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“États généraux du film documentaire” 25ème édition
à Lussas (07170)

du 18 au 24 août 2013



www.lussasdoc.org

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Légendes de gauche à droite :
1/  Annonces de Nurith Aviv, 2013, France/israël, Couleur, 59'.
2/  Seuls de Olivier Smolders et Thierry Knauff, 1989, Belgique/France, Noir&Blanc, 12'.
3/  Images d'Ostende de Henri Strock, 1929, Belgique, Noir&Blanc, 12'.

 


Texte de Noemi Didu, rédactrice pour FranceFineArt.

Depuis 1989, le village ardéchois de Lussas, environ mille âmes, se transforme le temps d'un festival en lieu de diffusion et d'échange autour de la création documentaire internationale. Environ 4 500 visiteurs sont attendus chaque année à ce rendez-vous qui s'étale sur une semaine, du 18 au 24 août. Cinq salles de cinéma, dont trois sous chapiteau, diffusent des films à partir de 10h et ce jusqu'à la nuit tombée. Ateliers, séminaires, rencontres professionnelles et projections en plein air ponctuent cette manifestation. Une vidéothèque permet de visionner les films que l'on aurait ratés lors des passages en salle. 
Portés par l'association Ardèche Images, les Etats généraux du film documentaire sont, comme le nom l'indique, moins un festival où tel ou tel film est primé qu'un temps et un espace où prendre le pouls de la création documentaire contemporaine et s'ouvrir au monde.


Différentes sections thématiques composent cette 25e édition


    •    « Histoires de doc » met en lumière  quatre des tendances qui ont marqué l'histoire du documentaire en Belgique : cinéma social et engagé, films sur l'art, films de propagande pendant la période coloniale et émergence d'un cinéma ethnographique. Les films présentés dans cette section sont issus des collections des Archives françaises du CNC.
    •    La section « Route du doc » a été dédiée à la production documentaire allemande des cinq dernières années, en privilégiant les films peu diffusés hors des frontières nationales ainsi que ceux réalisés par des réalisateurs émergents. La sélection s'articule autour de deux grands axes : la représentation du capitalisme et le rapport à la mémoire individuelle et collective.
    •    « Expériences du regard » revient sur la production documentaire de l'année dans l'espace francophone européen. La quinzaine de films sélectionnés témoignent d'un regard engagé sur le monde, d'une volonté de se saisir de l'outil cinématographique pour donner la parole à ceux qui ne l'ont que trop peu voire pas : minorités, laissés pour compte du système capitaliste, contestataires... A signaler dans cette section, le très touchant Le Pendule de Costel de la réalisatrice colombienne Pilar Arcila qui nous plonge dans le quotidien d'une famille Rom dans son périple entre Marseille, la Roumanie et Lausanne. Egalement remarquable, le documentaire Vers Madrid – The Burning Bright ! de Sylvain George, témoignage des expérimentations politiques et sociales surgies au sein du mouvement des Indignados en Espagne, de sa création à son essoufflement sous les coups de la violence policière.
    •    La section « Afrique » est l'occasion de souligner l'émergence d'une génération de jeunes réalisateurs et producteurs en Afrique, émergence rendue possible grâce à une décennie de soutien au développement du film documentaire africain par le dispositif « Africadoc », mis en place par l'association Ardèche Images. La sélection de documentaires comporte une sous-sélection dédiée plus particulièrement à la production documentaire malgache, foisonnante malgré des conditions matérielles difficiles. A signaler dans cette section, le documentaire Campus B5 de Mohamed Ali Ivesse, qui nous livre un témoignage très juste des dures conditions de vie d'étudiants boursiers dans un campus à la périphérie de Tamatave, entre insalubrité, révisions, rap et désespoir.
    •    « Fragments d'une œuvre » réunit et fait dialoguer entre eux des films expérimentaux réalisés principalement en formats Super 8 et 16 mm par quatre réalisatrices, plus ou moins connues dans les milieux de l'art contemporain et du cinéma: l'allemande Barbara Meter, la néerlandaise Ute Aurand, l'écossaise Margaret Tate et la tchèque Drahomira Vihanovà. Particulièrement saisissant, le dialogue visuel entre les ouvres de Ute Aurand et celles de Margaret Tate, notamment lorsqu'elles captent de fugaces instants du présent : le reflet du soleil sur une fleur, un sourire, une pièce plongée dans la pénombre... Les films présentés dans cette belle section, sélectionnés par l'historien et critique du cinéma Federico Rossin, témoignent d'une liberté de langage au service d'une réécriture poétique du réel.
Outre ces sections dédiées aux films, d'autres rendez-vous ont jalonné la semaine. Parmi eux, les deux séminaires « Le peuple à l'écran ? » et « La voie des images » ont questionné les représentations cinématographiques du collectif pour le premier et le statut des images d'archive et leur utilisation pour le deuxième. Moments privilégiés de réflexion et d'échange entre professionnels et public, les deux séminaires ont fait intervenir des critiques, philosophes et historiens de l'art dont Georges Didi-Huberman.  


