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“Les Soeurs de Napoléon” Trois destins italiens
au musée Marmottan-Monet, Paris

du 3 octobre 2013 au 26 janvier 2014



www.marmottan.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 2 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Anonyme, Portrait présumé de Caroline Murat. Huile sur toile. Rueil-Malmaison musée national du château © RMNGP. Service presse/musée Marmottan Monet.
2/  Jean-Louis-Victor Viger du Vigneau, dit Hector Viger, La toilette avant le sacre, vers 1865. Huile sur bois, Marseille, musée des beaux-arts © Marseille, musée des Beaux-Arts/Raphaël Chipault-Antonin Soligny. Service presse/musée Marmottan Monet.
3/  René-Théodore Berthon, Pauline Bonaparte princesse Borghèse avec une dame de compagnie. Huile sur toile, Collection particulière © Etienne Hunyady. Service presse/musée Marmottan Monet.

 


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Entretien avec Maria Teresa Caracciolo, Commissaire de l'exposition
propos recueillis par Pierre Normann Granier, Musée Marmottan-Monet, le 2 octobre 2013, durée 3'41". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire, Maria Teresa Caracciolo
Coordination, Antonin Macé de Lépinay, Attaché de conservation au musée Marmottan Monet

Le musée Marmottan Monet consacre, du 3 octobre 2013 au 26 janvier 2014, une exposition inédite à Elisa, Pauline et Caroline, soeurs de Napoléon Ier, princesses et reines d’Italie. Grâce à des prêts d’exception provenant des plus grands musées d’Europe et des collections des descendants de la famille, italiens et français, 140 oeuvres sont réunies pour recréer l’univers prestigieux de la vie privée et publique des soeurs Bonaparte. Leurs trois destins hors du commun sont présentés pour la première fois, de leur genèse dans le Paris consulaire à leurs règnes italiens sous l’Empire.

 

Tableaux, sculptures, mobilier, accessoires, bijoux et parures de cour matérialisent sous nos yeux les destins extraordinaires d’Elisa (1777-1820), princesse de Piombino et de Lucques, puis grande-duchesse de Toscane, de Pauline (1780-1825) épouse du prince romain Camille Borghèse et de Caroline (1782-1839), mariée au général Joachim Murat et qui régna avec lui sur Naples avec un faste inégalé : trois femmes, trois personnalités différentes, l’une primant par la beauté, les deux autres par l’énergie, le charme et l’intelligence. Elles ont été les témoins privilégiés et les actrices de leur époque. Autour de l’événement-charnière du sacre de Napoléon renaissent à la fois l’intime : leurs rôles de mères et d’épouses, comme l’officiel : leurs vies de princesses et reines d’Italie, dans les cours de Florence, Rome et Naples qui feront des trois soeurs des symboles de l’Europe en construction.

Cette exposition qui bénéficie de l’engouement remarquable de nombreuses institutions, collections particulières et musées prestigieux voit le jour aujourd’hui dans l’écrin idéal du musée Marmottan Monet, coeur de l’univers de Paul Marmottan (1856-1932) son fondateur, collectionneur passionné par le Premier Empire. Sont réunies, entre autres, des pièces des musées nationaux des châteaux de Versailles, Fontainebleau, Malmaison, du musée Fesch d’Ajaccio, du musée Fabre de Montpellier, de l’Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, du Musée de l’Armée, de celui de la Légion d’honneur, des Fondations Napoléon et Dosne-Thiers, du Musée des Beaux-Arts de Liège, du Palazzo Pitti de Florence, du Museo Napoleonico, du Museo Praz, des Musei di Arte Medievale e Moderna de Rome, des musées de Turin, Naples, Lucques, Caserte et de l’Ile d’Elbe, sans omettre les fonds propres de la bibliothèque Marmottan et du musée Marmottan Monet. Un événement unique offert aux regards à partir du 3 octobre pour ressusciter une page de l’Histoire et permettre une approche inédite de l’Empire à travers l’univers féminin des soeurs de Napoléon.


