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“Le surréalisme et l’objet” article 1149
au Centre Pompidou, Paris

du 30 octobre 2013 au 3 mars 2014



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 29 octobre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Meret Oppenheim, Ma gouvernante, 1936. Métal, chaussures, fil, papier, 14 x 21 x 33 cm. Moderna Museet, Stockholm. © Adagp, Paris 2013.
2/  Hans Bellmer, La Poupée, 1933-1936. Objet articulé, Bois peint, papier mâché collé et peint, cheveux, chaussures, chaussettes, 61 x 170 x 51 cm. Centre Pompidou, musée national d’art moderne Dist. RMN-GP. Photo : Philippe Migeat, Centre Pompidou. © Adagp, Paris 2013.
3/  Brassaï, Billet d’autobus roulé, 1932. De la série Sculptures involontaires. Épreuve gélatino-argentique, 23,5 x 17 cm. Centre Pompidou, musée national d’art moderne Dist. RMN-GP. Photo : Georges Meguerditchian, Centre Pompidou. © Estate Brassaï – RMN-Grand Palais.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Avec plus de 200 œuvres, réalisées par quarante-trois artistes, parmi lesquels on retrouve les incontournables Marcel Duchamp, René Magritte et Man Ray, le Centre George Pompidou rappelle l’histoire de l’objet surréaliste, nouveau vecteur d’une poésie étrange et subversive.

Fantasmagories
C’est dans une semi-obscurité, cette même semi-obscurité qui caractérisait les expositions surréalistes des années 1930, que l’on découvre ces objets du quotidien aux silhouettes parfois insolites. Suspendus au plafond par des fils (le fameux Porte-bouteilles de Marcel Duchamp et ses pointes acérées, 1914), enfermés dans des cubes de verre qui instaurent une forme de distanciation ou au contraire offerts directement aux spectateurs, seuls ou faisant partie d’un tout hétéroclite, ils transforment l’exposition en véritable cabinet de curiosité. Si le parcours se veut chronologique, il s’articule autour d’une longue allée centrale investie par des artistes contemporains qui ont répondu à leur façon aux œuvres et aux démarches surréalistes, elles-mêmes présentes dans les salles adjacentes consacrées entre autres à de grandes figures du mouvement, Hans Bellmer et Alberto Giacometti notamment. Cette profusion d’objets exposés tels quels ou détournés, de sculptures résultant d’extravagants assemblages, comme ce Soulier de Gala de Dalí (1931) où une chaussure rouge sang accueille bougeoir et boîtes d’allumettes, et de photographies qui transforment la réalité en abstraction grâce à l’association de plusieurs éléments (Champs délicieux, Man Ray, 1922), recrée ainsi un monde à la fois familier et pourtant profondément troublant. Car l’angoisse, le malaise s’insinuent parfois devant la vision de ces mannequins, fil rouge de l’exposition, aux membres tordus et aux sourires figés et inquiétants (Fear of Mannequins, Paul McCarthy, 1971, et Sex Picture Series, Cindy Sherman, 1992). L’objet surréaliste élabore une poésie qui part du réel pour mieux le bouleverser.

