contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Mehdi Meddaci” Nous nous sommes levés
au Centre Photographique d’Île-de-France, Pontault-Combault

du 2 février au 6 avril 2014



www.cpif.net

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 31 janvier 2014.

1223_Mehdi-Meddaci1223_Mehdi-Meddaci1223_Mehdi-Meddaci

Légendes de gauche à droite :
1/  Mehdi Meddaci, Les yeux tournent autour du soleil, 2013. © Mehdi Meddaci. Courtesy galerie Odile Ouizeman, Paris.
2/  Mehdi Meddaci, Sans-titre, 2013, lambda sous diasec, caisson lumineux, 120 x 180 cm. © Mehdi Meddaci. Courtesy galerie Odile Ouizeman, Paris.
3/  Mehdi Meddaci, Tenir les murs, 2011. © Mehdi Meddaci. Courtesy galerie Odile Ouizeman, Paris.

 


1223_Mehdi-Meddaci audio
Interview de Mehdi Meddaci,
par Anne-Frédérique Fer, à Pontault-Combault, le 31 janvier 2014, durée 15'31". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

L’entre-deux, l’exil, les identités culturelles, le cycle, la mémoire aussi bien que l’imaginaire des lieux sont au coeur de l’oeuvre de Mehdi Meddaci. Le Centre Photographique d’Île-de-France se réjouit de présenter la première exposition personnelle de cet artiste diplômé du Fresnoy de Tourcoing et de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles dans un centre d’art contemporain francilien.

L’exposition nous nous sommes levés - titre envisagé comme un fragment narratif - constitue une installation à l’échelle des espaces, convoquant vidéo, cinéma et photographie. Elle rassemble notamment Les yeux tournent autour du soleil (2013), troisième volet totalement inédit du travail de Mehdi Meddaci, le film Tenir les murs (2011), ainsi que ses photographies regroupées sous l’intitulé Cycle, 2005-2013.

Le travail de ce jeune artiste né en 1980 se construit par strates successives, sous forme de dispositifs ou de modules autonomes. En convoquant les moyens du cinéma et en prenant la forme d’un récit éclaté, le travail de Mehdi Meddaci crée des conditions de réception, d’attente et d’immersion propices à la contemplation. Il élabore un espace dans lequel le public est invité à prendre part, à l’échelle de son corps : un mur blanc, la danse d’un enfant dans l’évitement du danger, un mur bleu, la déambulation d’un choeur muet, un corps qui choit dans l’eau, des trajectoires de barques…

Au commencement, il y a le cheminement d’une pensée, un voyage mental toujours en relation étroite avec un lieu ou un territoire qui lui est sentimentalement proche. À partir d’un souvenir d’enfance, d’un récit familial ou d’un simple geste du quotidien, Mehdi Meddaci tend à la reconstruction d’une histoire, celle d’une trajectoire obsessionnelle entre deux espaces, deux rives de la Méditerranée. Dans l’écart s’insinue l’étrange sensation d’un manque et les signes potentiels de pans occultés de l’Histoire, dont ses films portent inlassablement les marques.

Par le biais de l’image fixe ou en mouvement, il questionne un état d’être au monde, la perception du réel et sa représentation. Il construit et déconstruit une dramaturgie au moyen de techniques cinématographiques et de recherches plastiques fortes. Les temporalités multiples, le ralenti, la boucle, la répétition, le plan fixe, le hors-champ sonore ou visuel sont les procédés récurrents et symptomatiques qu’il utilise au service d’une esthétique maîtrisée. La lumière en est un autre fondement ; l’image se fait tableau, les corps sculptures.

Dans un rapport distancié au réel, il se dégage de ces images une force poétique portée par la sensation d’un flottement du temps, de renversements et de mouvements cycliques, d’une ouverture à d’autres mondes possibles...



L’exposition

Les yeux tournent autour du soleil, 2013

installation vidéo et sonore en quatre volets autonomes, environ 30 min chacun

Les yeux tournent autour du soleil est le tout dernier projet de Mehdi Meddaci. Totalement inédit, il s’agit du troisième volet de son travail après Lancer une pierre (2008) et Tenir les murs (2011). S’inscrivant dans la continuité de ces deux derniers films, ce nouvel ensemble se compose de quatre films autonomes répartis dans les espaces du CPIF en une installation vidéo et sonore. Par une approche « presque » documentaire du souvenir intime et collectif, Mehdi Meddaci poursuit cette quête d’une mémoire des migrations et d’un exil obsessionnel des populations méditerranéennes. Mais il cherche cette fois-ci à donner un sens à un héritage mémoriel, à cette omniprésence du choc, de la blessure et d’un ressenti commun, en étant toujours au plus près des corps dans le présent.

