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“Lucio Fontana” Rétrospective
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

du 25 avril au 24 août 2014



www.mam.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 24 avril 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Lucio Fontana, Concetto spaziale, Teatrino(Concept spatial, Teatrino), 1965, huile sur toile et bois laqué, collection Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles/photo: J. Geleyns/Ro scan. © Fondazione Lucio Fontana, Milano / by SIAE / Adagp, Paris 2014.
2/  Lucio Fontana, Concetto spaziale, New York 10 (Concept spatial, New York 10), 1962. Collection Fondazione Lucio Fontana, Milan. © Fondazione Lucio Fontana, Milano / by SIAE / Adagp, Paris 2014.

 


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Interview de Choghakate Kazarian et Sébastien Gokalp, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 24 avril 2014, durée 7'19". © FranceFineArt.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

La rétrospective que consacre le musée d'art moderne de la ville de Paris à Lucio Fontana est un cours magistral d'histoire de l'art. Le parcours de cet artiste singulier nous enseigne comment un puissant concept artistique naît, se construit durant plusieurs décennies jusqu'à devenir une évidence et la fondation des travaux de la génération suivante.

Fontana travaille la céramique avec une fausse désinvolture. La terre malaxée comme de la pâte à pain, fluide et souple, porte l'empreinte des mouvements, les trajectoires des mains qui l'ont modelée. Ce qui ressemble à des esquisses au premier abord, tout en formes brutes, frustes, révèle une expressivité puissante. Un vivant bestiaire s'éveille: lions, crocodiles, crustacés et coquillages, fruits et papillons colorés. Guerriers et cavaliers jaillissent des flancs de vases dans un furieux et rugissant élan de couleurs vives et brillantes.

La richesse et la variété des oeuvres exposées: papiers, notes, sculptures de plâtre, nous plonge au coeur de l'atelier de l'artiste, balisant des années de recherche. On assiste au patient développement d'une théorie, le spatialisme. Lucio Fontana formule des hypothèses, expérimente et finit par dynamiter les limites de la toile. Le concetto spaziale explore les relations entre l'homme et l'univers et se sert de l'oeuvre plastique comme médiateur. Ce sont d'abord par des trous percés que l'espace s'ouvre, que la peinture devient sculpture, peut-être même une discipline nouvelle qui n'a pas encore de nom. La toile devient tridimentionnelle, s'inscrit dans une lecture quantique du cosmos à travers les multiples passages qui en connectent les deux faces. La surface peinte de couleurs vives, de vert publicitaire, de rose ou de rouge offre une pulsation sensuelle, engage la conversation. De même cette série de toiles de formes polygonales donnant à chacun la liberté de les accrocher comme bon lui semble.

Le trou se transforme en fente, parfois lacération, tantôt déchirure lorsque la matière offre une résistance à la lame. Le plan se courbe, s'ouvre alors entre des lèvres, dont le minimalisme n'entame en rien le pouvoir érotique et mystique. Il s'agit bien d'une quête du divin qui se poursuit en ouvrant des galeries entre les dimensions et les mondes.

En déambulant autour des oeuvres exposées une évidence s'impose: il faut se déplacer pour saisir pleinement la nature du travail de Fontana. Les sculptures restituent alors le mouvement d'où elles sont nées. Les boules de bronze fendues prennent vie et c'est avec stupéfaction qu'on les voit s'animer du geste du sculpteur. Sa main effectue une ample trajectoire, volontaire, ouvrant dans la lourde glaise originelle une bouche ou y creusant de profondes cavités. La matière cède et s'écarte, lentement, capitulant dans un soupir humide.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition : Choghakate Kazarian et Sébastien Gokalp



Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente l’une des plus importantes rétrospectives de Lucio Fontana (1899-1968). Considéré comme un des grands visionnaires du vingtième siècle, son oeuvre a marqué plusieurs générations d’artistes, d’Yves Klein à aujourd’hui. Pour la première fois en France depuis 1987, plus de 200 sculptures, toiles, céramiques et environnements permettent d’offrir une vision globale de son parcours atypique et de ses changements de styles.

Né en 1899 à Rosario en Argentine de père italien, sculpteur de formation, il passera la majeure partie de sa vie à Milan. Exploitant toutes les possibilités de la sculpture polychrome (terre cuite, céramique, mosaïque) et collaborant avec des architectes, il est un des premiers artistes abstraits italiens dans les années 1930. Il passe la Seconde Guerre Mondiale en Argentine. De retour à Milan en 1947, il devient la figure de proue du mouvement spatialiste qu’il définit dans divers manifestes. Ce mouvement part de l’espace et de la lumière pour concevoir des oeuvres en relation avec le monde environnant et la conquête spatiale. Il s’incarne dans ses sculptures en céramique, ses toiles trouées et ses environnements. En 1949, il réalise ses premiers Concetti spaziali (Concepts spatiaux), toiles perforées sur lesquelles il intervient avec divers matériaux et couleurs vives. Après une rétrospective à la Biennale de Venise en 1958, il commence sa série de toiles fendues, les Tagli et devient une figure de référence pour les artistes des années 1960.

Le parcours chronologique de l'exposition couvre l'ensemble de sa production, de la fin des années 1920 à sa mort en 1968, à travers tous ses grands cycles : sculptures primitives et abstraites, dessins, céramiques polychromes, oeuvres spatialistes, toiles perforées, oeuvres informelles, environnements, Tagli (Fentes), Nature, Fine di Dio, Venezie, Metalli, Teatrini, etc, oscillant entre geste conceptuel épuré et profusion de matières et de couleurs jouant avec le décoratif.

L’exposition, réalisée avec la collaboration de la Fondazione Lucio Fontana, met en valeur la diversité de sa création, entre abstraction et figuration, quête métaphysique et incarnation, utopie et kitsch, fascination technologique et matières informes. Ses toiles fendues, devenues des icônes de l’art moderne, sont mises en regard d’oeuvres moins connues, notamment ses sculptures des années trente et ses céramiques, la plupart présentées pour la première fois en France.

Un catalogue de 300 pages largement illustré et édité par Paris Musées sera publié à cette occasion. Avec des textes de Fabrice Hergott, Jean Louis Schefer, Daniel Soutif, Anthony White, Luca Massimo Barbero, Paolo Campiglio, Marina Pugliese, Sébastien Gokalp, Choghakate Kazarian, et une anthologie de textes de Michel Tapié, Lawrence Alloway etc.