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“Roman d’une garde-robe” le chic d’une Parisienne de la Belle Époque aux années 30
au Musée Carnavalet, Paris

du 17 octobre 2013 au 16 mars 2014



www.carnavalet.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Anonyme, Femme à l’écharpe, Huile sur bois, 1900. © Droits réservés. Photo © Musée Carnavalet/Roger-Viollet.
2/  G. Agié, Salon de vente Chéruit, 1910. Photographie, extraite de l’album Les Créateurs de mode (édition du Figaro, Paris). © Édition du Figaro/Droits réservés, Photo © G. Agié/Droits réservés, Prise de vue © Gérard Leyris.
3/  Robe du soir « Sèvres », 1934-1935. Illustration originale à la gouache, extraite de l’album Collection 1934-1935, réalisée dans les ateliers Jeanne Lanvin. © Patrimoine Lanvin.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Suivant l’histoire personnelle d’une élégante parisienne, Alice Alleaume, le musée Carnavalet expose 400 pièces d’habillement (de la robe aux bijoux, en passant par les souliers) d’une collection provenant en grande partie du musée de la mode, le Palais Galliera, et où sont représentées certaines des plus grandes maisons de haute-couture du début du XXe siècle.

Parcours d’une élégante
Pour Alice Alleaume, l’amour du beau vêtement, c’est d’abord une histoire de famille. Sa mère couturière, Adèle Dumas, puis sa sœur aînée, Hortense Dumas-Beaudron, vendeuse chez Worth, vont directement influencer sa carrière. À travers une collection impressionnante de robes, de bijoux mais aussi de lettres et de croquis leur ayant appartenu, l’on découvre le parcours de cette femme élégante, véritable incarnation du bon goût parisien. Ses premières années sont déjà marquées par le raffinement de la haute-couture : toilette en mousseline de soie rose brodée de perles et de paillettes, cape de velours rouge ou encore grands et larges chapeaux débordant de plumes …, griffée ou pas, chaque pièce se distingue par son luxe et son éclat. Vient ensuite l’évocation de son activité de première vendeuse au sein de la prestigieuse maison Chéruit, fondée au début du XXe siècle, qui constitue la section centrale et principale de l’exposition. Aux vêtements toujours aussi somptueux qui enchantent l’œil, s’ajoutent certains carnets de commandes d’Alice Alleaume où se succèdent les grands noms d’une riche clientèle cosmopolite. Tels que sur un défilé de mode, les couleurs, bleu profond et rouge soutenu, éclatent alors et les imprimés, fleuris ou plus abstraits, envahissent joyeusement le tissu, comme en témoigne cet incroyable mur d’échantillons qui démontrent le savoir-faire et l’exubérance de l’époque. La propre garde-robe de la jeune femme, où domine la maison Lanvin, occupe la dernière partie de l’exposition et confirme la sûreté de son goût. Les robes de jours en mousseline s’accompagnent de veste et de bijoux et manchettes arachnéens, tandis que les toilettes du soir à la coupe fuselée ne requièrent aucun ornement, malgré leur grande sobriété.

Paris, capitale de la mode
Alice Alleaume était, à tout point de vue, une femme en accord avec son temps. Aussi n’est-ce pas seulement l’évolution de son goût que l’on peut suivre ici mais aussi celle de tout un pan de l’histoire de la mode. Les robes empesées des années 1910, qui couvrent alors l’intégralité du corps féminin, laissent brusquement place à l’extravagance libératrice des années folles, et le vêtement se fait flottant et confortable mais toujours aussi flamboyant. Sur les murs, les illustrations tirées de la Gazette du bon ton, à laquelle collabore alors la maison Chéruit, évoquent un monde d’élégance et de luxe, où l’or et l’argent rivalisent avec le brun mordoré et le vert intense pour s’incarner ensuite dans des matériaux d’une incroyable diversité : soie, perles, strass ou encore taffetas. Pourtant, la frivolité et l’insouciance s’estompent peu à peu alors que se font ressentir les répercussions de la crise de 1929, le noir envahit l’espace et l’opulence devient moins ostentatoire. Les robes aux drapés froncés qui soulignent la taille, ornées de surpiqures, et manteaux courts adoptent des coupes de plus en plus modernes, parfois même déstructurées, telle cette veste en satin ciré qui allie courbes douces du haut (boutons, nœud de la ceinture et épaules au tissu bouffant) aux lignes droites et verticales de sa partie inférieures (années 1930). Joueuse, Alice Alleaume remplace bientôt les métaux précieux de ses bijoux par du plastique coloré pour contrebalancer le sérieux presque solennel de ses tenues. Et si le temps en ces années qui précèdent la guerre est à la morosité, il n’empêche pas les brusques éclairs de lumière provoqués par l’apparition d’une robe en lamé or au dos largement dégagé et à la moelleuse traîne noire. Alors, la mode comme reflet de l’état d’esprit d’une époque certes, mais aussi impérissable pourvoyeuse de rêves.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat 
:
Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera - musée de la Mode de la Ville de Paris 

