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“L’état du ciel (partie 2)” Thomas Hirschhorn, Flamme éternelle
au Palais de Tokyo, Paris

du 25 avril au 23 juin 2014



www.palaisdetokyo.com

www.flamme-eternelle.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 24 avril 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/ & 2/  Thomas Hirschhorn, document préparatoire pour l’exposition « Flamme éternelle », 2013.
Courtesy de l’artiste. © ADAGP, Paris 2014.
Photo : Aurélien Mole.

 


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Interview de Thomas Hirschhorn,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 avril 2014, durée 8'34". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

L’état du ciel témoigne de l’attention portée par des artistes, des poètes, des philosophes aux circonstances physiques, morales et politiques de notre monde. Cette saison qui permettra en un semestre de découvrir plus d’une dizaine de propositions ou d’expositions sur ce thème, répond à la sentence que formula André Breton à propos de Giorgio de Chirico : « L’artiste, cette sentinelle sur la route à perte de vue des qui-vive. » En effet, depuis Goya au moins, l’art moderne ou contemporain porte une attention active à l’état du réel. Craintes, alertes, propositions, révoltes, utopies : souvent les artistes, pour transformer le présent, dressent le paysage de nos inquiétudes et parfois avancent les solutions poétiques pour répondre aux circonstances. En se penchant sur le monde comme on se penche sur les images, l’aujourd’hui n’est plus un bloc de destin mais une surface en mutation qui, en l’exprimant, peut être modifiée.

Ces constats donnent naissance à de nouvelles formes d’expositions qu’une fois encore ce mot ne suffit plus à définir. Ainsi, la transposition du thème de la lamentation dans le langage du cinéma, inspirée de l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg par Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger, ou la présentation d’oeuvres des collections immatérielles du Centre national des arts plastiques, ou la réflexion sur la chute, du mur de Berlin aux Twin Towers, proposée par Gérard Wajcman et Marie de Brugerolle, ou encore l’immense installation Flamme éternelle de Thomas Hirschhorn consacrée aux relations entre art et philosophie, qui sera activée par la présence de près de 200 intellectuels et poètes qui viendront débattre de la façon dont ces relations peuvent modifier notre conscience.

Ajoutons la trentaine de fictions conçues par Hiroshi Sugimoto sur le thème de la disparition de l’humanité, ou l’exploration scrupuleuse par Angelika Markul des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, ou encore les hybridations virales corps-machines conçues par David Douard et les variations digitales d’Ed Atkins. Ce sont à chaque fois les symptômes d’un état général du monde qui articulent contemplation et action. L’état du ciel – titre inspiré du Promontoire du songe de Victor Hugo dans lequel celui-ci écrit : « L’état normal du ciel, c’est la nuit » – concerne bien le temps qu’il fait, un temps politique, un temps où voir est déjà une manière d’agir.


Thomas Hirschhorn, Flamme éternelle
Commissaire : Julien Fronsacq


Depuis sa « première exposition » à l’Hôpital Éphémère (1992), Thomas Hirschhorn (né en 1957, vit et travaille à Paris) a réalisé de nombreux projets marquants à Paris : Jeu de Paume (1994) ; « Swiss-Swiss Democracy » (Centre Culturel Suisse, 2004) ; « Musée Précaire Albinet » (2004)… Dix ans après « 24H Foucault », Thomas Hirschhorn revient au Palais de Tokyo pour présenter « Flamme éternelle ». La plupart des oeuvres de Thomas Hirschhorn jouent avec des formes familières et urbaines évoquant l’étal, le marché aux puces, le pamphlet ou sa forme placardée comme le dazibao de la Chine populaire. « Kiosques », « Monuments », « Autels », « Sculptures Directes » constituent une véritable typologie de dispositifs fonctionnels ou votifs. Les « Kiosques » sont inspirés des structures de propagande développées par le constructivisme russe, les « Monuments » rendent hommage à l’oeuvre de penseurs (Spinoza, Bataille, Deleuze, Gramsci) et les « Autels » évoquent les commémorations urbaines spontanées. Si les « Sculptures Directes » sont habituellement installées dans les institutions, la première version s’est suggérée à l’artiste par le détournement de la Flamme de la liberté (quai de l’Alma, Paris) en autel votif consacré à la princesse Diana. Refusant toute invitation rétrospective, Thomas Hirschhorn a décidé pour le Palais de Tokyo de réactiver le protocole « Présence et Production ». Par ce processus, Thomas Hirschhorn renouvelle la notion de présence si problématique au fil des phases classiques et modernes de l’histoire de l’art. L’opposition habituelle entre la présence de l’oeuvre et de l’artiste en action est définitivement dépassée. La forme de l’œuvre est ouverte, accessible et gratuite, pour constituer un véritable espace public au sein de l’institution, disponible à une audience non-exclusive rassemblant les amateurs et ceux qui n’ont aucune inclination spécifique pour l’esthétique. Thomas Hirschhorn conçoit « Flamme éternelle » comme son propre atelier provisoire, comme un espace d’accueil d’intellectuels libres de concevoir leur intervention ou leur simple présence en dehors de toute obligation d’animation culturelle de l’institution.


