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“Florian Germann” Geomental Process Area / Fat City / Paris
au Centre culturel Suisse, Paris

du 13 septembre au 13 octobre 2013



www.ccsparis.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, le 13 septembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Florian Germann, Geomental Process Area (Model 1:4), 2012. Courtesy de l’artiste & Gregor Staiger, Zürich. © Florian Germann.
2/  Florian Germann, Geomental Process Area III + IV , 2012/13. Courtesy de l’artiste & Gregor Staiger, Zürich. © Florian Germann.
3/  Florian Germann, Geomental Process Area Area II (Blind City Version), 2012/13. Courtesy de l’artiste & Gregor Staiger, Zürich. © Florian Germann.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt

 

En parallèle de la monographie dédiée à Heidi Bucher, le Centre Culturel Suisse consacre une exposition, la première en France, à Florian Germann qui a investi la petite Pièce sur cour du lieu.

La réalité, racine des rêves
Sa ville miniature, translucide et imaginaire, élève ses tours en équilibre fragile sur des fondations, elles, bien réelles. Constituées d’une superposition de petits bâtiments issus des grandes cités des États-Unis et réalisés grâce à de véritables plans d’architecture (que l’on peut d’ailleurs apercevoir), elles rappellent les arrogants buildings de ces métropoles bourdonnant d’une perpétuelle activité. Mais ces échardes de métal sont ici coulées dans une résine d’un jaune opalescent, obtenue à partir de la plante de cotonnier, avec laquelle Florian Germann partage une longue histoire familiale. Ce sont ces grands-parents qui, dans leur propre usine, ont en effet mis au point le processus permettant de transformer ce végétal en une matière qui, une fois fondue puis solidifiée, prend l’apparence du savon.

Puissance tectonique
Mais cette ville est chaque jour la victime d’une opération de destruction. Car performateur fasciné par la confrontation des énergies invisibles, l’artiste provoque à heure fixe un petit tremblement terre (en réalité des vibrations qui secouent la table sur laquelle se dresse la cité) qui fait partiellement s’effondrer les chimériques édifices. La métropole est ensuite reconstruite, passant alors par trois états successifs qui s’inscrivent dans un cycle de changement et d’évolution continuel. Mais pourquoi bâtir si minutieusement un espace urbain voué de toute façon à la dislocation ? Peut-être pour raconter une histoire, n’importe laquelle, celle que l’on veut, ou prouver que rien, jamais, n’est immuable. Ou comment les forces ectoplasmiques bouleversent sans cesse le tissu de la réalité tangible.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Florian Germann (né en 1978, vit à Zurich) développe un travail expérimental qui interroge la notion de processus et qui résulte, dans certains cas, de performances réalisées sans public. Passionné par la géologie, la sédimentation, le temps et les matériaux qui se transforment, les installations de Florian Germann s’inscrivent dans un corpus d’oeuvres évolutif. Alors que son récent projet Wendigo River National Park explorait les rapports entre nature, homme et culture, créant un paysage de fiction potentiellement « domestiqué », Geomental Process Area / Fat City / Paris présente ici une ville en état transitoire, entre destruction par une catastrophe naturelle simulée et création d’un nouveau paradigme géologique artificiel.


« À l’occasion de son projet d’exposition au CCCS, l’artiste poursuit son intérêt pour la transformation des énergies, comme l’indique le titre Geomental Process Area / Fat City / Paris. Comme lors de précédents projets, il prend comme point de départ un processus bien connu en géologie – la sédimentation, c’est-à-dire le dépôt de particules, liquides ou gazeuses, sous l’effet de la gravité. Ce processus de longue durée produit des structures et des formes qui, dans le cadre du travail de Germann, permettent de créer une ville. Le matériel utilisé est une résine préparée à partir de la plante du cotonnier. Cette résine se caractérise par la variété de formes qu’elle peut prendre. À l’état solide, elle ressemble à du caoutchouc résistant. À la cuisson, elle devient transparente, et reste ainsi quand elle durcit à nouveau. Le résultat évoque les images d’ectoplasmes – la matérialisation d’apparitions fantomatiques – tels que nous les connaissons dans les films de fantômes. L’artiste assemble ensuite des maquettes architecturales dans une cuvette rectangulaire en métal, afin de les couler une seconde fois en une sorte de « splash piece » (on pense ici aux actions de l’artiste Richard Serra). En résulte la maquette d’une ville translucide, enveloppée dans un « cocon ». Pour Germann, la sédimentation ne constitue pas seulement l’instrument qui donne forme à son travail, mais elle est également une métaphore de la pensée qui anime ce cycle d’oeuvres. Ainsi les processus cognitifs sont-ils étroitement liés à ce principe – la construction d’un souvenir qui se constitue couche après couche. Ce procédé additif permet une approche subjective à ce qui s’est réellement passé. La Fat City de Germann peut donc être décrite comme la reconstruction d’un souvenir – une « ville invisible » à matérialiser avec tous ses secrets. »

Extrait de l’article de Raphaël Gygax, conservateur au Migros Museum de Zurich, pour le journal Le Phare