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“Les Gobelins au siècle des Lumières” Un âge d’or de la Manufacture royale
à la Galerie des Gobelins, Paris

du 8 avril au 27 juillet 2014 (prolongée jusqu'au 18 janvier 2015)



www.mobiliernational.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 7 avril 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Le Chevillard d’après Charles Coypel, Tenture de l’Histoire de Don Quichotte, 1768. Manufacture des Gobelins, GMTT 202. © Mobilier national / I. Bideau.
2/  François Boucher, La petite Danseuse, XVIIIe siècle, tableau. GOB 32/001. © Mobilier national / I. Bideau.

 


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Interview de Jean Vittet, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 avril 2014, durée 9'40". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire :
Jean Vittet, Conservateur en chef au château de Fontainebleau




Depuis 1662, année où Colbert décida de regrouper en un même lieu les ateliers parisiens de tissage de tapisseries, notamment ceux du faubourg Saint-Marcel créés par Henri IV et ceux installés à Maincy par Fouquet, la Manufacture des Gobelins n’a cessé de jouer un rôle très important dans l’histoire de la tapisserie. Son nom vient d’une famille de « taincturiers en escarlate », les Gobelins, installés dès le milieu du XVe siècle sur les bords de la Bièvre au faubourg Saint-Marcel. Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, en est le premier directeur. La Manufacture des Gobelins a toujours été placée sous la haute protection du roi et sous l’autorité des surintendants puis directeurs généraux de ses Bâtiments.

La manufacture des Gobelins connaît au XVIIIe siècle une phase d’apogée artistique et technique, qui lui permet de revendiquer, dans ces domaines, l’un des premiers rangs en Europe, si ce n’est le premier. Suivant l’avis de plusieurs maîtres tapissiers publié en 1718, la « fabrique [des Gobelins] aujourd’hui surpasse toutes celles de l’Europe ». Un peu plus tard, le 16 janvier 1765, Marigny écrivant à Soufflot, se fait l’écho à son tour de cette réussite exemplaire, affirmant qu’il a « toujours considéré la manufacture royale des Gobelins comme un des plus beaux établissements qu’il y ait en France ». Les quelque mille sept cent tapisseries produites en un siècle, réparties en une quarantaine de suites différentes, dont bon nombre suscitent encore, malgré leur ancienneté, une admiration sans réserve, sont la preuve de cet éblouissant succès.


Introduction par Jean Vittet, commissaire de l’exposition
La Galerie des Gobelins se propose d’évoquer, dans une exposition complètement inédite, Les Gobelins au siècle des Lumières - Un âge d’or de la manufacture royale.

Dirigés successivement par les architectes Jules-Robert de Cotte, Jean-Charles Garnier d’Isle, Jacques-Germain Soufflot et le peintre Jean-Baptiste Marie Pierre, sous l’autorité de directeurs généraux des Bâtiments du roi passionnés par les questions artistiques, tels que le duc d’Antin, le marquis de Marigny et le comte d’Angiviller, les Gobelins connaissent au XVIIIe siècle une prospérité et une créativité inégalées (quarante séries de tapisseries différentes créées sur cent ans), qui en font la première manufacture d’Europe dans son domaine. Les plus grands maîtres de l’époque (Charles Coypel, Jean-Baptiste Oudry, Charles Natoire, François Boucher, Carle Vanloo…) sont sollicités pour fournir les gigantesques modèles nécessaires, trouvant le temps de concevoir des oeuvres dans les domaines les plus variés, profane ou sacré, historique ou mythologique.

Sous la conduite d’entrepreneurs d’exception, tel Jacques Neilson, le tissage des tapisseries connaît des progrès techniques essentiels (métiers Vaucanson pour la basse lisse, chimie des teintures améliorée contrairement à une légende infondée qui y voit une période de déclin), tandis que les tapisseries atteignent un niveau de perfection inconnu jusque-là, qui suscite l’admiration sans réserve de Diderot lors des Salons.

Les élites européennes (souverains, ministres, ambassadeurs, noblesse anglaise, maîtresses royales) sont également enthousiasmées par ces oeuvres, qui font l’objet de nombreux cadeaux et vont orner les murs des plus grandes demeures d’Europe, parfaitement intégrées au décor intérieur grâce à l’intervention d’architectes inventifs, tel l’Ecossais Robert Adam.

L’exposition présentera une trentaine de tapisseries, sélectionnées pour leur état de fraîcheur exceptionnel, parmi lesquelles des pièces de l’Ancien Testament d’Antoine Coypel, du Nouveau Testament de Jean Jouvenet et Jean Restout, séries rarement montrées, de la fameuse Histoire de Don Quichotte de Charles Coypel, de L’Iliade de Charles Coypel, de l’Histoire d’Esther de Jean-François de Troy, de L’Ambassade turque de Charles Parrocel, des Chasses de Louis XV de Jean-Baptiste Oudry, de l’Histoire de Thésée de Carle Vanloo et des Amours des dieux de François Boucher.

