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“Photoquai” 4ème édition – Regarde moi
sur le quai Branly, Paris (Face au musée, au niveau du 37 quai Branly)

du 17 septembre au 17 novembre 2013



www.quaibranly.fr
www.photoquai.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 16 septembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Népal : Prasiit Sthapit, Change of Course. ©Prasiit Sthapit. © musée du quai Branly – PHOTOQUAI 2013.
2/  Chine : Huang Qingjun, Family Stuff. © Huang Qingjun. © musée du quai Branly – PHOTOQUAI 2013.
3/  Russie : Evgenia Arbugaeva, Tiksi. © Evguenia Arbugaeva. © musée du quai Branly – PHOTOQUAI 2013.

 


texte de Clémentine Randon-Tabas, rédactrice pour FranceFineArt

 

Pour sa quatrième édition la biennale Photoquai réinvestit le quai Branly et les jardins du musée. Cette année c’est Frank Kalero qui en assure la direction artistique et qui à l’aide de huit commissaires présente une quarantaine de jeunes artistes du monde entier.

Une multiplicité de points de vue
En 2006 le musée du quai Branly décide d’acquérir les œuvres d’artistes vivants dans des pays non occidentaux plutôt que de continuer à collectionner des images relevant d’un point de vue extérieur. Cela nous permet tout d’abord d’avoir accès à des artistes que nous aurions peu l’occasion de voir autrement. Cela permet aussi de sortir d’un point de vue ethnocentrique, trop souvent réducteur et qui semble passer à côté de l’essentiel. Bien loin des clichés, les œuvres présentées nous ouvrent à la complexité de l’autre d’une manière subtile. Ainsi dans les portraits de son projet Picture an Arab Man, l’artiste Iranienne  Tamara Abdul Hadi, met en avant la sensualité et la vulnérabilité des hommes qu’elle photographie. En offrant une image qui va à l’encontre de celle que véhiculent les médias actuels, elle élargit notre vision et  nous fait prendre conscience du pouvoir que peuvent avoir les images sur nos perceptions. L’artiste Saoudienne Wasma Mansour quant à elle photographie, dans leurs intérieurs londoniens, de jeunes femmes Saoudiennes célibataires. Parallèlement elle photographie leurs voiles rangés dans des sacs jusqu’à leur prochain voyage dans leur pays d’origine. Aucune de ces femmes n’a souhaité montrer son visage sur ces images traitant du célibat. Il n’y a là aucune revendications mais matière à réflexion.

La figure humaine
La figure humaine est le fil conducteur de cette quatrième édition avec des projets qui s’interrogent sur l’identité et sur la place de l’homme dans son environnement physique et social. L’artiste chinois Kechun Zhang dans son projet the yellow river suit le deuxième plus long court d’eau de son pays le Fleuve jaune. De cette relation intime avec son environnement naissent des images étranges et poétiques dans lesquelles l’homme apparaît minuscule dans l’immensité des paysages. L’artiste Mexicain Roberto Molina Tondopo, lui, explore dans son projet La Casita de Turron, le moment charnière du passage entre l’enfance et l’adolescence. Avec humour il photographie son neveu et sa nièce, mettant l’accent sur le rôle de l’imaginaire dans la construction de l’identité. Glissant vers un registre plus sombre l’Ukrainien Dyma Gavrish dans son projet Inshallah s’inspire de ses rêves d’enfants pour créer un saisissant conte de fée, dénonçant l’absurdité de la guerre. Ce ne sont là que quelques uns des projets fascinants que propose cette année Photoquai. On en ressort avec l’envie d’aller vers l’autre et de prendre le temps d’explorer les complexités inhérentes à toute relation humaine.