Chahuter les normes
Comme tout procédé artistique, l’utilisation de l’objet du quotidien est vouée à évoluer dans le temps et les pratiques. Les premiers « ready-made » de Marcel Duchamp témoignent déjà de la radicalisation du surréalisme qui se dresse surtout contre la fétichisation et la vision idéalisée de l’œuvre d’art. Ses peignes et bobines de laiton, les sacs et fers à repasser de Man Ray (Cadeau, 1921) sont œuvres parce que leurs « créateurs » ont en décidé ainsi. C’est donc d’abord le regard de l’artiste qui transforme l’objet et lui donne une valeur inédite. Puis ce dernier se détache peu à peu de sa forme première pour s’inscrire dans un ensemble hétéroclite et abstrait qui sollicite l’imagination. Les Objets à fonctionnement symbolique imaginés par Dalí et André Breton constituent alors de véritables compositions auxquelles nulle réflexion ne semble avoir présidé, si ce n’est l’intérêt pour leurs structures et leurs couleurs. Plus tard, Alexander Calder puis Joan Miró vont pousser la démarche plus loin en élaborant des sculptures où l’objet, dépouillé de toute signification, fonctionne comme l’élément, le matériau de base permettant la construction. Les étapes du parcours dévolues aux expositions organisées dans les années 1930 autour du surréalisme démontrent enfin l’importance croissante de l’influence que l’art primitif a pu exercer sur lui, à commencer par celle de la galerie Charles Ratton, en mai 1936. Aux côtés de masques et statuettes à dimension sacrée, se retrouvent des parodies d’œuvres d’art célèbres, telle cette Vénus de Milo aux tiroirs, réalisée par Dalí, qui prouvent encore, si besoin était, que le surréalisme est surtout profondément irrévérencieux. Prendre l’objet et le déclarer « art », choquer en bousculant les normes plastiques occidentales, c’est redéfinir le réel et l’investir de poésie.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :

Didier Ottinger, conservateur en chef, directeur adjoint du musée national d’art moderne

Maria González Menendez, chargée de recherche

Cathy Gicquel, chargée de production


Pascal Rodriguez, architecte/scénographe


Avec «Le Surréalisme et l’objet», première exposition d’ampleur consacrée aux pratiques sculpturales du Surréalisme, le Centre Pompidou invite le visiteur à renouveler son approche d’un mouvement majeur des avant-gardes du XXe siècle, au moment où son importance historique ne cesse d’être réévaluée tandis que s’affirme son influence sur la création actuelle.

Du premier ready-made de Marcel Duchamp, le fameux « porte-bouteille » de 1914, aux sculptures de Miró de la fin des années 1960, l’exposition retrace, à travers ses différentes étapes, l’histoire de la « mise au défi » surréaliste de la sculpture par le recours à l’objet quotidien.

Didier Ottinger, commissaire de l’exposition, directeur adjoint du musée national d’art moderne, pose un nouveau regard sur le mouvement surréaliste en développant l’hypothèse selon laquelle, avec l’adhésion, à partir de 1927, d‘André Breton et des figures les plus influentes du mouvement au « matérialisme dialectique », la promotion de l’objet s’impose pour les Surréalistes comme une réponse possible à un contexte idéologique qui récuse l’appel aux puissances du rêve et de l’inconscient. « Objectivation du rêve », l’objet s’impose à eux comme un agent efficace d’une subversion poétique de la réalité.

L‘histoire de l’objet surréaliste s’ouvre avec la « Boule suspendue » (1930-1931) d’Alberto Giacometti. L’évocation de l’ « Exposition surréaliste d’objets » organisée à la galerie Charles Ratton en mai 1936 constitue le point d’orgue de l’exposition. Les sculptures réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale par Max Ernst, Alexander Calder ou Pablo Picasso, témoignent de la place que ne cesse plus, dès lors, d’occuper l’objet dans l’art surréaliste, dans une pratique de la sculpture qui s’apparente alors à un art de l’assemblage.

À travers plus de 200 oeuvres, dont nombre de chefs-d’oeuvre de Giacometti, Dalí, Calder, Picasso, Miró, Max Ernst ou Man Ray, « Le Surréalisme et l’objet » rend compte des moments-clés de cette réflexion, ainsi que de sa postérité féconde dans l’art contemporain.



Extrait du texte du commissaire
Le Surréalisme par Didier Ottinger, coll. Mouvements aux Éditions du Centre Pompidou

« Transformer le monde », a dit Marx, « changer la vie », a dit Rimbaud, « ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un » *