L’exposition montrera également, dans une mise en comparaison inédite avec les tissages, une quarantaine de cartons peints ou d’esquisses, spécialement restaurés pour l’exposition, grâce à un mécénat de la Fondation BNP Paribas, dont plusieurs cartons d’« alentour » spectaculaires du peintre de fleurs Maurice Jacques. Enfin, des sièges couverts en tapisseries, prêtés par le musée du Louvre, des tableaux en tapisserie et plusieurs documents d’époque (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ; planches gravées des ateliers) viendront compléter cette évocation des Gobelins à leur apogée.




Carte blanche à Pierre et Gilles
au Salon Carré, du 8 avril au 27 septembre 2014 (prolongée jusqu'au 4 octobre 2014)

Commissaires
Marc Bayard, Conseiller pour le développement culturel et scientifique au Mobilier national
et Jean-Jacques Gautier, Inspecteur au Mobilier national




Pourquoi proposer à Pierre et Gilles cette Carte blanche ?
Pour répondre à l’exposition Les Gobelins au siècle des Lumières – Un âge d’or de la manufacture royale il a été recherché quelle œuvre aujourd’hui constitue un univers créatif qui reflète celui du XVIIIe siècle. Rapidement l’univers du film Marie-Antoinette (2006), de Sofia Coppola m’est venu à l’esprit. Entre mode vestimentaire, mœurs légères, macarons et musiques, le film de Sofia Coppola en dit plus sur notre société que sur celle du XVIIIe siècle. L’exposition du Grand Palais autour de la reine d’origine autrichienne, mise en scène par Robert Carsen (2008), allait dans le même sens : un monde frivole et léger, avec un rapport très distancié avec la réalité.

Pierre et Gilles sont à mon avis le duo contemporain qui exprime ce parallèle. L’idée de leur proposer cette Carte blanche était une évidence. Et nous avons réussi à les séduire en mettant à leur disposition nos ensembles mobiliers. Ainsi, dans le Salon Carré, au premier étage de la Galerie des Gobelins, Pierre et Gilles, proposent une installation, apportant ainsi un souffle inimitable qui mêle, comme à leur habitude, esprit baroque, monde décalé et scènes oniriques. Un cadre théâtral complexe en parfaite harmonie avec le Siècle des Lumières. Recréant un univers décoratif avec le mobilier national mis à leur disposition, Pierre et Gilles ont choisi un étonnant ensemble mobilier du XVIIIe siècle provenant de la Chaumière des coquillages du château de Rambouillet. Cet ensemble a été commandé par la princesse de Lamballe puis a appartenu à Marie-Antoinette. Les éléments aquatiques des chaises, canapés et écran de cheminée en hêtre et noyer moulurés, façonnés par le menuisier François II Foliot (1774-1792), « maître-menuisier du Garde-Meuble du Roi » (ancêtre du Mobilier national), évoquent un monde végétal et de coquillages d’une très grande finesse d’exécution. Les tissus de la manufacture Tassinari et Chatel, qui recouvrent ces sièges, donnent une belle tonalité bleu-grise à l’ensemble. Les dorures des bras de lumière, des cadres de miroirs, et des chenêts viennent illuminer cette pièce intime. Ce décor merveilleux et insolite sert d’écrin, voire d’autel à un portrait inédit, pièce centrale de cette installation inspirée par la reine Marie-Antoinette. Un parfum d’ambiance, crée pour l’occasion par Drom Fragrances, est l’occasion de compléter cette atmosphère poétique.

Pierre et Gilles développent un langage photographique fondé sur un travail proche des peintres classiques (Nicolas Poussin) ou romantiques (Delacroix, Géricault). Le photographe et le peintre conçoivent ensemble une oeuvre qui requiert du temps. Dans leur atelier, ils pensent les décors, les accessoires, les costumes, les parures, chaque élément, comme ont pu le faire leurs illustres prédécesseurs : l’image est une scénographie dans laquelle le moindre détail compte. Le travail en atelier est un long processus de recherche et d’aménagement. Le cliché, instant fondamental, ainsi figé, devient ensuite un monde métamorphosé par l’intervention picturale. L’harmonie des formes, des couleurs, de tous les détails rend la photographie proche d’un artéfact conscient, maitrisé, dans lequel rien n’est aléatoire ni subi. L’art de l’aménagement puis de la transformation colorée distingue de manière unique la photo originale. Ainsi apparaît une combinaison subtile entre le montage complexe d’une image photographique et la réalisation picturale qui souligne et caractérise la prise de vue. Cette création est magnifiée par l’ensemble décoratif de belle facture d’exécution. Ce dernier montre une alcôve où dialoguent des objets anciens et la photographie contemporaine : l’installation met ainsi en avant une esthétique de l’écrin. Pierre et Gilles ont demandé à Zahia Dehar d’incarner ce portrait en hommage à Marie-Antoinette.