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“Costa-Gavras” Carnets Photographiques
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 26 juin au 15 septembre 2013



www.mep-fr.org

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, en présence de Costa-Gavras, le 25 juin 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Coline Serreau, 1970. © Costa-Gavras.
2/  Chris Marker, Place Rouge, Moscou, 1970. © Costa-Gavras.
3/  William Klein, 1999. © Costa-Gavras.

 


1000 Costa-Gavras audio
Entretien avec Costa-Gavras et Daniel Arnault,
propos recueillis par Pierre Normann Granier, à Paris, le 25 juin 2013. durée 5’02". © FranceFineArt.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt

 

Avec « Carnets photographiques », la Maison Européenne de la Photographie nous invite à découvrir du 26 juin au 15 septembre 2013 une facette méconnue du cinéaste franco-grec Costa-Gavras.

Photographe amateur ?
De Costa-Gavras, l’on connaît bien sûr les œuvres cinématographiques si particulières, thrillers politiques (L’Aveu, 1970) ou sociaux (Le Couperet, 2005), très souvent teintées de noirceur désespérante. Rien de tel, cependant, dans les soixante-dix photographies exposées ici. Prises en amateur pendant plusieurs décennies et dans tous les coins du globe, elles s’avèrent profondément intimes et personnelles et révèlent l’individu, chaleureux et porteur d’un regard curieux et bienveillant. Les portraits présentent des amis ou des membres de la famille, des artistes devenus des compagnons de vie (Yves Montand, Romy Schneider) saisis sur le vif. On retrouve aussi l’homme engagé, politiquement et humainement dans tous les combats majeurs de notre époque, et tel qu’il nous apparaît toujours dans ses films. Participant aux marches contre le sida (New York, 1990), aux manifestations contre le racisme (1992) ou pour le mariage homosexuel, il fixe l’instant et la foule, ses visages anonymes mais volontaires, qui se fondent et se confondent en un seul mouvement. Car les clichés de Costa-Gavras ne se distinguent pas de prime abord par une quelconque prétention artistique. L’on sent ici que seuls le respect et l’intérêt portés à un élément du paysage, à un geste ou à une expression président à l’acte de photographier. Le plaisir aussi, certainement, celui que l’on éprouve tous à la découverte de la beauté ordinaire des autres et de ce qui nous entoure.

Déformation professionnelle
Que Costa-Gavras ne se pose pas en photographe, on veut bien le croire. Mais le travail du réalisateur influence nécessairement la passion de l’amateur, notamment lorsqu’  évoque son sens du cadrage. Si certains portraits se caractérisent par leur simplicité et leur sincérité, d’autres semblent le fruit d’une véritable réflexion. Ainsi le profil du journaliste Serge Toubiana émerge-t-il avec une incroyable netteté des visages flous qui l’entourent tel un cadre, comme pour mieux souligner les liens qu’entretiennent les deux hommes. Il en va de même pour l’œuvre grand format qui introduit l’hommage rendu par Costa-Gavras au photographe et écrivain Chris Marker, présent sur le tournage de L’Aveu. Pris de dos et comme à contre-jour, sa silhouette noire découpée sur le gris brumeux de la Place Rouge à Moscou, ce dernier évoque une figure mystérieuse, hors d’atteinte et pourtant rassurante. Quant aux clichés de paysages, ils se signalent par leur construction élaborée opposant lignes verticales et horizontales. Au loin, les gratte-ciels de Chicago paraissent ainsi jaillir du sol pour s’élever vers le ciel, écrasant par leur forme effilée les maisons basses de la banlieue, tandis que sur une route déserte de Californie, une file de quatre motards accompagne dans un ensemble parfait les courbes tracées par l’asphalte. Mais peut-être est-ce dû au regard acéré du cinéaste qui sait saisir au moment où il s’y attend le moins les instants de grâce que lui offre le hasard.

 

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires d’exposition : Jean-Luc Monterosso et Daniel Arnault
en collaboration avec Laurie Hurwitz
texte d’exposition : Serge Toubiana

 

Auteur de films mythiques, de Z à Capital, son dernier film, en passant pas L’Aveu, Clair de Femme et Missing, Costa-Gavras est aussi photographe.
Ce réalisateur engagé a conservé de ses amitiés et de ses combats des images personnelles et attachantes. Pour la première fois, Costa-Gravras accepte d’ouvrir de grand album photographique.
L’exposition à la Maison Européenne de la Photographie donne à voir cet aspect méconnu de son oeuvre. Avec environ 70 images, l’exposition présente une sélection de photographies de voyage (en Palestine, Russie, Amérique latine…), de portraits (sa famille ainsi que des personnalités du monde du cinéma et de la politique), et de ses engagements politiques. À la fin de ce parcours photographique, Costa-Gavras rend un vibrant hommage à Chris Marker, à travers une sélection de photos prises par celui-ci sur le tournage de L’Aveu, en 1970.
On reconnaîtra dans l’ensemble de ce travail en noir et blanc à la fois la lucidité d’un regard et la sensibilité d’un homme pour lequel la vie doit être vécue avec chaleur et conviction.

