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“Désirs et volupté à l’époque victorienne” article 1049
au Musée Jacquemart-André, Paris

du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014



www.musee-jacquemart-andre.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 12 septembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  John William Waterhouse (1849-1917). Le chant du printemps, 1913. Huile sur toile, 72x92 cm. Collection Pérez Simón, Mexico © Studio Sébert Photographe.
2/  Lawrence Alma-Tadema (1836-1912). Les Roses d’Héliogabale, 1888. Huile sur toile, 132,7x214,4 cm. Collection Pérez Simón, Mexico © Studio Sébert Photographe.
3/  Edward John Poynter (1836-1919). Andromède, 1869. Huile sur toile, 51x36 cm. Collection Pérez Simón, Mexico © Studio Sébert Photographe.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt

 

L'époque victorienne marque de profonds changements sociaux et économiques en Grande Bretagne. Une nouvelle élite issue de la révolution industrielle prend le relais des mécènes traditionnels, faisant évoluer la peinture de cette seconde moitié du XIXéme siècle.

Chef de file de cette nouvelle vague, Lawrence Alma-Tadema ancre sa peinture dans la culture classique. Ses tableaux nous plongent dans une antiquité rêvée, fantasmée, richement détaillée. Dans Les Roses d'Héliogabale, il atteint une perfection photographique, figeant en apesanteur une pluie de pétales de roses sur les convives d'un banquet. Les personnages semblent également immobiles, comme saisis dans ce moment exact où la fête bascule dans le drame que sera leur ensevelissement sous les fleurs. Une autre influence classique est celle de l'Orient, popularisé par l'essor du voyage, qui offre une sensualité délicate et parfumée à des scènes bibliques (La Reine Esther, Edwin L. Long).

Le fil conducteur de cette exposition est la femme, sa grâce, et ses représentations fantasmées. Les compositions deviennent des écrins servant la peinture de la beauté. Dans Jeunes Filles grecques ramassant des galets sur la plage, Frederic Leighton prend le parti d'une scène triviale, mais les jeunes filles élégamment drapées, dont les foulards volent au vent sont d'une magnificence irréelle. Elles évoquent des déesses grecques comme celles peintes par Botticelli.

La femme comme héroïne romanesque, dont la beauté vient d'un destin tragique d'amoureuse trouve une place dans des œuvres reprenant la tradition littéraire médiévale de l'amour courtois. Magicienne consultant sa boule de cristal (La Boule de cristal, John W. Waterhouse), dont la posture traduit les doutes et les interrogations, ou amoureuse éperdue dans une indolence mélancolique (Elaine, John M. Strudwick), la beauté est exaltée par sa nature éphémère. Le rendu opalescent, les gestes d'abandon, de supplication annoncent un destin funeste. On retrouvera cette thématique de l'amante mais dans un registre plus contemporain au début du XXéme siècle dans les portraits de John W. Goodward ou d'Arthur Hughes. Des jeunes femmes perdues dans une attente passive et silencieuse sont habitées d'une langueur rêveuse, leur regard s'enfuit sur un horizon ou par une fenêtre. Appuyée sur une cheminée, tenant à la main une lettre de son amoureux, une amante s'abandonne à ses songes (Un nuage passe, Arthur Hughes).

La beauté  s'exprime également par la volupté du nu. Délicates créatures à demi couvertes de voiles diaphanes ou déesse arborant les attributs de la séduction, beaucoup sont empreintes d'une sensible pudeur. Leur fragilité s'exprime dans leur corps en même temps que se libère la force du féminin.