Elisa, Pauline, Caroline : reines des arts et de lItalie
Elisa, Pauline et Caroline, eurent toutes les trois une destinée italienne : la première, devenue en 1797 Madame Félix Baciocchi, fut élevée par son frère au rang de princesse de Piombino et de Lucques (1805), puis de grande-duchesse de Toscane et représentante de l’Empereur en Italie (1809). Pauline, veuve du général Leclerc en 1802, épousa en 1803 un prince romain, Camillo Borghèse, et vécut avec lui entre Paris et Rome, en s’attirant dans les deux villes le titre de reine de la beauté. Caroline, la plus jeune, se maria en 1800 avec un fidèle de Napoléon : le général Murat, dont elle partagea la brillante carrière à Paris, dans le duché de Berg et de Clèves et enfin en Italie, où les époux montèrent ensemble sur le trône de Naples et régnèrent entre 1808 et 1815.
Elisa, Pauline et Caroline furent des femmes aux personnalités différentes, primant l’une par la beauté, les deux autres par l’énergie, le charme, l’intelligence. Leur destin, néanmoins, fut façonné par la volonté de leur frère aîné, qui fonda son pouvoir, puis son Empire, sur la famille. Les succès et les échecs d’Elisa, de Pauline et de Caroline se font l’écho de ceux de leur frère, dans une Europe placée sous son emprise.
Les trois soeurs Bonaparte partagèrent également le goût du faste, des belles résidences, du mécénat artistique : à Paris, comme dans les villes de leur pays d’adoption où elles résidèrent, elles laissèrent la marque de leur passage par la création de décors, de mobilier, de peintures, de sculptures et d’objets d’art dont le musée Marmottan Monet propose d’admirer des pièces rares à l’occasion de cette exposition. La grande-duchesse de Toscane et la reine de Naples stimulèrent par ailleurs la production des manufactures de leurs Etats et encouragèrent dans leurs cours le théâtre, la musique et les arts de la mode, en menant en Italie une politique de conquête pacifique, la conquête par la culture et par les idées. Elles contribuèrent ainsi à créer l’unité entre les provinces de cette Europe française dont rêvait à cette date l’empereur Napoléon Ier.

Elisa
Elisa Bonaparte (1777-1820) ne fut pas seulement la grande-duchesse de Toscane bien connue des spécialistes des arts français et italiens de l’époque Empire. Elle fut tout simplement une femme, avec sa sensibilité, ses ambitions, ses appétits, qui anticipent singulièrement ceux d’une femme d’aujourd’hui, désireuse de vivre sa vie à part entière et capable, à l’occasion, d’imposer ses idées et ses choix. Comme toute personne qui détint un réel pouvoir, elle fut appréciée des uns, crainte ou critiquée des autres. Le portrait d’Elisa que nous ont livré ses contemporains, écrivains et artistes, est contrasté ; l’exposition tentera de le reconstruire avec fidélité et chacun pourra s’en faire son idée. Les débuts d’Elisa furent parisiens : avec son mari, Félix Baciocchi, officier de l’armée française, elle demeura alors d’abord rue Verte, à proximité de l’actuel faubourg Saint Honoré, et ensuite dans l’ancien hôtel Maurepas, au n° 7 de la rue de la Chaise, dans le faubourg Saint-Germain. Son salon accueillit des personnalités en vue du Paris littéraire de l’époque et maints aspects de la réconciliation entre les représentants de l’Ancien régime rentrés d’exil et le monde nouveau qui se préparait à éclore, prirent forme entre ses murs. Elisa était alors très proche de Louis de Fontanes, directeur du Mercure de France, et de Chateaubriand. Avec son frère Lucien, ministre de l’Intérieur en 1800, puis tribun et sénateur, elle travailla à la réconciliation de l’Eglise romaine et de la France et à la fondamentale refonte de l’Institut. Les années parisiennes d’Elisa préparèrent l’épanouissement de sa personnalité, qui ne se réalisa pleinement qu’à la suite de son accession au trône de la Toscane, dans le chapitre italien de sa vie. Les moments privilégiés ne durent jamais longtemps : exilée de la Toscane à la chute de l’Empire, Elisa se retira, avec sa famille, dans le nord de l’Italie où elle mourut prématurément à Trieste, en 1820. Sa fille Napoléone-Elisa (la comtesse Camerata) releva le flambeau de la famille et en assuma l’héritage jusque sous le Second Empire. L’exposition se conclut sur une évocation de cette figure hors normes, singulièrement attachée, comme sa mère, à l’empereur Napoléon Ier ; une enfant chérie et choyée, qui aimait se présenter par la formule : « je suis la petite Napoléon ».