Clémentine Randon-Tabas

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
 Frank Kalero, Directeur artistique de Photoquai 2013


et les commissaires :

Afrique : John FLEETWOOD, directeur du Market Photo Workshop (Afrique du Sud)

Proche et Moyen-Orient : Hester KEIJSER, commissaire de East Wing gallery de Doha (Qatar)

Asie : Shahidul ALAM, photographe, fondateur de drik.com et du Festival Chobi Mela (Bangladesh)

Chine et Extrême-Orient : Bohnchang KOO, professeur à la Geonhi Art Foundation et directeur artistique free lance (Corée)

EX-URSS : Liza FAKTOR, productrice multimédia et photographe, cofondatrice de l’Agency.Photographer. Ru en 2005 (Russie)

Amérique Latine : Claudi CARRERAS GUILLÉN, commissaire indépendant, éditeur, chercheur spécialisé dans la photographie (Espagne)

Asie du sud-est : Alexander SUPARTONO, historien de la photographie spécialisé dans la photographie coloniale, commissaire associé à Noorderlicht (Pays-Bas), et membre du comité éditorial de Punctum, magazine et journal online sur la photographie pan-asiatique (Inde)

Océanie : Anne NOBLE, photographe, professeur et commissaire indépendant (Nouvelle-Zélande)

 

Présentation de Photoquai 2013

Depuis sa création en 2007 à l’initiative du musée du quai Branly, la biennale de photographie Photoquai met en valeur la photographie non-occidentale et présente au grand public international des artistes dont l’oeuvre est inédite en France.

Les trois premières éditions ont fait découvrir 162 photographes venus chaque année d’une trentaine de pays différents. Saluée dès sa première édition pour son originalité et sa pertinence, Photoquai poursuit sa mission fondamentale : mettre en valeur et faire connaître des artistes inédits sur la scène internationale, susciter des échanges, des croisements de regards sur le monde.

Sa méthode originale consiste à confier les commissariats artistiques à des professionnels étrangers, et à créer un ensemble de réseaux autour des expositions, en associant des institutions parisiennes partenaires - au premier rang desquelles les galeries d’art dédiées à la photographie contemporaine. Les expositions se déroulent en majeure partie à l’extérieur du musée, sur les quais de Seine, mais aussi depuis 2009 dans le jardin du musée. Elles sont accessibles gratuitement.


La sélection artistique

Pour chaque édition de la biennale, le musée du quai Branly nomme un Directeur artistique chargé d’insuffler des axes de programmation souhaités pour l’événement, et d’animer un réseau de relais français et étrangers (commissaires, instituts français, photographes, « amis » de Photoquai …) pour différentes zones géographiques prédéfinies. Pour chacune de ces zones, des collaborateurs artistiques sont chargés, sur le terrain, de prospecter et de découvrir des talents photographiques inconnus en Europe, pour constituer ainsi une présélection d’artistes et d’oeuvres.

La sélection 2013, rassemblée sous le slogan « Regarde-moi », a un dénominateur commun : toutes les séries photographiques ont à voir avec la figure humaine. Paysages, objets, mode ou architecture y apparaissent comme des éléments d’accompagnement de la personne. Dans toutes les séries, c’est le corps qui est l’unité de mesure de notre univers.


Photographes présentés

Photoquai présente les oeuvres de photographes contemporains du monde entier, talents inédits ou peu vus en Europe et provenant des grandes zones géographiques représentées au sein des collections du musée du quai Branly : Amérique du Sud et centrale, Asie, Océanie, Afrique, Proche et Moyen-Orient, Russie.

La sélection rend compte de la diversité des manières de percevoir le monde non-européen aujourd’hui, de l’intérieur, par les artistes qui y vivent, loin des clichés que véhicule souvent une certaine photographie touristique. Il ne s’agit pas d’avoir une illustration systématique de la photographie d’un large panel de pays, mais de mettre en valeur des artistes et des oeuvres sans exhaustivité géographique.


Note d’intention de Frank Kalero

«Quand je me sais photographié, je me transforme en image» écrivait Roland Barthes. Ces mots m’évoquent l’échange riche et furtif qu’engendrent des regards croisés, celui d’un être humain, perçu dans son environnement, celui d’un photographe qui en fixe l’instant, mais aussi celui de l’observateur qui, extérieur et inconnu, viendra à leur rencontre.

