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“Pierre Henry” Autoportrait en 53 tableaux
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

du 27 juin au 1er décembre 2013      (prolongée jusqu’au 2 février 2014)



www.mam.paris.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 27 juin 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pierre Henry, Accumulation rouge, 2012. 80x80x12 cm. Collection Pierre Henry. © droits réservés.
2/  Pierre Henry, Ondes courtes, 2004. 70x75x10 cm. Collection Pierre Henry. © droits réservés.
3/  Pierre Henry, Pour 2 pianos, 2012. 109x79x8 cm. Collection Pierre Henry. © droits réservés.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt

 

Pierre Henry, à travers ses 53 autoportraits exposés au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, tisse un lien entre la musique et les arts plastiques, ses deux champs d'expression. Pionnier de la musique concrète, il a utilisé aussi bien un piano que des machines et des bandes magnétiques pour composer.

L'artiste réalise des collages, assemblages de pièces d'instruments de musique, d'appareils d'enregistrement et de mixage. Après les avoir déconstruits, il opère un travail de reconstruction en réordonnant sur des planches de bois touches de piano, composants et circuits électroniques, boutons, vis ou bobines. La démarche aboutit à un inventaire presque absurde tant est poussée la chirurgie, nous laissant découvrir des pièces inconnues aux formes incompréhensibles, dont la quantité accumulée rappelle pourtant qu'elles ont une réelle utilité dans la structure et le fonctionnement de l'appareil.

Comme des planches anatomiques, ces autoportraits montrent les entrailles des instruments disséqués. Os de métal, muscles de plastique, système nerveux... La machine montre une analogie avec l'homme dont elle le est le prolongement. A travers elle c'est l'intérieur de l'homme qui nous est donné à voir, les cheminements de ses sentiments et de sa créativité.

L'aspect de ces appareils désuets, les pictogrammes sur les touches dont nous ne comprenons plus le sens nous placent dans un futur qui regarde des vestiges archéologiques, et renvoient une image de la vision du futur qu'a représentée la création musicale à l'aide de machines électroniques. Futur d'hier contre futur d'aujourd'hui, sommes-nous de fait les réels destinataires de cette musique composée il y a plusieurs décennies?

Ces tableaux sont des questions posées : comment s'assemblent ces pièces alignées, où se fixent ces centaines de vis amoncelées, que se passerait-il si je pressais cette touche ornée d'une triple flèche? Leur aspect tactile tente nos doigts, leur imprime le désir de manipuler ces boutons, puis on recule, on contemple l'ensemble de l'œuvre et celle-ci nous apparaît soudain comme une pièce unique, un gigantesque instrument de musique qui engagerait notre corps tout entier. Le travail de Pierre Henry, s’il est plastique, reste avant tout sonore et musical, s'étalant le long des murs comme une longue partition. Les notes en sont parfois denses, s'espacent, gagnent en légèreté, montent et descendent l'échelle des tons, s'entrecoupent de silences et soupirs.

Cette exposition nous offre un métissage rare de différents domaines artistiques. Musique, peinture et sculpture se rejoignent pour une invitation à voyager dans l'esprit et le corps d'un musicien. Le long de ce chemin, une musique naît en nous et nous révèle les mystères de notre propre créativité.

 

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Directeur : Fabrice Hergott
Commissaire : Marie-Sophie Carron de la Carrière

 

Au sein du parcours des collections permanentes inauguré le 27 juin 2013, le Musée d’Art moderne a invité Pierre Henry à accrocher une cinquantaine d’oeuvres inédites rassemblées sous le titre Autoportrait en 53 tableaux.
Inventeur avec Pierre Schaeffer de la musique concrète au début des années 1950, le compositeur français Pierre Henry (né en 1927, il vit et travaille à Paris) est un artiste mondialement reconnu de la scène musicale contemporaine. Dès 1971, l’ARC 2, département contemporain du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, a été le réceptacle de plusieurs de ses créations. Ainsi, Pierre Henry a interprété en 1976 dans l’auditorium du musée une série de douze concerts de compositions électroacoustiques dans un « Parcours-Cosmogonie ».
Par ailleurs, Pierre Henry a élaboré depuis plus de vingt ans un langage plastique singulier en parallèle avec son travail sonore. En effet, l’artiste réalise des tableaux, le plus souvent sur des panneaux de bois, qui sont constitués d’assemblages de matériaux composites et fragmentés, en particulier les composants provenant de ses appareils d’enregistrement ou de mixage devenus obsolètes. « Ces tableaux, souligne l’artiste, j’aime les appeler peintures concrètes. » Accrochées par lui-même en salle 14bis, ses peintures se déploient sous la forme d’une « partition visuelle » synthétisant en cinq épisodes les chapitres décisifs de sa carrière musicale et les collaborations majeures avec d’autres créateurs comme le chorégraphe Maurice Béjart (1927-2007).
Selon ses termes, Pierre Henry « invite à découvrir hors-les-murs de sa Maison de sons cet univers imaginaire qui prolonge sa galaxie musicale : un univers explorant mystérieusement une nouvelle réalité picturale ».

Cette exposition s’inscrit dans une série d’hommages rendus à des artistes travaillant en France ou à Paris par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Elle fait suite aux présentations des oeuvres de Bernard Dufour (2008), Jean Dupuy (2009) et Claude Garache (2012).