contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Rodin” la lumière de l’Antique
au Musée Rodin, Paris

du 19 novembre 2013 au 16 février 2014



www.musee-rodin.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 18 novembre 2013.

1175_Antique1175_Antique1175_Antique

Légendes de gauche à droite :
1/  Auguste Rodin, Mariana Russell portant un casque, plâtre, 55 x 26 x 28,5 cm. © musée Rodin, ph. Christian Baraja.
2/  Rodin au milieu de ses antiques, vers 1910, épreuve gélatino argentique. © musée Rodin, ph. A. Harlingue.
3/  Auguste Rodin, Méditation sans bras, plâtre, 54 x 18,8 x 15,9 cm. © musée Rodin, ph. Christian Baraja.

 


1175_Antique audio
Interview de Bénédicte Garnier, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 novembre 2013, durée 3'33". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Commissaire de l’exposition à Arles Pascale Picard, Conservateur du Patrimoine
Commissaire de l’exposition à Paris Bénédicte Garnier,
Responsable scientifique de la collection d’antiques de Rodin
Organisée par le musée départemental Arles antique et le musée Rodin, Paris



L’art antique signifie bonheur de vivre, quiétude, équilibre, raison” - Auguste Rodin, 1911.

« L’antique est ma jeunesse » déclarait Rodin, signifiant par là même que sa passion pour l’antique était une grande source d’inspiration. Cette exposition propose un dialogue passionnant entre les antiques de sa propre collection, ceux venus de prêts extérieurs et les oeuvres du grand artiste.

L’exposition met en scène le lien unissant Rodin à l’antiquité gréco-romaine depuis ses années de formation jusqu’à sa mort en 1917, dans le contexte de l’atelier de l’artiste. Le visiteur découvre une sélection de quarante cinq sculptures, dix-sept dessins et une peinture de Rodin, mises en regard avec douze grands modèles antiques qu’il a admirés – la Vénus de Milo ou le Diadumène, par exemple – et qui entrent en résonnance avec son oeuvre. Le musée Rodin sort pour la première fois de ses réserves quatre-vingt neuf oeuvres de sa collection d’antiques grecs, étrusques et romains, vases et figurines en terre cuite, statues en bronze et en marbre, qui ont été restaurées à cette occasion.

S’il commença par voir l’antique comme un objet de copie, Rodin, dès les années 1880, l’envisagea à travers le filtre des oeuvres de Michel-Ange, sans pour autant abandonner les modèles du Torse du Belvédère ou de la Vénus accroupie. A partir des années 1890-1900, le sculpteur s’appropria totalement la leçon de l’antique, en dépassant la question de l’influence, pour y puiser « bonheur de vivre, quiétude, grâce, équilibre, raison » La trace de l’antique, celle de la Vénus de Milo, en particulier, presque invisible, réapparaissait alors dans ses oeuvres tardives, comme la Méditation ou le Monument à Whistler, exemples de son travail sur la figure partielle. Avec la figure de L’Homme qui marche, Rodin inscrivait sa modernité dans la tradition des torses héroïques. Rodin retrouvait dans l’observation de la nature, désormais seule source de son inspiration, ce « sentiment antique » qui transparaît dans ses portraits, comme Pallas au Parthénon.

À la même époque, le sculpteur accumula une gigantesque collection d’antiques, parmi lesquels il puisa, parmi les vases grecs en particulier, un matériau d’assemblages pour ses sculptures. Un diaporama présente au public, à travers un choix de photographies anciennes issues des collections du musée, la collection d’antiques dans les lieux de l’artiste ainsi que les pages d’albums de son musée imaginaire. L’exposition a bénéficié de prêts exceptionnels de la National Gallery of Victoria de Melbourne, du Museum of Fine arts de Boston, du Walker Art Gallery de Liverpool, du Victoria and Albert Museum de Londres, du musée d’art et d’histoire de Genève, du musée des Beaux-arts de Marseille, du musée des Moulages de Montpellier, et, à Paris, de la Bibliothèque Nationale de France, de l’École nationale supérieure des Beaux-arts, du musée du Louvre et du musée du Petit Palais.



Parcours de l’exposition
L’Antiquité traversa la vie de Rodin, des années de jeunesse jusqu’à sa mort, telle une leçon, éclairant sans cesse son oeuvre d’un jour nouveau. Tout d’abord objet de copie, puis dans l’ombre de Michel-Ange, l’antique finit par incarner la part lumineuse et heureuse de l’oeuvre du sculpteur et devint le symbole de la nature et de la vie qu’il cherchait à saisir dans sa sculpture et son dessin. Rodin admira avec une ferveur grandissante les modèles de l’Antiquité qui apparurent de manière de plus en plus subtile, presque invisible, dans ses recherches des dernières années. Son bonheur fut alors de vivre à la Villa des Brillants, à Meudon, puis à l’hôtel Biron, entouré d’une collection de plus de six mille antiques. Il acheta auprès des antiquaires parisiens, entre 1893 et 1917, des centaines de fragments grecs, hellénistiques, étrusques ou romains, en marbre et en bronze, ainsi que des vases et autres figurines en terre cuite.

