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“Prix Découverte” 2013
à l'Atelier de Mécanique, parc des Ateliers, les Rencontres Photographie, Arles

du 1er juillet au 22 septembre 2013



www.rencontres-arles.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation des expositions par les nominatrices et les artistes, Arles, le 3 juillet 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Alison Rossiter, Pellicule « Sears Roebuck Darko Rough », date de péremption inconnue, vers 1930, développée en 2012, 12,7 x 17,8 cm, tirage argentique, avec l’aimable autorisation des galeries Yossi Milo et Stephen Bulger. © Rencontres Arles.
2/  Marcela Paniak, ‘Elysium’, 2013, # 1. © Rencontres Arles.
3/  Yasmine Eid-Sabbagh et Rozenn Quéré, Vies possibles et Imaginaires. © Rencontres Arles.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineart

 

« Découverte » n’induit pas forcément « jeunes talents », et proposer le travail d’un photographe disparu (Alexandre Slussarev), ou pratiquant la photographie depuis de nombreuses années (Nikolaï Bakharev), fait sens si l’on songe à la définition du mot découverte : « Action de mettre à jour une personne ou une chose jusque là cachées ou inconnues. » (TLFI) Peut-être peut-on questionner le choix, souvent observé ces dernières années, de promouvoir des artistes déjà largement présents dans des collections internationales.

Alors, proposer une jeune artiste encore à l’école mais dont le travail témoigne déjà d’une maturité et d’un univers particulier (Marcela Paniak), ou révéler les images restées interdites  réalisées par un groupe de photographes dont l’anonymat est conservé pour les protéger (Halil), est un pari audacieux, mais pertinent, si l’on tient toujours à rester dans l’esprit du mot « Découverte ». Et finalement, cette première étape de la nomination n’est-elle pas déjà un acte de révélation fort ? Même si bien sûr la dotation de 25 000 euros par la fondation LUMA est loin d’être négligeable. Elle est certainement enviée par nombre de photographes renommés.

Néanmoins, on peut interroger le fait de primer un travail qui l’a été l’année précédente dans l’un des grands festivals européen de photographie. C’est le cas pour Vies possibles et imaginaires de Yasmine Eid-Sabbaghet Rozenn Quéré, déjà doté de 33 000 euros au Festival Images à Vevey. On rétorquera que le jury est composé du tout-venant des professionnels. Ils votent pendant la semaine d’ouverture et réagissent probablement au coup de cœur. Le prix permettra de toute manière aux deux jeunes artistes de poursuivre leur travail poétique et ludique autour de l’image et de la mémoire. Cependant, fallait-il nominer ce projet ?

Les règles transmises aux jurys sont en général très souples. Cette année, il y avait tout de même une consigne, le choix imposé du Noir et Blanc. Cela peut-il expliquer le nombre important d’artistes d’âge mûr ? De procédés alternatifs ? Le Noir et Blanc ne contiennent-ils pas d’autres ressorts que celui du passé ? Le Prix Découverte, cette année, pose beaucoup de questions et a laissé sur leur faim de nombre de visiteurs avides de nouvelles visions. En fin de compte, ce prix fait concourir tant les nominés que les jurys, qui engagent pour leur part leur talent de découvreur.

Personnellement, j’ai été stupéfaite par Silver and water de l’Optics Division. Leur projet plonge au cœur de l’histoire de l’industrie photographique américaine. Avec un camion transformé en chambre noire, l’équipe traverse les Etats-Unis par le chemin qu’empruntait l’argent destiné à la production de pellicules dans les usines Kodak. A la limite de l’expérimentation et de la création, ils proposent des formes pertinentes, et sans esthétisation anesthésiante et réductrice, posent de réelles questions environnementales. Réfléchir aux conséquences à long terme de l’industrie de l’image sur une Valley comme celle d’Owens près de Los Angeles, c’est peut-être permettre le questionnement sur des pratiques contemporaines, comme celle de l’utilisation intensive du simple objet qu’est aujourd’hui le téléphone portable. C’est ainsi qu’un petit clic peut contenir une onde de choc invisible mais non moins dévastatrice.

