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“Les Trente Glorieuses” Dessins de Gus et Tetsu
à la BnF François-Mitterrand, Paris

du 18 février au 30 mars 2014



www.bnf.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 17 février 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Tetsu, Je cherche jolie secrétaire pour septembre. BnF, dépt. des Estampes et de la photographie © Tetsu.
2/  Gus, Prenez une petite annonce : “J. Homme célib. Sérieux bonne situat...”. BnF, dépt. des Estampes et de la photographie © Gus.
3/  Gus, Je sais que je vous fais de la peine, mais vous n’êtes pas l’homme que j’attends. BnF, dépt. des Estampes et de la photographie © Gus.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat
Martine Mauvieux, conservateur, département des Estampes et de la photographie, BnF





Grâce aux dons récents des dessins originaux de Gus (Gustave Erlich, 1911-1997) et Tetsu (Roger Testu, 1913-2008), dessinateurs de presse, l’exposition présentée dans la Galerie des donateurs offre une promenade singulière dans « les Trente Glorieuses ». À travers une centaine de dessins de presse illustrant un monde volontairement superficiel où les notions de confort, de divertissement et de plaisir sont mises en avant, c’est l’image d’une certaine France renaissante et heureuse que l’on redécouvre.

Gus et Tetsu, nés tous deux avant la première guerre mondiale, ont exercé plusieurs métiers avant de s’imposer comme dessinateurs de presse. Ces expériences ont contribué à développer leurs talents de graphistes et d’humoristes : Gus a été « chanteur 1900 » dans les cabarets de la Rive gauche, chroniqueur, écrivain et dramaturge tandis que Tetsu a été peintre, directeur d’entreprises et marchand de tableaux. Ces deux personnalités originales sont venues au dessin tardivement, après avoir pris le temps d’observer leur époque en pleine mutation. Ils répondent à travers leur travail graphique à l’aspiration des années d’après-guerre : perspective d’un horizon lumineux et assurance enthousiaste de reconstruire et transformer le pays devenu le théâtre d’une « révolution invisible » pour reprendre le sous-titre du livre de Jean Fourastié, Les Trente Glorieuses. Mais chacun y apporte son style et sa sensibilité : chez Tetsu pointe un esprit de dérision ondulant entre surréalisme, érotisme et humour noir ; pour Gus en revanche, c’est davantage le monde médiatique émergeant qui exerce sur lui un attrait particulier, décors, paillettes, effets sensationnels.

Après la seconde guerre mondiale, de nombreux titres de presse voient le jour, donnant libre cours aux différentes tendances politiques, mais ouvrant aussi leurs pages à des genres plus légers : la mode, le sport, le spectacle, l’humour, l’érotisme… Gus et Tetsu répondent à l’appel de cette presse dynamique et, par leurs dessins ponctués de légèreté décalée, ils contribuent à façonner et consolider la nouvelle image de la société française. Ils ont tous deux travaillé pour une soixantaine de titres chacun dont certains en commun comme Paris Match, La Vie catholique illustrée, Clair foyer, Point de vue-images du monde, l’Os à moelle, Pariscope, Le Figaro Magazine, France soir.

En présentant une centaine de leurs dessins, l’exposition montre comment ces deux dessinateurs jouent de la représentation de soi et des autres avec humour. Leurs dessins nous font pénétrer dans des milieux bourgeois, confortables, élégants, modernes, équipés des appareils et objets à la mode : mobilier design, postes de radio et téléviseurs, voitures de sport et caravanes.

Leurs personnages sont en prise avec le monde du spectacle qui les captive et les capture, les poussant à vivre des situations inédites. Ils fréquentent les salons des arts ménagers et de l’automobile, ils partent à la campagne et au bord de la mer et quand ils sont au travail, au bureau, ils ont l’esprit à la gaudriole. On les retrouve chez eux aussi, couples qui se séduisent, se disputent, se trompent mais toujours sur un fond de tendresse.

Car si Gus et Tetsu attirent notre regard sur la modernité heureuse manifestée par des objets devenus familiers, symboles d’aisance et de liberté, ils dévoilent également le comportement d’hommes et de femmes en voie d’adaptation à un nouvel environnement. Ainsi, comme des trublions faussement naïfs et souvent philosophes, Gus et Tetsu pointent leurs crayons malicieux et goguenards sur les petites faiblesses des êtres humains dans un monde qui se transforme et se modernise.