Ces multiples facettes de la séduction, en suivant les cheminements de l'image de la femme au XIXéme siècle, nous offrent un cours d'histoire en nous présentant le reflet artistique de l'évolution du rôle et de la place des femmes dans la société victorienne.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat 
Véronique Gerard-Powell, maître de conférences en histoire de l’art à l’Université de Paris - Sorbonne (commissaire générale de l’exposition)
Nicolas Sainte-Fare Garnot, conservateur du Musée Jacquemart-André

L’exposition Désirs et volupté à l’époque victorienne au Musée Jacquemart-André invite le grand public à découvrir pour la première fois en France les artistes célèbres de l’Angleterre de la reine Victoria au XIXe siècle, dont Sir Lawrence Alma-Tadema (1836-1912), Sir Frederic Leighton (1830-1896), Edward Burne-Jones (1833-1898) ou encore Albert Moore (1841-1893). À travers une cinquantaine d’œuvres exposées, les artistes de cette période ont en commun de célébrer le « culte de la beauté ».


Première puissance mondiale sous le règne de Victoria (1837-1901), la Grande-Bretagne connaît de profonds bouleversements économiques et sociaux. Dans ce contexte marqué par le puritanisme, les peintres expriment à travers leur sensibilité un art qui contraste avec la rudesse de cette époque et sa rigueur morale : retour à l’Antiquité, femmes dénudées, peintures décoratives somptueuses, compositions médiévales, expressions poétiques et symboliques héritières des préraphaélites…


La quête esthétique est le maître-mot de ces artistes qui ont fait de la beauté un absolu et un art de vivre. Le sujet principal de ce mouvement artistique, dénommé « Aesthetic Movement », est la femme. Son corps n’est plus entravé comme dans la vie quotidienne, mais symbolise une féminité idéale, objet de désir. Dépeintes dans un cadre de vie réinventé, ces femmes voluptueuses se muent en héroïnes antiques ou médiévales. Une nature luxuriante et des palais somptueux servent de décors à ces femmes sublimes, lascives, sensuelles, amoureuses, bienfaisantes ou maléfiques. La peinture devient un rêve éveillé, foisonnant de symboles.


Les oeuvres exposées au Musée Jacquemart-André, dont certaines sont de véritables icônes de l’art britannique (Les Roses d’Héliogabale d’Alma-Tadema, Les Jeunes filles grecques ramassant des galets sur la plage de Leighton, Un Quartet. Hommage du peintre à l’art de la musique d’Albert Moore, ou encore Andromède de Poynter…), appartiennent à l’une des plus importantes collections de peinture victorienne en main privée : la collection Pérez Simón.


Les peintres Lawrence Alma-Tadema, Edward Burne-Jones, John William Godward, Frederick Goodall, Arthur Hughes, Talbot Hughes, Frederic Leighton, Edwin Long, John Everett Millais, Albert Moore, Henry Payne, Charles Edward Perugini, Edward John Poynter, Dante Gabriel Rossetti, Emma Sandys, Simeon Solomon, John Strudwick, John William Waterhouse et William Clarke Wontner, emblématiques de cette période victorienne, sont représentés à cette occasion.

 

Parcours de L’exposition

À l’heure où les musées britanniques redécouvrent leurs collections de peinture victorienne, le Musée Jacquemart-André a lui aussi choisi de mettre à l’honneur les grands artistes de cette période. Une même fascination pour la femme s’exprime dans la cinquantaine d’oeuvres réunies pour l’exposition. Offrant un large aperçu de la peinture britannique des années 1860 à la veille de la Première Guerre mondiale, elles proviennent toutes de la collection Pérez Simón, qui réunit l’un des plus beaux ensembles d’art victorien en main privée.


L’exposition se déroule en 8 chapitres : Désirs d’antique, Beautés classiques, Muses et Modèles, Femmes fatales, Héroïnes amoureuses, L’Harmonie rêvée, La Volupté du nu et Le Culte de la beauté.
Naviguant entre Antiquité réinventée, légendes médiévales et décors au charme tout britannique, les grands artistes de l’Angleterre victorienne puisent à de multiples sources d’inspiration, mais ont tous en commun de célébrer la beauté féminine. Dans leurs oeuvres, la femme incarne à travers ses mille visages tous les rêves victoriens.