Section 1 : vers l’homme qui marche ou la recherche sur le corps masculin
C’est en regardant quelques célèbres modèles de l’Antiquité et de la Renaissance que Rodin explore la représentation du corps masculin. Dans le musée imaginaire de l’artiste, le sculpteur grec Phidias rivalise avec Michel-Ange. Rodin emprunte tout d’abord la composition de l’antique Torse du Belvédère pour réaliser sa statue du Penseur. Il en retient aussi la leçon du fragment, aussi fort et complet que la figure entière, qu’il illustre dans ses oeuvres partielles, le Torse de l’Étude de Saint Jean-Baptiste puis L’Homme qui marche. « Voici des statues abîmées, trouvées dans des ruines ; et parce qu’elles sont incomplètes, ne sont-elles plus des chefs-d’œuvre », écrivit l’artiste en 1907. Cette vision du corps dans son inachevé apparaît sous la forme des multiples fragments de pieds, de bras et de jambes, qui composent la collection d’antiques du sculpteur.

Section 2 : la naissance de vénus ou l’expression de la figure féminine
A partir des années 1890, Rodin oeuvre à faire émerger sa nouvelle Vénus, à travers plusieurs représentations féminines, toutes saisies dans l’atelier, d’après le modèle vivant. Mais le sculpteur n’ignore rien des modèles antiques. Après s’être inspiré du type de la Vénus accroupie, qui imprègne ses figures féminines des années 1880, il se tourne vers la Vénus de Milo qui impose sa présence, en filigrane, dans les années 1890-1900, à travers la Méditation puis la Muse Whistler. L’antique Vénus de l’Esquilin incarne la quête de plénitude que l’on retrouve dans les œuvres tardives de l’artiste, comme l’Aphrodite, le Torse de jeune femme cambrée ou la Prière. En parallèle, Rodin n’amasse pas moins d’une centaine de fragments de Vénus romaines, qui constitue un vaste répertoire de formes et de drapés.

Section 3 : l’art des métamorphoses, ( fleurs dans un vase )
Dès les années 1895, Rodin pratique l’assemblage des vases antiques de sa collection avec ses propres figures en plâtre. L’objet du passé change de statut pour se confondre avec l’oeuvre, réunis tous deux dans un même espace-temps. Le matériau antique en terre cuite, ou sa reproduction en plâtre, accueille dans sa forme des figures de Rodin pré-existantes, pour la plupart issues de La Porte de l’Enfer, telles des « fleurs dans un vase » (selon l’expression de Rainer Maria Rilke). Ces maquettes peuvent être ensuite traduites en marbre ou en bronze. Autour d’un vase de Canosa, que Rodin admire au musée du Louvre, sont exposés des vases antiques de sa collection, où la figure humaine entre dans la composition du vase et sert d’anse, de panse, de contenant ou de support, comme dans les assemblages de l’artiste.

Section 4 : l’art des métamorphoses, l’hybride
Rodin est un lecteur assidu de la littérature antique, en particulier d’Ovide et d’Apulée. Il y puise tout d’abord l’esprit même de ses sculptures, nées sous le signe de la métamorphose et autrement appelée « assemblage ». Il réinterprète avec de plus en plus de liberté et de distance les grands récits de l’Antiquité : « La mythologie, elle-aussi, n’existe qu’en tant que gardienne des sou!rances éternelles, des joies éternelles qui doivent être recréées à chaque fois par l’artiste... » Le sculpteur se passionne pour l’étrangeté du fragment antique, dont les cassures sont créatrices de « monstres » ainsi que pour la mythologie de l’hybride qui parcoure autant son oeuvre que sa collection.

Section 5 : le dessin de rodin et l’art de l’antiquité
Le dessin est tout d’abord pour le jeune Rodin le médium de la copie, plus ou moins fidèle, des plus célèbres statues de l’Antiquité. Le musée du Louvre ou les recueils de gravures de la Bibliothèque impériale sont ses premières sources d’inspiration. Dès son voyage en Italie, à l’hiver 1875-1876, devant les chefs-d’oeuvre de Michel-Ange et de l’Antique, son trait se fait plus libre vis-à-vis du sujet. Sur les dessins plus tardifs, peu avant 1900, l’Antiquité n’est déjà plus un sujet en soi mais réapparaît, sous forme d’annotations à caractère mythologique, pour qualifier l’attitude d’un personnage, saisi d’après modèle vivant, dans le secret de l’atelier. Ses modèles à demi-drapés ainsi que l’érotisme des figures, renvoient encore à l’art de l’Antiquité.

Section 6 : dans le sentiment antique
C’est dans l’art du portrait – art du fragment par excellence – que Rodin exprime avec le plus de vigueur son rapport à l’antique. Il puise dans la nature même de son modèle, les sentiments d’intériorité, de repli sur soi et de méditation qu’il prête à l’art gréco-romain. À partir du portrait de Mrs Marianna Russell, dont le caractère antique l’a frappé, Rodin dérive vers des versions mythologiques, coi!ées d’attributs iconographiques, Pallas au Parthénon ou Bacchus indien. La tête de Minerve sans casque, enfin débarrassée de tout accessoire, apparaît, en miroir de la Tête Warren, comme un fragment antique. Les graves portraits romains de la collection du sculpteur interrogent a posteriori les recherches de l’artiste sur un de ses premiers bustes, L’Homme au nez cassé.