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“New Photography in Korea” Exposition collective
à la Galerie Paris-Beijing, Hôtel Winssinger, Bruxelles

du 7 Septembre au 9 Novembre 2013



www.galerieparisbeijing.com

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Légendes de gauche à droite :
1/  Kwang Mo, Third Story, Gesture for Tourist, 2006 Courtesy of the artist/ Galerie Paris-Beijing.
2/  Park Seung Hoon, Textus, 2008 Courtesy of the artist/ Galerie Paris-Beijing.
3/  Dorothy M. Yoon, Yee Bee, 2011 Courtesy of the artist/ Galerie Paris-Beijing.

 


texte de Julie-Marie Duro, rédactrice pour FranceFineArt

 

C’est à l’hôtel Winssinger, construit par Victor Horta à la fin du dix-neuvième siècle, que la Galerie Paris-Beijing ouvre depuis près d’un an ses portes au public bruxellois. Elle y accueille jusqu’au 9 novembre l’exposition New photography in Korea, fruit d’un travail de prospection mené minutieusement depuis quelques années par Romain Degoul, directeur de la galerie. Elle réunit en un même espace les deux premiers volets – déjà présentés séparément à Paris – d’une exposition en trois temps. Dix-sept artistes représentent la Corée du sud. Dix-sept parcours singuliers, de l’amateur, agent de police à ses heures, au photographe de mode travaillant pour Vogue. Dix-sept visions hétéroclites d’un pays en transition. Dix-sept photographes qui partagent une même rigueur technique frôlant l’excès, l’attrait du gigantisme et une esthétique rigoureusement contrôlée.

Sous la verrière, entre le bois du parquet et la verdure des arbustes de la cour, se dressent les images de Seung Hoon Park.  Tressé de négatifs entremêlés, le paysage urbain en damier en ressort complètement déstructuré, déshumanisé. Des éléments récurrents, d’autres qui semblent sortir de nulle part, et voilà que notre esprit vagabonde, jusqu’à ce qu’un fragment de réel vienne le récupérer.

A l’étage, les murs épais permettent d’oublier le va-et-vient des voitures et des passants. Les pièces sont calmes et l’on plonge, comme dans un songe, dans la nostalgie des photographies de Won Seung Won. Du village rural de son enfance, il ne reste rien. Rasé. Englouti par les gratte-ciels. Privée de racines, la photographe ne peut que reconstituer son éden perdu à coup de retouches numériques. Dans la brume ou sous un ciel dramatique, la petite fille observe, cherche son chemin. Et nous continuons le nôtre.

De pièces en pièces, les vestiges de l’ancienne demeure art nouveau arrêtent le regard de celui qui est attentif aux accessoires du quotidien. De la poignée de porte au radiateur, de petits détails nous font voyager de la Belgique à la Corée, d’une époque à une autre. Tout va bien. Ou presque. A mesure que l’on observe les images d’Ayoung Kim, notre sérénité s’envole. Les murs épais deviennent carton plume, la rue tranquille une scène hostile. Il se passe quelque chose. Une baignoire remplie de sable sur le balcon d’un immeuble. Une chaise tombée par terre. Des pieds, que l’on croyait posés sur le sol. Un homme prêt à sauter. Tout a une fin.

Notre périple, lui, est loin de se terminer. Derrière la maison ancienne, une construction moderne nous invite à d’autres questionnements. Aux murs, dans la pièce baignée de lumière, plusieurs séries de portraits interrogent notre identité. De l’inculcation du genre dans une société de consommation avec JeongMee Yoon à la confrontation des canons culturels de beauté chez Dorothy M. Yoon, notre rêverie prend forme, se déforme, se perd. Et nous avec.

Nous quittons alors les lieux pleins d’espérance. Il ne nous reste plus qu’à attendre. Attendre le troisième volet de cette série. Et puis qui sait… attendre que la Corée du nord nous offre elle aussi, à son ouverture, pléthore de photographes jusqu’alors méconnus.

