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“Joséphine” article 1257
au Musée du Luxembourg, Paris

du 12 mars au 29 juin 2014



www.museeduluxembourg.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 10 mars 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Joseph Chinard, Buste de l'impératrice Joséphine, Vers 1806-1808. Marbre, H : 65 cm l: 45 cm P: 27cm. Musée national du château de Malmaison.
© Rmn-Grand Palais / Franck Raux.
2/  Pierre-Joseph Redouté, Tulipes et roses, 1802-1804. Aquarelles sur vélin , 48,8 x 35,7 cm. Upperville, Rachel L. Mellon, Oak Spring Garden Library.
© Collection of R.Lambert. Mellon Oak spring garden Library, Upperville.
3/  Andrea Appiani, Portrait de l'impératrice Joséphine, reine d'Italie, 1807. Huile sur toile, 100 x 76 cm. Musée national du château de Malmaison.
© Rmn-Grand Palais / Gérard Blot.

 


1257_Josephine audio
Interview de Amaury Lefébure, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 mars 2014, durée 5'31". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire général :
Amaury Lefébure, Conservateur général du Patrimoine, Directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau
Commissaires :
Elisabeth Caude, conservateur en chef
Céline Meunier, conservateur en chef
Christophe Pincemaille, chargé d'études documentaires
Alain Pougetoux, conservateur en chef au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau




A l’occasion du bicentenaire de la mort de l'impératrice Joséphine, survenue le 29 mai 1814 dans son château de Malmaison, l’exposition du Musée du Luxembourg est destinée à renouveler l'image de l'une des femmes qui a le plus marqué l'Histoire de France, pleinement ancrée dans son temps et qui incarne encore aujourd'hui un destin hors du commun dans une société en pleine mutation.

Lorsqu'elle naît à la Martinique en 1763, rien ne permet d'imaginer quelle destinée sera la sienne. Mariée à seize ans avec le vicomte Alexandre de Beauharnais, elle connaîtra les prisons révolutionnaires et sera sauvée de la guillotine par la chute de Robespierre. Séduit par son charme, Bonaparte, jeune général de vingt-six ans, tombe amoureux d'elle et l'épouse en 1796, moins de cinq mois après leur première rencontre. Il l' entraîne alors dans son ascension : épouse du Premier consul après le coup d'État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), elle devient la première impératrice des Français, couronnée par Napoléon dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804. Le 30 novembre 1809, elle apprend de sa bouche ce qu'elle a tant redouté depuis qu'elle sait qu'elle ne peut donner d'héritier à l'Empereur : sa décision de divorcer. Retirée à Malmaison, Joséphine se consacre désormais à son goût des arts et des jardins. Ses voyages sont l'occasion d'apprécier la faveur qu'elle a conservée au sein de la population, qui la lui témoignera encore lors de ses funérailles dans l'église de Rueil, le 2 juin 1814.

L'exposition permet, grâce à des prêts exceptionnels, d'évoquer, outre sa vie, tous les domaines dans lesquels Joséphine a laissé son empreinte, à commencer par les arts décoratifs, en montrant le luxe de ses ameublements et de sa table, la mode à travers l'élégance et la richesse de ses toilettes et de ses bijoux. L'art du portrait est également à l’honneur au moyen d'oeuvres aussi emblématiques que son grand portrait par Prud'hon, aujourd'hui au Musée du Louvre, ou celui de Gros, conservé au musée Masséna de Nice. Le visiteur découvrira l'intimité de ses appartements, son goût pour les collections les plus variées - peintures anciennes et modernes, sculptures, antiquités - mais aussi sa passion pour les jardins, les fleurs et les oiseaux. Ces aspects, souvent méconnus, illustrent le rôle capital que Joséphine a joué dans la constitution du style de l'époque consulaire et impériale. Pour la première fois en France, il sera ainsi possible d'évaluer la place de Joséphine dans l'art français, ce qui n’aurait été permis sans la générosité des prêteurs, publics et privés, tant français qu'étrangers, tels le Musée du Louvre, le Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, le Victoria & Albert Museum, S.M. le Roi Carl XVI Gustaf de Suède, qui a consenti à des prêts d’objets de sa collection personnelle et l'apport des collections de Malmaison.



