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“L’été photographique” édition 2013
à Lectoure (32700)

du 20 juillet au 25 août 2013



www.centre-photo-lectoure.fr

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jerzy Lewczyński, Inconnu, 1959.
2/  Emanuela Meloni, Cinquante-sept-mille-six-cent, 2012-2013.
3/  Bruce Wrighton, Young man, Binghamton, NY, Vintage print 20,3x25,4 cm, 1987. Courtesy Les Douches La Galerie.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Direction artistique : François Saint Pierre
Commissaires invités :
Anne Stenne, Michel Metayer, Patrick Komorowski

 

Les artistes : Renaud Auguste-Dormeuil et Guillaume Herbaut, Emanuela Meloni, Annette Merkenthaler, Pierre-Lin Renié, Bruce Wrighton, Jerzy Lewczyński, Les amis de Lewczyński : Beksiński, Schlabs, Piasecki, Agnieszka Polska, Tadeusz Rolke, Nicolas Grospierre et Józef Robakowski

 

Les lieux d’exposition : Le Centre d’art et photographie, Ancien Tribunal (Hôtel de ville), Salle des pas perdus (Hôtel de ville), la Halle aux grains, La Cerisaie, l’Ecole Jean-François Bladé et l’espace public

 

Expérimenter par François Saint Pierre

“ Que ce soit un paradoxe ou une dialectique, l’étendue de l’amnésie dans notre culture n’est égalée que par une fascination toujours plus prégnante pour la mémoire et le passé.” Andreas Huyssens

Sous le titre Deux générations d’avant-garde de la photographie polonaise, l’Été photographique réunit cinq expositions qui donnent le ton de l’ensemble de cette édition : celui de l’expérimentation. En effet, pour la plupart, les œuvres exposées explorent la singularité de la photographie et ses potentialités artistiques. La démarche consistant à pousser le médium à ses limites est revendiquée par Nicolas Grospierre, né en 1975, comme elle l’avait été par Jerzy Lewczyński et les représentants de l’avant-garde polonaise des années 50.
L’expérimentation est également au cœur des projets artistiques d’Agnieszka Polska, Renaud Auguste-Dormeuil, Annette Merkenthaler, Pierre-Lin Renié, mais aussi de Józef Robakowski, dont les films (vidéo et cinéma) seront projetés le 20 juillet au cinéma de Lectoure.
Si tous ces artistes ont en commun une volonté d’exploration, leurs préoccupations sont aussi différentes d’une génération à l’autre que les contextes historiques de leurs créations. Ainsi, en Pologne dans les années 50, le bouillonnement artistique né du dégel qui suit la mort de Staline remet d’actualité la question du statut artistique de la photographie. Lewczyński et d’autres artistes ont alors cherché des formes nouvelles d’écriture photographique – telles que le montage, la photo trouvée, l’image négative, etc. – pour sortir de l’impasse de l’académisme et se libérer du modèle obligé du reportage. Lewczyński a nommé ses recherches « anti-photographie » en référence au Nouveau roman français.
La question de la légitimité artistique de la photographie n’est plus la préoccupation des artistes actuels, qui produisent leurs œuvres dans le contexte de la toute-puissance des médias, des flux continus d’informations et de la prolifération d’images dématérialisées sur la toile et les réseaux sociaux. Dès que je me suis aperçu que tout allait se ramener à l’écran, je n'ai eu de cesse de penser aux moyens de l’éviter, et ce sans pour autant me réfugier dans la forêt. Il s’agit de préserver des moyens d’action participante, en inventant une nouvelle situation écologique (Józef Robakowski, dans un entretien en 1995).
Une autre tonalité de cet Été est la dimension humaniste portée par des photographes de quatre générations – Tadeusz Rolke (1929), Bruce Wrighton (1950-1988), Guillaume Herbaut (1970), Emanuela Meloni (1987). Leur approche empathique, lucide et sans complaisance, en s’abstenant d’esthétiser ou d’idéaliser les personnes photographiées, s’approche au plus près de la réalité de leur condition, sans craindre de déranger le spectateur. Le face à face ne laisse pas d’échappatoire à qui regarde les portraits de Bruce Wrighton ou d’Emanuela Meloni. Les photographies de Tadeusz Rolke et de Guillaume Herbaut, les œuvres de Renaud Auguste-Dormeuil, dérangent parce qu’elles dévoilent des réalités occultées, dont la prise en compte oblige à revoir les dogmes, les idées simples et autres certitudes manichéennes.
Renaud Auguste-Dormeuil et Guillaume Herbaut se sont rencontrés en 2004 à Lectoure, où ils exposaient l’un et l’autre. Suite aux échanges nés de cette rencontre, ils ont conçu pour l’Été photographique 2013 leur première exposition commune, L’un photographie, l’autre pas, dont Anne Stenne assure le commissariat. Par des voies différentes, tous deux s’attachent à révéler les images oubliées dans le point aveugle des médias.
L’artiste allemande Annette Merkenthaler, pour qui l’espace public est depuis longtemps un terrain d’expérimentation, installera en plusieurs points de Lectoure des œuvres spécialement conçues pour ces lieux (commissariat de Michel Métayer).
Comme à chaque édition, l’Été photographique privilégie les découvertes : les expositions de Guillaume Herbaut et Renaud-Auguste Dormeuil, Pierre-Lin Renié, Annette Merkenthaler ont été créées pour l’Été photographique ; celles des artistes polonais, dont le commissariat est assuré par Patrick Komorowski et Gunia Nowik, n’ont pour la plupart jamais été montrées en France.

