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“David Lynch” Small stories
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 15 janvier au 16 mars 2014



www.mep-fr.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 14 janvier 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  © Richard Dumas. Portrait de David Lynch.
2/  © David Lynch. Head #15. Courtesy Galerie Item, Paris.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

En marge de la grande exposition autour de Joan Fontcuberta, la Maison Européenne de la Photographie consacre une exposition à David Lynch. Toutes réalisées au cours de l’année 2013, ses œuvres en noir et blanc s’inscrivent dans son univers filmographique par leur étrangeté.

Histoire en séries
De David Lynch, l’on connait les talents de réalisateur et les films aux multiples récompenses (Elephant Man en 1980, Mulholland Drive en 2001). L’on connait en revanche moins le photographe, le plasticien et le designer mais aussi le lithographe. Touche à tout, David Lynch s’approprie tous les supports du moment qu’on lui garantit une totale liberté de création. Il a par ailleurs déjà réalisé plusieurs expositions dans le cours de ces dernières années, dont une en 2007 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain où se sont vues réunies ses œuvres photographiques et sonores. Ici et aujourd’hui, les clichés de David Lynch se répartissent en plusieurs séries différentes qui lui permettent d’explorer thèmes et procédés créatifs. Les Interiors, avec leurs intérieurs vides et dépouillés, deviennent des scènes où se produisent des créatures étonnantes, fantasmagoriques qui se transforment par l’opération du montage. La séries des Windows, quant à elle, s’apparente à une mise en scène de l’œuvre d’art. Fleurs et têtes en pierres sont photographiées à l’intérieur de leur vitrine, séparées un peu plus du spectateur qui doit se contenter d’une image de l’œuvre. Puis viennent ces Still Life, ces dessins qui n’ont de nature morte que le nom. Exécutées dans un épais trait noir et gras, elles alignent des formes géométriques dont certaines rappellent par leurs contorsions les hiéroglyphes égyptiens. Enfin, demeure le mystère de ces visages (la série Head) réalisés selon les règles du portrait classique mais dont la physionomie a été complètement effacée pour ne laisser qu’un vide translucide déchiré parfois par des lignes ou des points noirs. Libre alors au spectateur de projeter sur la surface de ces masques vierges les mouvements de son imagination.

Quand réalité devient cauchemar
Mais tout comme ses films, les œuvres ici présentées de David Lynch invoque un monde agressif, caractérisé par une violence sous-entendue. Marbrées de taches noires qui semblent encrasser et brouillent l’image, les photographies mêlent détails inoffensifs du quotidien et éléments fantastiques qui envahissent progressivement l’espace. Une innocente ballerine dont on distingue les jambes graciles ainsi se transforme dès que l’on lève les yeux sur son visage en un monstrueux insecte (Interior 3). Avec le jeu des lumières et des ombres, où les premières sont blafardes et comme dévorées par le noir profond des secondes, les têtes de pierre de la série Window deviennent tellement difformes que leur caractère humain s’efface irrémédiablement. Quant à l’être représenté dans Man Laughing, il s’apparente plus à un monstre qui hurlerait son agonie qu’à un homme pris d’un énorme éclat de rire. Montages et contrastes confèrent alors à ces images une atmosphère sinistre qui met mal à l’aise. En détournant les objets du quotidien, en leurs donnant une dimension fantasmagorique, David Lynch estompe la frontière entre réalité, hallucination et surtout cauchemar. Heureusement, à la différence de ces Dreams où se côtoient jouets et apparitions fantomatiques pour offrir une vision distordue de l’enfance, certaines œuvres s’avèrent pleines d’une certaine poésie onirique. Telle Seven Candles, dont les sept bougies s’alignent le long d’une plage où viennent mourir les vagues, leurs flammes dressées haut sur le noir du ciel. Barreaux qui empêchent toute fuite vers l’horizon, elles constituent aussi des phares qui guident dans la nuit et dont la lumière diffuse semble se répandre sur toute la surface de l’image. On s’y arrête alors un moment, le temps d’émerger des ténèbres.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires d’exposition :
Patrice Forest, Jean-Luc Monteroso et Pierre Pasebon.




Cinéaste de renom, David Lynch est aussi artiste plasticien, designer et musicien.

Pour la Maison Européenne de la Photographie, qui lui a donné carte blanche, il a imaginé « Small Stories ».

De petites histoires, autour d’une quarantaine de ses photographies en noir et blanc, créées spécialement pour l’exposition.