« Costa-Gavras cinéaste pratique de manière régulière la photographie. Autant pour lui le cinéma relève d’un geste professionnel, autant la photographie demeure une passion amateur. Il prend des photos à des moments inattendus, lorsqu’il voyage, lors de manifestations politiques, en famille ou avec ses amis, parfois lors de ses tournages. Les photographies exposées ici sont inédites, elles ont été prises pour le pur plaisir. Elles n’étaient même pas développées, juste repérées sur des planches contact. En prise avec le

réel qu’elles dévoilent, elles sont légères ou absentes de toute intentionnalité d’artiste.
Photographe par intermittence, Costa-Gavras prend des photos par inadvertance. Très présent dans les lieux qu’il découvre, il a souvent le réflexe de sortir son appareil pour saisir un moment, un ami ou un membre de sa famille, un paysage, pour aussitôt le ranger et passer à autre chose. Ces photos ne sont pas volées mais prises à la dérobée, ce qui leur donne d’autant plus de valeur.
Son regard est celui d’un voyageur, d’un témoin engagé, d’un être parmi les autres. Costa-Gavras ne demande jamais à ceux qu’il photographie de prendre la pause ou d’interrompre ce qu’ils sont en train de faire. La photo est prise dans le cours des choses, elle accompagne le mouvement, le ponctue sans l’interrompre. Si la photo doit témoigner, c’est pour plus tard. Ce sont des photos prises par un ami, en amateur. À les regarder de manière plus attentive, elles dégagent une force, un sens du cadre ou du décadrage, une tension qui leur donne du sens et une certaine humanité. Tout simplement, elles sont vraies, et permettent au regard de revenir sur ses pas, pour voir par où il est passé. »
Serge Toubiana

 

 

 

L’artiste
Costa-Gavras naît en 1933 à Athènes.

Il quitte la Grèce à 19 ans, pour Paris et obtient la nationalité française en 1968.
Il poursuit ses études à l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques, travaille comme critique de cinéma et devient l’assistant de René Clément et de Jacques Demy.
Il débute derrière la caméra en 1965 avec Compartiment tueurs qui remporte un grand succès en France et aux Etats-Unis. Sa carrière de réalisateur explose réellement en 1969 avec Z., réquisitoire contre la dictature des colonels grecs. Le film est un succès énorme à travers le monde. Z. est récompensé par le Prix du Jury à Cannes, l’Oscar du Meilleur film étranger et l’Oscar du Meilleur montage. Le film est considéré comme le premier grand film politique français.
L’engagement est au coeur des films de Costa-Gavras, comme dans L’Aveu, en 1970, sur les excès du Stalinisme ; Etat de siège, en 1973, sur la mainmise politique des États-Unis sur certains états d’Amérique latine ; Section Spéciale, en 1975, sur la collaboration du gouvernement de Vichy sous l’Occupation et la soumission de la justice.
Après une rapide incursion dans le film sentimental avec Clair de femme, Costa-Gavras tourne aux Etats-Unis un nouveau film de dénonciation, Missing, qui remporte la Palme d’Or à Cannes en 1982 et un Oscar pour la meilleure adaptation.
Tout au long de sa carrière, Costa-Gavras poursuit son voyage dans le cinéma engagé, avec Betrayed en 1988, Music Box en 1989 ou Amen en 2001, drame historique dans la droite ligne de ses premiers longs-métrages dans lequel il évoque le silence du Vatican sur l’extermination des juifs. Infatigable défenseur des droits de l’homme et pourfendeur des injustices, il choisit la forme du suspens pour s’en prendre à l’horreur économique (Le Couperet, 2005) et ose une Odyssée des temps modernes pour évoquer le sort des exilés (Eden à l’Ouest, 2009).
Le 13 juin 2007, il est élu président et administrateur de la Cinémathèque française.
En février 2008, il préside la Berlinale 2008, le festival du film de Berlin.
Costa-Gavras est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence et du comité de soutien de l’Association Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de torture et de violence politique).