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“théâtre du monde” une exposition des collections de David Walsh
à la maison rouge, Paris

du 19 octobre 2013 au 12 janvier 2014   (prolongée jusqu’au 19 janvier 2014)



www.lamaisonrouge.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 18 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Gauche : Andres Serrano, The Morgue (Blood Transfusion Resulting In AIDS), 1992, en haut à droite : divers objets et œuvres des collections du MONA et du TMAG, premier plan : Jannis Kounellis, 'Untitled', 2012. © MONA/Rémi Chauvin Image Courtesy MONA Museum of Old and New Art, Hobart, Tasmania, Australia.
2/  Gauche: Oleg Kulik, Family of the Future, 9, 1997, centre: Berlinde De Bruyckere, P XIII, 2008, droite: Sidney Nolan, Centaur and Angel, 1952. © MONA/Rémi Chauvin Image Courtesy MONA Museum of Old and New Art, Hobart, Tasmania, Australia.
3/  Centre : Jake and Dinos Chapman, Great Deeds Against the Dead, 1994 ; au fond : Sidney Nolan, African Monkey, 1963 ; papier peint : Robert Gober, Hanging Man/Sleeping Man, 1989. © MONA/Rémi Chauvin Image Courtesy MONA Museum of Old and New Art, Hobart, Tasmania, Australia.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Une peinture aborigène sur de l’écorce, un sarcophage égyptien, une vidéo de deux chiens suivant du regard le flottement d’un ruban au vent d’un ventilateur, une toile de Basquiat, un cercueil ghanéen en forme de Mercedes, un tirage photographique en noir et blanc, un squelette de singe assis sur une chaise, un vase en porcelaine Qing, un tapis de prière afghan orné d’une Kalashnikov, une série de scarabées disposés en cercle par ordre croissant de taille, un homme à tête de cheval dessiné au fusain, une peau de porc tatouée...

La Maison Rouge de Paris réinvente le cabinet des curiosités et nous en présente la version du XXIé siècle. L’entrée se fait à travers un étroit tunnel sombre où seules les oeuvres sont éclairées. Tout de suite le spectateur est volontairement égaré, livré à lui-même face à un mélange d’objets de toutes origines et époques. Sans cartels identifiant ce qui est exposé, il ne dispose que d’un mince guide qui lui est remis à l’entrée, liste numérotée dans laquelle il finit par se perdre. Comme Alice traversant un terrier pour déboucher dans un monde fantastique, nous voilà projetés dans une folle géographie, troublante et dangereuse, munis d’une carte routière, outil dérisoire et désuet face à l’extraordinaire plongée qui nous attend.

Si la succession de salles est organisée en thématiques, la juxtaposition chaotique d’œuvres court-circuite de façon délibérée l’intellect et nous force à nous appuyer sur nos sens. L’exposition respecte l’approche originale de David Walsh qui souhaite rendre l’art accessible à tous et refuse la vision élitiste d’un musée destiné à une classe particulière. La scénographie pose les bases d’une réflexion et d’une compréhension culturelle basées sur les impressions et place les visiteurs sur un même niveau, effaçant toute différence de classe et de niveau d’instruction. Les pièces se côtoient, dialoguent, s’opposent dans un anonymat salvateur. Une œuvre de Damien Hirst ou de Giacometti est ainsi mise à égalité avec le travail d’artisans anonymes: une étoffe ethnique, une théière ou un pied d’appareil photo, abolissant ainsi la hiérarchie de valeurs établie par le marché de l’art.

