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“Les Impressionnistes en privé” Cent chefs-d’oeuvre de collections particulières
au musée Marmottan Monet, Paris

du 13 février au 6 juillet 2014



www.marmottan.fr

 

© Pierre Normann Granier, présentation presse, le 12 février 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Frédéric Bazille, La Terrasse de Méric, 1867. Huile sur toile, 97 x 128 cm – Signé et daté en bas à droite : F. Bazille 1867. Association des Amis du Petit Palais, Genève. © Studio Monique Bernaz, Genève. Service presse / musée Marmottan Monet.
2/  Édouard Manet, Un Bar aux Folies Bergère, vers 1881. Huile sur toile, 47 x 56 cm – Non signé. Collection particulière, © Collection particulière. Service presse / musée Marmottan Monet.
3/  Gustave Caillebotte, Intérieur, femme à la fenêtre, vers 1880. Huile sur toile, 116 x 89 cm – Signé et daté en bas à droite : G. Caillebotte 1880. Collection particulière, Collection particulière © Comité Caillebotte, Paris. Service presse / musée Marmottan Monet.

 


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Interview de Marianne Mathieu,
adjointe au directeur, chargée des collections et de la communication du musée Marmottan Monet,

par Pierre Normann Granier, à Paris, le 12 février 2014, durée 5'06". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Marianne Mathieu, adjointe au directeur, chargée des collections
et de la communication du musée Marmottan Monet.
Claire Durand-Ruel Snollaerts, historienne d’art (Paris 1 – Sorbonne)




Ouvert pour la première fois au public en 1934, le musée Marmottan Monet célèbrera son quatre-vingtième anniversaire en 2014. En moins d’un siècle, le musée a bénéficié de legs et de donations d’une envergure sans égale faisant de lui le dépositaire du premier fonds mondial d’oeuvres de Claude Monet et de Berthe Morisot. Sans la générosité des collectionneurs et des descendants d’artistes, il ne serait pas devenu un haut lieu de l’impressionnisme. Conscient de cet héritage, le musée souhaite débuter les cérémonies de son anniversaire en rendant hommage aux collections privées. Le musée Marmottan Monet présente ainsi du 13 février au 6 juillet 2014 une exposition intitulée Les Impressionnistes en privé. Cent chefs-d’oeuvre de collections particulières, réunissant exclusivement des oeuvres en provenance de collections particulières. L’historienne de l’art, Claire Durand-Ruel Snollaerts et Marianne Mathieu, adjointe au directeur du musée Marmottan Monet chargée des collections et de la communication, assurent le commissariat de cette exposition.

Cinquante et un prêteurs se sont associés avec enthousiasme à ce projet et ont accordé des prêts en provenance de France, des États-Unis, du Mexique, de Suisse, de Grande-Bretagne et d’Italie. Cette exposition offre l’opportunité unique au public de découvrir des tableaux pour la plupart jamais vus. Une centaine de chefs-d’oeuvre impressionnistes constitue un ensemble d’exception. Quatre-vingt peintures et une vingtaine d’oeuvres graphiques par Jean-Baptiste Camille Corot, Eugène Boudin, Johan Barthold Jongkind, Édouard Manet, Frédéric Bazille, Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas, Camille Pissarro, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Paul Cézanne, Mary Cassatt, Eva Gonzalès et Auguste Rodin permettent de retracer une histoire de l’impressionnisme à travers des oeuvres inédites.

Le parcours de l’exposition présente d’abord les prémices de l’impressionnisme. Il continue avec son éclosion vers 1874, puis avec les années 1880-1890 quand le groupe des impressionnistes se disloque pour laisser place au génie créatif de chacun de ses membres. Enfin, l’oeuvre ultime de maîtres tels Pierre-Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley et Claude Monet, qui, par bien des égards se situe au-delà de l’impressionnisme, ouvre une fenêtre sur l’art moderne et clôt la manifestation.

