contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Jean Cocteau le magnifique” Les miroirs d’un poète
au Musée des Lettres et Manuscrits, Paris

du 11 octobre 2013 au 23 février 2014



www.museedeslettres.fr

 

© FranceFineArt, présentation presse, le 10 octobre 2013.

1114_Cocteau1114_Cocteau1114_Cocteau

Légendes de gauche à droite :
1/  Dessin de Jean Cocteau avec envoi sur la page de titre et la page de garde des Enfants terribles, édition originale, Paris, Grasset, 1929. © Coll. privée / Musée des Lettres et Manuscrits, Paris.
2/  Photographie de Jean Cocteau. © Laure Albin Guillot / Roger-Viollet, 22 décembre 1909.
3/  Dessin de Jean Cocteau réalisé pour une affiche d'intérieur à l'occasion de la sortie du livre La Machine infernale, Paris, Grasset, 1934. © Coll. privée / Musée des Lettres et Manuscrits, Paris.

 


1114_Cocteau audio
Entretien avec Lucien Clergue,
propos recueillis par Pierre Normann Granier, au Musée des Lettres et Manuscrits, le 10 octobre 2013, durée 4'41". © FranceFineArt.

 


1114_Cocteau audio
Entretien avec Dominique Marny, co-commissaire de l'exposition,
propos recueillis par Pierre Normann Granier, au Musée des Lettres et Manuscrits, le 10 octobre 2013, durée 2'25". © FranceFineArt.

 


1114_Cocteau audio
Entretien avec Sébastien Poulain, “L'Aigle à deux Têtes” au Theo Théatre,   (www.theotheatre.com)
propos recueillis par Pierre Normann Granier, au Musée des Lettres et Manuscrits, le 10 octobre 2013, durée 1'44". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition : Dominique Marny et Pascal Fulacher

Les miroirs d’un poète par Pascal Fulacher et Dominique Marny

Le miroir fait partie de la mythologie personnelle de Jean Cocteau. Surface lisse qui rappelle celle d’une eau dormante, le miroir surprend, étonne, fascine autant qu’il réfléchit, rassure ou déclenche la crainte. Immobile, il renvoie à l’infini les mouvements de celui qui lui fait face, mais n’a pas de mémoire. Enfant, Cocteau est réceptif aux pouvoirs magiques de cet objet dans les contes de fées dont Blanche Neige et les sept nains. Plus tard, il le sera au mythe de Narcisse. Qu’existe-t-il derrière la plaque de verre recouverte d’une fine couche d’argent? Cette énigme ne peut que l’attirer et lui insuffler le désir de l’exorciser…

