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“Unedited History” Iran 1960-2014
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

du 16 mai au 24 août 2014



www.mam.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 mai 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Mohsen Rastani (né en 1958), De la série Famille iranienne. Epreuve Gelatino-Argentique. Collection de l’artiste.
2/  Kazem Chalipa (né en 1957), Bassidji, 1985. Huile sur toile. Collection Hoze honari va sâzmân-e tabliqât-e eslâmi, Téhéran
3/  Behdjat Sadr (1924-2009), Sans titre, 1974. Collection particulière © Galerie Frédéric Lacroix.

 


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Interview de Odile Burluraux, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 mai 2014, durée 8'41". © FranceFineArt.

 


1341_Unedited-History audio
Interview de Narmine Sadeg, artiste et co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 mai 2014, durée 6'14". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition :
Catherine David, Odile Burluraux, Morad Montazami, Narmine Sadeg
et Vali Mahlouji - Archéologie de la Décennie Finale.




Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente à l’ARC UNEDITED HISTORY, Iran 1960-2014. Composée de plus de 200 oeuvres pour la plupart inédites en France, l’exposition offre un nouveau regard sur l’art et la culture visuelle en Iran des années 1960 à aujourd’hui. L’exposition interroge l’histoire contemporaine de ce pays sous forme de séquences : les années 1960-1970, l’époque de la révolution de 1979 et la guerre Iran-Irak (1980-1988), puis de l’après-guerre à aujourd’hui.

L’exposition rassemble une vingtaine d’artistes issus des années 1960-1970 ainsi que de la plus jeune génération. Elle met en perspective les médiums de la peinture, de la photographie et du cinéma mais aussi des éléments centraux de la culture visuelle moderne iranienne (affiches et documents : du Festival des arts de Shiraz-Persépolis à la période de la révolution et de la guerre Iran-Irak). Qu’ils soient déjà historiques (Bahman Mohassess, Behdjat Sadr, Kaveh Golestan, Bahman Jalali) ou issus de la scène contemporaine (Barbad Golshiri, Arash Hanaei…), tous ont construit leur oeuvre sur une relation critique aux médiums et aux formes.

D’une génération à l’autre, ces artistes contribuent à repenser la manière dont s’est écrite l’histoire politique et culturelle de leur pays. L’exposition et le livre qui l’accompagne invitent à élargir notre perception de l’Iran et de sa modernité.

Le projet Archéologie de la Décennie Finale présente d’une part le Festival des Arts Shiraz-Persépolis et d’autre part Kaveh Golestan et le quartier rouge de Shahr-e No.


Artistes exposés
Morteza Avini (1947-1993), Mazdak Ayari (né en 1975), Kazem Chalipa (né en 1957), Mitra Farahani (née en 1975), Chohreh Feyzdjou (1955-1996), Jassem Ghazbanpour (né en 1963), Kaveh Golestan (1950-2003), Barbad Golshiri (né en 1982), Arash Hanaei (né en 1978), Behzad Jaez (né en 1975), Bahman Jalali (1944-2010), Rana Javadi (née en 1953), Khosrow Khorshidi (né en 1932), Bahman Kiarostami (né en 1978), Parviz Kimiavi (né en 1939), Ardeshir Mohassess (1938-2008), Bahman Mohassess (1931-2010), Morteza Momayez (1935-2005), Tahmineh Monzavi (née en 1988), Mohsen Rastani (né en 1958), Farhad Rhamati (né en 1964), Narmine Sadeg (née en 1955), Behdjat Sadr (1924-2009), Kamran Shirdel (né en 1939), Kourosh Shishegaran (né en 1944), Behzad Shishegaran (né en 1952), Esmail Shishegaran (né en 1946).



Unedited history, Introduction des commissaires – extrait
L’histoire du moderne dans les arts visuels, en Iran, durant la seconde moitié du XXe siècle, est de plus en plus questionnée. À ce titre, l’exposition « Unedited History » vise, plutôt qu’à construire « une » histoire de l’art moderne, à restituer les grandes « séquences » du contexte social et politique à travers lesquelles s’est constituée la culture visuelle en Iran, des années 1960 à nos jours.
Dans cette perspective, il faut aborder la question en ignorant les spéculations financières et les effets de mode qui participent de « l’art contemporain iranien » et cautionnent un auto-exotisme concerté entre artistes et institutions ; en ignorant également les surdéterminations symboliques encouragées par le marché de l’art international, et les intérêts des acteurs régissant le nouveau système de représentations d’un « Moyen-Orient » élargi d’où seraient effacées les lignes de fracture esthétiques et politiques. Le procès « moderne » en Iran résulte de dynamiques complexes, oscillant entre deux paramètres. D’une part, les étapes conflictuelles de la modernisation, qui s’exprime dans l’organisation économique, dans le contrôle des ressources, dans la géopolitique, au moins depuis la seconde moitié du XIXe siècle. D’autre part, les gestes artistiques ou conceptuels, graphiques ou intellectuels, ainsi que les expressions subjectives ou collectives de la modernité, dont les premières manifestations publiques, en dialogue avec la scène moderne internationale, datent des années 1950.

