|
texte de Anne-Frédérique Fer
Pour sa dixième édition, les Photaumnales fêtent leur anniversaire en occupant pour la première fois la totalité de la Galerie Nationale de la Tapisserie. Dans cet espace, le festival nous propose de découvrir ou de redécouvrir les projets photographiques que Diaphane, organisateur de l’événement, a produit avec une trentaine de photographes.
Le parcours commence par La preuve par neuf. Depuis 2004, 9 photographes sont venus en résidence, chacun nous propose des histoires, son regard sur la ville de Beauvais. On peut y découvrir une vision patrimoniale, vestiges d’églises avec Eclats de mémoire de Michel Séméniako. Jean de Calan s’inspire du célèbre photographe Atget, qui a inventorié Paris à travers ses photographies, pour nous faire une proposition sur Beauvais. Il y a les scènes de vies, les petits moments de bonheur dans Un petit coin de paradis de Philippe Guionie ou encore Plein air, scènes théâtralisées et recomposées de Aurore Valade.
De cette preuve par neuf, nous passons au Pas de deux. Sous forme d’une carte blanche, chacun des 9 photographes a invité un photographe. Le photographe devient alors commissaire, directeur artistique. Il nous laisse découvrir à travers son choix, ses affinités, ce qui l’a nourri, son coup de cœur. Le résultat est de très beaux duos parfois empreints d’une certaine complicité. Comme Philippe Guionie qui a invité Sara Imloul, une de ses anciennes élèves de l’école de photographie de Toulouse et tous deux représentés par la galerie Polka à Paris. Les deux séries sont en noirs et blanc, très différentes mais qui toutes deux dégagent de grandes émotions. Des questions d’identités nous interpellent avec Africa-América de Philippe Guionie qui nous propose des portraits sur les traces contemporaines de l’africanité dans les diasporas noires des Andes. Tandis que Sara Imloul nous présente Le cirque noir, un travail très poétique, en petit format, sur le monde de la scène et du théâtre. Ce n’est pas seulement par la technique ancienne utilisée (négatif direct sur papier, Calotype), les photographies ici présentées sont uniques, retouchées au pinceau par l’artiste. Des retouches subtiles qui fond ressortir ces personnages comme sortis d’un rêve, venus d’un autre temps, d’un monde qui n’existe plus.
On continue le parcours avec le projet Destinations Europe, 23 photographes, 23 destinations au départ de l’aéroport de Beauvais. Pendant 3 jours, les photographes ont sillonné une ville d’Europe pour nous en apporter leur vision.
Comme un catalogue d’agence de voyage, le regard s’accroche sur certaines destinations. Géraldine Lay nous fait découvrir la ville de Glasgow en Ecosse à travers des scènes se rapprochant des toiles de Edward Hopper. Claudia Imbert s’attarde sur la périphérie d’Oslo et ses étendus immaculés de blanc. Guillaume Herbaut s’arrête sur des instants de paysages, des scènes figées comme ce singe empaillé à Wroclaw en Pologne.
Notre voyage se prolonge au Portugal, avec le festival invité, Encontros da Imagem de Braga. On y découvre la photographique contemporaine portugaise avec le très beau travail de Inês D’orey et ses intérieurs de bâtiments publics de Porto, sans présence humaine, qui dégagent une atmosphère mystérieuse.
Les Photaumnales ne se résument pas à la Galerie Nationale de la Tapisserie. Beaucoup d’autres expositions sont à découvrir dans Beauvais et dans toute la Picardie. Il faut juste prévoir un peu de temps.
