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“Objectif Vietnam” Photographies de l’école française d’Extrême-Orient
au musée Cernuschi, Paris

du 14 mars au 29 juin 2014



www.cernuschi.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer,

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pêcheur au carrelet. 1925 © Ecole française d’Extrême-Orient/Jean Manikus.
2/  Moine en prière à la pagode bouddhique de Hong Phuc (dite de Hòa giai) 19 rue Hang Than (rue du Charbon) Hanoi. 1936
© Ecole française d’Extrême-Orient/photographe inconnu.
3/  Rue commerçante à Hanoi avant 1922. © Ecole française d’Extrême-Orient/photographe inconnu.

 


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Interview de Isabelle Poujol, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 13 mars 2014, durée 4'31". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat
Christine Shimizu, Conservateur en chef du patrimoine, Directrice du musée
Isabelle Poujol, Responsable de la Photothèque de l’Ecole française d’Extrême-Orient



L’exposition ici présentée fait suite à celle qui s’est tenue au musée Cernuschi en 2012, Du fleuve Rouge au Mékong. Cette dernière témoignait de la présence des peintres français au Vietnam, de l’impact de ce nouvel environnement sur leur oeuvre et de leur rôle dans l’établissement à Hanoi, en 1924, d’une école des beaux-arts. Elle soulignait son importance dans la naissance d’un mouvement pictural autochtone.

Le musée continue de porter son regard sur les liens culturels qui unirent la France et le Vietnam au cours du XXe siècle. Il dévoile aujourd’hui au public quelques aspects de la tâche entreprise par l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO), célèbre institution orientaliste et, à travers son riche fonds photographique, offre ainsi un parcours au coeur de ce pays, de ses traditions et des sites prestigieux de son histoire.

Des explorateurs, savants et archéologues, pressentant la richesse archéologique de cette civilisation ancienne, ouvrirent le champ des études du Vietnam. Passionnés par leurs missions, ils relevèrent les inscriptions de son passé, étudièrent les us et coutumes de ses populations et fondèrent ses premiers musées. Ils rapportèrent de leur séjour des aquarelles et de précieux témoignages photographiques.

Des photographies anciennes présentent des sites archéologiques, des édifices dont certains sont aujourd’hui disparus, la construction des musées à Danang et Hanoi, des pagodes du nord Viêt Nam ainsi que la dernière cérémonie rendue au ciel, le Nam Giao, par l’empereur Bao Daï. Quelques aquarelles, estampages originaux et journaux de fouilles complètent l’ensemble.



L’ÉCOLE FRANÇAISE D’EXTRÊME-ORIENT
L’École française d’Extrême-Orient, fondée en 1898 à Saigon, est un établissement relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Son champ de recherche est l’étude des sociétés et des civilisations de l’Asie qu’elle aborde à travers des études de terrain, pluridisciplinaires et comparatistes, associant l’histoire, la philologie, l’ethnographie, l’archéologie, et les sciences religieuses. Les pôles de compétence de ses enseignants chercheurs comprennent l’étude des textes et l’histoire de l’art ; l’archéologie, l’histoire de l’architecture et la conservation monumentale ; l’anthropologie religieuse et politique ; l’histoire moderne et contemporaine. L'implication de longue date de l'EFEO en Asie la porte naturellement à s'intéresser aussi aux questions contemporaines, aux liens entre l'histoire des sociétés et les transformations qu’elles connaissent au XXIe siècle ainsi qu’aux échanges entre les sphères de la recherche et de la politique. L'EFEO est présente, grâce à ses 18 implantations, dans 12 pays d'Asie. Cette spécificité permet à ses 42 chercheurs permanents d'être sur le terrain, d'animer un réseau de coopérations locales et d'échanges internationaux entre scientifiques orientalistes.


