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“Renaud Auguste-Dormeuil” Il serait temps
à la Fondation d'entreprise Ricard, Paris

du 17 décembre 2013 au 25 janvier 2014



www.fondation-entreprise-ricard.com

 

© Anne-Frédérique Fer, le 17 décembre 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/ 2/ 3/  Renaud Auguste-Dormeuil, Alpenglow. © Renaud Auguste-Dormeuil.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Uncover, vieux numéros de revues italiennes encadrés et maintenus sous verre, découpés dans l’épaisseur du papier pour faire apparaître, tel un photomontage, sur le même plan que l’image figurant sur la couverture, l’une de celles contenues à l’intérieur. Quite as a grave, projection en double, simultanée, du film Vertigo sur deux murs se faisant face, tel un dispositif sonore, une sorte de casque audiovisuel, après qu’un montage ait allégé le film de ses images parlantes et sous-titrées. Galerie de portraits des Collectionneurs d’art pris d’ambition de disparaître un peu et devenir méconnaissables sous les ciseaux de l’artiste qui soustrait leur visage ; images alors encadrées selon leurs vœux et fixées chacune par une barre de soutènement, maintenues les unes par les autres par une structure de bois qui vient insérer une seconde œuvre, Starship, reconstitution de l’apparat funéraire des chevaux conduisant le cortège au cimetière.

Plus qu’un hors-champs rendu visible, Renaud Auguste-Dormeuil nous fait, ici, à la Fondation Ricard, avec ces quatre œuvres, pénétrer dans la profondeur de l’image. En opérant des coupes simples, presque grossières, des soustractions, des disparitions partielles, comme des ponctions du temps, l’artiste fait apparaitre des sous-entendus, des non-dits, mais aussi des postures du pouvoir. Comme si l’image n’était pas plane, comme si l’image contenait plus qu’une seule représentation en 2 D.

Ainsi, les pin-up italiennes illustrant la couverture du journal d’extrême droite Borghese (Bourgeois) découvrent-elles, derrière elles, sortis d’une chair de papier, ici un guérillero arme à la main, là, une bonne sœur guitare sur les genoux. Avec ce jeu de découpe élémentaire, presque enfantin, Renaud Auguste-Dormeuil lève le voile sur les profondeurs de l’inconscient, le non-vu de l’image. Quite as a grave, avec un dispositif de monstration perturbant, en procédant à la soustraction du langage, montre justement l’importance du parlé pour le déroulement narratif et temporel de l’image. Le spectateur est dérouté, incapable de se concentrer. Il reste envoûté par la musique lancinante, trop bien connue, du film. Mais ce moment d’inconfort dépassé, il peut laisser son œil s’aventurer dans l’image. Regarder. Sortir de l’obsession du récit linéaire, de la présence humaine, observer le non-vu, mais toujours perçu de l’image. Les collectionneurs, privés de la séduction du visage, se trouvent réduit à leurs intérieurs, à leur posture d’aisance, comme prisonniers de leur environnement et de leur statut social. Ils sont rappelés au fait que la structure sur laquelle leur image repose est à la fois solide et précaire. Celle-ci est surtout conduite par deux chevaux mortuaires. Sorte de memento mori, l’agencement marque non seulement que la finitude de l’existence nous est commune à tous, mais elle souligne aussi les connexions incestueuses de l’art, de la mort et du pouvoir économique. Tel un jeu de petits-chevaux, simple et inéluctable ? Aussi élémentaire qu’une coupe dans le papier ? Serait-il temps de l’entendre ?

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Cet hiver, la Fondation d’entreprise Ricard présente la première exposition monographique de Renaud Auguste-Dormeuil dans une institution parisienne. Parallèlement, le Musée d’art contemporain du Val-de-Marne lui consacre une exposition.* Pour la Fondation d’entreprise Ricard, Renaud Auguste-Dormeuil présentera de toutes nouvelles productions.


Notes de l’artiste a propos de l'exposition :
« Il serait temps que ça commence, il serait temps que ça s'arrête, il serait temps de faire le bilan, il serait temps de changer de crémerie, il serait temps d'arrêter de dire des conneries, il serait temps de commencer à travailler, il serait temps de se dépêcher, il serait temps de se réveiller, il serait temps de connaître le chemin, il serait temps de se marrer, il serait temps que l'on s'explique, il serait temps que tu te mettes au travail, il serait temps que tu t'en ailles, il serait temps de gagner ta vie, il serait temps qu'on en parle, il serait temps de passer à l'action, il serait temps d'en finir, il serait temps d'arrêter les enfantillages, il serait temps de fuir, il serait temps de foutre le bordel, il serait temps de tuer le père, il serait temps d'y voir un peu plus clair, il serait temps qu'on écrive mon nom correctement, il serait temps que tu te prennes en main, il serait temps de faire une pause, il serait temps de changer de trottoir, il serait temps de devenir une femme, il serait temps de couper les ponts, il serait temps de regarder la réalité en face, il serait temps qu'on arrête de nous prendre pour des cons, il serait temps de revoir nos prétentions à la baisse, il serait temps de changer de ton, il serait temps de s'y mettre, il serait temps de rentrer dans le rang, il serait temps de devenir un homme, il serait temps de demander à Claude Closky d'écrire ce communiqué de presse, il serait temps de manger un morceau, il serait temps de fixer des règles, il serait temps de savoir de quoi on parle, il serait temps de passer à autre chose. »


* INCLUDE ME OUT - exposition monographique de Renaud Auguste-Dormeuil, du 26 octobre 2013 au 19 janvier 2014 au MAC/VAL - Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Commissariat : Frank Lamy.