 

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Depuis 2002, la Fondation Luma est le partenaire exclusif du Prix Découverte
Les cinq nominatrices choisies, toutes directrices de grandes institutions dédiées à la photographie, proposent chacune deux photographes présentant des oeuvres répondant à la thématique de l’année, le noir et blanc. Le prix Découverte récompense un photographe ou un artiste utilisant la photographie et dont le travail a été récemment découvert ou mérite de l’être. Tous les ans, les nominateurs invités désignent les photographes participant à ce prix. Chacun des dix photographes présente son travail à l’occasion d’une exposition personnelle dans le parc des Ateliers, et la sélection du lauréat s’effectue par un vote des professionnels présents lors de la semaine d’ouverture. Le prix est doté de 25 000 euros et remis au théâtre Antique en clôture de la semaine d’ouverture.

 

Les nominatrices du Prix Découverte 2013
Zeina Arida, directrice de la Fondation arabe pour l’image à Beyrouth,
Diane Dufour, directrice du BAL à Paris,
Alison Nordström, commissaire détachée de la George Eastman House à Rochester,
Brett Rogers, directrice de la Photographer’s Gallery à Londres,
Olga Sviblova, directrice du Musée d’Art Multimédia à Moscou.
Les Lauréates du prix découverte 2013 sont Yasmine Eid-Sabbagh et Rozenn Quéré pour la série « Vies possibles et imaginaires », nominé parZeina Arida.

 

 

 

Artistes présentés par Zeina Arida
Zeina Arida a partagé sa formation entre Beyrouth et Paris. Elle a étudié la littérature et le théâtre à la Sorbonne et obtenu son diplôme en 1993. De retour à Beyrouth, où elle réside actuellement, elle a pris part à différents projets et institutions culturels.

Depuis sa création en 1997, Zeina Arida est membre et directrice de la Fondation arabe pour l’image, organisation à but non lucratif dédiée à la collection, la conservation et l’étude de fonds photographiques et visuels provenant du Moyen Orient, d’Afrique du nord et de la diaspora arabe.

Martin Becka, Dubaï transmutations
Né en 1956 en République tchèque. Vit et travaille à Paris.

Par ses séries photographiques, Martin Becka nous questionne sur le sens de l’organisation de notre présent et sur nos aspirations pour le futur. […] Dubaï, […] cliché de la modernité, de l’opulence et de la réussite, est projeté ici dans un autre espace-temps. Becka nous montre la ville comme si nous la regardions depuis un futur lointain et organise une sorte « d’archéologie du présent ». La série Dubaï transmutations a été réalisée au printemps 2008 à la chambre photographique 40 x 50 cm en négatif papier ciré. Ce procédé inventé en 1851 par Le Gray, peu adapté aux températures aussi élevées que celles de Dubaï, impose une manière de travailler radicalement différente de la pratique photographique argentique ou numérique actuelle. Le photographe doit fabriquer ses négatifs à l’aube du jour de la prise de vue et les développer après la prise de vue, le soir même. Les tirages, faits au retour, sont des tirages contact sur papier salé viré à l’or.
Jean Pierre Quignaux

Yasmine Eid-Sabbagh et Rozenn Quéré, Vies possibles et imaginaires
C’est l’histoire de quatre femmes fortes et truculentes, exilées aux quatre coins du monde, quatre soeurs Palestino-libanaises qui ont traversé l’histoire du XXe siècle. C’est une histoire entre documentaire et fiction, entre biographie et théâtre, qui s’appuie sur des photographies de famille et des entretiens sonores, sur le récit d’événements vécus et fantasmés. […] Ce que nous proposons là, c’est une relecture de la réalité teintée de tendresse et d’humour, qui s’inscrit dans un parti pris de proximité […]. Loin du portrait objectif ou historique de Graziella et ses soeurs, nous nous sommes attachées à traduire l’extravagance et l’imagination de ces femmes […]. […] à travers l’articulation du texte et de la photographie d’archive, nous n’avons pas cherché à écrire leur histoire : nous avons voulu écrire leur mythe.
Yasmine Eid Sabbagh et Rozenn Quéré.

