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“Little Black Dress” article 1011
au Mona Bismarck American Center for art & culture, Paris

du 3 juillet au 22 septembre 2013



www.monabismarck.org

 

 

© Anne-Frédérique Fer, le 9 juillet 2013

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Légendes de gauche à droite :
1/  Oscar de la Renta, robe de style. Tulle et taffetas; automne 2012. Crédit photo : Savannah College of Art and Design.
2/  Chanel, robe. Laine de soie; automne 2006. Crédit photo : Savannah College of Art and Design.
3/  Marc Jacobs, robe du soir. Soie; automne 2012. Crédit photo : Courtesy of Rachel Feinstein, New York.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

André Léon Talley, éditorialiste du magazine de mode américain Vogue et membre du conseil d’administration du Savannah College of Art and Design, présente au Mona Bismarck American Center une collection d’une cinquantaine de robes de créateurs modernes et contemporains. Il rend hommage à la « petite robe noire », universelle, intemporelle, sans cesse réinventée et réinterprétée.

Faste et raffinement
La « petite robe noire » constitue le symbole même de l’élégance féminine moderne, classique mais glamour, commune et pourtant toujours sophistiquée. Ici, la « petite robe noire » est surtout de Haute-Couture et ne s’arrête pas forcément aux genoux. Car quand les créateurs de mode s’en emparent, c’est pour la décliner à l’infini en jouant sur les matières et les coupes. Quand Chanel se distingue par sa sobriété et sa simplicité,  Chado Ralph Rucci préfère les longues robes à traîne parées de broderies. Pierre Cardin, lui, transforme la femme en fleur grâce à des superpositions de volants plissés, et Marlano Fortuny, en vestale, avec une pièce plus austère d’inspiration antique, pourtant décorée de perles de verre. Car le vêtement s’incarne dans des tissus luxueux qui fascinent l’œil par leur éclat (taffetas, perles de jais) ou leur délicatesse (soie, dentelle). Si le noir est omniprésent, le jeu des matières fait apparaître des touches de couleurs, quand le tulle blanc offre au regard la courbe d’un bras (Stella McCartney) ou quand les paillettes dorées d’un décolleté brasillent sous la lumière (Ralph Lauren). Qu’elles évoquent la fraîcheur et l’innocence, telle la cage en dentelle de Balenciaga et ses rubans flottants, ou la femme fatale et glamour, les « petites robes noires » représentent toujours la distinction absolue.

La robe, bijou précieux
Un tel sujet méritait une scénographie de pure élégance. Introduite par la réinterprétation de la « petite robe noire » Chanel de 1926, réalisée par Karl Lagarfeld en 2006, celle-ci s’organise comme un véritable défilé de haute couture. Les mannequins blancs, mais aussi les murs rouges, de ce rouge profond si cher à Diana Vreeland, célèbre journaliste de mode et ancienne rédactrice en chef de Vogue, contribuent à mettre chaque pièce en valeur ainsi que le travail minutieux des broderies. Ni chronologique, ni thématique, l’exposition mêle aussi bien les genres que les créateurs et les époques, faisant se côtoyer une robe athlétique en cuir découpé (Ohne Titel) avec celles, somptueuses et royales, d’Oscar de la Renta. La troisième et dernière salle, avec ses mannequins gracieusement assis sur de larges fauteuils, prend le parti d’une mise en situation évoquant l’atmosphère feutrée d’un boudoir, où chaque vêtement rivalise d’éclat. De révolutionnaire et provocatrice, la robe noire est devenue un terrain d’expression pour chaque femme, une valeur sûre absolument indémodable toujours empreinte de séduction.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : André Leon Talley

 