Coup de cœur de cette édition des Etats généraux du film documentaire, « La nuit de la radio » organisée par la Scam au village de Saint-Laurent-sous-Coiron qui surplombe Lussas. Casque wi-fi aux oreilles, nez au vent et yeux au ciel, on a pu écouter une sélection d'extraits d'émissions radio autour du thème du plaisir, tout en admirant la magnifique vallée en contrebas.
Nous quittons Lussas et ses vignobles la tête pleine de films et de questionnements sur le monde qui nous entoure tout en nous disant que réaliser des films documentaires est moins un métier qu'une façon d'être en résonance avec le monde.

Noemi Didu

 


extrait du communiqué de presse :
 
 
Festival organisé par l’association ardècheimages
 
 
Observatoire de l'évolution des formes cinématographiques, laboratoire de réflexion entre professionnels autour de questions de cinéma, de fabrication des films, de leur production économique et de leur diffusion, les États généraux du film documentaire sont également un espace dédié à la valorisation d’oeuvres récentes ou de patrimoine peu diffusées et à l'engagement des auteurs, des producteurs et des diffuseurs. Manifestation non compétitive, le festival accompagne enfin un large public à la découverte du cinéma documentaire de création : parcours cinématographiques, séances spéciales, projections en plein air…
Cette approche protéiforme et originale imaginée dès la première édition, forge encore aujourd'hui l'identité de la manifestation.
La ligne éditoriale des États généraux est profondément marquée par trois axes de programmation :
- les séminaires et ateliers développent, sur plusieurs séances, une réflexion théorique sur le cinéma (accessibles sur pré-inscription).
- les rencontres professionnelles proposent des temps privilégiés d'échange entre les différentes catégories professionnelles, destinés à s'informer, se mobiliser et à engager une réflexion commune à tous les secteurs de la profession autour des perspectives économiques et de diffusion du documentaire.
- les programmations "Films" permettent de découvrir ou revisiter des œuvres documentaires exceptionnelles, des filmographies ou l’évolution du documentaire d’un pays : le regard sur la production francophone européenne de l’année met en avant des œuvres récentes et peu diffusées, les Histoire de doc renforcent la dimension de formation à travers la programmation d’œuvres de référence ou de patrimoine, les Fragments d'une œuvre proposent des rétrospectives d'auteurs confirmés ou la découverte de la filmographie de jeunes auteurs, les Route du doc proposent de faire le point sur l’évolution du documentaire hors de nos frontières. Et les séances plein air du soir n’oublient pas les films à caractère plus événementiel...
 
 
La programmation – extrait

toute la programmation http://www.lussasdoc.org/etats-generaux,2013.html

 
 
Sélection « Expériences du regard » (19-24 août)

Une sélection de documentaires issus de la production francophone européenne de l’année. Pierre-Yves Vandeweerd (réalisateur) et Philippe Boucq (monteur) présenteront, pour la troisième année, la programmation 2013.

Route du doc : Allemagne (22-24 août)

Un regard sur l'évolution du documentaire contemporain hors de nos frontières avec cette année le documentaire allemand, avec la collaboration du réalisateur et programmateur Jürgen Ellinghaus et le soutien du Goethe-Institut.


Histoire de doc : Belgique et Luxembourg (19-20 août)

Belgique et Luxembourg, une sélection de films de patrimoine pour la découverte de films peu diffusés. Pour la troisième année, les États généraux s'associent avec la Direction du Patrimoine sur cette programmation.


Afrique (19 août)

Dans le regard que nous portons sur la création documentaire africaine, la partie subsaharienne sera moins présente cette année, nous suivrons l'émergence d'une génération d'auteurs du côté de Madagascar et la réactivité de quelques documentaristes face à l'avancée des « fous de Dieu » dans la zone sahélienne. Ainsi le mouvement d'une représentation documentaire d'auteur là où l'histoire se joue et dans toutes les zones géographiques en Afrique se confirme au fil des ans.


Séminaire : « La Voie des images» (23-24 août)

Un regard sur les images de l’Histoire, celles de la Seconde Guerre mondiale, pour interroger ce dont elles témoignent et leur statut d’archives. Un aller et retour entre des films d’hier et d’aujourd’hui, un parcours critique sur les mises en récits de l’Histoire, de la propagande à la spectacularisation, pour réunir Histoire et Histoire du cinéma. Une poursuite du dialogue entre Jean-Louis Comolli et Sylvie Lindeperg, après leur film Face aux fantômes présenté à Lussas en 2009, avec la mise en perspective du dernier ouvrage de Sylvie Lindeperg, La Voie des images, Quatre histoires de tournage au printemps-été 1944, Lagrasse, Verdier, 2013.


Séminaire : Regards philosophiques (20-21 août)

Les philosophes ne cessent de s’intéresser au cinéma depuis qu’il existe. Plus rares sont ceux qui regardent plus particulièrement le cinéma documentaire sans pour autant le considérer hors des enjeux du cinéma lui-même, c’est-à-dire hors des questions de représentations du monde qu’il soulève. Récits, formes, regards, nous convions Emmanuel Alloa, Georges Didi-Huberman et Marie-José Mondzain à dialoguer sur ce qui irrigue aujourd’hui les formes et les récits cinématographiques du documentaire et les représentations du monde qu’ils nous proposent.



Les rencontres professionnelles, temps privilégiés pour engager une réflexion commune à tous les secteurs de la profession autour des perspectives économiques et de diffusion du documentaire. Elaborées en lien étroit avec différents collectifs et associations professionnelles, elles alternent séances à huis clos et temps d’échanges publics.