Lorsqu’il scrute son image dans le miroir, le jeune Cocteau ne se trouve pas séduisant. Un visage anguleux, des yeux à fleur de tête, des cheveux raides, une silhouette chétive. En classe de cinquième, il découvre son idéal masculin. L’élève Dargelos est beau, sauvage, insoumis. A défaut de lui ressembler, il va tenter d’exister autrement. Orphelin d’un père qui s’est suicidé quand il avait 9 ans, Cocteau a besoin du regard des autres pour trouver sa place dans une société en pleine mutation. En 1910, il fréquente les salons littéraires et publie trois recueils de poèmes qu’il reniera par la suite. La venue à Paris et la modernité des Ballets Russes lui font comprendre qu’un vieux monde est en train de disparaître et qu’il est nécessaire de trouver une voie nouvelle. En 1917, il s’entoure de Picasso et de Satie pour créer le spectacle Parade. Le scandale est immense, mais Cocteau ne déteste pas cette odeur de soufre. Elle deviendra même un ferment pour l’oeuvre à venir. Le regard de Raymond Radiguet, qui n’a que 16 ans lorsqu’il le rencontre, devient « sa » référence. Dans ce miroir vivant, il aimerait trouver un écho aux sentiments qui l’animent. Radiguet ne sera qu’un éphémère compagnon d’écriture. En 1923, il meurt à l’âge de 20 ans d’une fièvre thyphoïde. Ce décès anéantit Cocteau qui, pour atténuer son mal de vivre, noue des liens puissants et durables avec l’opium. A défaut de se retrouver dans les yeux du disparu, il guette son reflet dans le miroir de sa chambre à l’hôtel Welcome où il réside dans le port de Villefranche-sur-mer. Cette confrontation sans concession donne naissance au Mystère de Jean l’Oiseleur, l’une de ses plus belles oeuvres poétiques. Composée de trente et un autoportraits autour desquels il écrit les phrases qui lui traversent l’esprit, cette série de dessins renseignent quant à son désespoir. En 1930, il accepte la proposition des mécènes Marie-Laure et Charles de Noailles. Depuis longtemps, il pense que sa poésie perd de son intensité en étant traduite dans des langues étrangères. Pourquoi ne pas tourner le film pour lequel ils lui donnent carte blanche et laisser les images « parler » d’elle-mêmes ? Ce sera Le Sang d’un poète. Remplaçant le miroir, l’écran – autre surface lisse – sert de support à son univers. On y voit la première traversée silencieuse d’un miroir qui « ferait bien de réfléchir un peu avant de renvoyer des images. » Ce « voyage » figurera à nouveau, en 1950, dans Orphée. Joué par Jean Marais, Orphée se prépare à traverser le miroir qui sépare les mondes visible et invisible. - « Auriez-vous peur », lui demande Heurtebise (François Perier) qui le pousse à tenter l’expérience. – « Non, mais cette glace est une glace ». – « Il ne s’agit pas de comprendre, il s’agit de croire ». Entre-temps, Cocteau a joué avec la puissance divinatoire du miroir dans La Belle et la Bête. Défiant l’espace-temps, il permet à la jeune fille de voir « ailleurs ». Ainsi, à travers des décennies de création, le miroir est devenu un objet indispensable au poète. Ce regard sans concession où le temps défile avec une inexorable lenteur, lui rappelle la fin programmée.

« Les miroirs sont les portes par lesquelles entre la mort. Regardez toute votre vie dans un miroir et vous verrez la mort travailler sur vous ». Le 11 octobre 1963, à l’âge de 74 ans, il accomplira à son tour le voyage vers le mystère et les « valeurs secrètes » qui l’ont toujours intrigué, voire obsédé. Si l’on se penche sur la symbolique du miroir, il était appelé autrefois speculum. Les anciens l’utilisaient pour scruter le mouvement des constellations. Cocteau ne l’ignorait sans doute pas. Est-ce la raison pour laquelle l’étoile est elle aussi entrée dans sa mythologie ?

La scénographie et le parcours de l’exposition

La salle d’exposition temporaire du Musée des Lettres et Manuscrits, dans une mise en scène intimiste, met en lumière la personnalité artistique de Cocteau et laisse la part belle aux œuvres originales. Les miroirs, et plus précisément les reflets du miroir sont le fil conducteur de cette exposition consacrée au prince des poètes, Jean Cocteau. Cette présentation propose cinq miroirs : des premiers regards évoquant son enfance, sa jeunesse, l’entrée en poésie, l’apparition de l’étoile, le merveilleux, la traversée du miroir, et enfin ses amitiés, ses influences…

Parcours de l’exposition :

Partie I. 1889-1916. Premiers regards : l’enfance, l’élève Dargelos, la jeunesse, les salons littéraires, recueils de poèmes, les Ballets Russes.

Partie II. 1917-1929. L’entrée en poésie : Parade, parution du Potomak, Radiguet, mort de Radiguet, Plain-chant, Orphée au théâtre, prise d’opium, Villefranche-sur-Mer, Le Mystère de Jean L’Oiseleur, L’Ange Heurtebise, Le Livre blanc, Les Enfants terribles (roman), Opium.

Partie III. 1930-1942. Apparition de l’étoile : La Voix humaine, Le Sang d’un poète, la princesse Natalie Paley, La Machine infernale, Le Tour du monde en 80 jours, Jean Marais, Les Chevaliers de la Table ronde, Les Parents terribles.

Partie IV. 1942-1949. Le merveilleux : L’Eternel Retour, La Belle et la Bête. Le double : L’Aigle à deux têtes (pièce et fi lm).
Partie V. 1950-1963. La traversée du miroir : Orphée (film), Le Testament d’Orphée (film), dernier automne à Milly.