 

 

Les expositions :

 

Au Centre d’art et photographie :
Pierre-Lin Renié, Ciel / Sol

« Levez les yeux vers le ciel, regardez en bas vers la terre. » Livre d’Isaïe, 51,6.
Depuis 2004, par une pratique quasi quotidienne de la photographie, j’ai formé une collection de plus de 2700 images. Simples et descriptives, de sujets très variés, elles constituent le matériau des expositions et publications que je produis.
[…] Pierre-Lin Renié

 

 

Bruce Wrighton, At Home. Les années Reagan.
Voici le monde de tous les jours, comme il existait et comme il existe encore dans certains endroits, immeubles modestes rendus attrayants grâce à de beaux ciels, rues gribouillées par des lignes téléphoniques, intérieurs endimanchés dans des capitonnages en plastique, consciencieusement glorifiés par des drapeaux, rendus pimpants par des appareils brillamment éclairés, et parfois involontairement liés au surréalisme par le voisinage inattendu des objets. Wrighton regarde ce monde en face, le salue chaleureusement et respectueusement, tout en prenant note de ces réussites esthétiques involontaires. […] D’après Vicky Goldberg

 

 

À l’Hôtel de ville - Ancien Tribunal :
Renaud Auguste-Dormeuil et Guillaume Herbaut, L’un photographie, l’autre pas
commissaire Anne Stenne
Renaud Auguste-Dormeuil et Guillaume Herbaut se sont rencontrés en 2004 à Lectoure, où ils exposaient l’un et l’autre pour l’Été photographique. Suite aux nombreux échanges nés de cette rencontre, ils ont imaginé une nouvelle mise en perspective de leur travail dans une exposition commune : L’un photographie, l’autre pas. […] Anne Stenne

 

 

À l’Hôtel de ville - Salle des pas perdus :
Emanuela Meloni
Cinquante-sept-mille-six-cent Mine de charbon, Sardaigne, 2012-2013
Cinquante-sept-mille-six-cent est un projet qui parle d’un noir profond, celui du centre de la terre, et d’un blanc aveuglant, celui de la lumière du jour, du soleil du Sud, trop fort pour des yeux habitués à l’obscurité. […] Emanuela Meloni

 

 

Àl’Ecole Jean-François Bladé et l’espace public :
Annette Merkenthaler
commissaire Michel Métayer
Dans un fossé devant la façade de la mairie, deux taureaux sont paisiblement couchés au ras d’un tas de terre où poussent quelques brins d’herbe : voilà Janus. Le diptyque dédié au dieu à deux visages ouvre et ferme l’accès du bâtiment. À leurs pieds, l’herbe est née à même la photographie. De part et d’autre de l’entrée, les deux pièces continuent aujourd’hui de prêter vie à ce taureau. Mais elles participent d’un autre temps, celui de l’image, d’une image travaillée et manipulée : recouverte de terre, elle fut ensemencée, puis photographiée à nouveau avant d’être installée en cet oppidum du Gers. […] Michel Métayer