Anne-Frédérique Fer
|
|
extrait du communiqué de presse :
Les Photaumnales sont organisés par Diaphane (www.diaphane.org)
Direction artistique : Fred Boucher & Adriana Wattel
39 expositions à Beauvais et en Picardie
les lieux : Galerie Nationale de la Tapisserie, Cinéspace, L’Écume du jour, Musée départemental de l’Oise, Espace Séraphine Louis à Clermont-de-l’Oise, Espace Matisse à Creil, Galerie du Chevalet à Noyon, La Briqueterieà Amiens, Maison des Arts et Loisirs à Laon, Maladrerie Saint-Lazare, Agglo du Beauvaisis, Théâtre du Beauvaisis, Université de Picardie Jules Verne, Crous, Voisinlieu pour tous
les artistes : German Avagyan, Carlos Ayesta, Marc Beckmann, Samuel Boche, Pascal Bois, Guillaume Bression, Arno Brignon, Jean De Calan, Sébastien Camboulive, Thomas Chable, Daniel Challe, Luc Choquer, Beatrix Von Conta, Jean-Claude Coutausse, Raphäel Dallaporta, Odile Debloos, François Deladerrière, Léo Delafontaine, António Júlio Duarte, France Dubois, Andrea Eichenberger, Luisa Ferreira, Julia Fullerton-Batten, Françoise Galeron, Carlo Gianferro, Jean-Pierre Gilson, Thierry Girard, Helena Gonçalves, Nigel Green, Ronan Guillou, Philippe Guionie, Nicolas Havette, Guillaume Herbaut, Claudia Imbert Sara Imloul, KK+TF, Ralf Kaspers, Martin Kollar, Xavier Lambours, Yohanne Lamoulère, La Trocambulante, Géraldine Lay, Charlotte Lybeer, Tina Merandon, Camille Millerand, Mirto, Renaud Monfourny, Tito Mouraz, Marie-Paule Negre, Inês D’orey, Sandra Rocha, Florian Van Roekel, Michel Séméniako, Massimo Sordi, Claire Soton, Beata Szparagowska, Ambroise Tézenas, Patrick Tourneboeuf, Lars Tunbjörk, Aurore Valade, Pauliana V. Pimentel, Dan Younger
J’ai dix ans par Fred Boucher & Adriana Wattel, direction artistique
Comme dans une réunion de famille où l’on fête un anniversaire, chaque année le cercle des amis s’agrandit. A l’occasion de la 10ème édition des Photaumnales, nous avons souhaité rassembler les photographes que nous avons rencontrés depuis le début de cette aventure.
Ces photographes nous offrent en cadeaux des images qui racontent le monde et le rêvent parfois. Nous-mêmes avons rêvé cette édition, rêvé des rencontres, rêvé de nouveaux espaces d’exposition, pris simplement nos rêves pour la réalité.
Cette 10ème édition est l’occasion d’une rétrospective des 9 photographes invités à Beauvais depuis 2004, qui présentent un extrait de leur résidence passée, c’est La preuve par neuf.
Ils exposent également un autre de leurs travaux et invitent à leur tour un photographe de leur choix, c’est Le pas de deux.
La farandole se poursuit avec Destinations Europe, projet monté avec des bouts de ficelle, et qui rassemble aujourd’hui 23 destinations européennes, vues par autant de photographes.
Et pour continuer de rêver l’Europe, nous explorons les Territoires de la photographie portugaise avec le festival de Braga.
Les expositions ainsi s’ajoutent les unes aux autres, certaines déclinant la notion
d’Anniversaire, d’autres jouant la carte de l’invité surprise…
Pas d’anniversaire sans musique, c’est pourquoi nous avons proposé une carte blanche à l’accordéoniste Pascal Contet qui interprétera la partition des images projetée pendant la soirée inaugurale à la Maladrerie Saint-Lazare.
Les Photaumnales investissent en 2013 la totalité de la Galerie nationale de la tapisserie, mais également d’autres espaces d’expositions à Beauvais et en Picardie, dans la volonté de fédérer des lieux pour la mise en place d’un temps fort autour de la photographie à travers toute la région. Lieux culturels d’une part, mais aussi galeries des écoles, des collèges et des lycées, permettant l’accès des images à un jeune public, auquel sont proposées de nombreuses actions de médiation.
C’est ainsi qu’en 39 expositions et avec 62 photographes nous vous souhaitons de fêter avec nous ces 10 ans.
Fred Boucher & Adriana Wattel, direction artistique
Les expositions - extrait
La preuve par neuf & Pas de deux à la Galerie Nationale de la Tapisserie
Depuis 2004, ils sont 9 photographes invités en résidence à s’être immergés dans la ville de Beauvais et à proposer un regard singulier sur ce territoire. Cette documentation photographique participe de la mémoire de la cité et nourrit la diversité de la création contemporaine.
