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“Roy Lichtenstein” article 1008
au Centre Pompidou, Paris

du 3 juillet au 4 novembre 2013



centrepompidou.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, le 11 juillet 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Roy Lichtenstein, M-Maybe [P-Peut-être], 1965. Huile et Magna sur toile, 152,4x152,4 cm. Museum Ludwig, Cologne. Schenkung Ludwig. © Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.
2/  Roy Lichtenstein, Sunrise [Lever de soleil], 1965. Huile et Magna sur toile, 91,4x172,7 cm. Collection particulière. © Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.

 


1008 Roy-Lichtenstein audio
Interview de Hanna Alkema, chargée de recherches,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 juillet 2013, durée 3'56". © FranceFineArt.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

L’œuvre considérable de Roy Lichtenstein fait l’objet d’une toute première rétrospective française au centre Georges Pompidou. Plus d’une centaine d’œuvres, entre peintures, estampes et sculptures, retrace ainsi trente ans d’une carrière prolifique fortement marquée par l’imagerie et la culture populaire.

L’art commercial
Points et hachures, sculptures tarabiscotées, bleu vif et rouge profond… bienvenue dans l’univers coloré et si reconnaissable de Roy Lichtenstein, figure essentielle, avec Andy Warhol, du pop art américain. Très intéressé par la culture de masse, celle qui se développe en même temps que la société de consommation, il se fait l’observateur et l’illustrateur amusé des changements qui marquent son époque. Il s’attache d’abord à reproduire des objets du quotidien (pneu, balle de golf et même tasses et assiettes sculptées en céramique avec tant d’exactitude qu’elles trompent l’œil distrait) d’une manière presque clinique, pour évoluer au fil des ans vers un art qui devient de plus en plus abstrait. S’inspirant de la publicité mais aussi des comics, il utilise pour chacune de ses œuvres les techniques typiques de l’imprimerie : points de trame, épais traits noirs pour marquer les contours et couleurs primaires aux tons vifs, voire criardes, étalées en larges aplats. Mais si l’on se souvient de ses jeunes femmes blondes aux yeux bleus, stéréotype de l’idéal féminin véhiculé par la bande dessinée, ou de sa fameuse peinture Whaam ! (1963) représentant un avion de guerre, l’exposition nous rappelle que Roy Lichtenstein aime surtout jouer avec les formes. Il fige ainsi les explosions, véritables produits de conventions visuelles et graphiques qui, une fois sculptées, évoquent soudain de grandes fleurs sculptées, ou bien mêle hachures issues directement de l’art des comics à la gestuelle fluide et élégante du coup de pinceau dans une toile purement figurative (Fishing Village, 1987). Définissant son art comme « artificiel et commercial », il s’amuse aussi avec les matériaux, céramique, acier ou même plastique souple et brillant, tous produits de l’industrie en totale adéquation avec son univers.

Reproductions décalées
Car toute la production de Roy Lichtenstein repose sur un principe : le détournement, amusé et décalé, de figures et de sujets connus de tous, tels le fameux portrait de Georges Washington . Prélevant ses modèles dans les magazines populaires, il retravaille les images et les agrandit pour mieux souligner les clichés qu’elles illustrent. Mais il dialogue également avec les grands maîtres, reproduisant avec humour leurs œuvres les plus célèbres, devenues elles aussi des objets de consommation. La série des cathédrales de Monet est ainsi réinterprétée par le biais des points de trame, où l’alternance de deux couleurs sert à figurer la lumière indistincte et le flou des silhouettes caractéristiques de l’impressionnisme. Quant à ses sculptures représentant des visages renversés, elles rappellent furieusement les toiles déstructurées de la période cubique de Picasso. Et quand il ne fait pas dans l’abstraction pure, Roy Lichtenstein s’attaque aux nus, mais là aussi pour en détourner la substance et l’érotisme en revenant au style du comic où le corps de la femme est simplifié à l’extrême, comme aplani et privé de ses rondeurs et aspérités. Ses derniers paysages, exécutés à la fin de sa carrière, surprennent alors d’autant plus. S’inspirant des peintures chinoises de la dynastie Song (X-XIIIe siècles), ils livrent de purs instants de grâce. Les contours noirs et épais qui jusque là délimitaient les formes, ont disparu et seuls les dégradés de couleurs permettent désormais de distinguer les différents éléments. Et si les points de trame confèrent bien aux toiles ce rendu imprimé et artificiel si cher à l’artiste, les arbres et les montagnes qui s’élancent vers le ciel y introduisent la poésie d’une estampe japonaise.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Camille Morineau, Conservateur au Musée national d’art moderne
assistée de Hanna Alkema

 

 

 

À travers une sélection exceptionnelle de plus d’une centaine d’oeuvres majeures, le Centre Pompidou présente la première rétrospective complète de l’oeuvre de Roy Lichtenstein (1923-1997) en France.
Cette exposition invite le visiteur à poser un nouveau regard sur cette figure emblématique du pop art américain en allant, précisément, « au-delà du pop », et à découvrir en Lichtenstein l’un des premiers artistes postmodernes. De ses premières oeuvres iconiques inspirées par les comics et la culture populaire des années 1960, aux travaux dialoguant avec les grands maîtres de la peinture moderne ou avec l’art classique, ce parcours éclaire les moments forts de la carrière d’un artiste phare de la seconde moitié du 20e siècle.
Peintre pop, Roy Lichtenstein est aussi un véritable expérimentateur de matériaux, un inventeur d’icônes mais aussi de codes picturaux brouillant les lignes de partage entre figuration et abstraction, entre picturalité et objet tridimensionnel. Sa pratique précoce de la sculpture et de la céramique, ainsi que sa passion pour l’estampe, nourrissent et prolongent constamment son travail de peintre. Amateur érudit d’art moderne, fasciné notamment par Picasso, Matisse, Léger – qu’il cite à diverses reprises dans ses oeuvres –, Lichtenstein renoue, à la fin de sa vie, avec les genres traditionnels de la peinture classique : le nu, la nature morte, le paysage. La force de l’art de Lichtenstein, c’est aussi, enfin, cette distance amusée, critique, mais jamais cynique qui lui est propre et qui le caractérise tout au long de sa carrière. Un aspect que l’exposition invite également à redécouvrir.

La présence renforcée de sculptures et de gravures distingue la présentation parisienne de celles de l’Art Institute de Chicago, de la National Gallery de Washington et de la Tate Modern de Londres. L’exposition proposée au Centre Pompidou dévoile l’exceptionnelle inventivité technique et artistique de Lichtenstein à travers un corpus d’oeuvres pour la plupart encore jamais montrées en France.

Un catalogue inédit, publié sous la direction de Camille Morineau, commissaire de l’exposition, ainsi qu’un premier recueil d’entretiens de l’artiste, paraissent aux Éditions du Centre Pompidou à l’occasion de cette rétrospective.