 

 

 

Deux générations d’avant-garde de la photographie polonaise
commissaire : Patrick Komorowski

À la Halle :
Jerzy Lewczyński, Dire ce que l’on ne peut voir, voir ce que l’on ne peut dire.
Jerzy Lewczyński (1924) est l’un des doyens de la photographie polonaise. Il a été un acteur et un témoin de premier plan de la scène photographique nationale de la seconde moitié du XXe siècle. L’exposition Dire ce que l’on ne peut voir, voir ce que l’on ne peut dire, présentée à Lectoure en partenariat avec le Musée national de Gliwice, est sa première exposition monographique à l’étranger. En une centaine de tirages originaux et d’épreuves de lecture, qui vont des années 50 à 2010, elle retrace les étapes du passage d’un exercice subjectif du regard (les expérimentations formelles des années 1950), à la pratique de la photographie trouvée, faisant de l’image dans sa matérialité la dépositaire du témoignage. […] Patrick Komorowski

Les amis de Lewczyński : Beksiński, Schlabs, Piasecki
Œuvres de la collection Cezary Pieczyński
À partir de 1957, Lewczyński, Beksiński (1929-2005) et Schlabs (1920-2009), préparent ensemble plusieurs expositions, dont La Présentation fermée à Gliwice en 1959, qui marquera l’histoire de la photographie polonaise. Outre la forme particulière de la manifestation, Beksiński et Lewczyński travaillent sur les effets de sens produits par les associations d’images. Dans un contexte où l’on donne le photoreportage comme modèle à suivre pour la photographie artistique, l’exposition est accueillie sèchement par les critiques. À la fin des années 1950, Lewczyński se lie d’amitié avec Marek Piasecki (1935-2011), dont les œuvres abstraites sont exposées aux côtés du groupe post-surréaliste Phases en 1959. […]

Agnieszka Polska, La part invisible
La relation de l’homme au passé ne peut être pensée autrement que sur le mode d’une présence de l’absent dont la mémoire constitue l’expérience matricielle. Ricœur rappelait que la mémoire […] porte en soi une contradiction insoluble. La mémoire, qui est présence en image de ce qui n’est plus, entretient un rapport de proximité avec l’imagination, qui, elle, est présence en image de ce qui n’est pas. Pour l’historien, dont la tâche est d’élaborer un « récit vrai », la transition de la mémoire à l’histoire passe par le moment de la reconnaissance de l’image-souvenir […]. Patrick Komorowski

Tadeusz Rolke, Écran de la mémoire
En 1967, le magazine de propagande La Pologne commande à Tadeusz Rolke un reportage sur de jeunes Allemands de l’Ouest effectuant, à l’initiative de l’organisation Aktion Sühnezeichen, un séjour de deux semaines au camp d’Auschwitz-Birkenau. Aktion Sühnezeichen, fondée en 1958, s’était donnée pour mission de contribuer à l’effort de reconstruction et à la réconciliation avec les nations persécutées. […] Patrick Komorowski

 

 

À la Cerisaie :
Nicolas Grospierre, La photo qui grandit. Tarattarrattat.
Les deux travaux présentés à Lectoure explorent chacun le médium photographique, en poussant jusqu’à l’extrême ses limites. […]

 

 

Au cinéma Le Sénéchal le 20 juillet à 15 h 30, les 31 juillet et 21 août à 18 h 30.
Józef Robakowski
Józef Robakowski, né en 1939 à Poznań, vit à Łódź où il enseigne à l’École nationale de cinéma. Il explore les possibilités du médium cinématographique en dialogue avec l’art contemporain. Il est l’un des artistes et réalisateurs polonais les plus connus associé aux avant-gardes des années 60 et 70. Son travail se caractérise par une franche tendance à transgresser divers genres et média. Il est aussi commissaire d’expositions et cofondateur de plusieurs groupes d’artistes expérimentaux dans la photographie, la vidéo et le cinéma : Zero-61 (1961-1969), l’Atelier des formes filmiques (1970-1977), qui fut au centre de la création expérimentale dans les années 70. […]