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“Carl Larsson” L’imagier de la Suède
au Petit Palais, Paris

du 7 mars au 7 juin 2014



www.petitpalais.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 6 mars 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Carl Larsson, La Maison. Aquarelle pour l’album « Notre Maison », 1894-1896. © Nationalmuseum Stockholm.
2/  Carl Larsson, Le peintre en plein air. Huile sur toile, 1886. © Nationalmuseum Stockholm.
3/  Carl Larsson, La Fête matinale. Aquarelle pour l’album « Notre Maison », 1894-1896. © Nationalmuseum Stockholm.

 


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Interview de Christophe Leribault, co-commissaire de l'exposition et directeur du Petit Palais,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 mars 2014, durée 4'56". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Torsten Gunnarsson, Directeur honoraire des collections du Nationalmuseum de Stockholm
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais
Carl-Johan Olsson, conservateur au Nationalmuseum.




L’exposition «Carl Larsson, l’imagier de la Suède» au Petit Palais présente pour la première fois en France la grande figure de l’art suédois des années 1900. Plus d’une centaine d’oeuvres - aquarelles, peintures, estampes et meubles - plongent le visiteur dans une vie domestique paisible et une campagne tout aussi policée, symbole de l’art de vivre à la suédoise.

Grâce aux prêts exceptionnels consentis par le Nationalmuseum de Stockholm et la maison de Larsson à Sundborn, le public découvrira les différentes facettes de son art. Travaillant aussi bien la peinture, l’aquarelle et la peinture murale, c’est surtout pour son travail d’illustration que Carl Larsson (1850-1919) a connu de son vivant une gloire internationale qui s’est maintenue jusqu’à nos jours.

L’artiste eut pourtant une toute autre ambition. A l’issue de sa formation académique à Stockholm, il séjourna à partir de 1877 et pour plusieurs années en France, d’abord à Paris en quête d’une reconnaissance qu’il tarda à obtenir, puis à Grez-sur-Loing à partir de 1882. Il prit tout de suite une place déterminante dans la colonie d’artistes anglo-saxons et scandinaves qui s’y était implanté non loin de la forêt de Fontainebleau. Il y découvre une autre vision de la nature et explore avec sensibilité la technique de l’aquarelle pour rendre les effets de lumières vaporeux et le travail paisible des paysans dans les potagers.

De retour en Suède en 1889, il obtient de réaliser des décors monumentaux important, dont celui du grand escalier du Nationalmuseum de Stockholm. Cette production très importante est évoquée dans l’exposition par des dessins et esquisses préparatoires d’une grande vivacité.

Larsson sut finalement s’imposer dans un registre inédit : la description de sa vie familiale dans l’univers coloré de sa maison du village de Sundborn, dans la région pittoresque de Dalécarlie. L’album « Notre maison » et les suivants qui connurent une grande diffusion, ont inspiré les jeunes couples sur le point de fonder un foyer. Ils firent de lui le porte-étendard d’une nation fière de son confort domestique et de ses valeurs humanistes. Ces aquarelles continuent d’ailleurs d’influencer la décoration intérieure en Suède. Mais le caractère fascinant de ces images repose également sur une science du cadrage moderne qui distingue sa production de celle de ses suiveurs. Le Petit Palais est heureux de présenter, pour la première fois en France, toute la force et la séduction de son invention graphique exceptionnelle.



Parcours de l’exposition

Salle I - De Paris à Grez-sur-Loing

L’exposition Carl Larsson s’ouvre sur ses premières oeuvres réalisées à Grez-sur-Loing, village situé au sud de Fontainebleau où s’est constituée une colonie d’artistes anglo-saxons et scandinaves. Ces oeuvres illustrent le rythme des saisons, les paysans surpris au travail, dans leur cueillette quotidienne, vaquant à leurs activités comme dans l’aquarelle Le Vieil Homme et la Pépinière, capturés sous une chaleur presque caniculaire dans leur potager ou sous un froid hivernal. L’artiste suédois excelle dans l’art de l’aquarelle, technique qui fera son succès. Il l’utilise pour mieux évoquer, par la transparence, l’idée d’une l’harmonie de l’homme et de la nature, même s’il recourt aussi à l’huile sur toile comme dans son Paysage de Barbizon. Dans la lignée de peintres français tels que Jules Bastien-Lepage, les modèles aux intérieurs intimes et les métiers artisanaux intéressent également le peintre. Carl Larsson s’inscrit alors dans la vague naturaliste qui, après les premiers feux de l’Impressionnisme, gagne la peinture française à partir de 1880. S’éloignant des représentations de paysans absorbés dans leur tâche, Larsson s’attache à rendre plus perceptible et vibrante la sensation que dégage la campagne de Grez-sur-Loing tout en se focalisant sur le caractère humain et expressif de ses personnages. Le choix volontaire de cadrages modernes inspirés de la photographie et le rendu d’une lumière qui se veut naturelle contribue à jouer un rôle décisif dans le sentiment d’une atmosphère calme et reposante. Il affirme son credo dans une grande toile de 1886, Le Peintre en plein air, où on le voit planter résolument son chevalet dans la neige, entouré de sa famille.