Présentée du 3 juillet au 22 septembre 2013 au Mona Bismarck American Center, l’exposition Little Black Dress retrace l’importance historique et toujours actuelle d’un phénomène vestimentaire singulier en donnant à voir une cinquantaine de créations réalisées par les plus grands designers modernes et contemporains : Lanvin, Kamali, Comme des Garçons, Chanel, Marc Jacobs, Givenchy et Calvin Klein. Sous le commissariat d’André Léon Talley, éditorialiste à Vogue et membre du Conseil d’Administration du Savannah College of Art & Design (SCAD), l’exposition rassemble les contributions de stylistes américains et internationaux de renom, ainsi que celles de personnalités influentes du monde de la mode classées dans « l’International Best Dressed List ».
Véritable phénomène du XXe et XXIe siècle, la petite robe noire permet d’explorer, grâce à cette exposition, l’évolution d’un style éminemment démocratique qui, depuis plus d’un siècle incarne les révolutions sociales du monde moderne.
A la fois commune et déclinable à l’infini, elle fut en effet, réappropriée et réadaptée de façon innombrable et généra quelques-unes des représentations les plus iconiques de notre paysage visuel.
L’exposition retrace ainsi la fortune de la petite robe noire, de ses débuts dans sa forme classique, à jamais convenable, aux explorations de matières et de formes radicalement actuelles et innovantes. Chaque robe est, en effet, imprégnée des valeurs de son époque : de la servilité à l’indépendance, de la contrainte à la tentation, du glamour à la grâce.
L’exposition est organisée par Savannah College of Art & Design Museum of Art et soutenu par M•A•C.

Parcours de l’exposition
Comme le souligne André Leon Talley dans son introduction à l’exposition, le terme « petite robe noire » fut inventé en 1926 afin d’illustrer la robe « Ford » de Chanel dans le Vogue américain. Au début du XXe siècle, le noir devint très vite la couleur dominante des garde-robes féminines, faisant ainsi échos aux événements de la première guerre mondiale et de la grippe espagnole. Mais avec la robe « Ford », la couleur cessa d’être assimilée au deuil des veuves et à la sobriété des religieuses. Les femmes furent, au contraire, séduites par le côté pratique de la petite robe noire, désormais standard des garde-robes, pouvant être adaptée et adoptée en toute circonstance.

De simples robes fourreau, telle que la « Ford », étaient, à la fois confortables et élégantes, modernes et classiques et apparaissaient ainsi comme symbole de l’allure, de l’assurance et du talent. Au fils du temps, les variations de matières, de coupe et de structure engendrèrent d’innombrables déclinaisons ; la célèbre petite robe prit alors une importance toute particulière à l’écran à Hollywood ainsi qu’aux Etats-Unis à l’occasion du mouvement de libération des femmes.
En effet, bien que sa capacité de mutation et son histoire continuent d’inspirer les stylistes les plus innovants, les subtilités de la tenue permirent également aux femmes d’exprimer leurs styles et leurs envies. De nos jours, la petite robe noire reste le sujet d’une éternelle réinterprétation.
L’exposition qui se déploie dans les trois principaux salons d’exposition du Mona Bismarck American Center, présente une cinquantaine de robes réalisées par les plus grands designers modernes et contemporains. Les modèles sélectionnées témoignent ainsi de l’immense diversité de la petite robe noire et permet de retracer son évolution depuis le milieu du XXe siècle à aujourd’hui.
Ainsi, les robes ne seront pas présentées de façon chronologique, mais prendront part à une dialectique traversant les époques qui mettra en lumière les différentes influences. Sélectionnées et installées par André Leon Talley, commissaire de l’exposition et ancien collaborateur à la rédaction de Vogue, elles seront mises en valeur, dans chacune des trois galeries, par d’élégants socles réalisés sur mesure par le SCAD Museum of Art.
Mais le noir ne sera pas pour autant la seule couleur à l’honneur dans ce parcours…
En effet, en raison du rôle essentiel que Diana Vreeland joua dans la vie et la carrière du commissaire et en regard de ses partis pris esthétiques, le rouge, couleur favorite de cette dernière, viendra recouvrir tous les murs de cette exposition temporaire. Comme elle l’énonça un jour, « Le rouge illumine tout - éclatant, purifiant, révélateur. Il rend toutes les couleurs plus belles. Je ne peux même pas imaginer m’en lasser- ce serait comme s’ennuyer avec la personne que l’on aime ».