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“Gego, Poétique de la ligne” OEuvres de la collection Mercantil, Venezuela
à la Maison de l'Amérique latine, Paris

du 14 février au 14 mai 2014



www.mal217.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 13 février 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  GEGO, Sans titre (Tamarind State II), 1966. Lithographie sur papier, 56,8 x 56,4 cm.
2/  GEGO, Sans titre, 1980, aquarelle sur papier, 53 x 42 cm.
3/  GEGO, Sans titre, 1965, Eau-forte, 21 x 21 cm.

 


texte de Anne-Frédérique Fer.

 

Poétique de la ligne est la première exposition individuelle en France de l’artiste vénézuelienne d’origine allemande Gertrud Goldschmit dite Gego (1912-1994). “Classée” parmi les artistiques cinétiques, Gego ne s’intéresse qu’à la ligne, sous toutes ses formes. C’est avec une quarantaine d’œuvres de la Collection Mercantil - Venezuela - que nous allons découvrir un ensemble de pièces réalisées entre 1963 et 1990.

Notre première rencontre se fera avec les œuvres papiers. À travers des gravures, tailles-douces, eaux-fortes ou lithographies, on se plonge dans de subtils récits formés de creux et de pleins. La ligne s’écrit pour nous offrir des œuvres poétiques aux douces géométries. Puis, la ligne se décline, de deux dimensions elle se transforme en volume.

Les lignes s’assemblent. Gego forme des nœuds d’acier, tisse des toiles, des sculptures. Alors nous sommes saisis par la beauté de la courbe, de sa légèreté. Mais la sculpture de Gego n’est pas que statique, elle est aussi aérienne. Comme des mobiles, nous circulons dans une forêt de lianes de métal, pris au piège. Un piège de beauté où la lumière devenue ombre crée de nouvelles sculptures qui ont perdu leur volume et nous ramène à la puissance de ses œuvres papiers.

Anne-Frédérique Fer

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Tahia Rivero



La Maison de l’Amérique latine et la Collection Mercantil de Caracas organisent conjointement la première exposition à Paris de Gego, l’une des plus grandes artistes du Venezuela. Vingt ans après sa disparition, les différentes facettes d’une oeuvre encore largement méconnue en France sont présentées à la Maison de l’Amérique latine. Par sa vision, sa trajectoire et son enseignement pédagogique, Gego (née Gertrud Goldschmit à Hambourg, 1912-1994) a laissé une empreinte profonde dans l’art vénézuélien et compte parmi les artistes majeurs de l’Amérique Latine des années 1950 à 90. En marge du mouvement cinétique, elle est souvent associée aux grandes figures de l’abstraction de ce continent que sont Lygia Clark, Mathias Goeritz, Hélio Oiticica, ou encore Mira Schendel. L’exposition comporte un ensemble d’environ 40 oeuvres provenant de la Collection Mercantil à Caracas, mais aussi quelques pièces de la Fondation Gego.

Son oeuvre se distingue par une utilisation singulière et poétique de l’espace et de la ligne, qui place le spectateur au centre d’une expérience physique et sensorielle inédite. Ses pièces tridimensionnelles, configurations mouvantes et fragiles, réalisées à partir de baguettes d’acier, révèlent une vision dynamique et sans cesse évolutive de la matière. Elles suggèrent le plus souvent une sorte de cage visuelle qui emprisonne le regard et, parfois, le corps même du spectateur. Ces subtiles architectures spatiales sont le fruit d’une recherche qui porte sur l’essentiel et se fonde sur une grande économie de moyens. Elles laissent deviner la formation d’architecte de l’artiste, métier qu’elle exerça avant de se dédier entièrement à ses recherches plastiques.



Quelques remarquables exemples d’oeuvres tridimensionnelles sont exposées, tels que Chorro Reticulárea (Chute Réticulaire) (1988) et Esfera 2 (Sphère 2) (1976).

Les reticuláreas (réticulaires) – oeuvres les plus emblématiques de Gego - sont des sortes de labyrinthes en fils de fer suspendus dans l’espace, ou, comme le décrit le critique Luis Pérez Oramas, « des réseaux d’essaims métalliques, dépourvus de centre, sans projet, aléatoires, faits de la somme de noeuds qui déportent la pièce vers les marges ». Les chorros (chutes) procèdent du même système d’articulation. Des lignes pas tout à fait parallèles jaillissent ou tombent verticalement dans une apparente anarchie. Quant aux nombreuses oeuvres sur papier et celles que Gego nomme « sans papier », elles trouvent leur source dans son intérêt récurrent pour les techniques traditionnelles comme le tissage et la gravure. Dans les dibujos sin papel (dessins sans papier) et les tejeduras (tissages), elle traite la question de l’espace d’une façon qui l’éloigne de l’art cinétique ou du Op-Art ambiant des années 1960, en s’orientant vers des solutions spatiales plus constructivistes et liées à la structure pure. L’artiste a anticipé les limites canoniques du dessin, projetant des halos de lumière, des compositions géométriques sur le mur…

Au milieu des années 1960, Gego définit clairement un langage de la ligne, qu’elle articule à l’infini. Pour l’artiste, une ligne habite son propre espace, elle n’est pas une composante d’un motif plus vaste, mais elle constitue en soi l’oeuvre elle-même. Gego n’utilise pas la ligne pour représenter une image. La ligne est l’image. On a dit parfois de Gego qu’elle « tissait l’espace ».

Cubo en esfera (Cube en sphère) (1966), pièce en fer et émail, illustre les débuts de Gego comme sculptrice. Les matériaux et les supports qui sont utilisés offrent un contraste avec ce qui caractérisera et constituera ses découvertes plastiques. Aquarelles et oeuvres graphiques de différentes époques de sa carrière offrent un complément à la vision d’une géométrie légère et incorporelle sur laquelle elle travailla toute sa vie. Gego s’est intéressée très tôt à la problématique de l’individu, de l’être et de son environnement. Cette préoccupation s’est manifestée dès les années 1950, et se concrétisera plus tard dans des projets urbains et des réalisations dans l’espace au cours des années 1970 et 80.

Artiste inclassable, Gego est considérée par certains comme une visionnaire. Son oeuvre traverse les avant-gardes pour s’affirmer comme une des plus importantes et authentiques références du langage plastique contemporain.