Julie-Marie Duro

 


extrait du communiqué de presse :

 

Les artistes : Ayoung Kim, Chan Hyo Bae, Dorothy M. Yoon, Duck Hun Hwa, Hyo Jin In, JeongMee Yoon, In Sook Kim, Mo Kwang, Kyung Soo Kim, Hein Kuhn Oh, Seung Hoon Park, Sang Hyun Lee, Sung Soo Koo, Won Seoung Won, Sohee Kim, Suntag Noh, Han Sungpil


Pour la rentrée de Septembre 2013 la Galerie Paris-Beijing est heureuse d’accueillir New Photography in Korea, une exposition collective consacrée à la création photographique de ces dernières années en Corée.

À partir de la fin du 20ème siècle la Corée a connu un développement économique fulgurant, conduisant le Pays du Matin Calme à passer du rang de pays basé sur une économie rurale à un pays fortement industrialisé. Deux grands évènements ont propulsé la Corée vers la démocratie et la globalisation : le mouvement pro-démocratique de 1987 et les Jeux Olympiques de Séoul de 1988. Les bouleversements sociologiques et environnementaux qui ont suivi, accompagnés de l’oppressante dichotomie qui oppose la Corée du Sud à son gênant frère ennemi du Nord, constituent la clé de lecture pour comprendre l’expression artistique et en particulier le développement du medium photographique.

La photographie s’est imposée comme le témoin des changements rapides de l’environnement et du développement effréné des paysages urbains. Un moyen si adaptable qui s’est vite révélé comme l’outil de prédilection d’une génération d’artistes désireuse de traduire le malaise et l’incertitude qui se sont emparés de la société coréenne. En quelques années sa capacité à capturer les conséquences du dynamisme économique et social, a permis à la photographie de devenir le centre d’intérêt autant dans le marché de l’Art que dans un débat purement esthétique.
Les années 1980 sont marquées par le retour en Corée d’une jeune génération de photographes partis en Occident pour suivre leurs études. Quelques grands noms tels que Bae Bien-U et Bohnchang Koo, pour n’en citer que quelques-uns, ont participé au développement de la photographie coréenne contemporaine. Grâce à une approche conceptuelle inédite en Corée, ces artistes ont eu une grande influence sur une nouvelle génération de photographes.

Au début des années 1990 les musées et les galeries consacrent une partie plus conséquente de leur programmation à la photographie. De nombreuses grandes expositions comme The Horizon of Korean Photography (1991) et Modern Korea Perspective (1993) ainsi que Flow of Korean Photography (1995) ont contribué à faire évoluer la position de la photographie en tant qu’art majeur.

Dans les années 2000 le développement de la photographie numérique a modifié la perception d’une pure représentation de la réalité vers un développement technique capable de forger et de remanier cette réalité. La photographie digitale repousse les frontières du possible en donnant l’opportunité d’explorer le lien entre fiction et réel.

En 2002 The Museum of Photography voit le jour à Séoul, il est le premier musée dédié entièrement à la photographie Coréenne. La Biennale de Daegu, créée en 2006, constitue un autre exemple du rôle croissant que la photographie contemporaine exerce actuellement dans la vie culturelle du pays. Aujourd’hui les villes de Séoul, Busan et Gwangju abritent un nombre croissant de musées, de galeries d’art et de manifestations culturelles de renommé internationale.

New Photography in Korea constitue une sélection d’une vingtaine de photographes coréens représentatifs des principaux courants photographiques actuels et soucieux d’exprimer par leur vision la complexité et la richesse de leur identité. Photographie introspective ou sociologique photographie de mode, d’architecture, photographie plasticienne ou bien encore mise en scène.

L’urbanisation, la globalisation, la consommation, l’identité, la culture, la mémoire, la famille, la sexualité, les tissus sociaux. Autant de thèmes abordés par cette génération d’artistes nés du miracle Coréen et qui ont déjà atteint une reconnaissance internationale.