 

 

Artistes présentés par Diane Dufour
Directrice de Magnum Photos de 2000 à 2006, Diane Dufour a été la commissaire de nombreuses expositions, dont Euro Visons au centre Pompidou en 2005 et L’Image d’après à la Cinémathèque française en 2007. En 2010, elle a créé le BAL avec Raymond Depardon en transformant une ancienne salle de bal de la place de Clichy en un espace dédié à l’image-document sous toutes ses formes. Reconnu internationalement pour la qualité de ses expositions, le BAL est aussi devenu une plateforme d’expérimentation pédagogique de référence dans le domaine de l’image. Parmi les expositions présentées au BAL depuis deux ans : Anonymes – L’Amérique sans nom, Topographies de la guerre, Paul Graham et Anticorps/Antoine d’Agata.

Halil, A cloud of black smoke*, Photographies de Turquie, 1968-1972
Né en 1957 en Turquie. Vit et travaille à Stockholm.
J’ai reçu ces photographies pour les 30 ans du mouvement de 68 en Turquie. Les photographies avaient été cachées et conservées par les membres du mouvement. […] Certaines d’entre elles portent sur le massacre de Kizildere. Un texte, écrit par la personne […] qui est l’unique survivante de ce massacre, accompagne les images. Il s’agit d’un texte très important pour les jeunes générations à qui l’on a intentionnellement manipulé, dissimulé et tu l’histoire. […] Les photographies parlent une langue que tout un chacun peut comprendre sans aucune connaissance historique. Le massacre de Kizildere est-il un commencement ou une fin ? *Un nuage de fumée noire
Halil, Stockholm, avril 2007.

Marcela Paniak
Née en 1991 en Pologne.

La sélection présentée aux Rencontres d’Arles inclura plusieurs travaux issus de différentes séries, dont « Elysium », 2013. Ces oeuvres sont constituées de photos-cartes de visite ornées de fleurs séchées. Les champs Élysées sont le lieu mythologique où demeurent les âmes bénies des morts. Elles sont entourées de lyres invisibles qui jouent de la musique, de peupliers et d’asphodèles, fleurs symbolisant la mort, le chagrin, la mélancolie et l’éternité.
Marcela Paniak

 

 

Artistes présentés par Alison Nordström
Alison Nordström, commissaire associée à la George Eastman House – le plus vieux et le plus vaste musée de photographie du monde –, est à l’origine de grandes expositions et de collaborations internationales. Elle s’intéresse en particulier au support photographique et à sa nature interdisciplinaire dans le champ de l’histoire et de l’art contemporain. Elle prépare actuellement un livre et une exposition sur la période documentaire d’Aaron Siskind, ainsi qu’une exposition comparant des clichés historiques et inédits afin d’étudier l’évolution de la représentation du temps dans la photographie. Publiée à de nombreuses reprises, elle a assuré le commissariat de plus de cent expositions dans une vingtaine de pays. Elle est titulaire d’un doctorat en études culturelles et visuelles.

Craig J. Barber, Working The Land*
Né en 1947 à Rochester. Vit et travaille à Woodstock.
Les portraits de Craig Barber montrent des gens qui vivent et travaillent dans le nord de l’État de New York. Ce sont de modestes exploitants agricoles et artisans de son entourage aux côtés desquels il a souvent travaillé. Le temps de pose requis par la technique du ferrotype – deux ou trois battements de coeur – confère à son travail un calme particulier et une dignité intemporelle qui le différencient singulièrement de la plupart des photographies qu’on voit de nos jours.
Alison Nordström
*Travailler la terre

Lauren Bon, Silver and Water*
Née en 1962 à New Haven. Vit et travaille à Los Angeles

Silver and Water constitue un retour en arrière historique dans la technologie photographique ainsi qu’une évolution dans son application au genre de la photographie de paysage. En travaillant avec une camera obscura, des négatifs papier et des épreuves gélatino-argentiques de grandes dimensions, Lauren Bon et la division optique du Metabolic Studio se livrent à une interprétation des éléments centraux de la photographie analogique et de la conquête de l’Ouest américain.
Alison Nordström
*Argent et eau

 

 

Artistes présentés par Brett Rogers
Brett Rogers dirige The Photographers’ Gallery à Londres, première galerie publique uniquement dédiée à la photographie britannique. Créée en 1971, la galerie s’est vite distinguée par son approche indépendante de la conservation et par la promotion de la photographie sous toutes ses formes. Le second espace ouvert à Oxford Circus est lui aussi loué dans le monde entier pour sa position avant-gardiste dans le domaine de la photographie. Avant d’intégrer la galerie en 2006, Brett était directrice adjointe des arts visuels au British Council, où elle était chargée d’établir la collection de photographies et de mettre en place un ambitieux programme international d’expositions itinérantes de photographie britannique.

