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“Frida Kahlo / Diego Rivera” L’Art en fusion
au Musée de l'Orangerie, Paris

du 9 octobre 2013 au 13 janvier 2014



www.musee-orangerie.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, séance de tournage, le 8 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Frida Kahlo, Autorretrato con Changuito, 1945. Huile sur masonite, 56x41,5 cm. Col. Museo Dolores Olmedo, Xochimilco, México. Photographs by Erik Meza / Javier Otaola ; image © Archivo Museo Dolores Olmedo. ©2013 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F. / ADAGP, Paris.
2/  Frida Kahlo, El Camión, 1929. Huile sur toile, 26x55,5 cm. Col. Museo Dolores Olmedo, Xochimilco, México. Photographs by Erik Meza / Javier Otaola ; image © Archivo Museo Dolores Olmedo. ©2013 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F. / ADAGP, Paris.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Unis par une passion tumultueuse mais indestructible, Frida Kahlo et Diego Riviera sont devenus des icônes de l'art mexicain du XXème siècle. L'exposition Frida Kahlo Diego Riviera - L'Art en fusion au musée de l'Orangerie de Paris fait dialoguer deux parcours créateurs liés mais distincts, deux approches très personnelles de la peinture, tout en contant l'histoire de ce couple. Aux toiles se mêlent photos et témoignages filmés, nous faisant pénétrer dans l'intimité de ces artistes et les replaçant dans le contexte historique du Mexique.

Diego Riviera garde de ses années d'apprentissage une influence cubiste dominée par des couleurs ocres et terreuses. Il restera fidèle par la suite à ses idéaux politiques et sa personnalité s'exprimera dans le cadre tracé par le style hérité du réalisme socialiste. A l'inverse, la liberté indomptable que montre Frida Kahlo vient de son approche autodidacte, de sa non appartenance à une école, ce qui frappe d'autant plus au regard de l'œuvre de son compagnon. Sa peinture est résolument organique, sensuelle et sensitive, elle parle de l'essence de son être, de la douleur, de la vie et de la mort. Les images sont brutales parce qu'elles nous montrent ce que nous sommes : la chair et le sang, le reflet nu du miroir, sans maquillage ni artifice. Ses toiles au format réduit s'opposent aux fresques murales gigantesques de Diego.

Chez Frida, la figuration peut sembler naïve: les pensées apparaissent au milieu du front dans un de ses autoportraits, la colonne vertébrale prend les traits d'une colonne antique, un arbre croît, ses racines se nourrissant d'un cadavre enterré. C'est volontairement qu'elle ne se perd pas dans des détours inutiles. Ses tableaux nous interpellent par leur crudité, forcent notre admiration devant le courage nécessaire pour dévoiler ainsi une intimité aussi profonde. De multiples cordons ombilicaux la relient à son fœtus avorté, à ses espoirs envolés, à la douleur de son corps, à celle de son âme. Ce n'est pas abstrait, tout est là, peint en couleurs vives, on ne peut que comprendre ce qui est dit.

Dans la peinture de Diego les traits s'adoucissent avec le temps, affichant cette rondeur simple et douce que l'on retrouve dans la peinture latino américaine, comme dans La marchande d'arums, retrouvant l'essence de la culture mexicaine. Frida Kahlo s'inscrit dans le folklore par un style figuratif didactique au trait direct, aux couleurs franches. Son approche n'est pas intellectuelle, ni métaphorique, elle se fonde sur le ressenti, et donne vie sur la toile à la musique de la rue ou aux senteurs des jardins. La mort devient vie, joie et tristesse se mêlent, désir et douleur, deuil et renaissance.

Le succès mondial de Frida Kahlo vient de l'universalité de son langage. Parce qu'elle a su créer une peinture totalement libre de toute influence formelle et académique, et dévoiler ce qui se passe sous sa peau, elle peut ainsi nous toucher en nous révélant ce que nous sommes. Son urgence à peindre est une pure énergie de vie, le désir d'être et d'aimer, rendu d'autant plus vivace que l'enveloppe charnelle est une cage, et c'est ce qui fait d'elle une des authentiques artistes de ce temps.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :

Marie-Paule Vial, directrice du musée de l’Orangerie 

Beatrice Avanzi, conservateur au musée d’Orsay 

Leïla Jarbouai, conservateur au musée d’Orsay 

Josefina García, directrice des collections du Museo Dolores Olmedo

Si Frida Kahlo (1907-1954) est aujourd’hui l’une des artistes les plus connues et les plus populaires de l’art mexicain du XXe siècle, c’est bien sûr grâce à sa personnalité et à l’originalité d’une oeuvre qui échappe à toute tentative de classification. L’oeuvre est ici avant tout l’expression du récit d’une vie. Vie tragique et tumultueuse, échappant à son tour à toute convention, connue dans le moindre détail et récemment portée à l’écran, faisant d’elle une véritable icône. La seule évocation de son nom soulève enthousiasme et admiration, pourtant son oeuvre est peu montrée. Sa production artistique n’a pas été exposée en France depuis quinze ans. La sélection proposée par le musée de l’Orangerie inclut des oeuvres majeures de l’artiste, parmi lesquelles des chefs-d’oeuvre du musée Olmedo, l’une des principales collections de l’oeuvre de Frida Kahlo, dont la très célèbre Colonne brisée.

La vie et l’oeuvre de Frida Kahlo sont indissociables de celles de son compagnon Diego Rivera (1886-1957). Ils sont entrés ensemble dans la légende et figurent tous deux au panthéon des artistes mexicains du XXe siècle. Célèbre pour ses grandes peintures murales, les peintures de chevalet, dessins, lithographies, qui constituent une part importante de sa production, sont moins connues du grand public en Europe. Le propos de l’exposition est de retracer son cheminement artistique, depuis les premières oeuvres cubistes, témoignages de ses liens avec le milieu artistique parisien au coeur de la collection de l’Orangerie, jusqu’à celles qui firent de lui le fondateur de l’école mexicaine du XXe siècle. L’exposition est une invitation à découvrir les multiples facettes de l’art de Rivera dont les voyages à travers l’Europe ont nourri sa vision et son répertoire sans l’éloigner de ses racines. Il s’inscrira ainsi dans l’histoire comme le fondateur de l’école nationaliste.

L'originalité de l'exposition consacrée au couple mythique incarné par Diego Rivera et Frida Kahlo consiste à présenter leurs oeuvres ensemble, comme pour confirmer leur divorce impossible, effectif dans les faits mais aussitôt remis en question après une seule année de séparation. Elle permettra aussi de mieux entrevoir leurs univers artistiques, si différents, mais également si complémentaires, par cet attachement commun et viscéral à leur terre mexicaine : cycle de la vie et de la mort, révolution et religion, réalisme et mysticisme, ouvriers et paysans.