L’EFEO AU VIETNAM
La Mission archéologique permanente en Indochine qui devient rapidement l’École française d’Extrême-Orient, est créée le 15 décembre 1898, sous l’égide de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et par arrêté du gouverneur général de l’époque, Paul Doumer. Elle a pour mission de « travailler à l’exploration archéologique et philologique de la presqu’île indochinoise, de favoriser par tous les moyens la connaissance de son histoire, de ses monuments, de ses idiomes, de contribuer à l’étude érudite des régions et des civilisations voisines ». Originellement installée à Saigon, l’EFEO est transférée dès 1902 à Hanoi, nouvelle capitale de l’Indochine française. Son siège y restera cinquante ans. Dès les premiers temps, et bien que la mission de l’EFEO s’étende à l’ensemble de la péninsule indochinoise, le Vietnam occupe une part importante des travaux des chercheurs. Le fruit de leur collaboration étroite avec des lettrés vietnamiens et des correspondants érudits donne lieu à de nombreuses publications dans les domaines de l’histoire, de l’archéologie, de l’histoire de l’art, de l’ethnographique, de la linguistique et de la philologie. L’École a oeuvré à la conservation du patrimoine artistique et archéologique vietnamien, non seulement par ses travaux de recherche et d’inventaire, mais aussi en assurant la création et la direction de plusieurs musées. Elle a en outre collecté de nombreux documents manuscrits et imprimés, constituant une riche bibliothèque, et relevé plusieurs milliers d’inscriptions par estampage. L’EFEO, après avoir remis son patrimoine aux autorités vietnamiennes, quitte le Vietnam en 1961. En 1993, sur l’invitation de la République démocratique du Vietnam, l’École réouvre un centre de recherches à Hanoi. Une délégation est inaugurée au sud du Vietnam, à Ho Chi Minh-Ville en 2013.


LES FONDS PHOTOGRAPHIQUES DE L’EFEO
L’École française d’Extrême-Orient s’est dotée, dès sa création, d’une bibliothèque et d’une photothèque. De 1933 à 1959, elle s’adjoignit les services d’un photographe professionnel, Jean Manikus, secondé par Nguyen Huu Tho. Ensemble, ils contribuèrent grandement à la constitution d’un fonds patrimonial de plus de 50 000 clichés. Lorsque, sous la pression politique, l’EFEO quitta son siège de Hanoi, une copie du fonds photographique fut envoyée à Paris où le siège était définitivement installé en 1961.La photothèque de Paris fut ainsi créée, prenant la relève de celle de Hanoi. Elle comporte aujourd’hui plus de 180 000 clichés de natures différentes : plaques de verre au gélatino-bromure d’argent, le plus souvent stéréoscopiques, négatifs, diapositives, tirages argentiques, clichés numériques. Les thèmes traités illustrent la richesse des disciplines abordées par l’EFEO : architecture, archéologie, épigraphie, ethnographie, histoire de l’art etc… Ces archives photographiques constituent un fonds vivant qui ne cesse de s’enrichir grâce aux travaux des enseignants-chercheurs. Aux clichés les plus anciens viendront s’ajouter les images LIDAR (Light Detection and Ranging), technologie de topographie laser aéroportée qui a montré récemment des résultats spectaculaires dans le domaine de l’archéologie.




LES CHERCHEURS PHOTOGRAPHES
Les premiers chercheurs ont très tôt ressenti le besoin de compléter leurs notes et relevés par des photographies, clichés sur plaques de verre pris lors de leurs missions de terrains, malgré les déplacements dans la jungle d’un encombrant matériel photographique. Ces photos ont un intérêt scientifique majeur et sont dans certains cas les témoins uniques d’un passé disparu. Leurs auteurs ont grandement contribué à la connaissance du Vietnam :

Louis Bezacier (Cuffy, 1906 – Cuffy, 1966).
Architecte, archéologue formé à l’École des beaux-arts de Paris, à l’École pratique des hautes études et à l’École du Louvre, il devient membre de l’EFEO en 1935. Il est nommé conservateur des monuments du nord du Vietnam, puis de ceux de la région centre. Très rapidement, il entreprend les travaux de restauration de la très belle pagode Ninh Phúc à Bút Tháp et met au point sa technique de consolidation des structures en bois qu’il applique avec succès sur de nombreux édifices. Il assure aussi la restauration de temples chams et participe à des fouilles, notamment à Chánh Lo et Ȯc Eo. S’il prend sa retraite en 1964, il poursuit néanmoins son activité de recherche au sein de l’École jusqu’à sa mort en 1966.

Louis Finot (Bar-sur-Aube, 1864 – Toulon, 1935).
Épigraphiste formé à l’École des chartes, il est directeur de la Mission archéologique permanente en Indochine en 1898 (rebaptisée EFEO en 1901) à plusieurs reprises jusqu’en 1929. Il poursuit des travaux sur l’épigraphie khmère et enseigne l’histoire et la philologie indochinoise à l’École pratique des hautes études et au Collège de France. Lorsqu’il rentre définitivement en France en 1930, il s’installe près de Toulon dans une petite propriété qu’il nomme Santaram (« l’ermitage paisible » en sanskrit). Poursuivant inlassablement ses recherches, il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1933.