L’exposition « Unedited History » comporte des manques, des impasses et des complexités non résolues, et raconte une histoire dont l’écriture fait débat. Empruntée au langage cinématographique, l’expression unedited history renvoie à une histoire « non montée », à l’état de rushes. La métaphore cinématographique pose ici la question des modes d’enregistrement de l’histoire de l’Iran contemporain, à travers les éléments structurants de la culture visuelle. Cette dernière incite à l’étude des dynamiques transversales entre les arts plastiques, les arts graphiques, le cinéma, les arts vivants, mais encore la caricature, les démonstrations de l’agit-prop et les pratiques religieuses. « Unedited History » fonctionne ainsi comme un titre-hypothèse : à défaut d’« une » histoire du moderne pré-écrite et instituée, peut-on considérer l’expérience du moderne sous forme d’histoires fragmentées et remontées ? L’exposition présente ainsi plusieurs corpus artistiques, documentaires et éditoriaux, les plus significatifs quant à la situation historiographique instable – en dépit des problèmes liés à l’accès aux archives plutôt qu’à leur conservation. L’exposition ne cherche pas à restituer toutes les expressions du moderne, comme cela a été fait en d’autres occasions (« Iran Modern », Asia Society, New York, 2013 – 2014). Il s’agit plutôt de mettre en évidence les articulations profondes entre la culture visuelle et les différents héritages qu’elle a générés ou reconduits, à travers une sélection de corpus à la fois cohérents et hétérogènes. Chacun à sa manière problématise le moment historique où il s’inscrit, auquel il réagit ou donne forme. Autant d’artistes, de cinéastes et de producteurs culturels attentifs à l’histoire des images et des legs documentaires, mais aussi tributaires des rapports de pouvoir et des conflits idéologiques de l’Iran contemporain.
Tout en s’inscrivant dans un mouvement de recherche international sur le moderne en Iran, « Unedited History » tente de déconstruire une vision trop uniforme ; celle dans laquelle, entre autres idées préconçues, la Révolution de 1979 porterait un coup d’arrêt sans appel à l’élan de la modernité. L’exposition se concentre ainsi autant sur ce qui a constitué une rupture que sur les continuités, parfois plus discrètes, entre des périodes successives mais dominées par les mêmes figures. Pour ne serait-ce qu’entrevoir les arcanes souterrains d’une société où l’individu fut souvent sacrifié au profit de la collectivité.
Cette exposition interroge une histoire s’écrivant à partir de témoignages et de documents épars qui, si l’oralité y prime parfois sur l’écrit, recèlent une force en attente d’être mieux restituée (ceci est valable également pour nombre d’oeuvres d’art). Ces corpus souvent incomplets ou difficilement accessibles sont ici réunis par ensembles de catégories ; la caricature (comme les affiches et les revues), au même titre que les archives photographiques ou cinématographiques, est un mode d’enregistrement de l’histoire sociale et politique. D’une autre façon, la muséographie et la scénographie ont figuré, dans la seconde moitié du XXe siècle en Iran, parmi les outils principaux de mise en forme de l’histoire : de l’organisation des Biennales internationales de Téhéran (à partir de 1958) aux onze éditions du Festival des arts de Shiraz-Persépolis, qui fut une source d’innovations sans précédent pour les arts vivants, en passant par les expositions «populaires» qui accompagnent le mouvement de la Révolution, aussi bien à la faculté des beaux-arts de l’université qu’au musée d’Art contemporain de Téhéran (TMoCA). Plus récemment, le musée de la Défense sacrée de Téhéran, inauguré en 2012, a reconstitué et mis en scène les dispositifs militaires, les ruines et jusqu’aux tranchées de la guerre Iran-Irak, en hommage aux martyrs de ce conflit. La pluralité des médiums et des supports propres à cette culture visuelle et, surtout, les différentes lectures historiques qu’elle véhicule, parfois contradictoires, témoignent aussi d’une diversité ouverte vers l’étranger, en dépit des périodes de repli nationaliste.
La photographie, le film et les pratiques documentaires ont un rôle structurant dans la compréhension locale du moderne en Iran et témoignent de lectures conflictuelles des images, notamment à partir des années 1960. C’est à dessein que l’exposition prend son point de départ dans cette décennie. Jusque dans les années 1940-1950, c’étaient plutôt les images d’icônes, de héros et de mythes (profanes et religieux), incluant les grandes figures intellectuelles et politiques, qui étaient très présentes dans l’iconographie. À ce titre, Mohammad Mossadegh, Premier ministre de 1951 à 1953, incarne un passage entre l’ancien et le nouveau régime des images en devenant l’icône d’un grand récit fédérateur et unificateur. Son image a traversé les lignes de partage entre représentations collectives et réappropriations individuelles, réapparaissant en différents moments historiques, remobilisée à l’époque de la Révolution, et objet aujourd’hui de diverses commémorations nostalgiques (il reste sans doute davantage représenté par les artistes que Mohammad Reza Shah Pahlavi). D’une autre façon, l’iconographie du martyr politique et religieux s’illustre sur les murs de la ville depuis les années 1980 et a récemment subi des transformations profondes. « Unedited History » propose au spectateur un montage possible de cette histoire récente, à partir de trois séquences : Les années de la « modernisation » 1960 - 1978 […]Révolution et guerre Iran-Irak 1979 – 1988 […]Enjeux contemporains 1989 – 2014 […]