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“Wolfgang Tillmans” Neue Welt *
à l’atelier de la Chaudronnerie, parc des Ateliers, les Rencontres Photographie, Arles

du 1er juillet au 22 septembre 2013



www.rencontres-arles.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation de l’exposition en présence de Wolfgang Tillmans, Arles, le 2 juillet 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Wolfgang Tillmans, Phare de voiture (b). Avec l’aimable autorisation de la galerie Buchholz, Berlin/Cologne. © Rencontres Arles.
2/  Wolfgang Tillmans, Toucan. Avec l’aimable autorisation de la galerie Buchholz, Berlin/Cologne. © Rencontres Arles.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt

 

Avec sept salles de vastes dimensions et un minuscule couloir, Wolfgang Tillmans nous emmène dans le Neue Welt, qu’il a découvert à partir de 2009, en sortant de son atelier, muni pour la première fois d’un appareil numérique.  L’artiste allemand âgé aujourd’hui de 45 ans nous fait partager son expérience d’un monde en couleur fait d’éléments, de matières, d’objets et d’être humains, souvent représentés  grandeurs nature et parfois surdimensionnés. On voyage ainsi d’un coin à l’autre de la planète, ou même dans l’espace, sans ordre apparent, mais dans un mouvement continu passant par les airs, engouffrés dans un véhicule, un train, traversant des couloirs et des sas d’aéroport, stationnant dans des chambres d’hôtel. Nous ne sommes pourtant pas dans l’artifice du tourisme de masse. Nous sommes sur terre, et le regard des jeunes gens de Jeddah sont là pour nous le rappeler, même si c’est pour nous emmener au cœur de l’Arabie Saoudite.

De très grands formats souvent imprimés sur un simple papier tenu  par des pinces, permettent une entrée immédiate dans l’image, par laquelle on se sent comme  happé. On parvient de la sorte à pénétrer non seulement la matière photographique, mais aussi  celle de l’objet représenté avec force de détails, grâce à la définition numérique, comme ce champignon, ces chutes d’Iguaçu, ces fleurs, ou cette cavité buccale. Ainsi, notre regard haptique sollicité par tant de détails facilite notre entrée dans l’image qu’aucun cadre ni sous-verre ne vient obstruer pour ce qui est de la majeure partie d’entre-elles. Ce n’est pas notre capacité à lire globalement une image qui est sollicitée, mais celle de nous laisser entrainer dans la matière photographique et les détails de l’objet photographié.

On circule alors d’une salle à l’autre, presque toutes  de grandes dimensions, munies de bancs afin de contempler les images qui peuvent se questionner l’une et l’autre dans un mouvement presque filmique. On se retrouve dans une scénographie parfois cinématographique où le montage des images est opéré par le spectateur lui-même acteur et monteur, tant les combinaisons sont variables dans ces salles où il n’est d’ailleurs par rare de trouver une image seule sur un mur. L’absence de format unique, et même l’extrême variété des dimensions de l’image, l’accrochage simple et précaire dans la majorité des cas, à l’exception de la série Silver et des petits formats qui s’enchevêtrent, donnent non seulement un statut variable, « in process »,  de l’image, mais aussi cette liberté de regard, de composition, qui vient comme un refus d’une forme figée. Seuls sont dans des cadres d’artistes, les petits formats et les épreuves de la série Silver, éloge de l’aléatoire et du déchet qui sont comme des image-tableaux qu’il faudrait préserver. Plus loin dans ce petit couloir, où des photographies de petits formats sont juste scotchées au mur, au contraire, il faut s’approcher pour voir l’image, sans qu’il y ait volonté d’en faire un tableau ; ici, mur de Gaza, Darwin, logement préfabriqué, recyclage de baril à Jérusalem Est. Pourtant, ici comme dans toute l’exposition, pas d’exotisme, mais une plongée simple dans l’expérience du monde.

Entre abstraction et hyperréalisme, se dégage entre les images de Wolfgang Tillmans, un rythme léger qui  permet la création d’un espace de déambulation pensive. On ne sait pas très bien où l’on se situe, dans un monde intérieur ou dans une nouvelle vision d’un monde en transformation. C’est l’absence de frontière et l’existence d’un espace médian aux contours volontairement lâches qui permet la communication intérieur / extérieur, l’échange ici / là-bas

 

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Neue Welt *
[…] Vingt ans après avoir produit sa première image du monde, Wolfgang Tillmans se demande si le monde peut être regardé avec un oeil « neuf » à une époque saturée d’images médiatiques, et s’il est possible de dégager une vue d’ensemble. Tillmans traque le « nouveau » non seulement en termes de changement politique et économique, mais aussi à travers la relation à l’évolution numérique de la photographie, désormais capable de représenter des détails avec un degré de précision sans commune mesure avec l’oeil et la vision humaine. […] Ces tirages sont associés aux grandes œuvres encadrées de la série Silver, que Tillmans poursuit depuis 1998. […]

*Monde Nouveau

 

 

 

Wolfgang Tillmans, né en 1968 en Allemagne. Vit et travaille à Berlin et à Londres.
www.tillmans.co.uk

Une exposition de la Kunsthalle Zurich, organisée par Beatrix Ruf, et coproduite par la Fondation LUMA et les Rencontres d’Arles pour la présente édition.