Charlotte Lacour-Veyranne, attachée de conservation au musée Carnavalet - Histoire de Paris 

Assistées de : 
Christian Gros, attaché de conservation au Palais Galliera - musée de la Mode de la Ville de Paris

Gérard Leyris, technicien multimédia au musée Carnavalet - Histoire de Paris


Imaginez-vous pousser la porte de l’une des plus grandes maisons de haute couture parisiennes au début du siècle dernier… Alice Alleaume, première vendeuse de 1912 à 1923 chez Chéruit, 21, place Vendôme, vous reçoit et vous propose de réaliser vos rêves les plus fabuleux…


Ainsi, le musée Carnavalet présente, du 17 octobre 2013 au 16 mars 2014, une exposition hors les murs du Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, Roman d’une garde-robe, le chic d’une parisienne de la Belle Époque aux années 30.


Cette garde-robe exceptionnelle, présentée pour la première fois, est celle d’Alice Alleaume. Elle révèle des robes griffées Chéruit, Worth et Lanvin, des souliers du soir d’Hellstern, des chapeaux d’Alphonsine, Marcelle Demay, Madeleine Panizon, Le Monnier, des bandeaux du soir de Rose Descat, des bijoux…


L’influence familiale, la maison Chéruit et la place Vendôme, la vie professionnelle et les goûts de cette Parisienne à la mode rythment le parcours de l’exposition. Et c’est tout le milieu de la couture, auquel la famille d’Alice Alleaume fut étroitement liée dès le Second Empire, qui se dévoile peu à peu.


Manuscrits et documents, carnets de vente et listes de clientes font revivre Alice, Adèle, sa mère « couturière en robes » et Hortense, sa soeur aînée, elle-même première vendeuse chez Worth, rue de la Paix. À travers les dépôts de modèles et échantillons des Archives de Paris, défilent les collections Chéruit été et hiver ; tandis que peintures et estampes du musée Carnavalet évoquent la rue de la Paix et la place Vendôme, temples du luxe, avant la guerre de 1914-1918.


Outre le caractère patrimonial et la qualité esthétique des pièces, cette collection - entrée récemment au Palais Galliera - raconte l’histoire, d’une famille, d’une Parisienne, d’une maison de couture et compose le roman d’une garde‐robe.




Intention de l’exposition par Sophie Grossiord 


Cette collection, composée de plusieurs centaines de pièces (robes et accessoires), est entrée entre 2008 et 2010 par donation au Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. Elle couvre près d’un siècle, des années 1830 jusqu’aux années 1930. La majorité des pièces date du premier tiers du XXème siècle. Plusieurs d’entre elles ont été portées par la mère d’Alice, Adèle (1839 - 1909) et par sa soeur aînée, Hortense Dumas-Baudron (1867 - 1932). 


Ces pièces sont particulièrement bien documentées par des photographies et des manuscrits conservés dans les archives familiales qui apportent un éclairage précieux sur le parcours professionnel d’Adèle, d’Hortense et Alice, leurs choix vestimentaires et leurs goûts et permettent de dater certains modèles. 


Au-delà de l’hommage rendu à la générosité des donateurs, c’est bien au roman d’une garde-robe que nous convie ce parcours. Car outre leur indéniable caractère patrimonial et leur qualité esthétique, les pièces de cet ensemble nous ouvrent les portes du milieu de la haute couture et racontent une passionnante histoire à travers laquelle nous mène peu à peu la scénographie. C’est l’histoire d’une famille, d’une Parisienne, d’une vendeuse et d’une maison de couture, injustement tombée dans l’oubli aujourd’hui. La complémentarité des collections du Palais Galliera, du musée Carnavalet et des Archives de Paris redonne à la maison Chéruit la place de tout premier plan qui était la sienne au début du siècle dernier et qui contribuait grandement à faire de Paris la capitale de la mode, reconnue dans le monde entier.



Parcours


Passé le seuil de l’exposition, le visiteur pénètre dans un monde mythique qui a fait la réputation inégalée de Paris, capitale de la mode, reconnue dans le monde entier. 
En compagnie d’Alice Alleaume, fil rouge de cette exposition, quelque 400 pièces exceptionnelles, robes et accessoires, échantillons textiles, peintures, estampes et photos, manuscrits et albums, provenant du Palais Galliera, du musée Carnavalet, des Archives de Paris et des archives familiales, se dévoilent peu à peu offrant un panorama diversifié de cet univers luxueux. 


Le parcours professionnel d’Alice Alleaume, première vendeuse chez Chéruit, sert de trame au visiteur à travers les quatre étapes importantes de sa vie. La première section présente les années d’apprentissage et l’influence familiale qui l’ont conduite vers le monde de la haute couture. La deuxième section évoque le milieu parisien de la mode dans le quartier de la place Vendôme et de la rue de la Paix. La troisième section, coeur de l’exposition, se focalise sur la carrière d’Alice Alleaume au sein de la maison Chéruit. Enfin, la dernière section consacrée aux années 30 révèle la grande sûreté de goût et l’originalité de cette élégante, qui incarne le chic parisien.