, alors presque institutionnel.

L’art abstrait, la modernité visuelle

Le succès du Dansaekhwa sur la scène internationale ne s’est pas bâti en un jour. La Corée est l’un des rares pays, parmi les nations devenues indépendantes après la Seconde Guerre mondiale, à avoir connu un incroyable panorama de mouvements artistiques : quête des origines de la peinture traditionnelle, modernisation de cette dernière, introduction de la peinture occidentale, affrontement entre art abstrait et réalisme, déploiement des nouveaux médias et des installations, expérimentation de techniques mixtes… Au sein de cette constellation de courants, l’art abstrait finit par se démarquer avant de constituer un point phare, permettant aux artistes coréens de passer à une nouvelle étape.

De la fin des années 1950 à aujourd’hui, différents groupes d’artistes abstraits se sont formés et succédé. Kim Whanki, l’un des pionniers de l’art abstrait coréen, découvre et dépeint le caractère d’abstraction inhérent à la nature et à la vie. Nam Kwan et Lee Ungno réorientent la peinture traditionnelle selon une approche moderne en s’inspirant des dimensions abstraites des techniques de la calligraphie. Par une similarité de forme, Oh Sufan tente de représenter l’esprit vif de l’Orient (ki) au travers des signes les plus primitifs. Quant à Lee Kang So, c’est le geste intuitif et le processus de création en tant que tel qui constituent l’essence de son travail. L’univers pictural de Youn Myeung-ro rime avec un continuel renouvellement matériel et gestuel tendant à exprimer les traces de l’esprit et des pensées. Suh Seung-Won se revendique de l’abstraction géométrique tout en conservant à la composition picturale une tonalité lyrique, tandis que Kim Inkyum exploite les formes géométriques afin de dévoiler la planéité dans le tridimensionnel, et inversement.

Chez les artistes Dansaekhwa (Park Seo-Bo, Chung Chang-Sup…), la matière, constituée et élaborée au moyen de gestes répétitifs, représente l’importance accordée au temps et au processus. Une dimension que s’est appropriée la génération d’artistes qui leur a succédé. Le charbon, comme symbole du temps éternel et de l’énergie, est transformé en matière chargée de spiritualité par la gestuelle chez Lee Bae. Quant à Noh Sangkyoon, les sequins minutieusement collés, qui couvrent tout l’espace de la toile ou l’objet, provoquent des illusions optiques, suggérant une double lecture du sujet. La question de matières pour Moon Beom correspond à des traces engendrées par le dynamisme entre le geste et la surface du tableau. La recherche de matérialités concrètes chez Jang Seungtaik s’effectue au profit des aspects immatériels et incorporels… Ainsi l’art abstrait coréen affiche-t-il quelques spécificités : la réconciliation de techniques traditionnelles et modernes (utilisation du hanji, le papier de mûrier coréen, ou de l’écriture calligraphique…), l’utilisation des matériaux expressifs, la prépondérance du geste spontané et intuitif, le refus de toute forme narrative. Il ouvre la voie à une modernité visuelle qui participe au développement de l’art coréen contemporain.

Vivre (avec) la frontière, entre cloison et interface

Selon de nombreux historiens d’art, il faut situer les débuts de l’art contemporain en Corée vers 1987, au terme de cette opposition virulente entre Dansaekhwa et Minjungmisul, abstraction et réalisme, lorsque les tourmentes politiques s’effacent devant les grandes mutations culturelles. La démocratisation du pays a préparé le terrain à la diversité culturelle, le succès des jeux olympiques a garanti le confort matériel auquel les artistes, appelés « génération 386 » (nés dans les années 1960), et le postmodernisme ont part. Après la crise financière de 1997, d’importants lieux d’art contemporain sont construits grâce à des fonds privés. La création de biennales d’art contemporain (Gwangju, Mediacity Seoul, Busan, Anyang Public Art Project…), de nombreux lieux alternatifs et de résidences d’artistes, tout comme le dynamisme du marché de l’art sont autant de facteurs déterminants pour l’essor de la scène artistique coréenne.

Dans l’unique pays au monde partagé en deux, les tensions et les soubresauts du contexte politique ont indéniablement marqué la création. La frontière, matérialisée par la DMZ (zone démilitarisée entre les deux Corées), est devenue un objet d’étude et même un site d’action artistique. Flash Wall, l’installation monumentale de Park Ki-won placée à l’entrée du Grand Palais, en est un excellent exemple. Constitué de nombreux gestes de démêlement et d’enlacement de fils de fer, qui ne manquent pas de rappeler l’histoire de la frontière coréenne, ce mur décline sa symbolique de réconciliation et de paix, tout en représentant la perception de l’espace chez les Coréens, par l’accrochage des boules colorées en Obangsaek, 5 couleurs traditionnelles coréennes.

Si l’art coréen moderne s’est développé grâce aux relations conflictuelles entre discours divergents, les nouvelles générations d’artistes jouent un rôle « frontalier », explorant ce terrain à la fois glissant et magnétique dont ils deviennent des observateurs attentifs et avisés. Le regard des artistes se tourne continuellement vers les innombrables fractures qui divisent la société coréenne, tout autant que vers divers horizons qui s’ouvrent devant eux, et ils en livrent leur vision en privilégiant l’utilisation de nouveaux médias et de techniques mixtes.

En « sublimant » des objets du quotidien ou des activités humbles, les artistes révèlent l’ombre d’une modernisation hâtive (Choi Jeong Hwa), jusqu’à s’interroger sur le rôle social de l’art. Son processus de création est également remis en cause, par des expérimentations de pratique transdisciplinaire (Hur Shan), qui relèvent parfois le lien avec la culture de consommation (Gwon Osang). Certains tentent, à travers le pèlerinage dans des lieux chargés d’histoire et de mémoires enfouies (Lim Minouk, Che Onejoon), de retrouver les traces du passé afin d’éclairer le présent. D’autres peignent le paysage à l’infini, en pleine mutation, telle une vision utopique du monde qui abolit toute frontière de la visibilité et limite temporelle (Kim Yun Soo, Min Jung-Yeon). L’unicité de narration et la netteté territoriale sont mises en question et remplacées par la pluralité et l’ambiguïté (Park Chankyung).

Le rapport ambigu entre les archives et les faits réels est mis en doute à travers différents dispositifs scéniques et narratifs (Kim Ayoung, Nam Hwayeon). La reconstitution d’une histoire coréenne désabusée ou de traumatismes sociétaux se poursuit dans la langue des signes, la poésie ou la chorégraphie (Jang Minseung, An Jungju). Alors que beaucoup se focalisent sur les récits intimes et imaginaires des individus, incorporant la notion de temps dans un corps multiple (Won Seoung-won, Chun Kyungwoo).

L’histoire de l’art coréen n’est pas finie, certes. La frontière ne fait plus entrave mais sert d’interface mobile. Et elle enseigne, pour de possibles devenirs à venir, la seule promesse qui soit immuable, celle de l’« éternelle métamorphose ».



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1564_Art-Paris audio
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