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“Le Siècle d'or de l'éventail” Du Roi Soleil à Marie-Antoinette
au musée Cognacq-Jay, Paris

du 14 novembre 2013 au 2 mars 2014



www.cognacq-jay.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 13 novembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  La prise du fort Saint-Philippe près de Gibraltar. Vers 1756. Ivoire, burgau, papier, gouache. Collection particulière. © Martine Beck Coppola.
2/  Scènes pastorales. Vers 1780. Ivoire, papier, gouache. Miniature sous verre dans le panache. Collection Maryse Volet . © Martine Beck Coppola.
3/  Pygmalion et Galatée, le sculpteur amoureux de son œuvre. Vers 1780-1790. Ivoire, peau, gouache. Collection Maryse Volet . © Martine Beck Coppola.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Le musée Cognacq-Jay se propose de nous faire redécouvrir l’éventail, que l’on tend à réduire à sa fonction première, celle de nous rafraîchir. En 70 objets remarquables par leur élégance, l’exposition retrace un siècle de création française, de l’époque de Louis XIV à la Révolution, et rend hommage à cet accessoire à la portée sociale encore méconnue.

Symbole multiple
Dans une lumière tamisée en parfaite harmonie avec le sujet, les éventails dévoilent leurs couleurs douces et leurs scènes inspirées de la vie et des mœurs de l’époque. Paysages de Paris où se presse la foule des badauds, événements qui rythment les jours à la cour, victoires militaires célébrant la puissance de la famille royale (La prise du fort Saint Philippe, 1756) ou encore épisodes célèbres de la mythologie (la dramatique rencontre entre Diane et Actéon), voilà les thèmes qui servent le plus fréquemment à orner cet élégant accessoire de mode. Objet investi d’une forte dimension sentimentale, il constitue aussi bien un atout de séduction – quel visage peut bien se dissimuler derrière cette feuille colorée qui ne laisse voir que deux yeux charmants ? – qu’un moyen de découvrir l’intimité d’une femme. Témoin insolite de l’histoire mais nécessairement éphémère, il dépeint souvent des faits ponctuels marquants, tel la naissance du Dauphin, et sa création s’appuie sur des codes et un langage symbolique précis. La représentation de l’enlèvement d’Europe par Zeus évoque ainsi le mariage, et arborer une scène, de bataille ou autre, où émerge la figure du roi revient à afficher en public son soutien à la famille royale. Car au-delà de leur aspect décoratif, les éventails véhiculent aussi une portée sociale. Parce que rarement les belles dames les portent deux fois de suite, parce qu’ils occupent constamment le creux de leurs paumes, empêchant ainsi toute activité manuelle, ils signalent l’appartenance de leurs brillantes propriétaires à une classe de riches oisifs, la seule qui peut alors s’offrir ces accessoires dispendieux.

Bijou précieux
Parce que l’éventail, et l’exposition le démontre clairement, constitue alors un objet de luxe. Issu des ateliers d’éventaillistes français, dont l’excellence domine le marché européen, il est le produit d’un long travail de confection impliquant plusieurs corps de métier, dont les plus importants sont avant tout les peintres et les tabletiers. Les images qui décorent les feuilles, le plus souvent réalisées à la gouache, s’apparentent en effet à de véritables peintures, et connaissent parfois une seconde existence sous forme de vrais tableaux, où se succèdent les scènes et les motifs floraux inspirés de l’art classique. L’éventail se distingue aussi par la richesse étonnante de ses matériaux. Dans une démonstration d’élégance et de raffinement, il allie le papier, ou même la soie, à l’ivoire et à la nacre de sa monture délicatement gravées et rehaussées d’or. Sur un fond neutre, des faisans habillés de plumes naturelles partagent l’espace avec des paillettes dorées qui étincellent sous la lumière dans un paysage pastoral aux tons doux. Plus loin, Le Festin (1750) exhibe sa monture somptueusement travaillée où les fleurs opulentes s’enroulent autour d’oiseaux délicatement peints puis gagnent la feuille et se répandent sur ses pourtours. Avec les progrès techniques, les éventails deviennent des curiosités où s’insèrent d’ingénieux mécanismes – parfois délicieusement superflus – qui permettent d’intégrer thermomètre, loupes ou encore portraits coulissants. Autant d’éléments qui en font de précieux bijoux, bien loin de sa fonction première et pratique.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
José de Los Llanos, commissaire général
Georgina Letourmy-Bordier, commissaire scientifique



Le musée Cognacq-Jay rend hommage à l’excellence des éventaillistes parisiens au XVIIIème siècle et propose à travers 70 pièces exceptionnelles, empruntées à des collections publiques et privées, de redécouvrir un objet mythique, familier et pourtant méconnu. Fragile, à la fois discret et somptueux, l’éventail est un accessoire emblématique des grâces de l’Ancien régime.

Objet de mode et objet d’art, il allie un savoir-faire artisanal poussé à son ultime perfection et un souci constant de renouvellement au grès des évolutions du goût. Importé d’Asie à la Renaissance, au milieu des cargaisons d’épices et de soies, l’éventail est adopté en France sous le règne de Louis XIV. Une corporation spécifique, celle des éventaillistes, créée en 1678, assure rapidement la domination des artisans français en Europe. Au cours du XVIIIème siècle, Paris devient ainsi la capitale de cet objet aristocratique et artistique dont les décors suivent la production des peintres à la mode (Boucher, Watteau, Lancret mais aussi Le Brun, Coypel, ou Lemoyne) et qui participe à la diffusion de l’art français en Europe.

Á travers ces objets de raffinement et de distinction sociale, accessoires privilégiés des dames de la haute société, l’exposition propose un panorama historique du XVIIIème siècle français: Jour après jour : de la toilette à la promenade, des travaux des champs aux joies paysannes ; Versailles, la vie de la cour et du royaume : naissances et mariages royaux, victoires militaires ; Dieux et héros antiques, vie religieuse ; Divertissements et jeux d’amour : entre comédie et galanterie ; Découvertes scientifiques et innovations techniques.

Au-delà des fantasmes véhiculés dans l’imaginaire collectif sur un « langage de l’éventail » dans les cercles de la cour, l’exposition montre comment cet accessoire est aussi un outil de communication sociale, au travers notamment des scènes qui y sont figurées.

Le visiteur du musée Cognacq-Jay redécouvre ainsi un objet dont l’excellence artisanale et le raffinement décoratif se combinent à l’intérêt historique.