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“L’oeil d’un collectionneur : Serge Aboukrat” du cliché-verre à Philippe Halsman
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 26 juin au 15 septembre 2013



www.mep-fr.org

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 juin 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Saut dans le vide de Yves Klein, Cibachromes,1998. © Vik Muniz. Collection Serge Aboukrat.
2/  Delacroix, Le tigre en arrêt, 1854. Tirage Sagot-Le Garrec, 1921. Collection Serge Aboukrat.
3/  Grace Kelly, 1955. © Philippe Halsman / Magnum Photos.

 

extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Serge Aboukrat

 

L’exposition dédiée à Serge Aboukrat à la Maison Européenne de la Photographie présente l’oeil d’un collectionneur, son regard sur l’histoire de la photographie, des clichés-verres (une soixantaine d’oeuvres) à Philippe Halsman (une soixantaine de photographies) en passant par quelques pièces emblématiques de sa collection personnelle.

 

Les clichés-verre
Le cliché-verre tient, par sa nature même, à la fois du dessin, de la gravure et de la photographie. Mais c’est avant tout un procédé de multiplication de l’image s’appuyant sur les débuts de la photographie.
Le “cliché-verre” est un procédé d’impression par les moyens photographiques, à partir d’un négatif sur verre réalisé manuellement et directement par l’artiste. La plaque est préalablement enduite d’une couche épaisse de collodion où l’artiste, dessine avec une pointe, son sujet. Le tracé traverse le verre translucide. Le tirage est obtenu par l’action de la lumière qui passe à travers le verre et marque le papier photo-sensible qui est ensuite révélé et fixé. Cette technique, à mi-chemin entre la gravure et la photographie fut inventée,dans les années 1850 par Constant Dutilleux et son gendre Charles Desavary.
Jean-Baptiste Camille Corot fut invité, lors d’un de ses voyages à Arras à découvrir ce procédé. Il en réalisa une soixantaine. Le premier “dessin sur verre pour photographie”, réalisé en 1853, fut celui de Corot : “Le bucheron de Rembrandt”.
L’exposition présente une soixantaine de clichés-verre de Corot, Daubigny, Delacroix, Millet, Rousseau.

 

Philippe Halsman
Philippe Halsman est considéré comme l’un des plus grands photographes-portraitistes du XXe siècle.
De ses débuts en France dans les années 1930 à la carrière qu’il poursuit à New York dès 1940, Philippe Halsman s’illustre par ses photographies de mode et ses portraits de personnalités. Pour le célèbre magazine Life, avec lequel il collabore jusqu’en 1970 et dont il détient — avec 101 couvertures — le record de “une”, Philippe Halsman photographie les riches et les célèbres, renouvelant l’art du portrait grâce à son inventivité, à son originalité et à son empathie envers son sujet.
Après son retour en Europe dans les années 1950, où il est invité par David Seymour à se joindre à Magnum, Halsman poursuit son exploration du portrait au travers de sa célèbre série “jumpology”.
Il photographie ainsi les plus grands de ce monde, en plein saut, de Marilyn Monroe à Brigitte Bardot, de Mme Ford à Richard Nixon, des Windsor à Edward Steichen, artistes, écrivains, scientifiques…
En renouvelant l’art du portrait par une approche inspirée des surréalistes, Philippe Halsman a rejoint les rangs des dix plus grands photographes du monde, aux côtés d’Irving Penn, Richard Avedon, Ansel Adams, Henri Cartier-Bresson, Alfred Einsenstaedt, Ernst Hass, Yousuf Karsh, Gjon Mili et Eugene Smith.
Depuis dix ans, Serge Aboukrat a constitué un ensemble conséquent de photographies de Philippe Halsman. Autour d’une soixantaine de photographies, il nous offre ainsi de découvrir une partie de l’oeuvre et de la vie de celui pour qui « les accents et les différences sont là non pas pour contrarier, mais pour être savourés ».

« Depuis longtemps j’affectionne la photographie.
Dans les années 1970, alors que j’habitais Nice, une de mes connaissances collectionnait les années 1930. Tout dans son appartement reflétait l’ambiance de cette époque : murs en opaline noire, vases de Dunand, Lalique, meubles de Ruhlmann, Leleu, sculpture de Miklos, peinture animalière de Jouve… Un véritable musée. Je me faisais alors la réflexion, qu’il devait falloir 40 ans pour redécouvrir, apprécier une période dans son ensemble et j’annonçais alors que le 1960 serait “à la mode” dans les années 2000 ! Lors de la visite du Musée Pompidou Metz, dans la première exposition décidée par Laurent Lebon, une vidéo d’entretiens avec Marcel Duchamp affirmait, et me confirmait, cette idée des 40 ans. Ce laps de temps est-il à considérer comme “une traversée du désert”, à l’image de celle du peuple hébreu lors de la sortie d’Égypte, qui dura 40 ans, d’obtenir les garanties de durabilité. Passé ce délai, tout est possible. Les dés sont jetés.
Être en phase avec son temps, comprendre, aimer son époque est une forme de bonheur. Certes “Des choses anciennes, faisons des nouvelles” sera toujours d’actualité. La critique fait progresser le futur. L’innovation artistique (picturale, musicale, littéraire) est-elle réellement comprise lors de sa période de création ? Cela paraît évident pour les amateurs éclairés. Je me remémorais l’affiche rencontrée dans les rues de Paris, alors que je venais juste de m’y installer, à 40 ans : “La musique classique a d’abord été contemporaine”. William Bouguereau, Eugène Carrière et bien d’autres peintres ont été plus appréciés à leur époque que Edouard Manet, qui laissa pourtant son nom dans l’Histoire de l’Art. Ne parlons pas de la photographie, des débuts de ce médium négligé, de ces précurseurs qui ont tant oeuvré pour imposer la photographie au rang d’Art.
L’histoire rattrape ces erreurs.
Il y a une dizaine d’années, je fis l’acquisition d’un lot photographique de Philippe Halsman, ensemble réduit de cet artiste, sorte de mini rétrospective : Atomicus, Skull, Jump et portraits “flottants”. Je m’en suis immédiatement voulu de ne pas m’être intéressé bien avant à cet artiste, considéré comme l’un des dix grands photographes de sa génération. Au fil de mes recherches, je constituais un ensemble cohérent qu’aujourd’hui il m’est rendu possible de présenter à la Maison Européenne de la Photographie et ce moins de 40 ans après sa disparition. Les fatalités de son adolescence n’ont pas engendré chez Philippe Halsman, dans sa vie ou son travail de la rancoeur, mais plutôt légèreté, beauté, optimisme et joie de vivre. Les évènements éprouvés dans sa jeunesse ont jeté dans les dés du hasard les clefs de sa passion, qu’il mit au service de son oeuvre, sa marque singulière facilement reconnaissable et si bien formulée dans le texte qui suit.
Une oeuvre, c’est une vie dont il nous est permis de découvrir une infime partie, une bonne partie cependant et de s’en faire néanmoins une opinion.
Une très bonne opinion, il me semble ! »