contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Claire Chevrier” Charleroi
au Musée de la Photographie, Charleroi, Belgique

du 25 janvier au 18 mai 2014



www.museephoto.be

1221_Claire-Chevrier1221_Claire-Chevrier

1/ 2/  Claire Chevrier, Charleroi, 2013 © ADGP.

 


texte de Julie-Marie Duro, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Charleroi est le quatrième volet d’une série de missions photographiques éponymes initiées en 2011 par le Musée de la Photographie. Ces observateurs venus d’un monde où la cité carolorégienne n’existe pas, loin de sa réputation souvent sombre, témoignent à leur manière des mutations de la ville. Après le roman noir de Bernard Plossu, le portrait humaniste de Dave Anderson et les panoramiques au seuil du misérabilisme de Jens Olof Lasthein, Claire Chevrier s’est immiscée dans la ville à plusieurs reprises durant l’été « afin de ne pas surjouer avec le paysage » déjà chargé. Aujourd’hui, elle nous raconte en trois chapitres, accrochés aux cimaises de l’ancien carmel, son Charleroi.

« J’avais envie de commencer par les points hauts pour comprendre comment la ville s’organise. » C’est ainsi que nous nous plongeons littéralement dans les ilots urbains. On (re)découvre comment s’articulent les rues, les pâtés de maisons. On les observe comme on ne pourrait normalement pas les voir, d’un point de vue inaccessible au public. On se concentre alors sur les contours qui modulent la dynamique de la circulation. Au fur et à mesure que l’on se perd dans le dédale de la ville, la structure urbaine émerge telle un circuit électrique avec ses flux et ses réseaux.

On pénètre alors plus en profondeur, comme par un plan rapproché, dans la vie économique de Charleroi. Au fil de l’eau, le long du ring ou aux abords d’un aéroport. Tout est mouvement et transit. Peu à peu, on arrive au cœur de l’activité humaine. « C’est le travail qui m’intéresse. Je ne voulais pas pousser la porte des appartements. » Sur le mur du fond, on fait un dernier arrêt sur image et on s’interroge sur ces espaces en attente, ces lieux en pleine transformation où rien ne se passe mais où tout est encore possible.

Claire Chevrier a charpenté Charleroi à la lumière des questions qui l’animent depuis près vingt ans. De Bombay à Lagos en passant par Le Caire, ce sont toujours les mêmes questionnements. « Charleroi est une métonymie de la vieille Europe, car c’est tout le continent qui est en train de péricliter, de changer. C’est une façade révélatrice de l’Europe. » A l’image du monde d’aujourd’hui, Charleroi n’attend que les lendemains meilleurs pour rebondir. « Les motifs changent parce que les villes changent. Les lieux où je vais changent. Mais c’est toujours la même question que j’affine les années passant : Comment l’homme arrive-t-il a exister dans l’espace qu’on lui concède. »

Julie-Marie Duro

 


extrait du communiqué de presse :

 

Le Musée de la Photographie a proposé à Claire Chevrier de réaliser un reportage photographique sur Charleroi, s’inscrivant dans le cadre des missions initiées par le Musée pour conserver la trace d’une ville en sa mutation. Pendant plusieurs semaines et en l’espace de quatre voyages, la photographe française Claire Chevrier a sillonné Charleroi et ses environs. De cette immersion dans la cité carolorégienne, elle nous livre en une trentaine de photographies couleur sa vision de la ville.

Sur cette mission, Claire Chevrier a écrit ceci : «j’ai tout de suite voulu commencer par les abords de la ville, comprendre sa structure et ses limites, regarder les quartiers et observer les flux. Il était important de travailler le plus possible en extérieur par des journées ensoleillées, je ne voulais surtout pas rajouter une lecture noire par la grisaille mais au contraire que l’on se concentre sur l’agencement des modules constituant la ville.

Dans un deuxième temps, je suis passée de l’extérieur à l’intérieur mais avec la même démarche. Je souhaitais observer des lieux dédiés au travail, des entreprises dans des secteurs divers et pas entrer dans les appartements, dans l’intimité.

Le choix des distances, des cadrages, des détails… est un questionnement de l’espace. Comment on tient un espace, comment on structure une surface déterminée (celle de l’espace et celle de la photo), des espaces en attente où pourraient se jouer différentes histoires. Des images génériques, des espaces ouverts c’est ce vers quoi tend mon travail.»



Claire Chevrier est née en 1963, elle vit et travaille à Paris et Mayet. Elle a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2007-2008. Elle a réalisé plusieurs expositions personnelles importantes : en 2005, au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône, avec ses travaux issus de plusieurs années de voyages de recherche sur différentes mégapoles (Bombay, Rio, Lagos, Le Caire…). Dernièrement, elle a présenté plusieurs expositions monographiques : au Centre de la photographie Île-de-France, à Pontault-Combault et dans «la Salle Blanche» du Musée des Beaux-Arts de Nantes en 2009 ; l’exposition «Connivence 1» au Musée de l’Image à Épinal en 2011, et «Il fait jour» au Centre Régional de la Photographie de Douchy-les-Mines en 2012, ainsi que l’exposition «Camminando» à la Villa Médicis à Rome. Claire Chevrier a également participé à plusieurs expositions collectives depuis 2005.
Elle enseigne par ailleurs à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles depuis 2012.