Alison Rossiter, Expiry*
Née en 1953 à Jackson, Minnesota. Vit et travaille dans le New Jersey et à New York.

J’ai amassé près de 1200 lots de papier photographique périmé. Les dates de péremption sur les étiquettes couvrent chaque décennie du XXe siècle ainsi que, pour certaines, la fin du XIXe siècle. Ces archives sont un échantillon de l’histoire du matériel de tirage photographique et la principale source de mon travail actuel. Elles me permettent de produire des tirages qui évoquent les oeuvres du constructivisme, de l’expressionnisme abstrait et du minimalisme. […] Les dates de péremption fournissent des points de repère sur la frise chronologique de l’histoire mondiale. Je fais des rapprochements avec les événements et les époques lorsque j’établis des analogies entre les densités maximales de noir d’un papier et une époque incompréhensible.
Extrait du texte de Alison Rossiter.
*Dates de péremption

Clare Strand
Née en 1973 en Angleterre. Vit et travaille à Brighton.

Je travaille surtout en noir et blanc car il me semble que cela contribue à simplifier le monde visuel. […] Dans les séries Conjurations, Skirts, Flatland et Spaceland, le mode monochrome me permet de suggérer une réalité alternative. En dépit de tous mes efforts […], ces images peuvent s’avérer imparfaites et faillibles. Apprendre à apprécier et à célébrer ces imperfections m’a permis de répondre en partie à une énigme insoluble et de donner en quelque sorte un sens à l’absurdité du monde. […] Ma collection d’images, de catalogues, d’albums et de textes littéraires est ma principale source d’inspiration. Je m’intéresse aux images où la nécessité et la fonctionnalité l’emportent sur la valeur esthétique, celles dont la substance brute est révélée lorsqu’elle sont détournées de leur finalité initiale. […]
Extrait du texte de Clare Strand.

 

 

Artistes présentés par Olga Sviblova
Depuis qu’Olga Sviblova a créé le Musée d’Art Multimédia de Moscou en 1996 (auparavant nommé « House of Photography »), elle a supervisé l’acquisition de plus de 80 000 photographies liées à la Russie. En 2001, Olga Sviblova est à l’origine de l’expansion des collections du musée qui intègrent désormais toutes les formes technologiques d’art multimédia. Elle est commissaire de plusieurs expositions et festivals internationaux depuis 1988, notamment pour les Pavillons Russes des Biennales de Venise de 2007 et 2009. Elle reçoit de nombreux prix pour avoir écrit et dirigé des documentaires. En 2006, elle est nommée « Meilleure Commissaire d’Art Contemporain » (Concours de l’Innovation, Moscou). Olga Sviblova a soutenu sa thèse en psychologie de l’art à l’Université d’Etat de Moscou.

Nikolai BAKHAREV, Relationship
Né en 1946 en Sibérie. Vit et travaille en Sibérie.

À l’âge de 4 ans, il est placé à l’orphelinat après la mort de ses parents. Mécanicien dans l’industrie métallurgique, il photographie, à partir de 1970, les habitants de Novokouznetsk pour le centre administratif de la ville. Depuis 1991, il est membre de l’Union des artistes photographes de Russie. Il a participé à plusieurs expositions en Russie et à l’étranger. Ses oeuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées et muséales, parmi lesquelles le Multimedia Art Museum (Moscou), le Harry Ransom Humanities Research Center (université du Texas, Austin), le Southeast Museum of Photography (Daytona Beach). Il est représenté par la Regina Gallery (Londres, Moscou).

Alexandre Slussarev
Né en 1944 à Moscou. Décédé en 2010 à Moscou.

Il commence la photographie en 1959 et devient rapidement membre de la section photo du Comité des organisations de la jeunesse. En 1962 et 1964, il participe aux expositions Notre jeunesse. En 1979, il réalise sa première exposition personnelle à Riga dans le cadre du festival Pays d’ambre, avant de réaliser de nombreuses expositions en URSS. Il a exposé à la Maison de la photographie de Moscou et à la Photobiennale de Moscou. Ses photos figurent notamment dans les collections du MoMa (New York) et du New Mexico Museum of Art (Santa Fe).