L’accrochage, chronologique, commence par des paysages de Jean-Baptiste Camille Corot, Johan Barthold Jongkind et Eugène Boudin, dont (de ce dernier) Bénerville. La plage, d’un format hors du commun. Le Bar aux Folies Bergère d’Édouard Manet d’une part, et La Terrasse de Méric de Frédéric Bazille d’autre part concluent cette première partie. Chaque impressionniste est ensuite représenté à travers une dizaine de peintures couvrant l’ensemble de sa carrière. Sur les planches de Trouville, hôtel des Roches Noires de Claude Monet (1870), en passant par cette jeune inconnue portraiturée par Berthe Morisot en 1871, une Meule de Camille Pissarro (1873) ou Le Jardin de Maubuisson, Pontoise de Paul Cézanne (vers 1877), sont quelques exemples éblouissants de la section dévolue aux années 1870. Le Tournant du Loing à Moret, printemps d’Alfred Sisley (1886), Les Jeunes filles au bord de la mer d’Auguste Renoir (vers 1894), le double portrait de Pagans et le père de l’artiste d’Edgar Degas (vers 1895) ou Les Dahlias, le jardin du Petit-Gennevilliers de Gustave Caillebotte (1893), sont en revanche des travaux typiques de la fin du xixe siècle. À côté de ces toiles, l’exposition dévoile deux exceptionnelles sculptures, La Petite danseuse de 14 ans par Edgar Degas et l’Étude pour Le Penseur, en terre cuite, d’Auguste Rodin, représentatifs d’une sélection digne des plus grands musées.




Parcours de l’exposition

1. Aux origines de l’impressionnisme

Les précurseurs de l’impressionnisme sont Jean-Baptiste Corot, Eugène Boudin et Johan Barthold Jongkind. Leurs recherches sur la lumière, leur prédilection pour le travail sur le motif et pour le paysage saisi sur le vif anticipent la méthode de travail des futurs impressionnistes. Bons pédagogues, ils sont choisis comme professeurs par de nombreux membres du groupe. Mais le véritable chef de file du nouveau mouvement est Manet, qui est le premier à oser défier les instances officielles en exposant dès 1863 plusieurs toiles à scandale, comme Le Déjeuner sur l’herbe ou L’Olympia. Par la modernité de ses sujets et l’audace avec laquelle il se rebelle contre l’académisme, il ouvre la voie à la nouvelle génération d’artistes. Manet et le jeune Frédéric Bazille – prématurément fauché par la guerre de 1870 – figurent ici avec deux tableaux légendaires, l’étude pour le Bar aux Folies Bergère et La Terrasse de Méric, une toile d’un format spectaculaire.

2. L’impressionnisme vers 1874
En 1874, un groupe d’artistes en révolte contre le goût imposé par l’Académie des Beaux-Arts organise sa première exposition dans les locaux du photographe Nadar, au 35, boulevard des Capucines à Paris. Parmi eux se trouvent Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Sisley, Berthe Morisot, Guillaumin et Cézanne. Le mouvement doit son nom au tableau de Monet Impression, soleil levant, chef-d’oeuvre des collections du musée Marmottan Monet. Ce qui avait tant choqué la critique et qui fait désormais le succès de cette peinture, c’est précisément ce qui fait ses caractéristiques, à savoir des sujets empruntés à la vie moderne, l’emploi d’une palette claire et lumineuse et l’étude attentive des effets atmosphériques sur les personnages et sur le paysage. Les artistes du groupe affectionnent surtout les bords de Seine (La Seine à Bougival, Sisley) et les plages de Normandie (Sur les planches de Trouville, hôtel des Roches noires, Monet). La période impressionniste de Cézanne dure une décennie (1872-1882). Vers la fin des années 1870, il oriente de plus en plus ses recherches vers l’étude des formes et des volumes (Le Jardin de Maubuisson, Pontoise), au détriment des changements de lumière. En 1882, il s’installe dans le Midi, et n’exposera plus jamais avec le groupe.

