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“Happy Birthday” Galerie Perrotin / 25 ans
au Tripostal, Lille

du 11 octobre 2013 au 12 janvier 2014



www.lille3000.eu/perrotin

www.perrotin.com

 

© Noemi Didu, vernissage presse, le 10 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Paola Pivi, «One cup of cappuccino then I go» 2007. Tirage photographique, cadre / Photographic print, frame. Photo : Hugo Glendinning, 165,5 x 218,5 x 6cm. Courtesy Galerie Perrotin, Collection privée.
2/  Tatiana Trouve, «350 points towards infinity» (détail/detail), 2009. Fils à plombs, aimants, métal / Plumb, magnets, metal, 450 x 950 x 950cm. © Adagp, Paris 2013, Courtesy Galerie Perrotin.
3/  Daniel Firman, «Nasutamanus», 2012. Vue de l’exposition / View of the exhibition «Group Show», Galerie Perrotin, Paris, 2012. Fibre de verre, polymère / Fiberglass, polymer, 300 x 528 x 112 cm. Photo : Guillaume Ziccarelli, Courtesy Galerie Perroti.

 


texte de Noemi Didu, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Le Tripostal, ancien bâtiment industriel de 6 000 m2 jadis destiné au tri du courrier, a été reconverti en lieu d'exposition en 2004 à l'occasion de “Lille capitale européenne de la culture”. C'est dans ce lieu privilégié de diffusion de l'art contemporain que la Galerie Emmanuel Perrotin fête ses 25 ans d'existence.
Acteur incontournable du marché de l'art contemporain, Emmanuel Perrotin est reconnu à l’échelle internationale comme en témoignent les deux galeries qu'il a récemment ouvertes à Hong Kong et à New York.
L'invitation que lille3000 a faite à ce galeriste renommé s'inscrit dans une politique culturelle initiée dès 2007 et qui a vu s'inviter à Lille la François Pinault Foundation, la Saatchi Gallery et plus récemment le CNAP. Une politique culturelle courageuse qui a le mérite d'œuvrer à un décloisonnement du marché privé et des institutions publiques en créant des passerelles entre ces deux acteurs au bénéfice d'une plus grande visibilité de l'art contemporain auprès du grand public.
 
L'exposition conçue par Emmanuel Perrotin au Tripostal dans le cadre de Lille3000 s'étale sur les trois niveaux de l'édifice. Elle réunit 77 artistes de 20 nationalités différentes et présente environ 150 œuvres.
A côté d'artistes mondialement reconnus, accompagnés par la galerie dès ses débuts, sont exposés des artistes émergents qui font partie de la programmation actuelle de la galerie.
L'exposition n'obéit à aucun critère chronologique ou thématique mais tente de synthétiser l'univers esthétique du galeriste Emmanuel Perrotin à travers une sélection d'œuvres d'artistes qu'il a exposés au cours de 25 ans d'activité.

Loin d'être exhaustifs, nous tentons ici d'esquisser en quelques touches un portrait de cette exposition foisonnante.
A l'entrée des salles, des chevaux en tissu réalisés avec des matériaux de récupération, création du collectif d'artistes viennois Gelitin, attendent les visiteurs pour une visite ludique et décalée de l'exposition : il est en effet possible de déambuler dans les salles d'exposition déguisé en cavalier, cheval compris...
Avant de plonger dans la couleur et les formes sinueuses des sculptures de Jean-Michel Othoniel et des peintures de Bernard Frize, nous sommes accueillis par une Rolls Royce tournoyante, entièrement recouverte de goudrons et plumes, œuvre des artistes Elmgreen et Dragset.

En déambulant dans les salles de ce premier niveau de l'exposition nous pouvons admirer, entre autres, une œuvre de Sophie Calle conçue pour et avec Emmanuel Perrotin, une installation fort provocatrice de Maurizio Cattelan et deux photos grand format de Paola Pivi où des animaux exotiques se baladent dans des décors quelque peu inhabituels.
Au deuxième étage le parcours est jalonné par des nombreuses découvertes d'Emmanuel Perrotin, dont le ciel en caissons lumineux du collectif IFP, les clichés d'impossibles vacances au ski de jeunes cubains réalisés par Leandro Elrich, et les camouflages de Kate Ericson et Mel Ziegler notamment. Ensuite, place aux artistes phares de la galerie Emmanuel : JR, dont sont présentées des photos de ses installations ainsi qu'un extrait du film issu du projet « Women are heroes » mené dans la favela Morro da Providência à Rio de Janeiro ; Takashi Murakami et son univers pop ; Damien Hirst et ses œuvres, sorte de memento mori  - âmes sensibles, s'abstenir ! -.

