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“Festival photo levallois” 6ème édition
à Levallois

du 4 octobre au 16 novembre 2013



www.photo-levallois.org/fr/

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage de l'Hôtel de Ville, le 3 octobre 2013 et de la Galerie de L’Escale, le 10 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Max Pinckers, Imperial Palace, from the series The Fourth Wall (2012).
2/  John Divola, Zuma #25, 1978. ©John Divola, courtesy Laura Bartlett Gallery, London.
3/  Max Pinckers, She Will Use the Birds, from the series The Fourth Wall (2012).

 


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Interview de Paul Frèches, directeur artistique du festival,
par Anne-Frédérique Fer, le 10 octobre 2013, durée 6'32". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Direction artistique : Paul Frèches

Photo Levallois fête sa sixième édition en 2013. Lancé en 2008 à l’initiative de la Ville de Levallois, le festival inscrit dans la durée son engagement envers la photographie contemporaine sous toutes ses formes. Depuis ses débuts, Photo Levallois se veut ouvert aux évolutions de la photographie afin d’en restituer la pluralité et la richesse, en faisant la part belle aux jeunes générations et aux échanges avec les autres domaines de création. Des artistes reconnus internationalement ou émergents aux photographes amateurs, tous trouvent leur place dans un événement qui rassemble les grands courants de la photographie contemporaine, tout en affirmant un point de vue singulier sur la photographie contemporaine et son histoire.
Alors que la création et la diffusion de la photographie foisonnent et connaissent des évolutions profondes, le festival entend suivre les mutations du médium de façon pertinente et ouverte. Pour cela, Photo Levallois a adopté dès ses débuts une dimension internationale, privilégié des partis pris exigeants tout en veillant à rester accessible au plus grand nombre, dans un esprit de partage.
A l’instar du Prix Photographique Ville de Levallois dont le rayonnement est aujourd’hui international, la programmation du festival est ouverte depuis ses débuts à des artistes du monde entier, pour des propositions dont beaucoup sont inédites.

Cette année, les cinq expositions de Photo Levallois se déclinent sur trois lieux et privilégient la complémentarité. Evénement de l’édition 2013, l’exposition rétrospective consacrée à John Divola aura lieu dans les Salons d’Honneur de l’Hôtel de Ville.L’oeuvre de cet artiste majeur de la scène californienne depuis les années 1970 a jusqu’à présent été rarement exposée en France, qui plus est de façon parcellaire uniquement.
Juste à côté, en extérieur, rue Voltaire, Erwan Frotin présente un ensemble inédit, intitulé
Flux, variation poétique sur la splendeur de la nature.
La Galerie Municipale de l’Escale accueille l’exposition des lauréats de la sixième édition du Prix Photographique Ville de Levallois, autre temps fort du festival : Max Pinckers, Jonna Kina et Marleen Sleeuwits. Un aperçu de la jeune création photographique internationale.
Lieu d’exposition intégré au festival depuis 2011, la médiathèque Gustave-Eiffel, demeure un terrain d’expérimentation aux marges du médium photographique, avec l’installation in situ réalisée par Artie Vierkant.
Enfin, comme chaque année, le Photo-Club de Levallois complète ce programme, par une exposition collective thématique dans le péristyle de l’Hôtel de Ville.

Le Prix Photographique Ville de Levallois
Ouvert à toutes les tendances et fort d’une vocation internationale, le Prix Photographique Ville de Levallois, récompense chaque année le travail d’un artiste âgé de trente cinq ans maximum. Sélectionné par un jury de professionnels venus de divers pays, le gagnant remporte une bourse de 10 000 Euros et se voit offrir la production d’une exposition dans le cadre de Photo Levallois.
Cette année, parmi les dossiers de candidature provenant de trente huit pays répartis sur les cinq continents, le jury a décerné le Prix à Max Pinckers (né en 1988 en Belgique) et distingué deux mentions spéciales, Jonna Kina et Marleen Sleeuwits.