J’ai donc souhaité placer la figure humaine au coeur de cette 4eme édition de PHOTOQUAI, comme un fil conducteur plutôt qu’une thématique. J’ai demandé à 8 commissaires originaires d’Asie, d’Amérique latine, d’Australie ou d’Afrique en s’appuyant sur leur connaissance de ces régions de débusquer des photographes inconnus en Europe.

Ils ont retenu près de 200 artistes dont 40 reportages ont été sélectionnés.

Chacun d’entre eux est un écho du monde, le reflet de vies traversées, captées comme autant d’instants partageables à l’envi. Tous expriment une même attente, globale et personnelle, lancée comme un appel : « Regarde-moi », révélant une diversité de points de vue sur ceux et par ceux qui se trouvent ailleurs, une mise en regard de réalités dépourvues d’exotisme et de préjugés, sans classification ethnographique. 

Aujourd’hui, les frontières entre vie personnelle et vie publique s’érodent, comme fondent les distances entre les hommes. L’image numérique que favorisent et véhiculent les nouveaux médias – notamment les réseaux sociaux - s’échange et se partage en temps réel, à une vitesse fulgurante. Mais, si ce don d’ubiquité la rend omniprésente et souvent anecdotique, elle demeure une représentation narrative de vies, de contextes, d’environnements, qu’il nous est aujourd’hui plus facile d’appréhender, renforçant ainsi une communication planétaire et immédiate.
Alors, traduire cette réalité contemporaine au fil d’une promenade, parmi des murs d’images, le long de la Seine, adossée au musée et au jardin du quai Branly, c’est poser les yeux sur une multitude d’identités. C’est demander au visiteur - promeneur, curieux ou amateur - de s’arrêter, d’observer. De lire la planète à travers ceux qui s’y laissent regarder. Et c’est peut-être aussi s’ouvrir à une conscience commune au photographe qui capte une image et à celui qui offre la sienne à l’inconnu. Cette vision multiple détient la force d’une conversation où empathie et esthétique sont sources de compréhension.

Des femmes saoudiennes masquant à Londres leur visage ou des offices catholiques philippins conduits dans des centres commerciaux… relatent autant d’histoires, étrangères les unes aux autres. Pourtant, chacune met en lumière des personnes dans leur milieu immédiat portant en elles leurs attentes, leurs paradoxes, leur douleur ou leur sagesse. Sans geste, sans frontière tangible, ces images participent d’une géographie humaine, en offrant à l’autre l’intimité de leur quotidien dans une narration qui montre plus qu’elle ne démontre, et qui dit sans pour autant revendiquer.

La photographie suspend la course des nuages. Métaphore du temps, elle en offre une pause. D’un simple détail - un papier jeté au sol, un chien errant - elle peut transformer un témoignage en symbole. D’un portrait, d’une silhouette, elle révélera un univers, campera une société, où l’homme est la mesure du monde et la figure humaine l’échelle universelle. Tel est le sens de cette édition que chacun peut lire, intérioriser ou partager.

Je ne suis pas un théoricien mais plutôt un homme-orchestre avide d’échanges. Pour m’affranchir des frontières, aux sens propre et figuré, je démultiplie ma pratique spontanée, mondialisée et mondialiste de l’image - à travers les revues documentaires que j’ai fondées - OjodePez à Madrid, The world according to à Berlin, Punctum à New Delhi - ou les festivals dont j’ai assumé la direction artistique. La photographie est pour moi une plateforme de dialogue qui appelle un engagement constant vers l’autre, n’ayant d’autre but qu’une célébration de la vie.

