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“Bourdelle intime” article 1164
au Musée Bourdelle, Paris

du 13 novembre 2013 au 23 février 2014



www.bourdelle.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 12 novembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Anonyme, Pierre et sa mère, s.d. D’après un négatif au gélatino-bromure d’argent sur plaque de verre. © Musée Bourdelle / Roger-Viollet.
2/  Anonyme, Dans l’atelier, vers 1907. Tirage au gélatino-bromure d’argent. © Musée Bourdelle / Roger-Viollet.
3/  Anonyme, Antoine Bourdelle dans l’atelier, s.d. D’après un négatif au gélatino-bromure d’argent sur plaque de verre. © Musée Bourdelle / Roger-Viollet.

 

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Interview de Stéphanie Cantarutti, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 5 décembre 2013, durée 9'13". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Stéphanie Cantarutti, Conservateur du Patrimoine


Depuis plusieurs saisons, le musée Bourdelle – lieu de vie et de création du sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929), situé au coeur de ses anciens ateliers de Montparnasse en partie préservés – décline le thème de l’atelier à travers sa programmation. A l’automne 2013, « Bourdelle intime » explore à son tour la dimension tout intérieure de l’oeuvre du sculpteur, à travers la sélection d’une centaine d’oeuvres issues de ses riches collections.

En puisant dans l’exceptionnel fonds photographique conservé par l’artiste et sa famille (près de 15 000 images, tirages et négatifs réunis), l’exposition ouvre une perspective inédite sur l’atelier du sculpteur, lieu de création mais aussi de vie familiale.

Avec une iconographie riche et variée – sculptures, dessins, peintures, archives, et photographies anciennes, pour la plupart inédites – l’exposition offre un rare témoignage de la naissance et de l’activité, pendant plus de quarante ans, des ateliers du Maître à Montparnasse, où artistes voisins – Eugène Carrière et Jules Dalou notamment – camarades, élèves, praticiens, visiteurs, se côtoient, se mêlent et s’influencent.

L’exposition livre aussi un portrait intime du sculpteur, levant le voile sur sa vie personnelle. Marié à deux reprises et père de deux enfants – à qui il appartiendra de faire vivre le souvenir du père et l’oeuvre de l’artiste – Bourdelle s’inspire de sa famille pour créer d’émouvantes figures aux accents intimistes. À l’exception de certains sujets traités en bronze, les sculptures présentées en terre et plâtre, témoignent de l’étape fragile de création des esquisses intimes, souvent conservées dans le secret de l’atelier. Elles permettent un regard nouveau sur l’oeuvre sculpté de Bourdelle, souvent associé au monumental et au bronze.



Le parcours de l’exposition

1 - Le lieu de l’intime : habiter l’atelier

Originaire de Montauban, Antoine Bourdelle suit une formation académique qui le conduit à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse puis à celle de Paris dans les années 1880. Lorsqu’il s’installe impasse du Maine (aujourd’hui rue Antoine-Bourdelle) en 1885, le jeune sculpteur est heureux de dénicher dans un Montparnasse à demi champêtre, un atelier au coût modeste. Très vite, Bourdelle demande à ses parents de le rejoindre. Ils louent une maison sur la parcelle du 16 de l’impasse. Son père, menuisier- ébéniste, ouvre un petit commerce, dans le pavillon donnant sur la rue. Enraciné désormais à Montparnasse, Bourdelle occupe à la fin de sa vie pas moins de dix ateliers aux n° 16 et 18 de l’impasse. Il y pratique la sculpture mais également la peinture et le dessin. Une série de photographies inédites présente les ateliers tels que les a connus l’artiste. Le musée en a préservé le souvenir vivace. À l’atelier, Bourdelle n’est jamais seul. Élèves, collaborateurs – appelés également « praticiens » –, visiteurs, camarades, forment une communauté artistique tour à tour joyeuse et industrieuse. Le peintre Eugène Carrière et le sculpteur Jules Dalou – singulièrement absents des photographies de l’époque – font notamment partie des voisins installés à proximité, avec lesquels le dialogue est fécond. D’autres artistes fréquentent également l’atelier, à l’instar d’Henri Matisse ou d’Auguste Rodin.

2 - L’objet de l’intime : une famille à soi
Bourdelle aime portraiturer les femmes qui le séduisent : nombreux sont les dessins, photographies et sculptures qu’il réalise dès les débuts de sa liaison dans les années 1890, avec Marie Laprade, issue d’une famille de la bourgeoisie montalbanaise. Marié par la suite, avec Stéphanie Van Parys en 1903, puis en 1912 avec Cléopâtre Sevastos – surnommée Mauviette – son élève grecque, Bourdelle fait de ces femmes ses modèles et muses. Les figures qu’elles lui inspirent, comptent parmi les plus ambitieuses et les plus abouties de sa production (Pénélope, Les Pommes, Femme bras dans le dos, Femme sculpteur au repos). Certains dessins, peintures ou photographies s’y rapportent et sont longtemps restées dans le secret de l’atelier de l’artiste. Frère et soeur, Pierre (1901-1966) et Rhodia Bourdelle (1911-2002) n’ont pourtant pas grandi l’un près de l’autre. Leurs vies et carrières respectives sont déjà presque lisibles au travers des oeuvres de leur père : Bourdelle imagine d’abord son fils comme un Jeune sculpteur au travail avant que les circonstances familiales ne les éloignent – Pierre Bourdelle s’installe aux États-Unis pour embrasser une carrière de peintre et de sculpteur, hors de l’ombre de son père. Quant à Rhodia, surnommée « Poucette » ou « Amourette », elle est la fille chérie d’un père déjà âgé. Avec sa mère Cléopâtre, elle consacrera sa vie à la préservation et à la diffusion de l’oeuvre de son père, mort en 1929. En 1949, toutes deux deviennent conservateurs à vie du musée Bourdelle inauguré la même année.

3 - « L’intimité des formes » : créer (à) la mémoire
L’expression « intimité des formes », utilisée par plusieurs critiques et biographes de Bourdelle renvoie à la méthode de travail du sculpteur, partant du noyau architecturé d’une oeuvre pour en édifier les volumes tout autour. Par extension, la formule s’applique à tout un pan du travail photographique de l’artiste, qui utilise ses clichés personnels comme modèles de peintures ou de sculptures. Cette même intrication de l’intime et de l’œuvre achevée se retrouve dans l’organisation d’archives personnelles, que Bourdelle conserve, classe et annote avec soin, – y compris pour des éléments donnant accès au secret des affaires de famille. Vers la fin de sa vie, Bourdelle se prête au jeu de la biographie. Il choisit de dévoiler certaines de ses oeuvres les plus personnelles, par le canal de la presse ou la publication à partir de 1925 des six volumes de son Œuvre assortis d’une autobiographie : ses origines familiales, sa vie à l’atelier, autant d’images employées pour bâtir la légende de l’artiste. Bourdelle, en rémission durant les quatre dernières années de sa vie, réfléchit à la mort prochaine. Il espère la création du musée qui portera son nom et travaille à une série d’oeuvres de petites dimensions : La Mort du cygne, Asclépios, Hamadryade, le Cruchon. Après sa mort survenue le 1er octobre 1929, sa veuve et sa fille confient à son ami Eugène Rudier, l’un de ses fondeurs attitrés, le soin de traduire en bronze ces oeuvres ultimes.