Par son ambition résolument extra-culturelle, par sa longévité, le surréalisme occupe une place singulière dans l’histoire des avant-gardes du XXè siècle. Davantage qu’à un mouvement artistique voué à la promotion de formes inédites, c’est à une philosophie, à une science d’un nouveau type que s’apparente le mouvement fondé par André Breton. Développant son action sur plus de quatre décennies, le surréalisme n’a cessé de se réinventer, restaurant son énergie originelle en sachant accueillir de nouvelles générations de poètes et d’artistes. Surmontant ses nombreuses crises, il aura su profiter de chacune d’elles pour ouvrir les voies de nouveaux engagements, pour reconsidérer ses grandes options théoriques. En dépit de ses évolutions, qui ont pu parfois le conduire à la palinodie (quant à la nature de son engagement politique, de la relation au « réel »), c’est à la vigilance de son fondateur, André Breton, que le surréalisme a dû de s’être toujours trouvé au centre des débats de son temps.
L’affirmation de la liberté imprescriptible de l’artiste, celle d’une création affranchie de tout ordre esthétique ou moral, ont assuré au surréalisme une popularité, une audience que le temps n’a jamais démenties.

* André Breton, « Discours au Congrès des écrivains » (Paris, juin 1935),
OEuvres complètes, Paris Gallimard, « La Pléiade », t. II, 1992




Les artistes


Cette exposition présente les oeuvres de quarante-trois artistes :
Jean Arp, Hans Bellmer, Brassaï, Victor Brauner, André Breton, Claude Cahun, Alexander Calder, Salvador Dalí, Girogio De Chirico, Oscar Dominguez, Marcel Duchamp, Gala Eduard, Max Ernst, Willelm Freddie, Alberto Giacometti, Maurice Henry, Jacques Hérold, Valentine Hugo, Radovan Ivsic, Marcel Jean, Frederick Kiesler, René Magritte, Man Ray, Marcel Mariën, André Masson, Joan Miró, Meret Oppenheim, Wolfgang Paalen, Mimi Parent, Pablo Picasso, David Smith.


Un contrepoint contemporain est apporté par des oeuvres de Mark Dion, Mona Hatoum, Arnaud Labelle-Rojoux, Philippe Mayaux, Paul Mc Carthy, Théo Mercier, Présence Panchounette, Ed Ruscha, Cindy Sherman, Haim Steinbach, Alina Szapocznikow, Wang Du.




Le parcours de l’exposition

L’exposition Le Surréalisme et l’objet propose en Galerie 1, un parcours chronologique composé de 12 salles, des objets apparus dans le contexte de Dada (Duchamp, Man Ray, Arp) aux sculptures tardives de Miró.


Les métamorphoses survenues à « l’objet trouvé » de Marcel Duchamp et « au mannequin » de Giorgio de Chirico - qui apparaissent l’un et l’autre en 1914 - constituent les fils rouges et entrecroisés de l’exposition.


Les salles consacrées aux oeuvres qui ponctuent l’histoire du Surréalisme et de l’objet (Objets à fonctionnement symbolique, Poupée de Bellmer, Exposition de 1936…) sont distribuées par une galerie centrale dans laquelle sont regroupées les oeuvres contemporaines qui font échos aux recherches surréalistes (Ed Ruscha, Mona Hatoum, Heim Steinbach, Cindy Sherman…).


Des extraits du film « Grandeur Nature » de L. G. Berlanga,1973, et des documents historiques sont projetés sur des écrans translucides qui forment l’architecture de l’exposition et rythment le parcours.


L’exposition témoigne de l’atmosphère du « parc d’attraction » ou du « train fantôme » à laquelle les critiques des années 1930 et 1950 comparaient les expositions historiques du surréalisme.




Pour accompagner l’exposition, plusieurs publications sont éditées par les Éditions du Centre Pompidou : le Dictionnaire de l’objet surréaliste, dictionnaire-catalogue de 384 pages, 203 illustrations et 72 images documentaires, sous la direction de Didier Ottinger, commissaire de l’exposition, publié en coédition avec les Éditions Gallimard ; Surréalisme, collection « Mouvements », une découverte du Surréalisme à travers un parcours chronologique et une sélection des oeuvres majeures du mouvement, par Didier Ottinger ; l’album illustré de l’exposition « le Surréalisme et l’objet », un parcours en images de l’exposition conçu par Emmanuel Guigon, directeur des musées de Besançon ; un album pour le jeune public, Le Surréalisme à l’usage des enfants.