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“La Chambre de sublimation”  Dessins de Matthew Barney
à la BnF François-Mitterrand, Paris

du 8 octobre 2013 au 5 janvier 2014



www.bnf.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 7 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Matthew Barney. DE LAMA LÂMINA : Orixá de Ferro, 2005. Oxidized iron powder, petroleum jelly, and graphite on embossed paper in self-lubricating plastic frame. 12 1/2 x 10 x 1 1/4 inches (31.8 x 25.4 x 3.2 cm). © Matthew Barney. Collection of the artist. © Courtesy Gladstone Gallery, New York and Brussels.
2/  Matthew Barney. DRAWING RESTRAINT 7 : spin track manual : KID, 1993. Graphite, acrylic paint, petroleum jelly on paper in nylon frame, 14 x 14 3/8 x 2 5/8 inches (35.6 x 36.5 x 6.7 cm). © Matthew Barney. Courtesy of Lehmann-Art Ltd and Rachel-Art Ltd. © Courtesy Gladstone Gallery, New York and Brussels.
3/  Matthew Barney. REN : Headgasket, 2008. Graphite pencil, gold leaf, and silver leaf on paper in polyethylene frame. 11 7⁄8 x 9 1⁄2 x 1 1⁄4 inches (30.2 x 24.1 x 3.2 cm). © Matthew Barney. Don and Britt Chadwick. © Courtesy Gladstone Gallery, New York and Brussels.

 


1108_Matthew-Barney audio
Interview de Céline Chicha-Castex, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 octobre 2013, durée 7'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat

Céline Chicha-Castex, BnF, conservateur au département des Estampes et de la photographie.

Marie Minssieux-Chamonard, BnF, conservateur à la Réserve des livres rares

Né en 1967 à San Francisco, Matthew Barney est actuellement l’un des artistes américains les plus marquants de l’art contemporain. Connu à ses débuts pour ses spectaculaires performances alliant le sport et l’art, lorsqu’il crée des dessins en se suspendant au plafond de sa galerie ou en escaladant les murs, Matthew Barney atteint une notoriété internationale avec son cycle de films CREMASTER (1994-2002), où il apparaît métamorphosé sous différentes formes tant animales qu’humaines évoluant dans un monde onirique et baroque, au fort pouvoir hypnotique. La Bibliothèque nationale de France, en partenariat avec The Morgan Library & Museum de New York, révèle une part plus intime et secrète de cet artiste hors norme, en organisant la première rétrospective de ses dessins en France.

L’exposition présente environ 80 dessins de Matthew Barney, réalisés entre 1988 et 2011, provenant de prestigieuses collections publiques et privées. Faisant contraste avec le baroque qui caractérise ses vidéos, ses performances et ses sculptures, les dessins de Matthew Barney sont des œuvres intimistes et méditatives de petit format, combinant des techniques traditionnelles (mine de plomb et encre) et des matériaux inhabituels (minéraux, gelée de pétrole...). Ils se situent au terme d’un long processus créatif, dans le prolongement de ses films, dont ils développent les principales thématiques. Parcourus de lignes délicates et subtiles, dans la lignée de Dürer, Cranach ou Hans Bellmer, ces dessins sont en lien avec les premiers « Drawing Restraint », le cycle CREMASTER et son nouveau film, River of Fundament, inspiré du roman de Norman Mailer, Ancient Evenings.

Pour Bruno Racine, président de la BnF, « l’accueil de Matthew Barney dans les murs de la Bibliothèque s’inscrit dans la continuité de l’exposition Richard Prince en 2011. C’est une manière de faire dialoguer un regard contemporain et un patrimoine, d’organiser aussi un aller-retour entre la culture américaine et la culture patrimoniale française ».

Parallèlement à ses dessins, Matthew Barney expose certains de ses storyboards (documentation personnelle comprenant croquis, cartes postales, coupures de presse, livres et divers documents trouvés sur internet) qu’il a constitués comme aide à la construction narrative de ses films, dans des vitrines-sculptures conçues par lui. Pour l’exposition, il y intégrera des œuvres exceptionnelles de la Bibliothèque, tels que des manuscrits enluminés médiévaux, des papyrus, des antiquités égyptiennes, des gravures des grands maîtres de l’estampe ainsi que des livres alchimiques rares et précieux, dans une démarche artistique inédite qui bouleverse la présentation traditionnelle des documents et transforme chaque vitrine en une œuvre originale. Une projection des films de Matthew Barney dans les nouvelles salles du MK2 art et essais installé dans le bâtiment de la BnF accompagnera cette exposition événement en octobre prochain.



