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“Ferrante Ferranti” itinerrances
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 26 juin au 15 septembre 2013



www.mep-fr.org

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 juin 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  © Ferrante Ferranti, Ruines de l’église Sainte-Claire, Antigua, Guatemala, 2002.
2/  © Ferrante Ferranti, Terrasse des Prophètes, Congonhas do campo, Brésil, 1993.
3/  © Ferrante Ferranti, Hommage à Gian Lorenzo Bernini, “Le rapt de Proserpine”, Villa Borghese, Rome, Italie, 1997.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt

 

Composée de près de 130 œuvres, « Itinerrances » aborde en trois parties des thèmes chers au photographe-voyageur Ferrante Ferranti : « Pierres sauvages, Pierres vivantes », « Rencontres » et « Empreintes du sacré ».

«Pierres sauvages, Pierres vivantes»
Pierres des monastères et des abbayes, pierres antiques, mais aussi pierre faite chair des statues aux corps contorsionnés, éclairées d’une lumière crue ou, au contraire, plongées dans l’ombre, voilà les objets du regard de Ferrante Ferranti. Le jeu du noir et du blanc démultiplie et déconstruit les formes, jusqu’à ce qu’elles deviennent abstractions. L’escalier en colimaçon aux marches pourtant soigneusement découpées se confond avec le mur, le mur avec le plafond, et tous trois égarent le spectateur dans un labyrinthe de courbes et de lignes droites. Plus loin, mises en parallèle avec les gravures de Jean-Baptiste Pironèse (XVIIIème siècle), les vestiges romains semblent s’envelopper de mystère et de silence, comme pour contrebalancer l’éclat des rayons du soleil, que l’on imagine brûlant. Mais les contrastes d’ombre et de lumière peuvent aussi entrer en résonnance d’une photographie à l’autre. Dans une ruelle, un cheval noir s’élance de l’obscurité jetée par les maisons vers la clarté offerte par un espace ouvert. En opposition, et pourtant en complète symétrie, une jeune fille vêtue de blanc semble danser dans la cour lumineuse d’une église en ruine, son corps incliné vers l’ombre des murs. Tous deux, mis côte à côte, donnent la même impression de légèreté et de liberté. Avec les jeux de lumière, qui découpent formellement ses photographies, Ferrante Ferranti parvient à faire vibrer la pierre d’une vie cachée.

«Rencontres»
Après le silence solennel du noir et blanc, les couleurs vives de « Rencontres » pourraient presque paraître assourdissantes. Les bleus et verts éclatants, et les oranges et jaunes flamboyants ravissent pourtant l’œil. Mais peut-être est-ce parce que l’homme est ici le sujet de la photographie. Sur les portraits, les visages souriants s’offrent en toute sincérité, fixant franchement l’objectif. Ailleurs, un enfant escalade hardiment des statues monumentales, son pull rouge tranchant sur le gris sombre de la pierre. Les tons lumineux et intenses des images reflètent alors ces moments de pur enchantement qui sont l’apanage de tous les voyages.

«Empreintes du sacré»
Sur la route des religions, Ferrante Ferranti photographie aussi bien les lieux de cultes, élégants et intimes ou baroques et imposants, que les rituels. Cette fois, l’homme et la pierre se rencontrent. Quand l’un embrasse le Mur des Lamentations, l’autre fusionne avec les fresques décorant les parois du monastère d’Iviron-Mont Athos. Toujours de dos, les personnages se fondent avec leur environnement, tache de couleur parmi d’autres, et perdent leur singularité. Ils deviennent alors partie d’un tout, vivantes métaphores de la pratique religieuse, quelle qu’elle soit. Quant aux teintes, toujours aussi chatoyantes, elles effacent plus la réalité concrète des objets qu’elles ne la soulignent. L’on se retrouve alors face à des compositions de mirages colorés, enchâssés les uns aux autres.