Max Pinckers, The Fourth Wall, 2012
Lauréat du Prix Photographique Ville de Levallois 2013, Max Pinckers prend la forme documentaire comme point de départ, pour construire des ensembles qui en exploitent les paradoxes et les limites. Une rigueur remarquable ressort de l’ensemble des choix qu’il effectue depuis le choix du sujet traité, le protocole de prises de vue, jusqu’à la mise en forme des images. La densité de sa réflexion trouve son pendant dans la qualité de ses photographies. ll réalise The Fourth Wall en 2012, lors d’un séjour de plusieurs mois à Bombay.
Sorte de portrait à rebours de la ville à travers l’imaginaire de ses habitants, l’ensemble dont la forme initiale est un livre auto-édité, est constitué d’images mises en scène avec soin, de photographies trouvées et de textes divers (citations, articles de presse locale, extrait de récit, script de film), dont la diversité entretien la confusion sur la nature des images et de leur source.
Toutes les photographies sont réalisées avec des personnes ordinaires rencontrées dans l’espace public, auxquelles Max propose de rejouer une scène de leur choix, issue la plupart du temps d’un film ou d’une série télévisée. Ces inconnus se prêtent au jeu avec une délectation communicative, tandis que Pinckers photographie leur performance avec des moyens techniques élaborés. L’éclairage est soigné, le cadrage précis, et le photographe laisse délibérément apparaître dans l’image les éléments qui attestent sa mise en scène et donc son caractère purement fictif. D’autres photos sont des reconstitutions basées sur les textes cités ci-dessus, ou des images trouvées faisant écho au propos de Pinckers.
Loin de l’image angélique véhiculée en occident, d’une Inde en plein boom économique, se conformant docilement à l’exotisme exubérant et bon teint de certaines productions de Bollywood, Pinckers esquisse, en filigrane de ses photographies réjouissantes, parfois presque ingénues, une réalité sociale d’une noirceur radicale.
Cette noirceur est présente dans les sources de certaines des photographies, puisque les scènes rejouées sont parfois des tragédies, jonchées de meurtres, de désillusions et de suicides, sur fond de grande pauvreté. Mais l’aspect formel très pictural et le caractère ostensiblement théâtral des photographies, l’enthousiasme des acteurs d’un jour, leur confère une clarté, une légèreté, qui leur donne une ambivalence passionnante. Egalement à l’état de latence, l’autre forme de violence qui parcourt ce travail émane de la production industrielle d’un imaginaire ( par la télévision, le cinéma et aussi la presse ) qui s’impose aux individus et leur fournit des repères erronés. Si elle offre des exemples cocasses, la confusion rapportée par Max Pinckers entre le monde réel et le spectacle pousse parfois les individus à des actes tragiques. C’est cette indétermination entre le réel et l’imaginaire mise en évidence selon des moyens inventifs et multiples qui est au coeur de The Fourth Wall.
Max Pinckers joue au prestidigitateur. Les écrans, rideaux et masses de fumée colorée qui rythment ce travail sont comme autant de faux-semblants et de voiles occultant le monde réel et ses représentations.
Max Pinckers est né en 1988. Diplômé de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Ghent, il est membre du collectif foundfootgae.be, plateforme qui promeut des archives d’images et de textes vernaculaires

 

 

Invité d’honneur : John Divola, Sand for the Desert
John Divola est une figure incontournable de la photographie américaine depuis la fin des années 1970 et un acteur majeur de la scène artistique californienne. Si son oeuvre a influencé de nombreux artistes et constitue une contrée à part dans le monde de la photographie, ce n’est que depuis quelques années qu’elle touche enfin un plus large public. Photo Levallois revient sur plus de trois décennies de création, avec une exposition d’ampleur inédite en Europe.
Après des études d’arts plastiques à UCLA, John Divola se retrouve au début des années 1970, l’appareil photo en main à arpenter sa région natale, la vallée de San Fernando. Il en fait un portrait amusé, déclinant l’architecture de la banlieue, la sociologie de ses habitants et leurs activités typiques en de belles photographies en noir et blanc qui témoignent d’une grande sûreté de moyens. Mais c’est en 1974, avec Vandalism, qu’il signe son premier ensemble majeur, et pose les bases de sa pratique entièrement novatrice. N’ayant pas les moyens de louer un espace pour travailler, Divola prend des photographies dans des bâtiments abandonnés, qu’il transforme en studio. Attiré par la confusion entre l’espace privé et l’espace public qui émane de ces lieux, il en fait le terrain d’expérience de ses recherches formelles sur la photographie en noir et blanc. Muni de bombes de peinture grise, noire et blanche, il compose des motifs simples sur les murs, les plafonds ou encore les objets qu’il trouve sur place, qui tout en indiquant sa présence de façon détachée, permettent des jeux formels qui configurent un espace essentiellement photographique. Il invente ainsi une pratique de studio a minima, décontractée et sauvage, teintée de transgression, dans laquelle la photographie dialogue avec la peinture, l’installation et la performance. Par ailleurs, en phase avec l’un des enjeux essentiels de l’art à cette époque, John Divola introduit en contrepoint à la beauté formelle de ses images une dimension processuelle qui sera une constante dans toute la suite de sa production. Dans la foulée, il entreprend un travail dans la zone pavillonnaire évacuée pour l’extension de l’aéroport de Los Angeles. Réalisé sur des bases conceptuelles légèrement différentes de celles de Vandalism, ce corpus comprend une facette documentaire plus affirmée, avec notamment un recensement des effractions dans les maisons abandonnées, et un singulier ensemble de dyptiques intitulés House removals. Ces dyptiques juxtaposent deux vues quasiidentiques, celle de gauche précédant et celle de droite succédant la destruction d’une maison. Dénuées de tout pathos, ces photographies semblent vibrer encore de la violence du chantier. C’est l’une des caractéristiques des photographies de John Divola que d’incorporer une forme d’énergie puissante, située dans un hors champ ou l’imagination cavale en toute liberté.
En 1977, John Divola entame la célèbre série Zuma, donnant un aboutissement formel magistral à ses recherches. Il photographie de l’intérieur un poste de secours abandonné qui fait face à l’océan pacifique, squatté et voué à être rasé. Ajoutant ses marques de peinture habituelles à celles des précédents visiteurs, amassant les décombres selon sa fantaisie, allant jusqu’à lancer un objet dans le cadre au moment de la prise de vue, il juxtapose le plus souvent l’intérieur d’une ruine aux atours psychédéliques et un coucher de soleil sur l’océan, créant un espace absolument inédit. Romantisme de la ruine, sublime du paysage, vandalisme trash, ces photographies extraordinaires fracassent joyeusement une cohorte de styles et brouillent la notion d’auteur, puisque Divola implique de nouveau les autres visiteurs anonymes en tirant parti de leurs interventions. L’usage du flash fait rivaliser les couleurs des pièces dévastées et repeintes avec celles du ciel et de l’océan, si bien que l’intérieur et l’extérieur, l’artifice et le naturel se télescopent.
Si les années 1970 sont fondatrices pour l’œuvre de John Divola, les décennies suivantes le verront continuer sans relâche ses explorations du médium photographique, construisant une oeuvre dont la profusion et la qualité sont exceptionnelles. Ainsi, au cours des années 1980, il suit une veine conceptuelle dans ses photographies, réalisant notamment des polyptyques, images aux couleurs irréelles, mises côte à côte selon une logique erratique. Ces rébus mystérieux ironisent sur la véracité du « document » photographique, comme l’ensemble Who can you trust (1983). Ce jeu qui prend la forme d’un aller retour constant entre la dimension d’enregistrement de la photographie et son caractère de terrain de création et d’affirmation est présent dans toute l’oeuvre de Divola. Il s’agit toujours conjointement d’archiver un fait, une performance, et de le transformer par la représentation photographique.