Jean Manikus (Gérardmer, 1903 – Phnom Penh, 1963).
Fils d’un chef d’orchestre hollandais qui occupa différents postes en Asie. En 1923, Jean Manikus est engagé comme opérateur de prises de vue, puis directeur du service production de la Société Indochine Films et Cinéma à Hanoi. Il est recruté par l’EFEO en 1932 dont il devient trois ans plus tard le chef du service photographique. Avec Nguyen Huu Tho , il est le fondateur de la photothèque. A son départ de l’EFEO en 1961, celle-ci contient plus de 50 000 clichés, souvent irremplaçables.

Henri Marchal (Paris, 1876 – Siem Reap, 1970).
Architecte, archéologue formé à l’École des beaux-arts de Paris, il est nommé en 1905 inspecteur des bâtiments civils du Cambodge et s’installe à Phnom Penh. En 1910, il devient conservateur adjoint de la nouvelle section des antiquités khmères du musée de l’Ecole (futur Musée national de Phnom Penh). Il devient Conservateur d’Angkor en 1916 et dirige maints chantiers jusqu’en 1957. Sa vie et sa carrière seront désormais liées au Cambodge et à l’EFEO. C’est dans ce cadre qu’il se rend régulièrement à Hanoi, siège de l’Ecole. Il en profite alors pour étudier les sites archéologiques du Vietnam. Il décède à Siem Reap en 1970.

René Mercier (Paris, 1886 – Les Sables-d’Olonne, 1974).
Après sa formation de graveur-ciseleur -école Boulle, École des arts décoratifs et Conservatoire des arts et métiers-, René Mercier enseigne le dessin et le modelage au sein de ces institutions et ouvre un atelier de gravure à Paris. En 1927, deux choix professionnels s’offrent à lui : graveur de monnaies en Inde au service du gouvernement britannique ou professeur de ciselure à l’École des arts appliqués de Hanoi. Il choisit ce dernier poste. Quelques années plus tard, René Mercier est recruté par l’École française d’Extrême-Orient à Hanoi. Il assure également des cours de ciselure à l’École des beaux-arts de Hanoi. Il exécute des médailles (médaille d’honneur de la Garde indochinoise, médaille du Service des forêts de l’Indochine), monnaies (sapèque au chiffre de l’empereur Bao Dai en 1933 notamment), plaques commémoratives (foire-exposition de Hanoi en 1941) et des distinctions bài (plaques de métal rectangulaires cousues sur le vêtement traditionnel vietnamien). Dans le cadre de ses travaux pour l’EFEO, René Mercier étudie les procédés de fabrication des tambours de bronze du musée Louis-Finot de Hanoi afin d’en assurer la restauration, et des techniques de fonderie artisanale vietnamienne. Aquarelliste, il aimait, lors de ses missions sur les chantiers archéologiques, poser son chevalet et saisir l’esprit de ces lieux qui l’enchantaient, ajoutant la couleur à sa passion de graveur.

Henri Parmentier (Paris, 1871 – Phnom Penh, 1949).
Architecte, archéologue formé à l’École des beaux-arts de Paris, il rejoint l’EFEO en 1900 et se consacre jusqu’en 1904 à l’étude et la sauvegarde des monuments du Vietnam. Il mène les importantes fouilles de Dong Duong et de Mỹ Sơn durant 11 mois ainsi que de Chanh Lô. Nommé chef du Service archéologique de l’EFEO, il consacre la majeure partie de ses travaux à l’art khmer. Il effectue cependant le relevé de la province de Tây Ninh, une monographie du temple de Vat Phu au Laos, des études sur le mobilier funéraire d’anciens tombeaux chinois du delta du fleuve Rouge etc. II sera amené par deux fois à assurer l’intérim de la direction de l’École.

Noël Peri (Cruzy-le-Châtel, 1865 – Hanoi, 1922).
Jeune prêtre, il est envoyé par les Missions étrangères en 1888 au Japon, à Matsumoto où il demeure six ans. Il entreprend tout de suite l’apprentissage de la langue et traduit deux des quatre Evangiles. Puis il s’installe à Tōkyō en 1898 et crée des revues philosophiques. Pour mener plus librement ses recherches savantes, Peri préfère alors quitter les Missions étrangères qui ne les approuvent pas. Il continue d’exercer sa prêtrise à Tōkyō et devient en 1904 l’éditeur de « Mélanges », la première revue d’études japonaises en Occident. En 1907, il entre à l’EFEO à Hanoi en tant que secrétaire-bibliothécaire, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort accidentelle en 1922.