« Il s’agit de faire vaciller le réel à l’intérieur de la réalité, cela par la nécessité du geste de rassemblement considéré comme document. Par la question de la réaction en chaîne et la sensibilité de la répétition, je cherche une libération de la signification dans une économie du visible à la fois sociale et narratologique, où le hors champ se fait ressort fictionnel. » Mehdi Meddaci

Si l’origine de l’ensemble intitulé Les yeux tournent autour du soleil tient à la restitution d’un souvenir réel conté et souvent répété par le père de l’artiste - celui de sa course pour récupérer une pastèque sur laquelle tiraient des militaires dans la casbah d’Alger -, cette pièce est un moyen d’ouvrir le champ à une nouvelle réflexion autour du geste collectif et politique (au sens où il renvoie au peuple, au «vivre ensemble» au sein d’une société) ; soit mettre en histoire un retour vers un pays d’origine à travers la capacité de chacun d’exister au monde.

Cette recomposition d’une mémoire collective par le biais du cinéma, Mehdi Meddaci la cristallise en faisant apparaître pour la première fois dans son travail une tension et une violence latentes liées à la question de « révolution » : un geste cyclique, répétitif et collectif, qui entre en résonance avec un contexte social mondial illustré notamment par les événements du Printemps noir en Kabylie (2001) et la révolution de jasmin en Tunisie (2010-2011).

Mais elle est aussi pour lui le moyen d’osciller entre la capacité politique du sujet et sa force esthétique, en se posant cette simple question : quelles images font révolutions, font vibrer un peuple, un individu, une pensée ?



Tenir les murs, 2011
film, 56 min. sixième montage autonome

Tenir les murs est un moyen métrage pensé simultanément avec la réalisation de Murs, installation vidéo et sonore pour cinq écrans, présentée notamment aux Rencontres d’Arles en 2012. Il est le sixième montage de cet ensemble, destiné pour la première fois dans la pratique de Mehdi Meddaci au cinéma.

En faisant le choix d’utiliser un titre qui renvoit à une expression imagée («Tenir les murs » se dit d’une personne désoeuvrée qui passe sa journée debout à ne rien faire, appuyée le dos au mur et donnant l’impression qu’elle est là pour l’empêcher de s’écrouler), Mehdi Meddaci donne le ton. Proche d’un constat social, ce film nous pousse à nous interroger sur ce qui caractérise la recherche d’une identité lorsque l’on est porté par une double culture qui parfois nous échappe. L’artiste se focalise plus particulièrement sur les zones de transitions et de passages que génère la question de l’exil, fasciné par une Algérie intime mais insaisissable. Car ce qui intéresse Mehdi Meddaci, c’est cette dialectique qui se crée entre une expérience rêvée et le vécu.

De Paris à Alger en passant par Marseille, il met en scène un corps immergé entre deux rivages, en errance profonde, tiraillé par l’appartenance à deux territoires. Au moyen de plans fixes et de ralentis, l’artiste force l’attention sur les transformations de l’image ; il y superpose différentes créations sonores, afin d’ouvrir le récit à un hors-champ. Saisis dans leur vérité et à la limite d’un document, les dialogues et les gestes du film forment ainsi le contexte nécessaire à la construction d’une histoire : celle d’un défilement du temps. Car paradoxalement, c’est dans l’attente, contre le mur, que le besoin de traversée, de route, de retour est le plus perceptible.



Un cycle 2005 – 2013
un ensemble de photographies présentées sous forme de caissons lumineux de différents formats.

Ne travaillant pas par «série», Mehdi Meddaci envisage davantage ses images fixes comme des fragments restituant un cycle passé ou à venir. Éléments complémentaires et indissociables de ses propositions vidéographiques, elles jalonnent un parcours de zones instables du bassin Méditerranéen, de l’Algérie à la Syrie en passant par le Liban.

On y retrouve les sujets et les thèmes récurrents qui traversent l’oeuvre de Mehdi Meddaci : la mer, une carrière, la pierre, des corps, une bâtisse à l’abandon... des sujets malmenés, ruinés, qui résistent néanmoins à la déliquescence.

Représentant des paysages ou des objets devenus un instant «sculpture», les photographies offrent des métaphores, des symboles, qui viennent alimenter le récit filmique, comme autant d’indices et de points d’ancrage au réel.