Salle II - La reconnaissance en Suède
De retour définitivement dans son pays natal à la fin des années 1880 et bénéficiant désormais d’une réputation solidement établie, Larsson développe une peinture monumentale inspirée de l’art populaire de Dalécarlie, région du centre de la Suède, connue pour ses décorations murales naïves mais non dénuées d’inventivité. Après une série de peintures murales destinées notamment à l’école des filles de Göteborg en 1892, l’artiste achève en 1896 la décoration de l’escalier d’honneur du Nationalmuseum de Stockholm, dont le musée du Petit Palais présente les esquisses des six fresques monumentales. L’art de la fresque exige du peintre de faire preuve de plus de netteté dans le trait. L’exposition présente aussi un étonnant Nu masculin dans la campagne, étude grandeur nature à l’huile sur toile, réalisée pour le Sacrifice du solstice d’hiver, immense composition historico-allégorique qu’il destinait au vestibule supérieur du musée. L’oeuvre fut refusée en 1915 à la suite d’une polémique qui blessa profondément l’artiste et ne fut mise en place qu’en 1997. Acteur en vue de la vie artistique suédoise, Larsson se doit de réaliser des portraits au-delà du cercle familial qui concentre sinon son attention : figures de notables, de collectionneurs et de célébrités. Ainsi, il capte brillement l’amitié encore sincère d’August Strinberg, auteur qui dressera un portrait bien peu flatteur du couple Larsson dans un ouvrage paru en 1908, Un Livre bleu. L’artiste représentera également l’écrivain Selma Lagerlöf, dans un touchant portrait, en dessous duquel figure le nom du modèle, à la manière de la Renaissance.

Salles III et IV – Sundborn
La dernière partie de l’exposition s’attache à l’aspect le plus coloré et décoratif du travail de Carl Larsson : sa maison de Sundborn. Installé définitivement, à partir de 1901, dans ce modeste village situé à 230 km au nord de Stockholm, il fait le choix d’un mode de vie plus simple. L’artiste pare ses aquarelles de couleurs vives mais transparentes, restituant la douceur des moments intimes passés en famille, faisant poser son épouse et ses enfants dans cet intérieur agréablement chauffé ou dans la nature. La vie prend alors, sous le pinceau de l’artiste, une dimension presque universelle, tant la singularité et la bonhommie des personnages qu’il peint sont empreintes d’une énergie communicative. Le Portrait de Matts Larsson avec son bonnet tricoté apparait comme le souvenir d’une jeunesse encore intacte. Dans le Petit Déjener sous le grand bouleau, une des filles de l’artiste semble distraite par la présence de son père, habile procédé pour restituer une scène de déjeuner encore plus vivante. Atelier désert où seuls le chevalet et les toiles règnent en maître (La Moitié de l’atelier), séance de lecture ou de découverte de l’univers domestique (La Cuisine), son art du cadrage devient un véritable parti pris, exaltant la nonchalance et la magie de la vie, celle des bonheurs fugaces et finalement éternels. Les murs et tissus, dont la conception et la réalisation revient à son épouse Karin, se teintent de couleurs fraiches ou osées. Le monde des Larsson devient une palette aux nuances multiples. L’exposition présente également deux sièges en bois peint que l’on retrouve dans ses compositions. Le modeste « Petit Hyttnäs », devenu grande maison familiale au fil de l’adjonction des pièces, voit la naissance d’un style nouveau, axé sur le foyer qui « doit se transformer d’heure en heure ». L’influence de l’art mobilier japonais mêlée à l’esthétique rustique de la campagne suédoise concourent à créer un style moderne et singulier, résolument novateur dans la mesure où la famille Larsson l’adapte au goût de l’époque. Plusieurs aquarelles de la série « Notre maison », comme La Chambre de Papa, le Coin du farniente, ou encore La Fête matinale illustrent magnifiquement cet intérieur qui subsiste toujours, aujourd’hui transformé en musée. L’art de Carl Larsson opéra une influence certaine sur le design du XXème siècle par son esthétisme et sa praticité, mais également sur un certain idéal du mode de vie suédois, où l’homme est proche d’une nature accueillante.