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“Marta María Pérez Bravo”  Esprits de corps
à la Maison de l'Amérique latine, Paris

du 19 septembre au 19 décembre 2013



www.mal217.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 18 septembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Marta María Pérez Bravo, De la série Travesía I (Traversée I), impression digitale, 80x80 cm, 2011 (Courtoisie galerie Fernando Pradilla, Madrid).
2/  Marta María Pérez Bravo, Cuanto encontró para vencer (Ce qu’il a fallu affronter pour vaincre), Impression numérique sur papier photographique 200 x 370cm, 2000 (Courtesy galerie Luis Adelantado, Valence (Espagne).
3/  Marta María Pérez Bravo, De la série Travesía I (Traversée I), impression digitale, 80x80 cm, 2011 (Courtoisie galerie Fernando Pradilla, Madrid)

 

extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Christine Frérot

exposition présentée dans le cadre de Photoquai, 4ème biennale des images du monde


Près de cinquante photographies en noir et blanc (1998-2011), plusieurs vidéos (2010-2013) et une installation conçue spécialement pour l’espace, sont présentées pour la première fois en France. Autour de la représentation du corps, entre érotisme et sacrifice, identité et masque, apparitions et révélations, cette exposition invite le spectateur à suivre le « chemin obscur » d’un parcours qui interroge la relation de l’individu au monde.

Née à Cuba (La Havane, 1959), Marta María Pérez Bravo vit et travaille au Mexique depuis 1995. Après des études de peinture - Académie San Fernando et Instituto Superior de Arte de La Havane entre 1975 et 1984 -, elle choisit la photographie et l’utilise d’abord en tant que document pour témoigner des interventions et performances qu’elle réalise dans le paysage. Son attirance pour le monde rural cubain, où croyances religieuses et superstitions populaires sont encore très vivaces, ajoutée à son expérience de la maternité, va l’amener à engager une relation singulière avec son propre corps qu’elle utilise comme support et médiation, « autel » ou « réceptacle », pour construire une oeuvre personnelle.

Celle-ci n’est pas proprement autobiographique car, dans sa dramaturgie, l’utilisation de son corps (fragmenté) témoigne surtout d’une médiation entre son propre moi et sa relation au monde par le truchement de rituels inspirés de diverses pratiques religieuses – de la Santería cubaine au spiritisme - et d’objets du quotidien ou sacrés.
L’objet choisi est présenté de façon minimaliste, le corps est décontextualisé, et il surgit comme une sorte d’apparition, en flottement énigmatique dans l’espace, laissant une grande place à la surface blanche. Ce procédé qui la singularise produit un effet immatériel sur le sujet et induit le mystérieux passage du réel à l’imaginaire, du profane au sacré, entre érotisme et sacrifice, identité et masque, apparitions et révélations. Au-delà de la seule inspiration afro-cubaine, son oeuvre s’ouvre à une dimension poétique et plus universelle qui transfigure les relations de l’individu au monde.

L’exposition est construite autour d’une série de photographies prises à différentes époques mais dans lesquelles l’artiste développe une approche thématique qui met en jeu son propre corps, des fragments de ce corps ou son visage, jamais totalement dévoilés, dans la violence ou la tendresse.
Les vidéos prolongent et enrichissent le regard. Elles sont de purs moments de méditation sur le hasard et le destin, confortant ce double je où s’affrontent en permanence obscurité et lumière pour se jouer des doutes qui accompagnent inévitablement le passage du temps.

La démarche conceptuelle et Marta María Pérez Bravo s’apparente à un courant de la photographie latino-américaine dans lequel la présence de la culture d’origine est un élément prépondérant de l’imaginaire créateur.
Plusieurs artistes cubains de sa génération comme Ana Mendieta (1948-1985) ou José Bedia (1959), ainsi que le photographe René Peña (1957) témoignent de cet attachement aux cultes syncrétiques afro-cubains, sans oublier les univers culturels profondément ritualisés du peintre Wifredo Lam (1902-1982). Ces artistes, imprégnés à des degrés divers, des pratiques cultuelles et spirituelles qui ont forgé l’histoire culturelle de leur pays, proposent des univers symboliques où, entre magie, rituel et mémoire, ils offrent au corps un destin qui ne peut échapper ni à la culture ni à la terre.