Construites sur des jeux de contrastes, les œuvres de Ferrante Ferranti s’apparentent à des morceaux de rêves. Elles se refusent à toute analyse ; elles se ressentent, tout simplement.

  

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

« Une image ne naît pas du seul hasard, elle cherche sa place pour mieux trouver sa résonance. » Ferrante Ferranti, extrait du catalogue de l’exposition*

Photographe-voyageur, Ferrante Ferranti explore depuis trente ans les vestiges de notre passé. Avec l’âme d’un archéologue, cet architecte, écrivain de l’image, mêle dans son travail photographique sa passion pour l’antiquité et sa quête du baroque.
L’exposition à la Maison Européenne de la Photographie présente environ 130 oeuvres et s’articule en trois parties, autour des thèmes chers à l’artiste : “Pierres sauvages, Pierres vivantes”, “Rencontres” et “Empreintes du sacré”.
Ferrante Ferranti évoque à la fois la naissance du regard, au travers des jeux d’ombres que crée le soleil sur les ruines, la quête du sens caché sous la forme, les dérives enchantées du voyage.
Au delà de l’écriture objective, guidée par l’obsession du cadrage, la fascination pour la lumière et la matière, le travail de Ferrante Ferranti vise à la métaphore.
C’est le travail d’un classique, qui loin de toute classification, de toute querelle entre anciens et modernes, aspire à laisser le sentiment d’une expression sensible avant tout, nourrie d’une exigence absolue envers soi.

 

L’artiste
Ferrante Ferranti naît en 1960 en Algérie, d’une mère sarde et d’un père sicilien. À partir de 1978, il réalise ses premières photographies et ses premiers voyages.

Passionné par le livre de Fernand Pouillon, Les pierres sauvages, il entame une formation d’architecte à Toulouse, qu’il achève à Paris en 1985 avec un diplôme sur les théâtres et la scénographie à l’époque baroque. Il réalise des portraits d’écrivains pour l’agence Opale.
De 2005 à 2011, il enseigne à l’Université d’Artois, à Arras, la civilisation hispanique. Il anime des ateliers de photographie en France et à l’étranger (Guatemala en 2004, Indonésie en 2009 et en Serbie depuis 2010). Photographe-voyageur, Ferrante Ferranti est engagé depuis trente ans avec Dominique Fernandez dans une exploration commune du baroque et des différentes strates de civilisations, de la Syrie à la Bolivie en passant par la Sicile et Saint-Pétersbourg, ses photos dialoguant avec les textes de l’écrivain.
Il est l’auteur de Lire la photographie (éditions Bréal, 2002) et de L’esprit des ruines (Editions du Chêne, 2005) ; et co-auteur, avec le frère Philippe Markiewicz, du livre Les Pierres vivantes (Editions Philippe Rey, 2005). Il a publié, avec des textes de Dominique Fernandez, entre autres: Le radeau de la Gorgone (Grasset, 1988) ; Palerme et la Sicile (Stock, 1998) ; Le Voyage d’Italie (Plon, 1999) ; Mère Méditerranée (Grasset, 2000) ; Syrie (Stock, 2002) ; Sicile et Naples (Imprimerie Nationale, 2006 et 2011), Rome et La Villa Médicis (éditions Philippe Rey), Baroque Catalan (éditions Herscher). Ses images ont illustré des textes de Giovanni Careri, Andreï Makine, Olivier Germain-Thomas, Jean-Yves Leloup, Sashi Taroor. Il collabore avec les revues Arts Sacrés, Connaissance des Arts et Artpassions.

*À l’occasion de l’exposition, une monographie est coéditée par la Maison Européenne de la Photographie et Actes Sud : “Ferrante Ferranti, Itinerrances”
Textes de Dominique Fernandez, Elisabeth Foch et Sylvie Germain

Ouvrage relié , 22 x 28 cm, 144 pages, 120 photographies couleur et N&B