contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Esquisses peintes de l’époque romantique” Delacroix, Cogniet, Scheffer...
au Musée de la Vie Romantique, Paris

du 17 septembre 2013 au 2 février 2014



www.vie-romantique.paris.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 16 septembre 2013.

1059_Esquisses1059_Esquisses1059_Esquisses

Légendes de gauche à droite :
1/  Eugène Delacroix (1798 - 1863), Léon Riesener, 1834-1835, © RMN-Grand Palais (musée national Eugène Delacroix / Gérard Blot / Franck Raux).
2/  Ary Scheffer (1795 - 1858), Paolo et Francesca, 1822-1824, Pays-Bas © Dordrecht, Dordrechts Museum.
3/  Jean Gigoux (1806 - 1894), Laure et Pétrarque, © Olivia Voisin /Collection particulières.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt


En quatre salles, le Musée de la vie romantique consacre une exposition à cet exercice auquel se livre tous les peintres lorsqu’ils travaillent à la composition d’une toile : l’esquisse, épreuve primordiale dans la construction d’une œuvre.

L’entre-deux
Étape entre le dessin préparatoire et le tableau achevé, le statut de l’esquisse est parfois difficile à déterminer. Traditionnellement, et c’est ici souvent le cas, elle permet au peintre d’explorer son sujet et son propos. Nombre et attitudes des figures et silhouettes, correspondance et harmonie des couleurs, profusion des détails… la plupart des éléments d’une peinture sont déterminés lors de l’exécution de l’esquisse. À la fois modèle et preuve de la validité du projet, elle constitue une première réalisation de ce qui doit devenir ensuite une œuvre à part entière, plus grande et plus achevée. Ainsi en va-t-il de deux des tableaux les plus célèbres de Théodore Géricault. De l’Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant (1812), l’on retrouve la posture conquérante du personnage, même si son visage demeure indistinct, la courbe de la monture qui se cabre, dont la robe pommelée  et la selle au motif léopard se manifestent sous la forme d’une constellation de petits points de couleurs pâles. Quant au Radeau de la Méduse (1818-1819), l’on ressent déjà le désespoir de ces hommes affamés, accrochés à une embarcation de fortune ballotée par les vagues grises d’une mer en colère. Parfois, l’esquisse se démultiplie et explore plusieurs possibilités, déportant le cadre d’un côté ou de l’autre, altérant les postures des figures représentées (Ary Scheffer), preuve du véritable travail de recherche pictural auquel le peintre doit constamment se livrer.

Vivacité et sincérité
Mais la frontière entre tableau et esquisse devient floue quand cette dernière se distingue par sa puissance d’évocation des sentiments et des passions, si chères aux romantiques. Car là où une toile démontre le savoir-faire technique d’un peintre, l’esquisse se libère des règles les plus contraignantes par la vivacité et la spontanéité de son trait. Instantané d’une scène en devenir, elle parvient à retranscrire des émotions qu’une œuvre à la composition plus complexe et plus propre dilue dans la combinaison de ses effets picturaux. La détresse d’une mère qui cherche à sauver son enfant des soldats d’Hérode (Scène du massacre des Innocents, Léon Cogniet, 1824) dont le visage est à peine ébauché n’en demeure pour autant pas moins poignante. Eugène Delacroix, en particulier, excelle dans l’exercice de la création d’esquisses. Sa Chasse aux lions (1854), rendue presque abstraite par le chaos de ses couleurs chaudes caractéristiques de l’orientalisme, traduit parfaitement la violence du combat impitoyable auquel se livrent les hommes et les bêtes. Chez Ary Scheffer, au-dessus d’un Faust à l’expression rêveuse et languissante, Méphistophélès tapi dans les ombres nous observe d’un œil rusé (Faust dans son cabinet, 1827). Et ainsi, naturellement, l’esquisse atteint par elle-même le statut d’œuvre d’art à part entière.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : 
Sophie ELOY, Directrice adjointe du musée de la Vie romantique


Dès 1767, Diderot s’enflammait : « Pourquoi une belle esquisse nous plaît-elle plus qu’un beau tableau ? C’est qu’il y a plus de vie, moins de forme ».


Au musée de la Vie romantique, dans l’enclos Chaptal, le peintre Ary Scheffer, l’un des maîtres du romantisme, a vécu plus de vingt ans. Il a fait construire en 1830 deux ateliers dans lesquels une part essentielle de son oeuvre a été pensée, composée puis exécutée. Dans ces lieux, le visiteur est amené à se demander comment un tableau s’élabore avant d’être rendu public.


C’est aujourd’hui dans cette intimité de la création que l’exposition propose d’entrer grâce à des prêts exceptionnels, notamment une quinzaine d’oeuvres d’Eugène Delacroix – dont on fête les cent cinquante ans de la disparition – venant du musée national Delacroix, du musée des Beaux-Arts de Lille, du musée d’Orsay et du Petit Palais. L’exposition met à l’honneur certains des plus remarquables « esquisseurs » romantiques, parmi lesquels Léon Cogniet dont le fonds d’atelier est conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans ou, naturellement, Ary Scheffer, grâce à la générosité du musée de Dordrecht, sa ville natale.

Enfin, l’Ecole des Beaux-Arts, véritable conservatoire des « travaux d’étudiants », permet d’offrir un panorama d’oeuvres méconnues ayant remporté les concours organisés en son sein.
L’esquisse est l’une des étapes du processus de fabrication du tableau. Elle permet à l’artiste d’en expérimenter la validité, en petit, avant de l’exécuter en grand. Sa fonction est donc avant tout de fixer la composition mais, depuis le milieu du XVIIIe siècle, elle est presque devenue un genre à part entière défini par la rapidité et la spontanéité du pinceau.


L'exposition présente une sélection d'une centaine d’esquisses, prémices d'œuvres maintenant célèbres, variantes pour une même peinture témoignant des choix du peintre ou du commanditaire, ou encore projets n'ayant pas abouti.