« Flamme éternelle » est le titre de l’exposition que je propose pour le Palais de Tokyo. Il s’agit d’une œuvre d’art, d’une exposition dans une institution. Ce que je veux, c’est créer, dans une institution, un espace public ou des moments d’espace public. Un espace de rencontres, de dialogues, de confrontations. Un espace pour être, pour rester, pour passer du temps et un espace pour réfléchir. « Flamme éternelle » n’est pas une exposition interactive, c’est un travail actif, un travail dont l’activité ne s’arrête jamais. Cette activité est l’activité de la réflexion. Le titre de cette oeuvre vient de là : « Flamme éternelle » de la pensée, « Flamme éternelle » de l’art et de la philosophie, « Flamme éternelle » de la poésie, de ce qui nous dépasse, de ce que je ne comprends pas. « Flamme éternelle » est aussi le feu qui reste vivant, le feu des idées, des concepts, des projets. « Flamme éternelle », c’est aussi le Foyer autour duquel on se retrouve pour se réchauffer, pour dialoguer et se sentir moins seul, échanger ses idées, ses projets, pour confronter ses positions. « Flamme éternelle » est aussi un signal. C’est le signal que quelque chose n’est pas éteint, que quelque chose est nourri et entretenu, que la forme est toujours là. C’est un signal qui signifie qu’il y a quelqu’un qui veille, qui est présent, qui ne s’endort pas, qui reste éveillé, lucide et attentif. Cette flamme peut s’appeler : je crois en l’art et je crois en la philosophie. « Flamme éternelle » est une proposition universelle. Il y du Feu, il y a une Flamme, on s’approche, on se met autour : l’échange peut commencer, hors annonce, hors planning et hors « timetable ». Il ne s’agit pas d’une manifestation culturelle, il s’agit d’une oeuvre d’art. L’oeuvre d’art ne doit pas fonctionner. L’oeuvre d’art est sans contrôle, sans obligation de résultat. Mais l’oeuvre d’art, parce que c’est une oeuvre d’art, peut créer des moments magiques et merveilleux de vérité. Des moments furtifs, inattendus et secrets. « Flamme éternelle » veut être une manifestation concrète d’art dans une institution. « Flamme éternelle » peut, en suivant la ligne de conduite Présence et Production, créer des moments d’espace public. C’est ça le défi de ce travail. Les moments d’espace public sont les moments ouverts, précaires, où l’utopie se superpose à la réalité et où l’autonomie de l’Art s’affirme à chaque instant dans des moments imprévus. Les moments de l’espace public sont aussi les moments intenses où l’Autre peut être touché, où l’Autre n’est pas spectateur, public ou audience, mais entièrement et seulement l’Autre. « Flamme éternelle » n’est possible que comme mouvement d’amitié, d’amour, d’espoir, d’avenir, de densification, de matérialisation, de contact et de conscience. De la conscience : « condition humaine » à chaque instant, à chaque moment, dans la réalité totale et absolue. Plus réelle que la réalité même. Je veux créer cet espace de rêve concret. Je veux le créer avec des Formes, avec de la Présence et avec de la Production. Je veux que « Flamme éternelle » soit Universelle. Thomas Hirschhorn



Les Foyers

Le concept du foyer est au coeur du projet. Sur une surface de près de 2 000 m2, Thomas Hirschhorn installe une série de foyers. Le foyer est étymologiquement l'âtre de la cheminée, et par extension une habitation. Dans les théâtres, le foyer est une salle commune où se rassemblent les acteurs (foyer des artistes) ou le public (foyer du public). Le foyer est également l’hypocentre d'un séisme. Thomas Hirschhorn entend interroger l'ambivalence du foyer pour substituer au langage de la commémoration – la flamme éternelle – la rencontre entre la rupture tectonique, le départ de feu, les artistes et le public.


Les Agoras
Les foyers de « Flamme éternelle » sont conçus à la manière d’amphithéâtres organisés autour d’un brasero, un feu entretenu quotidiennement. Ces derniers deviennent des agoras accueillant durant deux mois des interventions journalières de toutes formes : pièce de théâtre, conférences, lectures et débats, autant d’invitations à l’initiative de Thomas Hirschhorn. Au milieu d’espaces d’accueil et d’activités du public, de bannières et de sculptures en cours de réalisation par l’atelier de l’artiste, un environnement de pneumatiques automobiles dessine les amphithéâtres. À l’aide de ces braseros et pneus usagés, Thomas Hirschhorn dessine un espace croisant le domestique et le public, la dépense et la production, l’énergie et la transmission.