A travers ce dédale hétéroclite c’est l’humanité tout entière qui se trouve réunie. Au-delà des frontières du temps et de l’espace, tous les continents et toutes les époques trouvent leur place dans ce grand marché. Sauf qu’ici il n’y pas de prix affiché, nous sommes libres de décider par nous-mêmes de la valeur des choses, une estimation subjective qui ne se rapporte plus qu’à la mesure de nos sentiments. C’est une des expositions les plus contemporaines et inspirantes de la saison. Elle nous offre une vision planétaire et intemporelle de l’art, un périple festif, triste, choquant, heureux et ludique dans le dénominateur commun de l’humanité: notre capacité de créer et d’émouvoir.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l’exposition : Jean-Hubert Martin

commissaire adjoint : Olivier Varenne

Pour sa dixième exposition de collection particulière, la maison rouge invite le collectionneur David Walsh, fondateur du MONA (Museum of Old and New Art) en Tasmanie et le Tasmanian Museum and Art Gallery (TMAG). Puisant dans la collection personnelle de David Walsh, en même temps que dans la collection du Tasmanian Museum and Art Gallery (TMAG), Jean-Hubert Martin met en regard des objets a priori « hétérogènes », en remettant en question les conventions muséologiques usuelles. Intitulée « Théâtre du monde » en référence aux travaux menés pour François Ier par Giulio Camillo sur le théâtre et la mémoire, l’exposition a l’ambition de suggérer de nouvelles pistes de lecture en réaction au discours historique courant, faisant de l’oeil un instrument actif d’investigation et de compréhension du réel.

Théâtre du monde est une exposition dans laquelle se mêlent des pièces extra-occidentales (une salle entière sera consacrée à une exceptionnelle collection de tapas océaniens), des éléments de cabinet de curiosités, des antiquités, de l’art ancien et des oeuvres d’artistes contemporains parmi lesquels, Marina Abramovic, Berlinde de Bruyckere, Jake & Dinos Chapman, Wim Delvoye, Emily, Damien Hirst, Zilvinas Kempinas, Iannis Kounellis, Juul Kraijer, Sidney Nolan, Claude Rutault, Markus Schinwald, Jason Shulman, Felice Varini, Sandra Vásquez de la Horra, Erwin Wurm, Ah Xian…

L’exposition établit des relations de forme ou de sens en harmonie ou en contrepoint entre ces oeuvres provenant d’horizons différents. Sont ainsi mises au jour des correspondances inattendues, dévoilées à travers une série de thématiques telles que le regard, le corps, le double, la guerre, etc. Une salle entière est consacrée à une exceptionnelle collection de tapas polynésiens et mélanésiens du Tasmanian Museum and Art Gallery.


David Walsh


David Walsh est un collectionneur australien, mécène, mathématicien, viticulteur… célèbre pour avoir construit sa fortune grâce aux jeux qu’il découvre à l’université alors qu’il poursuit de brillantes études de mathématiques dans les années 70. Personnalité hors-norme, il a commencé dès son plus jeune âge à collectionner des timbres, des livres, des pièces de monnaies. Puis il s’est intéressé à la numismatique grecque, l’archéologie, les Arts Premiers et enfin l’art contemporain. C’est poussé par un besoin compulsif de collectionner et un désir insatiable d’apprendre, qu’il a fait l’acquisition de plus de 2000 pièces. En 2011, David Walsh a ouvert un musée aussi gigantesque que surprenant : le “Mona” (Museum of Old and New Art), qu’il qualifie de “Disneyland subversif pour adultes”. Situé en Tasmanie, à Hobart, le Mona est aujourd’hui un des plus grands musée d’Australie avec ses 9.000 m2 d’exposition et ses trois niveaux creusés dans la falaise. Une rampe tunnel de 17 mètres de long permet d’entrer dans des espaces sombres et labyrinthiques où est exposée sa collection hétéroclite : des oeuvres de cultures, d’époques et de provenances diverses se côtoient dans un accrochage défiant les conventions de l’histoire de l’art. Dans ce lieu exceptionnel, qu’il a voulu éloigné du conventionnel white cube afin de « retirer le stress que le musée génère pour ceux qui ne sont pas des intellectuels », David Walsh accueille les visiteurs avec son look décontracté et ses cheveux longs.