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“Erwin Blumenfeld (1897-1969)” Photographies, dessins et photomontages
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Légendes de gauche à droite :
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texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt. Le Jeu de Paume présente une rétrospective de l’œuvre d’Erwin Blumenfeld, célèbre pour ses clichés de mode réalisée à partir des années 1940. Forte de près de 300 œuvres, elle révèle un artiste aux multiples facettes, photographe mais aussi dessinateur et parfois même écrivain. Montage et juxtaposition D’Erwin Blumenfeld, expérimentateur génial fortement influencé par le surréalisme et le dadaïsme et leurs représentants (notamment Man Ray), l’on retiendra surtout l’audace et l’originalité créatives. Ses œuvres sont les fruits d’un véritable travail de composition qui inclut aussi bien le recours au montage et au collage que la mise en scène et la déconstruction de ses sujets. Ses dessins, réalisés d’un trait vif de crayon de couleur ou gribouillés à l’encre bleue, s’accompagnent de bouts d’images découpés ou de fragments de textes au ton souvent mordant qui s’enchevêtrent dans un joyeux désordre. Quant à ses photographies, elles s’appuient non seulement sur les jeux de miroir, d’ombre et de lumière, du noir et du blanc, mais aussi sur l’artificialité d’une pose ou l’effacement d’un corps. Ses portraits au cadrage serré et aux puissants contrastes soulignent la beauté ou l’originalité d’un visage, tel ceux de Marlène Dietrich (1950) qui, enveloppée de luxueuses fourrures, révèle sa beauté de femme fatale et de Jane Fonda (1950) dont l’inclinaison sensuelle de la tête contrebalance l’innocence de l’expression. Car la femme, et surtout son corps, deviennent bientôt l’objet privilégié de son regard. Les nus, d’abord concrets, tendent vite à l’abstrait grâce à la déconstruction ou la multiplication des éléments. Quand un buste semble se décliner à l’infini grâce à un jeu de reflet et de symétrie (Sans titre, (Nu, « Musi mit Busi) »), 1938), la courbe d’un sein évoque seule le corps féminin pour mieux l’entourer de mystère. Poésie de la réalité Ces montages et (dé)constructions créent alors un décalage parfois humoristique, souvent poétique. Espiègle ou ironique, Erwin Blumenfeld le devient quand il se met lui-même en scène, dans son studio où il apparaît reflété dans un miroir au milieu de dizaines de photographies et affiches (Sans titre (autoportrait dans le studio de Paris), 1938), ou quand il mêle sur une même feuille symboles religieux et ésotériques, réunis autour de la figure de clown triste de Charlie Chaplin, adoptant ici la forme longiligne d’une croix chrétienne (Charlie, 1920). Mais il sait aussi imprégner la réalité d’une incroyable poésie, comme lorsqu’il photographie une belle endormie qui offre à la lumière son visage constellé des ombres projetées par un bouquet de fleurs des champs (Sans titre, (Portrait avec ombre et fleurs), 1944) et dont se dégage une incroyable impression de paix et de sérénité ; ou lorsqu’il recouvre de soie mouillée le corps d’une femme qui semble alors se fondre dans la pierre (Nu sous de la soie mouillée, 1937). Sous son regard, même la ville se pare d’onirisme : la cathédrale de Rouen dévoile grâce à une habile juxtaposition ses cascades de colonnes (1937) et les froids et impressionnants buildings de New York se décomposent en centaines de petits cubes emplis de lumière. Et si l’arrivée de la couleur, si importante pour ses photographies de mode, efface un peu de ce mystère de la réalité, elle n’entame en rien l’acuité et le talent d’un artiste qui, toujours à l’avant-garde, a su se distinguer par son originalité. Audrey Parvais
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extrait du communiqué de presse :
commissaire : Ute Eskildsen, ex-directrice adjointe et responsable des collections photographiques du musée Folkwang d’Essen
Ce parcours présente les premiers dessins de l’artiste, ses collages et ses photomontages, exécutés pour l’essentiel au début des années 1920, ses premiers portraits artistiques, effectués à l’époque où il vivait aux Pays-Bas, les premières photographies de mode en noir et blanc de ses années parisiennes, les magistrales photographies en couleur créées à New York et les vues urbaines prises à la fin de sa vie. La rétrospective donne à voir des dessins, dont beaucoup n’ont jamais été montrés, ainsi que des collages et photomontages de jeunesse qui apportent un éclairage passionnant sur l’évolution de son travail photographique, révélant pour la première fois toute l’ampleur de son génie créatif. Les motifs, aujourd’hui devenus classiques, de ses photographies expérimentales en noir et blanc, y côtoient ses multiples autoportraits et portraits de personnalités connues ou inconnues, ainsi que la photographie de mode et publicitaire. Dans les premières années de son travail photographique, Erwin Blumenfeld travaille en noir et blanc, mais dès que les conditions techniques le permettent, il utilise la couleur avec enthousiasme. Erwin Blumenfeld transpose à la couleur ses expériences avec la photographie en noir et blanc ; les appliquant au domaine de la photographie de mode, il y développe un répertoire de formes particulièrement original. Le corps féminin devient le sujet principal d’Erwin Blumenfeld. Qu’il se consacre d’abord au portrait, puis au nu lorsqu’il vit à Paris ou, plus tard, dans son oeuvre de photographe de mode à New York, Erwin Blumenfeld cherche à faire apparaître la nature inconnue et cachée de ses sujets ; l’objet de sa quête n’est pas le réalisme, mais le mystère de la réalité. L’oeuvre de Blumenfeld n’avait plus été présentée depuis l’accrochage du Centre Pompidou axé sur la photographie de mode (1981), à la Maison Européenne de la Photographie (1998), et plus récemment, l’exposition « Blumenfeld Studio, Couleur, New York, 1941-1960 » (Châlon-sur-Saône, Essen, Londres).
« Comment un jeune homme fantasque de la bourgeoisie juive de Berlin, apprenti dans la confection pour dames, a-t-il pu devenir un photographe de mode et de publicité prisé du Nouveau Monde, qui plus est le mieux payé de son temps ? Comment le propriétaire d’un magasin de sacs à main d’Amsterdam a-t-il réussi à devenir l’une des figures les plus célèbres de la scène artistique new-yorkaise des années 1950 ? Erwin Blumenfeld a largement répondu à ces questions en écrivant son autobiographie, Jadis et Daguerre. Ces Mémoires ont durablement influencé la réception de son oeuvre graphique et photographique. Aucun spécialiste de Blumenfeld n’a pu résister au charme de ces souvenirs provocateurs, cyniques et arrogants. Avec éloquence, humour et parfois aussi un peu de méchanceté, il y met en scène sa famille, ses amis et ses clients, en les caricaturant pour le plus grand plaisir du lecteur. C’est la seule oeuvre littéraire du photographe. […] Le succès
La décision
Les années hollandaises
Premières expériences
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