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“Prix Marcel Duchamp 2012”  Daniel Dewar et Gregory Gicquel, Le Hall
au Centre Pompidou, Paris

du 25 septembre 2013 au 6 janvier 2014



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 24 septembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Vue de l’exposition Sculptures sur bois, tapisseries et céramiques, 2011. Courtesy galerie Loevenbruck, Paris. Photo Fabrice Gousset.
2/  Portrait de Grégory Gicquel et Daniel Dewar. © Jennifer Westjohn. 2012.
3/  Sans titre>/i>, 2007, Kaolin (argile), Dimensions variable, Vue de Yokohama Triennale, 2011. Courtesy Galerie Loevenbruck, Paris & Organizing Committee for Yokohama Triennale. Photo Kioku Keizo.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt

Trois pièces composent cette œuvre : Une tapisserie monumentale, une imposante sculpture en bois et un assemblage de kakémonos de soie peinte. Il s'agit pour les artistes Daniel Dewar et Grégory Gicquel de provoquer une rencontre avec le spectateur à travers cette monumentalité.

En effet, l'échelle gigantesque de la tapisserie, dont la présentation suspendue au plafond rend palpable et inquiétante son poids, impose d'emblée sa présence dans l'espace. Son côté brut, l'épaisseur des mèches de laine irrégulières sont un appel aux doigts plein de promesses. La rencontre s'établit par le sens tactile, nous appelant à nous approcher. Puis le chaos des couleurs, innombrables pixels démesurés, nous submerge et nous repousse. Avec le recul l'image trouve un sens, quatre dessins apparaissent  : un kimono, un homard, une paire de baskets et un corgi. Tout comme les artistes de Hip Hop ont utilisé le sampling pour créer du nouveau à partir de fragments de la culture musicale des précédentes générations, ici ce sont les traditions de l'artisanat et du pop art qui sont samplées et remixées.

Sculpté dans un large tronc de chêne, dont une section tient lieu de socle, un imposant personnage se tient droit, les bras le long du corps, comme au garde à vous. Son aspect quelque peu anguleux, musculeux, assume la solidité de l'essence qui le compose. Cette puissance virile exprimée dans son corps ainsi que la rigidité de la posture lui donnent un aspect martial plus que sportif. Tournant le dos à l'entrée de l'espace, il nous invite à entrer pour contempler ses traits. Faisant face à la tapisserie, il forme un contraste saisissant, sa rigidité et sa solidité s'opposant à la douce souplesse de la laine et à ses dessins vifs et joyeux.

Enfin, sur le mur opposé, de longs kakémonos de soie juxtaposés offrent l'image apaisante d'une carpe nageant au milieu d'algues et de plantes aquatiques. D'inspiration asiatique, cette peinture sur soie reprend les codes millénaires du travail à l'encre de chine. Mais la vivacité de ses couleurs et son format d'une extravagante démesure remixent la culture ancestrale en en brouillant les pistes. Des verts flashy, presque fluos éclatent en taches floues de lavis et s'imposent sur les nuances grises du poisson, comme si le décor était plus important que le sujet. Les dimensions sont plus proches de celles d'une fresque de street art que de l'art traditionnel auquel l'oeuvre s'affilie.

La remarquable démonstration de maitrise des techniques artistiques ainsi que l'étendue du travail réalisé imposent le respect. L'oeuvre lauréate du prix Marcel Duchamp s'inscrit dans notre culture contemporaine du remix et nous offre deux niveaux de lecture selon notre approche. Est-ce une réinterprétation actuelle d'artisanats classiques ou bien du street art patiemment matérialisé par un savoir-faire séculaire  ?

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat
 :
Jean-Pierre Bordaz, conservateur au musée national d’art moderne, service des collections contemporaines

Dorothée Dupuis, commissaire associée


Du 25 septembre 2013 au 6 janvier 2014, le Centre Pompidou invite le duo d’artistes Daniel Dewar et Grégory Gicquel, lauréats du Prix Marcel Duchamp 2012, à exposer dans l’Espace 315. Cette manifestation est organisée avec l’ADIAF (Association pour la Diffusion Internationale de l’art Français) dans le cadre du Prix Marcel Duchamp, décerné chaque année à un artiste novateur de la scène française.


Depuis leur rencontre en 1997 aux beaux-arts de Rennes, Daniel Dewar et Grégory Gicquel développent ensemble un travail basé sur l’expérimentation personnelle, souvent poussée à l’extrême, des matériaux traditionnels de la sculpture et de l’artisanat, appliquée au traitement de thèmes variés correspondant à leurs intérêts du moment. Ainsi, les mondes de la musique, de la mode, les cultures non occidentales, les procédés d’ornementation ainsi que les notions de goût et de beauté – avec tout le relativisme que de telles notions impliquent – sont au coeur de leur travail artistique.

Ils se sont fait connaître en France et sur la scène internationale pour leurs installations monumentales aux accents pop et à la mise en oeuvre spectaculaire testant souvent les limites de l’institution.


Pour l’Espace 315, le duo imagine plusieurs pièces de grandes dimensions utilisant quelques unes de ses techniques fétiches, comme la tapisserie, la céramique, la taille directe et la peinture sur soie. Intitulée « Le Hall », l’installation cherchera à tirer parti des caractéristiques architecturales de l’Espace 315, en provoquant une rencontre entre le corps du spectateur et ces oeuvres monumentales, ornées pour certaines de motifs obéissant à une logique proche de celle du rébus, et choisis autant pour leur qualités plastiques que symboliques.


L’exposition est accompagnée d’un album réunissant des textes de Jean-Pierre Bordaz et Dorothée Dupuis. Assorti de reproductions d’oeuvres antérieures, l’ouvrage portera essentiellement sur les pièces produites pour l’exposition du Prix Marcel Duchamp dont il présentera des vues détaillées.

 

 


Nés respectivement en 1976 à Forest of Dean, Royaume Uni et en 1975 à Saint Brieuc, France, Daniel Dewar et Grégory Gicquel vivent et travaillent à Paris. Ils sont représentés par la galerie Loevenbruck à Paris, et par la galerie Graff Mourgue d’Algue à Genève, Suisse.

Fondée en 1994 et présidée par Gilles Fuchs, l’Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français regroupe 300 collectionneurs d’art contemporain engagés intensément dans l’aventure de la création et mobilisés autour de la scène française. Créé par l’ADIAF en 2000, le Prix Marcel Duchamp distingue chaque année un lauréat parmi quatre artistes français ou résidant en France, travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels : installation, vidéo, peinture, photographie, sculpture...
En l’espace de treize ans, il a récompensé près de 60 artistes parmi les plus novateurs de leur génération. Bénéficiant depuis l’origine d’un partenariat de référence avec le Centre Pompidou, il est aujourd’hui l’un des prix les plus prestigieux décernés dans le monde de l’art contemporain.

Lauréats du Prix Marcel Duchamp 
Thomas Hirschhorn (2000), Dominique Gonzalez-Foerster (2002), Mathieu Mercier (2003), Carole Benzaken (2004), Claude Closky (2005), Philippe Mayaux (2006), Tatiana Trouvé (2007), Laurent Grasso (2008), Saâdane Afif (2009), Cyprien Gaillard (2010), Mircea Cantor (2011), Daniel Dewar et Grégory Gicquel (2012).