Au troisième et dernier niveau, nous sommes accueillis par un éléphant grandeur nature flottant dans l'espace, installation de Daniel Firman, et par une chapelle gothique miniature conçue par Wim Delvoye. Nous déambulons comme dans un rêve entre les sculptures en céramique de Klara Kristalova et Joan Creten, lorsqu'un ange tombé du ciel aux traits d'un vieillard, sculpture hyperréaliste des artistes chinois Sun Yuan & Peng Yu nous happe. Nous nous arrêtons ensuite devant une belle installation vidéo du colombien Ivan Argote, le plus jeune artiste de la galerie, avant de découvrir dans une petite salle une vidéo de Jesper Just. Dans ce même étage nous croisons également des œuvres abstraites où le tissu est travaillé en tant que matière plastique et une installation de Tatiana Trouvé.

Pour les plus courageux, l'exposition se poursuit à la Gare Saint Sauveur où sont présentées plusieurs installations des artistes chinois Sun Yuan & Peng Yu. Nous nous arrêtons là et sur le chemin du retour, la tête bouillonnante de questionnements, nous prenons le temps de réfléchir à l'expérience visuelle que nous venons de vivre.


Noemi Didu

 


extrait du communiqué de presse :

 

Dans la dynamique des invitations faites aux grandes collections (François Pinault Foundation, Saatchi Gallery, CNAP), lille3000 accueille la Galerie Perrotin dans les espaces du Tripostal, à Lille. 


Cette exposition sera l’occasion de rendre compte de la vision d’un galeriste français, Emmanuel Perrotin, à travers une sélection d’oeuvres d’artistes qu’il a exposés tout au long de son parcours depuis 25 ans, oeuvres pour la plupart issues de collections publiques ou privées.


Les grands plateaux du Tripostal permettront de présenter plus d’une centaine d’oeuvres : des sculptures et installations monumentales de Wim Delvoye, Daniel Firman et Tatiana Trouvé, des mobiles de Lionel Estève, «La Filature» et «Vingt ans après» de Sophie Calle, «INRI» de Maurizio Cattelan, des oeuvres spécialement conçues pour le lieu par Gelitin, Guy Limone, Pieter Vermeersch. D’autres salles réuniront des artistes japonais dont Aya Takano, Mr et Chiho Aoshima. De nombreux artistes français seront représentés dont Bernard Frize, JR, Kolkoz, Ange Leccia, Jean-Michel Othoniel, Philippe Parreno, Xavier Veilhan et Jean-Luc Vilmouth. Le public découvrira également deux sculptures du duo nordique Elmgreen & Dragset et un film projeté sur grand écran de Jesper Just.


Emmanuel Perrotin, né en 1968, ouvre sa première galerie à Paris en 1989 dans un appartement du Marais à Paris près du Centre Pompidou. Après avoir investi neuf lieux de 1989 à 2005, la galerie est aujourd’hui installée dans un hôtel particulier Rue de Turenne. En 2012, il ouvre une deuxième galerie à Hong Kong. Une troisième sera inaugurée en septembre prochain à New York.


Il démarre très jeune dans le monde de l’art contemporain. À 17 ans, il devient l’assistant du jeune galeriste Charles Cartwright qui travaille alors avec des artistes comme Marina Abramovic ou Alighero Boetti. Autodidacte passionné, Emmanuel Perrotin est un dénicheur de talents. En 1991, il organise la première exposition commerciale de Damien Hirst dans le monde, puis en 1992 présente le subversif Maurizio Cattelan ; l’année d’après, il débute sa collaboration avec Takashi Murakami. Depuis, il représente aussi Johan Creten, Klara Kristalova, Kaws, Farhad Moshiri, Gianni Motti, Paola Pivi...




Editos par Emmanuel Perrotin


25 ans de galerie cela paraît long et pourtant cela passe très vite. J’ai commencé à travailler à 16 ans, à 17 ans pour la Galerie Charles Cartwright et à 21 ans j’ai fondé ma propre galerie. J’ai maintenant 45 ans et bientôt 30 ans de travail derrière moi.


C’est triste de devoir organiser son anniversaire soi-même. Alors, quand Martine Aubry et Didier Fusillier ont eu la gentillesse de m’inviter à Lille, j’ai trouvé là une très belle occasion. En me confiant le Tripostal ; un espace de 6000m2 ils m’ont donné l’opportunité de présenter à la fois les artistes avec qui j’ai partagé un bout de chemin et ceux qui font partie de la programmation actuelle de ma galerie.


Il y a sans doute un peu de coquetterie à se retourner sur son parcours. Mais aussi des remises en question. J’oscille entre la fierté de collaborer avec des artistes importants et le regret d’avoir raté certaines occasions.


Lorsque plusieurs artistes de notre galerie rencontrent le succès, on se plaît à penser que nous avons notre part de mérite. Ce ne serait plus la chance qui nous guide mais un instinct affûté. Le choix des artistes est déterminant mais quand on s’engage avec eux, au début de leur carrière, nous n’avons que très peu d’éléments pour nous faire une idée : le peu d’oeuvres déjà créés, les projets non réalisés, le discours, la passion, le charisme, la prétention, la modestie, l’entourage, la détermination, l’éthique, une capacité à collaborer... Voilà ce qui nous aide à nous décider. Si beaucoup de ces critères conviennent on doit déterminer si la galerie est capable de développer ce potentiel. On espère toujours que l’entrée d’un artiste dans la galerie marquera une nouvelle étape pour lui. On lui apporte un contexte et des outils pour grandir, et - on l’espère - dans une bonne direction.