Pauline
La seconde des soeurs Bonaparte, Pauline (1780-1825), devint un symbole de la beauté de son temps. Toutes les sources s’accordent à dire qu’elle était ravissante ; de plus, la princesse Borghèse fut portraiturée en marbre par le plus grand sculpteur de son époque, Antonio Canova, dans une oeuvre emblématique de la période Empire, connue aujourd’hui dans le monde entier : la Pauline Borghèse en Vénus victorieuse de la Galerie Borghèse de Rome qui lui assura une mémoire éternelle. Pauline fut une femme élégante, toujours habillée à la pointe de la mode ; elle aimait les parures et les bijoux, et eut de nombreuses demeures, qu’elle meubla et embellit sans regarder à la dépense (à Paris, notamment, l’hôtel de Charost, aujourd’hui ambassade d’Angleterre ; à Rome, la Villa Paolina, ou Villa Bonaparte, aujourd’hui ambassade de France près le Saint-Siège). Comme les femmes du monde de son temps, elle avait appris l’art de la danse et elle se distingua par sa grâce dans les grands bals parisiens de l’Empire. Infidèle en amour (son second époux, le prince romain Camillo Borghèse finira par se séparer d’elle), elle fit preuve en revanche d’un dévouement indéfectible à l’égard de Napoléon et fut sans doute la soeur préférée de l’Empereur qui la nomma, en 1806, duchesse souveraine de Guastalla. De plus, en février 1808, Napoléon nomma son époux, le prince Borghèse, gouverneur général des départements au-delà des Alpes et le couple effectua alors des séjours officiels à Turin.

Caroline
Cadette des soeurs de Napoléon, Caroline (1782-1839) se distingua par une personnalité forte et par le charme de sa personne. Elle reçut une éducation plus complète et plus raffinée que celle d’Elisa et de Pauline, dans le célèbre pensionnat de Madame Campan à Saint-Germain-en-Laye. Mariée à dix-huit ans avec le général Joachim Murat, dont elle eut quatre enfants, Achille, Letizia, Lucien et Louise, elle fut associée à la brillante carrière de son époux. Elle résida d’abord à Paris, dans des demeures somptueuses, où elle mena grand train : de l’hôtel Thélusson de la rue Cérutti, magnifique création de l’architecte Ledoux, à l’Elysée, jusque dans ses propriétés de Neuilly et de La Motte Sainte-Héraye. En 1806, Joachim et Caroline Murat devenaient grands-ducs de Berg et de Clèves. En 1808, ils montaient sur le trône de Naples. Le règne des souverains français laissa une marque profonde dans l’histoire de la ville italienne, qui fut embellie et transformée par le style Empire. Entre 1808 et 1815, Caroline régna sur Naples d’abord aux côtés de son mari, puis seule, en tant que régente. Sa personnalité s’affirma alors pleinement. Différemment de son frère Lucien, qui paya de sa personne son indépendance d’esprit, Caroline tenta de résister à son frère l’Empereur et de régner de manière autonome sur un pays allié. L’entreprise, sans doute impossible, était vouée à l’échec. La personnalité de la reine, néanmoins, se dessina nettement au cours des fatidiques années 1813-1815, qui scellèrent son destin. Après la chute de l’Empire, Caroline adopta le nouveau titre de comtesse de Lipona (anagramme de Napoli) et vécut entre l’Autriche et l’Italie. En 1837 et en 1838 elle fut autorisée à séjourner à Paris ; David d’Angers fit en cette occasion un dernier portrait d’elle, qui est présenté dans l’exposition.