Frank Kalero, Directeur artistique de PHOTOQUAI 2013

 

 

40 photographes de 29 pays exposent près de 400 photographies

AFRIQUE
- Mozambique : Filipe Branquinho
- Afrique du Sud : Thabiso Sekgala
- Nigeria : Adolphus Opara
- Burkina Faso : Nyaba Ouedraogo

PROCHE ET MOYEN-ORIENT
- Irak : Tamara Abdul Hadi
- Arabie Saoudite : Wasma Mansour
- Jordanie : Tanya Habjouqa
- Palestine : Tarek Al-Ghoussein
- Israel : Yaakov Israel

AMÉRIQUE LATINE
- Pérou : Musuk Nolte
- Mexique : Roberto Molina Tondopó, José Luis Cuevas, Alejandro Cartagena
- Brésil : Pedro David, Gustavo Lacerda
- Panama : José Castrellón
- Colombie : Adriana Duque
- Chili : Andrés Figueroa

CHINE ET EXTRÊME-ORIENT
- Chine : Zhang Kechun, Huang Qingjun, Gao Rongguo
- Taiwan : Stanley Fung
- Corée du Sud : Sun-Min Lee, Hein-Kuhn Oh
- Japon : Shinya Arimoto

ASIE
- Inde : Amit Madeshiya
- Bangladesh : Mohammad Anisul Hoque, Rasel Chowdhury
- Népal : Prasiit Sthapit

ASIE DU SUD-EST
- Thaïlande : Dow Wasiksiri
- Singapour : Renhui Zhao
- Philippines : Estan Cabigas
- Indonésie : Rony Zakaria

OCÉANIE
- Australie : Toni Wilkinson, Eric Bridgeman

EX-URSS
- Ukraine : Dima Gavrysh
- Russie : Evgenia Arbugaeva, Olya Ivanova, Anastasia Rudenko, Daria Tuminas

 

 


Une sélection d’expositions partenaires est également proposée dans le cadre de Photoquai.
Tout le programme sur http://www.photoquai.fr/2013/les-expositions/

 

 

Notre petit coup de cœur, Keep Your Eye on the Wall. Paysages palestiniens, exposition que nous avons découvert cet été lors de la 44ème édition des Rencontres de la Photographie à Arles.


Keep Your Eye on the Wall. Paysages palestiniens

à l’espace Central Dupon Images du 12/09/13 au 2/10/13


Dans cette exposition, un Mur, le « Mur de séparation » que l’Etat israélien commença à ériger il y a un peu plus de 10 ans et qui fera 709 kilomètres, une fois achevé. Du béton, des clôtures électriques, et des postes de contrôle, huit mètres de haut flanqués de miradors et le regard de cinq photographes, quatre palestiniens et un allemand.

Taysir Batniji, Rula Halawani, Steve Sabella, Raeda Saadeh et Kai Wiedenhöfer donnent à voir ce mur dans sa complexité et sa violence, réelle et symbolique. La multiplicité des points de vue interroge avec acuité les conséquences économiques, géographiques, sociales et culturelles du mur. Qu’ils explorent les strates et les textures du mur de Gaza, les non-zones des portes de Jérusalem ou qu’ils en fassent un terrain de jeu onirique, les photographes ouvrent ici et à nouveau le débat.


Commissaires d’exposition : Masasam / Mónica Santos et Sandra Maunac.
Projet conçu par Olivia Snaije et Mitchell Albert / Association Masasam.
Masasam est une initiative née en 2007 et dirigée par Sandra Maunac et Mónica Santos. Deux impératifs essentiels sous-tendent tous les projets qu’elles développent en tant que commissaires d’expositions: premièrement introduire d’autres présences sur la scène culturelle qui représentent et donnent place à d’autres réalités, d’autres imaginaires dans le but non seulement de mieux connaître ce qui est en train d’être crée dans d’autres latitudes mais aussi afin de remettre en cause notre relation avec « l’autre ». Par conséquent, la majorité des projets menés à bien par Masasam portent sur des artistes africains ou du Moyen-Orient. Deuxièmement désarticuler les visions prédominantes soumises à un discours circulaire et fermé et incorporer, à travers les problématiques sous-jacentes des œuvres présentées, des intervalles, des coupures et des interrogations.
Les projets de Masasam sont ainsi jamais fermés, aussi bien dans leur conception visuelle, conceptuelle et de mise en scène, mais au contraire toujours ouverts à une remise en question.