Cela n’est pas toujours évident. Le succès incroyable de certains artistes de la galerie fait oublier aux yeux du public les risques que l’on continue de prendre. Sans certains chefs de file, il serait impossible d’offrir les mêmes ressources de développement pour les autres artistes.


Les rapports de forces qui existent entre marchands expliquent la volonté de certains d’entre nous à prendre tous les risques pour ne pas perdre les artistes. Nos galeries s’agrandissent, ouvrent des espaces à l’étranger. Nous participons à un nombre exponentiel de foires (douze par an dans notre cas). Nous organisons des dîners et des fêtes un peu partout, engageons plus d’assistants, plus de directeurs.

J’ai bénéficié jusqu’ici de la fidélité de mes artistes, je les en remercie aujourd’hui.
 J’ai une équipe qui travaille beaucoup, mais je ne peux m’empêcher de penser à toutes les choses que nous pouvons encore améliorer. Je m’efforce de leur laisser suffisamment de liberté et de responsabilité pour qu’ils puissent s’épanouir au sein de la galerie. La plupart de mes directeurs sont avec moi depuis plus de dix ans. Je tiens ici à les remercier pour leur patience et leur travail. Sans eux nous ne pourrions pas célébrer cet anniversaire.


Mes débuts ont été difficiles. Les FRAC et le FNAC m’ont beaucoup aidé dans mes premières années. Les collectionneurs français sont nombreux et d’une grande qualité. Je leur en suis très reconnaissant. Une consoeur a été essentielle dans mon histoire : Marie-Hélène Montenay, qui a dirigé l’une des galeries les plus intéressantes des années 90. Elle m’a proposé de m’aider alors que je n’avais que 23 ans. Sa générosité et la liberté qu’elle m’a donnée ont été déterminantes. Sa bonne humeur malgré sa longue maladie faisait d’elle un exemple. Elle aurait été contente de visiter cette exposition. C’est aussi la sienne.


Cette exposition m’amène à me retourner sur le chemin parcouru, mais j’espère qu’elle marque pour moi aussi une nouvelle étape. On exerce généralement le métier de galeriste jusqu’à la fin de sa vie. Cela me laisse je l’espère 25 ans de beaux projets ! L’invitation qui m’a été faite est enfin un bel hommage au métier de galeriste, une profession méritante. Cette exposition apportée par une institution publique à une galerie privée est courageuse. On a souvent opposé le système institutionnel et le marché privé au lieu de nous inciter à collaborer, mais les choses vont en s’améliorant. Ces rapprochements sont bénéfiques à tous, et surtout aux artistes.
Maintenant je vous laisse découvrir l’univers qui m’entoure et j’espère vous faire partager ma passion. Chers visiteurs, je vous souhaite beaucoup de plaisirs et d’émotions.


Emmanuel Perrotin



Artistes de l’exposition :

Chiho Aoshima, Ivan Argote, Daniel Arsham, Mark Barrow, Hernan Bas, Anna Betbeze, Jes Brinch et Henrik Plenge Jakobsen, Sophie Calle, Maurizio Cattelan, Peter Coffin, Martin Creed, Johan Creten, Matthew Day Jackson, Wim Delvoye, Eric Duyckaerts, Elmgreen & Dragset, Kate Ericson & Mel Ziegler, Leandro Erlich, Lionel Estève, Tom of Finland, Daniel Firman, Mark Flood, Bernard Frize, Giuseppe Gabellone, Gelitin, Dominique Gonzalez-Foerster, Thilo Heinzmann, John Henderson, Gregor Hildebrandt, Noritoshi Hirakawa, Damien Hirst, Information Fiction Publicité (IFP), Wendy Jacob, Sergej Jensen, Bernard Joisten, Pierre Joseph, JR, Yeondoo Jung, Jesper Just, KAWS, Jean-Pierre Khazem, Bharti Kher, Kolkoz, Klara Kristalova, Ange Leccia, Guy Limone, Adam McEwen, Ryan McGinley, Mariko Mori, Farhad Moshiri, Olivier Mosset, Gianni Motti, Mr., Takashi Murakami, Kaz Oshiro, Jean-Michel Othoniel, Philippe Parreno, Paola Pivi, R.H. Quaytman, Terry Richardson, Claude Rutault, Michael Sailstorfer, André Saraiva, Aya Takano, Tatiana Trouvé, Piotr Uklanski, Chris Vasell, Xavier Veilhan, Pieter Vermeersch, Jean-Luc Vilmouth, John Waters, Pae White, Kenji Yanobe, Sun Yuan Peng Yu, Peter Zimmermann.