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“Andres Serrano” Cuba
à la Galerie Nathalie Obadia, Bruxelles

du 13 mars au 17 avril 2014



www.galerie-obadia.com

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Légendes de gauche à droite :
1/  Andres Serrano, Jorge Luis Redondo Rivero. Marquesado, Camagüey, 2012. Cibachrome, plexiglass, original artist’s frame.
2/  Andres Serrano, Family Portrait, 2012. Cibachrome, plexiglass, original artist’s frame.
3/  Andres Serrano, Alicia Alonso, Prima Ballerina and Choreographer, 2012. Cibachrome, plexiglass, original artist’s frame.

 

extrait du communiqué de presse :

 

La galerie Nathalie Obadia Bruxelles est très heureuse de présenter l’exposition Cuba, sa seconde collaboration avec Andres Serrano. En 2012, l’artiste américain présentait à Bruxelles Sacramentum : Sacred Shadows, images de la série Holy works qui interrogeaient les symboles de la religion catholique. Cette question, toujours d’actualité dans l’exposition Cuba, donne plus de place à l’Homme, incarné dans la vingtaine de photographies présentées à partir du 13 Mars, à Bruxelles. Le peuple de l’île se révèle le sujet et l’objet principal d’un voyage effectué par l’artiste pendant l’été 2012. Restent de cette épopée caribéenne, des images et un recueil dont le préambule commence par ces mots : « I wanted to capture the Breath of a Nation, its land, ist people, its future ».

Andres Serrano, né à New York en 1950, de parents originaires du Cuba et du Honduras, se rend pour la première fois à Cuba le 25 mai 2012. Il répondait à l’invitation de Jorge Fernandez, directeur de l’Institut Wilfredo Lam, qui souhaitait sa présence à la Biennale de la Havane qu’il dirige. Andres Serrano saisit cette opportunité pour séjourner dans l’île de ses racines avec le secret espoir d’en saisir sa substance.

Pour se faire, il loge au centre de la Havane, à l’Hôtel Nacional, hanté du souvenir de ses hôtes prestigieux Nat King Cole, Hemingway et Churchill, l’amateur de cigare… Non loin, il installe son studio photographique dans une maison d’hôte située au coeur d’un quartier populaire qui lui apparaît d’abord agité et inquiétant, avant de se familiariser avec ses habitants qui passeront, tout à tour, par son objectif.

La lumière locale, trop vive en journée, oblige Andres Serrano à débuter ses prises de vue en extérieur dès l’aube. Il se met alors en marche dans les ruelles de la cité jalonnées de palais surannés et masures délabrées. Son oeil est attiré par la polychromie des façades lézardées et, d’une manière générale, par les stigmates du temps qui fragilisent les constructions des vieux quartiers laissés à l’abandon par le régime. Il s’en dégage une « poésie des ruines » emprunte de nostalgie.

La photographie Cristina, Miramar, Havana, autre métaphore du temps qui passe, met en scène la jeune femme à la fenêtre dont le thème, cher à Matisse, emprunte à la peinture sa dimension narrative et nous rappelle qu’Andres Serrano se définit lui-même comme « un peintre et un portraitiste avant tout ».

C’est au cours de ses promenades urbaines qu’Andres Serrano rencontre ses modèles. A la tombée du jour, il les convie dans son studio quand il n’est pas directement invité chez eux. Ces séances sont dédiées au portrait. La femme cubaine y est particulièrement mise à l’honneur. Les visages sont éprouvés par l’âpreté de la vie quotidienne. Quel que soit leur âge, certaines acceptent de poser nu devant l’objectif, toujours avec pudeur et dignité. C’est avec autant de vérité qu’Andres Serrano photographie les Campesinos qu’il surnomme les «cowboys de Cuba ». Cette série de portraits d’hommes au chapeau nous entraîne temporairement en dehors de la capitale. Ils ont en commun une profondeur psychologique extrême restituée par l’intensité des regards.

Retour à la Havane, avec la série des « maisons coloniales ». Ces habitations, jadis luxueuses, étaient celles de l’aristocratie cubaine et espagnole avant la Révolution castriste de 1959. Nationalisées, ces demeures du XIXème siècle, sont alors transformées en habitas communautaires. Curieusement, une maison a échappé à ce destin, celle de Jose Miguel Alonso et Josefina Grande (2 photographies présentées à Bruxelles). Depuis la prise de pouvoir de Fidel Castro, elle est restée figée dans le temps comme en témoigne la série de photographies d’intérieurs. L’élégance des boiseries est trahie par les assises éventrées du mobilier. Un signe avancé de la décrépitude des lieux. Ce constat s’étend à la ville toute entière dont le charme oscille entre splendeur et décadence.

C’est ce savoureux paradoxe qu’a su matérialiser Andres Serrano dans Cuba. Ce recueil d’images fait également voisiner des clichés aux ambiances contrastées. Certaines heurtent volontairement la vue. C’est le cas des fragments de corps photographiés à la faculté de médecine de la Havane dans la lignée de Piss Christ (1987) qui mélangeait des sécrétions humaines. Andres Serrano prolonge, ici, le goût de la provocation, encore le fait-il comme toujours, avec l’art et la manière pour éveiller les consciences.