Trois importants ensembles réalisés dans les années 1990 illustrent la dialectique de l’image et du processus typiquement à l’oeuvre dans les photographies de John Divola. Vivant aux abords de Los Angeles, à proximité des zones désertiques qui s’étirent vers l’est, il est attiré par ces étendues vides et silencieuses, dans lesquelles le moindre détail prend de la consistance. Ainsi, il effectue une sorte de recensement de maisons, les Isolated houses, qu’il photographie comme des sculptures aux formes géométriques rudimentaires, échouées dans l’immensité du plateau. En plus de l’enjeu formel, il explore une nouvelle fois les marges de la société, décrivant à propos de ces maisons et de leurs habitants une sorte de « degré social zéro ».
Au cours de ses longues promenades en voiture dans le désert, il lui arrive souvent de trouver un chien aux abords d’une maison, qui prend en chasse sa voiture. De ces courses-poursuites hilarantes, John Divola a formé une série de photographies sobrement intitulées Dogs chasing my car in the desert, instantanés en noir et blanc pris à la volée, à travers la fenêtre de sa voiture. Ces images irrésistibles incarnent toute l’énergie de l’action qui leur a servi de prétexte. Elle sont également, pour Divola, une métaphore de l’acte photographique, en ce sens qu’il est aussi illusoire pour un chien d’essayer d’attraper une voiture, que pour un photographe d’attraper le réel avec un appareil photo.
Toujours dans le registre métaphorique, avec la même distance élégante et la même décontraction, As far as I could get constitue un point d’orgue de l’oeuvre de John Divola. S’élançant devant son appareil photo posé sur un trépied, sa course semble stoppée par l’instant fatidique auquel l’obturateur s’ouvre et la photographie advient. Divola occupe cette fois ci résolument l’espace photographique avec son corps, dans une mise en scène qui évoque le mythe de Sisyphe. Il devient le héros fauché en pleine action, par l’acte photographique lui même. Mais cette chasse est bien sûr orchestrée par le photographe, qui a tout de même défini la durée du retardateur, et donc de sa course. En définitive, tout cela est un jeu et c’est l’artiste qui en fixe les règles.

Les expositions dans la pratique
Exposition des lauréats à la Galerie de L’Escale du 11 octobre au 16 novembre
Exposition John Divola au Salons d’Honneur de l’Hôtel de Ville du 4 au 19 octobre
Exposition Erwan Frotin du 4 octobre au 16 novembre en extérieur rue Voltaire
Exposition Artie Vierkant du 11 octobre au 16 novembre à la Médiathèque Gustave-Eiffel
Exposition du Photo-Club de Levallois dans le péristyle de l’Hôtel de Ville du 4 au 19 octobre