3. Caillebotte
Gustave Caillebotte, issu d’un milieu aisé, est le seul peintre impressionniste à pouvoir s’adonner à ses passions – la peinture, la voile et l’horticulture – sans aucune contrainte financière. Riche et généreux, il soutient ses amis en achetant leurs oeuvres et devient l’un de leurs premiers et plus importants mécènes. À sa mort, en 1894, on dénombre dans sa collection soixante-sept oeuvres de ses amis, qu’il lègue toutes à l’État français. Embarrassé, l’État ne sait que faire de cette collection d’artistes qu’il juge décadents. Finalement, trente-huit oeuvres entrent au musée du Luxembourg en 1896, de Degas, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley et Cézanne, qui font aujourd’hui partie des fleurons des collections nationales. La peinture de Caillebotte se caractérise par des remarquables vues de Paris (Rue Halévy, vue du sixième étage), des fleurs de ses jardins (Les Dahlias, jardin du Petit-Gennevilliers) et des régates sur la Seine.

4. L’impressionnisme vers 1880
Les années 1880 sont pour les peintres impressionnistes une période de lutte constante pour imposer leur travail, et aussi de grandes difficultés financières. Malgré l’échec de leur première exposition en 1874, le groupe ne capitule pas et poursuit ses manifestations jusqu’en 1886. La huitième et ultime exposition marque la fin de sa cohésion. Désormais, les impressionnistes, toujours unis par des liens d’amitié, suivent leur propre cheminement pictural, laissant place au génie créatif de chacun. Monet s’établit à Giverny, Renoir à Cagnes, Pissarro à Éragny-sur-Epte, Sisley à Moret-sur-Loing, Caillebotte s’installe définitivement au Petit-Gennevilliers, Degas et Morisot restent parisiens. Leur oeuvre s’enrichit d’influences nouvelles, leur facture s’affermit et s’individualise, chacun peignant selon sa sensibilité.

5.Degas
Par le choix de ses thèmes – la peinture d’histoire, la danse, les chevaux, les femmes à leur toilette et les portraits – Degas se démarque du groupe des peintres impressionnistes. Or il est dès 1874 l’un de ses plus ardents défenseurs et sait imposer une oeuvre originale, différente de celle de ses amis. Avec eux, il partage la liberté de peindre. Grand admirateur d’Ingres et de Delacroix, Degas s’imprègne des dons de ces deux artistes pour le dessin et la couleur, qu’il tente de réconcilier dans des oeuvres aux compositions audacieuses (Pagans et le père de Degas ou La Toilette après le bain). Dessinateur accompli, doté d’une insatiable curiosité pour toutes les techniques, il est aussi l’auteur de gravures et de sculptures remarquables. La Petite danseuse de quatorze ans reste une pièce exceptionnelle, toujours en mains privées.

6. Au-delà de l’impressionnisme
Succès et reconnaissance arrivent enfin pour la plupart des peintres impressionnistes à partir des années 1890, trop tard pour Berthe Morisot, qui succombe la première à une mauvaise grippe en 1895, suivie de Sisley, qui meurt en 1899 dans la plus grande précarité, non sans avoir laissé un important ensemble de tableaux des environs de Moret-sur-Loing (L’Église de Moret, le soir ou Lisière de forêt). Les autres membres du groupe, activement soutenus par leur marchand Paul Durand-Ruel, qui fait connaître leurs oeuvres aux collectionneurs du monde entier, ainsi que par les frères Bernheim et Ambroise Vollard, abordent sereinement le XXe siècle. Pissarro se distingue à la fin de sa vie par ses séries de vues urbaines (Le Pont Corneille à Rouen, brume du matin ou Le Louvre, soleil d’hiver, matin), avant de s’éteindre en 1903. Degas disparaît en 1917 et Renoir en 1919 : rongé par les rhumatismes, il passe la fin de sa vie à peindre ses proches sans relâche (Léontine et Coco (Claude Renoir)). Monet est le dernier à partir, en 1926, à l’âge de quatre-vingt-six ans : avec Leicester Square (Londres), la nuit et les Hémérocalles au bord de l’eau, il délivre des oeuvres novatrices qui vont bien au-delà de l’impressionnisme, à la limite de l’abstraction.