extrait du catalogue - Joséphine et son image, par Amaury Lefébure

L’impératrice Joséphine est probablement la souveraine française qui a été le plus représentée, de son vivant et après sa mort. Son destin hors du commun, sa personnalité incontestée, son aura, son élégance incomparable, jusqu’à ses défauts excusés ou vilipendés ont suscité une iconographie aussi abondante que variée. Ses admirateurs comme ses détracteurs n’ont que l’embarras du choix pour évoquer par l’image, qu’elle soit peinte, sculptée, gravée, photographiée ou filmée, cette femme dont la mémoire hante encore la grande comme la petite histoire et l’imaginaire des chercheurs et du grand public. À la suivre de sa naissance à la Martinique en 1763 jusqu’à sa mort à Malmaison en 1814, et à travers la légende qui l’a entourée dès son vivant, l’abondance des représentations est telle qu’il est difficile de ne retenir qu’une image capable d’évoquer cette femme qui en a incarné tant. Quelle image privilégier en effet ? Celle de l’impératrice couronnée peinte par David dans son tableau du Sacre et reprise par le sculpteur Cartellier pour son tombeau de l’église de Rueil ? Celle de la femme raffinée que Prud’hon fait poser avec élégance dans le parc de Malmaison ? Ou celle de la danseuse légère caricaturée par l’Anglais Gillray, qui flétrit à jamais la réputation de la souveraine ? Contrairement à Napoléon, que sa redingote grise et son chapeau porté « en bataille » désignent instantanément, Joséphine n’a pas suscité d’image emblématique. À qui veut bien s’intéresser à tous les aspects de sa vie et de sa personnalité, il apparaîtra qu’une représentation de Joséphine en cache immanquablement une autre. […]

Il est un domaine dans lequel Joséphine a été une souveraine incontestée jusqu’à sa mort, c’est celui de la mode. Après avoir été l’une des femmes les plus en vue et les mieux habillées du Directoire, Joséphine, devenue impératrice, dépensa sans compter afin de plaire à Napoléon, en se faisant l’ambassadrice de l’élégance et de la distinction françaises. Elle répondait également à son souhait de promouvoir les industries textiles nationales, notamment lyonnaises. Ses toilettes sont remarquées et copiées. Tous ses contemporains soulignent sa supériorité dans ce domaine : « le goût le plus pur et l’élégance la mieux entendue présidaient à sa toilette et la faisaient paraître beaucoup plus jeune qu’elle ne l’était en effet ». Son élégance sert même à ses détracteurs : Mme Reinhard, épouse d’un diplomate originaire du Bade-Wurtemberg, au service de la France, Charles Frédéric Reinhard (1761-1837), écrit ainsi dans une lettre à sa mère du 27 octobre 1799 : « Quoique par ses toilettes et le raffinement de ses manières, elle veuille s’élever au-dessus de la multitude, on sent l’effort. » Mme de Kielmannsegge, aristocrate allemande qui rencontra régulièrement Joséphine de 1809 à 1813, écrit dans son journal le 22 octobre 1811, après avoir assisté à un grand dîner à Malmaison : « l’impératrice avait l’air jeune [elle avait alors quarante-huit ans] et était plus gracieuse que jamais. Et cette grâce se trouvait encore rehaussée par la toilette élégante et d’un goût parfait qu’elle portait ». La duchesse d’Abrantès remarquait encore à la fin de sa vie que, même si elle était devenue « extrêmement grasse », il restait à Joséphine « une grande élégance de manières et surtout de toilette. C’était toujours là le point important, et pour dire la vérité, il était même le premier». Tous les portraits officiels portent la marque de cette supériorité. Celui, méconnu, de Riesener, Portrait en pied de Joséphine en costume impérial (1806, château de Malmaison), la montre portant une extraordinaire chérusque, grande collerette de dentelle formant éventail et encadrant le décolleté de la robe, et une incomparable parure de saphirs. Isabey, dans un petit portrait, peu connu également, L’Impératrice Joséphine devant sa psyché (1808, musée du Louvre), joue subtilement du reflet dans le miroir pour évoquer l’allure élégante de l’impératrice. C’est à Garnerey qu’il reviendra de donner dans une admirable aquarelle datée de 1813 l’une des dernières images de cette élégance. Soucieuse de sa toilette, Joséphine le sera jusqu’à la fin : « Le jour de sa mort, elle voulut qu’on lui passât une robe de chambre fort élégante, parce qu’elle pensait que l’empereur de Russie viendrait peut-être la voir », rapporte Mme de Rémusat, qui ajoute : « Elle a expiré toute couverte de rubans et de satin couleur de rose ».