Il nous paraissait important en cette date anniversaire de rassembler et de confronter une sélection des ces travaux dans une exposition rétrospective : La preuve par neuf.
Et si la preuve par neuf dans sa définition arithmétique est « une technique de vérification qui ne permet pas forcément de conclure que le résultat est correct même si la technique ne trouve pas d’erreur », tentons de croire que cette rétrospective validera l’importance d’une démarche mémorielle par la présence d’un artiste sur un territoire défini.
La preuve par neuf se décline aussi sous la forme d’une carte blanche à chacun des photographes invités, au cours de laquelle nous leur proposons de montrer une autre série d’images personnelles, mais aussi de choisir un photographe qu’ils souhaitent mettre en avant.
De ce Pas de deux, un bouquet inattendu, réuni par la règle du jeu ainsi instaurée. De ces duos naissent des confrontations formelles et de sens, des oppositions, rencontres improbables qui renforcent la pertinence de chacune des approches.
9 photographes en résidence 2004 - 2012
Depuis 2004, Diaphane invite chaque année un-une photographe à faire partager sa perception de la ville de Beauvais. Sur une période de six mois, en fonction d’une thématique déterminée, chacun d’entre eux chemine à travers les paysages urbains pour y poser la singularité de son regard. Au fil du temps, cette accumulation d’images donne de la ville un aspect kaléidoscopique proche de la multiplicité de ses géographies humaines et paysagères.
Michel Séméniako « Eclats de mémoire » 2004
Jean de Calan « Autour d’Atget » 2005
Philippe Guionie « Un petit coin de paradis » 2006
Beatrix von Conta « Coupures/reprises » 2007
Aurore Valade « Plein air » 2008
Tina Merandon « Escape » 2009
Géraldine Lay « Où commence la scène » 2010
Léo Delafontaine « d’Abraham » 2011
Lars Tunbjörk « Every day » 2012
Destinations Europe à la Galerie Nationale de la Tapisserie
A Beauvais, le voyage est à portée de regard.
Diaphane a imaginé de créer une passerelle photographique entre l’aéroport de Beauvais-Tillé et les villes européennes qu’il dessert, en proposant à des photographes de partir à la découverte de la destination de leur choix.
La règle du jeu est simple : une ville, trois jours, un photographe.
Les dix ans des Photaumnales sont l’occasion de finaliser ce projet en présentant les photographies des 23 villes ainsi parcourues entre 2007 et 2013. Portraits de villes ; construction et appropriation d’un espace européen qu’il nous reste encore à imaginer.
Cette exposition est ponctuée des films photographiques réalisés sur chaque destination, où se croisent les images et les paroles des photographes.
Réalisation : Atelier EcoutezVoir
Territoires de la photographie portugaise à la Galerie Nationale de la Tapisserie
Après Kaunas Photo et la Lituanie en 2012, nous avons invité cette année un autre festival européen de photographie, Encontros da Imagem, festival de Braga au Portugal. Son directeur Rui Prata présente une sélection de sept artistes représentatifs de la photographie contemporaine portugaise. http://encontrosdaimagem.com
« Pendant les années de la dictature (1926-1974), mis à part le photojournalisme et quelques exceptions, la photographie portugaise était surtout représentée par les photo clubs, où les questions techniques étaient privilégiées.
A partir des années 80 émerge une nouvelle génération de photographes, avec entre autres Daniel Blaufuks, Paulo Catrica, Pedro Letria, Valter Vinagre, António Júlio Duarte.
Parmi ces derniers, j’ai choisi le travail d’António Júlio Duarte pour la cohérence de son parcours. Débutant en noir et blanc, il évoluera vers la couleur au début des années 90, en utilisant toujours le format carré. Dans ses images le photographe reste souvent dans « l’ombre » pour révéler un carré magique de lumière.
Issue de cette même génération, Luisa Ferreira vient aussi de la photo de presse et s’engage dans la photo d’auteur à partir de la deuxième moitié des années 90.
Les autres photographes présents dans cette exposition, Helena Gonçalves, Inês d’Orey, Pauliana Valente Pimentel, Sandra Rocha et Tito Mouraz, font partie d’une nouvelle lignée d’auteurs dont la démarche artistique se confirme à partir des années 2000 ».
Rui Prata, commissaire d’exposition
|