L’exposition
La Chambre de sublimation. Dessins de Matthew Barney
présentée à la Bibliothèque nationale de France, en collaboration avec la Morgan Library & Museum à New York, est la première rétrospective des dessins de Matthew Barney en France. Le titre,
La Chambre de sublimation, se réfère au monde de la chimie, de l’alchimie et de la psychologie. Il évoque l’idée selon laquelle l’acte  de dessiner s’apparente à un travail de distillation, de transformation et de métamorphose. Réunissant près de quatre-vingts dessins créés entre 1988 et 2011, provenant de collections privées et publiques et rarement montrés, l’exposition révèle qu’au-delà de ses talents mondialement reconnus de cinéaste et de sculpteur, Matthew Barney est aussi un remarquable dessinateur.

La pratique du dessin est une constante dans le travail de Matthew Barney. Ses premiers dessins, lorsqu’il est encore étudiant à Yale à la fin des années 1980, sont réalisés dans des conditions extrêmes : ils naissent lors de performances sportives où le public peut voir l’artiste escalader les cimaises de la galerie ou se suspendre au plafond tout en tentant de dessiner sur les murs malgré des contraintes qu’il s’est lui-même imposées. Dans le même temps, Matthew Barney cherche l’isolement et le calme en Islande où il séjourne une partie de l’année. C’est là qu’il crée des dessins très élaborés et méditatifs dans des formats intimistes. Ses dessins étonnants aux traits délicats et subtils rappellent l’univers des grands maîtres de la Renaissance, à l’instar de Dürer ou de Cranach, ou des artistes surréalistes comme Hans Bellmer et Salvador Dali. Ils sont, paradoxalement, très liés à sa pratique de la sculpture et de la performance. Ils se présentent comme une exploration « sublimée » des différentes thématiques qui traversent les films de ses cycles CREMASTER, DRAWING RESTRAINT ou RIVER OF FUNDAMENT, son dernier opus. Depuis les années 1990, ils sont systématiquement enchâssés dans d’épais cadres en plastique chirurgical autolubrifiant pour prothèses – un matériau aussi utilisé dans ses sculptures – qui délimitent le dessin comme un espace intérieur, un rejet ou un prolongement du corps humain. Dessinés à l’encre et à la mine de plomb, ces œuvres graphiques intègrent également des matériaux inhabituels, minéraux, gelée de pétrole ou sang par exemple. Tous les aspects du dessin chez Matthew Barney seront traités dans l’exposition, à la fois comme discipline indépendante et connectée à son œuvre de sculpteur et de vidéaste.

Outre les dessins, l’exposition présente, dans des vitrines originales conçues par Matthew Barney, les sources de ses principaux films et performances à travers une sélection de storyboards (documentation personnelle de l’artiste comprenant croquis, cartes postales, coupures de presse, livres et divers documents trouvés sur internet) qui ont inspiré ou documenté DRAWING RESTRAINT, CREMASTER, DE LAMA LÂMINA, OTTOshaft et RIVER OF FUNDAMENT. Pour ces vitrines, Matthew Barney a sélectionné des œuvres exceptionnelles de la BnF, tels qu’un Livre des Morts égyptien vieux de plus de 2000 ans, des manuscrits enluminés médiévaux sur vélin, des gravures anciennes des grands maîtres de l’estampe ainsi que des livres alchimiques rares et précieux, qu’il intègre dans les vitrines comme des composantes de ses storyboards. L’exposition révèle ainsi l’étendue et la diversité des domaines d’intérêts de Matthew Barney, mais aussi l’importance de la littérature et de la mythologie qui sous-tend toute son œuvre.

Biographie

Né à San Francisco en 1967, Matthew Barney travaille actuellement entre New York et l’Islande. Il a grandi dans l’Idaho avant de déménager sur la Côte Est, à la fin des années 1980. Sportif de haut niveau, il s’inscrit alors à la faculté de médecine de l’Université de Yale. Au bout d’un an, il décide de changer de cap et de se consacrer à des études d’art. En 1990, il obtient une renommée immédiate grâce à ses premières performances artistiques, intitulées DRAWING RESTRAINT, dans lesquelles il escalade les murs de galeries, malgré une contrainte physique, pour créer des dessins. Il est lauréat à 26 ans du prix Europa 2000 du meilleur jeune artiste à la Biennale de Venise en 1993. Par la suite, les films et les sculptures de Matthew Barney, devaient redéfinir le rôle de la narration dans l’art d’avant-garde, notamment le très célèbre cycle de films en cinq parties, CREMASTER, sur lequel il a travaillé de 1994 à 2002, et qui fut présenté au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2002. En mélangeant les genres, en combinant histoire, mythologie et autobiographie et en ayant fréquemment recours à des prothèses et des effets spéciaux, Barney a su donner à ses réadaptations des mythologies traditionnelles dans le monde contemporain, des formes extravagantes et inédites. Depuis 2008, Barney travaille sur RIVER OF FUNDAMENT, un projet en plusieurs parties librement inspiré du roman de Norman Mailer, Ancient Evenings, dans lequel il transpose la mythologie égyptienne de la renaissance et de la réincarnation dans l’histoire de l’industrie automobile américaine du XXème siècle.