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“Anri Sala : Ravel Ravel Unravel” Biennale de Venise 2013, 55e édition
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Légendes de gauche à droite :
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texte de Gilles Kraemer, rédacteur pour FranceFineArt
En 2011, Chance de Christian Boltanski occupait le Pavillon français traitant, dans un défilement ininterrompu de visages de tous âges, du hasard, de la chance et de la malchance. L'année 2013 célébrant le 50e anniversaire de l'amitié franco-allemande (traité de l'Élysée), ces deux pays ont choisi d'échanger leurs pavillons nationaux qui se font face dans les Giardini. Les artistes invités par l'Allemagne, dans le Pavillon français sont Ai Weiwei, Romuald Karmakar, Santu Mofokeng et Dayanita Singh. Dans le Pavillon allemand, Anri Sala (né en 1974 à Tirana) a conçu quatre vidéos présentées dans les trois espaces de ce beau et imposant bâtiment. Une œuvre visuelle et sonore qui se mérite : ne fallait-il pas patienter, une heure trente, lors des pluvieuses journées presse de la fin mai pour... enfin entrer. Et accéder à cette « œuvre complexe et poétique » comme le souligne Christine Macel, commissaire de l'exposition et entendre « le Concerto en ré majeur pour la main gauche de Ravel écrit pour l'absence d'une main et qui se joue d'une autre main » comme le définit ce vidéaste vivant entre Paris et Berlin. Le pianiste viennois Paul Wittgenstein, amputé du bras droit pendant la Première guerre mondiale, passera commande de concertos pour piano conçus pour lui auprès des compositeurs Korngold, Hindemith, Strauss, Schmidt et Prokofiev. Le français Maurice Ravel lui écrira en 1929 ce Concerto, achevé en 1930 et joué pour la première fois en 1931. Dans les deux salles entourant l'immense chambre sourde, dans laquelle sont projetés simultanément Ravel Ravel deux films spécifiques au Concerto, sont diffusés sous le titre unique Unravel les deux films présentant la Dj Chloé Thévenin mixant les deux interprétations du Concerto. Dans la première salle, la caméra se centre sur le visage de Chloé, en gros plan, de face ou de profil. Du mixage de cette musique, elle tire des accents de contemporanéité avec quelques nuances japonaises n'existant nullement dans l'œuvre initiale, avec des temps de longs silences correspondant à des instants de réflexion et de maturation. Visuellement, elle s'interroge, réfléchit, ne se complaisant pas à un simple mixage mais à une création, aboutissant à une œuvre nouvelle. Des notes luxuriantes de Ravel, elle extrait une musique minimaliste de 6' 25''. La gigantesque salle centrale, espace sans écho ou anéchoïque, propice à une écoute attentive des spectateurs - immergés dans une presque obscurité, enveloppés par la musique énergique et rythmée – accueille l'audition du Concerto, enregistré avec l'Orchestre National de France, dirigé par Didier Benetti, interprété par les pianistes Louis Lortie et Jean-Efflam Bavouzet. Sur les deux écrans superposées et légèrement décalés, sont projetées les images des mains et des poignets immobiles, pendant ou jouant filmés en gros plan, des pianistes. Une sensation de poursuite musicale, comme si ces deux mains gauches faisaient la course. Décalage des tempi d'une même œuvre jouée selon deux sensibilités différentes, provoquant une légère distorsion du son dans cette audition de 20' 45''. Dans la troisième salle, l'on redécouvre Chloé mixant les deux interprétation du Concerto dans des plans plus larges ou très rapprochés, avec en bande sonore le Concerto « réunifié » permettant aussi de voir que les séquences de cette création d'Unravel le furent filmées, ce printemps, dans la grande salle du Pavillon. Une œuvre exigeante et précise, autour du travail du geste, du corps et de la main, relevant d'une expérience visuelle et sensorielle, avec un déplacement physique du spectateur dans l'espace sonore. Cette écoute émotionnelle de la musique ravelienne est pur moment de poésie. Anri Sala est représenté à Paris par la galerie Chantal Crousel.
Gilles Kraemer
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extrait du communiqué de presse :
Commissaire : Christine Macel
Anri Sala représente la France à la 55e exposition internationale d’art de la Biennale de Venise. Le projet, pensé par Anri Sala pour les espaces du Pavillon allemand où il sera exceptionnellement présenté, s’intitule Ravel Ravel Unravel (2013).
Le projet par Christine Macel, commissaire du Pavillon français
Un échange de pavillon avec l'Allemagne |