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“Geneviève Asse” Peintures
au Centre Pompidou, Paris

du 26 juin au 9 septembre 2013



www.centrepompidou.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse en présence de Geneviève Asse, le 25 juin 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Geneviève Asse, Cercle Paysage, 1966. Huile sur toile, 200x250 cm. Don de l’artiste en 2012. Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, photo : Philippe Migeat, Centre Pompidou / Dist. RMN-GP. © Adagp, Paris 2013.
2/  Geneviève Asse, Sans titre, Carnet à dessins de 46 feuillets, relié et toilé, 1993. Mine de plomb, crayon de couleur et huile sur papier, 21,5x14 cm. Achat en 2000, Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, photo : Georges Meguerditchian, Centre Pompidou / Dist. RMN-GP. © Adagp, Paris 2013.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt

 

De grandes toiles jusqu’à 7 mètres de long, ou de tout petits formats se font face dans les deux salles consacrées à la peinture de Geneviève Asse au Centre Pompidou. C’est le contraste le plus frappant de cette exposition, rétrospective de l’œuvre picturale du peintre d’origine bretonne, âgée de 90 ans. Ce contraste est renforcé par de surprenants carnets, plus toiles miniatures qu’outils de travail. L’artiste joue avec le format, comme avec l’espace qu’elle peint dans ses modulations produites par la lumière.

Bien-sûr, le bleu, celui qui porte son nom, inonde le lieu. Le « bleu Asse » est inévitablement associé aux paysages marins de l’Ile-aux-Moines, où elle réside. Pourtant, ces toiles ne sont pas tout-à-fait des monochromes. On voit, ici et là, ce qu’on imagine être un encadrement de fenêtre ou de porte, le coin d’une pièce. Quelques traces et rayures, rouges, blanches, semblent laissées sur la toile, comme si elle était inachevée, hésitant encore à quitter totalement la figuration. Une toile que le spectateur sera ainsi amené à achever mentalement s’il le souhaite. Ce qui donne cette sensation de calme et de mouvement concomitants, si fascinant dans les peintures de Geneviève Asse.

Vient encore cette coupure, cette fracture, sous forme de réglet ou de ligne de lumière qui rompt une certaine uniformité de la toile, comme pour la scinder en deux, ou, au contraire, pour réunir deux pièces séparées. A la fois déchirure et trait d’union, cette ligne vient comme une énigme, une question posée sans cesse. Celle d’ailleurs qui marque les sept toiles – stèles peintes par l’artiste en hommage au poète breton Victor Segalen, auteur lui-même d’un recueil de poèmes intitulé Stèles. Des toiles, comme un monument funéraire qui semble interroger l’au-delà.

 

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Christian Briend
chargée de production : Malika Noui
architecte/scénographe : Jasmin Oezcebi

 

Le Centre Pompidou consacre une importante exposition à l’une des artistes majeures de la scène artistique française de l’après-guerre, Geneviève Asse, « peintre de la lumière et de l’espace », identifiée aujourd’hui par le « bleu Asse », couleur emblématique de l’artiste d’origine bretonne.
L’exposition s’organise autour de la donation faite par l’artiste au Centre Pompidou en 2012, constituée de onze peintures datées de 1948 à 1999, qui permettent de présenter son œuvre à différentes époques de son parcours. Cet ensemble est complété par une sélection d’oeuvres, de grand format pour la plupart, appartenant déjà aux collections nationales. Un large choix de carnets peints à partir de 1970 est présenté pour la première fois, ainsi que des peintures de petit format, elles aussi inédites.

Dans une scénographie qui ne manque pas de susciter une stimulante réflexion sur la notion d’échelle picturale, l’exposition se déroule, à travers 68 oeuvres, l’ensemble de la recherche créatrice de l’artiste, depuis les premières natures mortes des années 1940 jusqu’aux abstractions rigoureuses des années 1990, en passant par l’exploration de l’espace, rendu par les seules vibrations atmosphériques de la lumière, des années 1960.
Geneviève Asse qui a régulièrement illustré l’oeuvre d'écrivains tels que Samuel Beckett, Yves Bonnefoy, Francis Ponge ou Jorge Luis Borges, exprime en poète l’apparence du monde : « Derrière l’horizon, l’aube, les gris ombrés, bleus noirs d’outremer transparent, des blancs qui disparaissent dans le grain de la toile, rien d’extérieur en dehors du temps » (Notes de travail, 1974).

L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié par les Éditions du Centre Pompidou en co-édition avec les Éditions Somogy, sous la direction de Christian Briend, conservateur au cabinet d'art graphique du MNAM-CCI, commissaire de l’exposition.

 

Geneviève Asse , Passages par Isabelle Ewig – extrait (texte du catalogue)
Une toile bleue traversée en son milieu par une ligne verticale : telle pourrait être la définition la plus lapidaire des tableaux que l’on associe à Geneviève Asse depuis, en particulier, son fameux Passage du bleu de 1977 (Reims, musée des Beaux-Arts). Mais ce serait là aller vite en besogne tant la peinture de cette artiste est à la fois une et plurielle, à commencer par son bleu, tant elle est forte et subtile, à l’image de cette ligne dont l’équivocité ne cesse d’intriguer : « ligne qui sépare » nous dit l’artiste, mais n’est-elle pas aussi ligne de passage, articulant deux champs colorés et invitant l’oeil à passer de l’un à l’autre ? Nous ne nous aventurerons pas dans une interprétation psychanalytique (Geneviève Asse séparée de son père qui a quitté le foyer familial à sa naissance ; la gémellité du tableau assien en écho à son frère jumeau) ; nous y verrons plutôt une métaphore territoriale, la ligne qui sépare renvoyant à l’idée de frontière, et, sous-jacente, celle que toute frontière est destinée à être traversée, voire transgressée. Cette ligne serait alors à l’image de l’oeuvre tout entier de Geneviève Asse, qui, dans un mouvement de va-et-vient, ne cesse d’opérer des passages entre le passé et le présent, l’art et la vie, la raison et les sentiments.