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“Réenchanter le monde” architecture, ville, transitions
à la Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris

du 21 mai au 6 octobre 2014



www.citechaillot.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 20 mai 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Centre wallon de sylviculture. Philippe Samyn, Marche-en-Famenne, Belgique, 1995. Maître d’ouvrage › ministère de l’Environnement, des Ressources naturelles et de l’Agriculture. © Christine Bastin & Jacques Evrard.
2/  Aménagements des parcs nationaux de Band-i-Amir et de Pamir. Anne Feenstra, Afir Architects, Afghanistan, 2006 – 2010. Programme › aménagements du parc national de Band-i-Amir : pavillons d’accueil et rénovation du bazar (marché) ; aménagement du parc national de Pamir : pavillon d’accueil de Wakhan Maître d’ouvrage › Province de Bamyan, Afghanistan. © Afir architects.
3/  Safe Haven (« le refuge ») — Orphelinat. Tyin Tegnestue Architects, Ban Tha Song Yang, Noh Bo, Thaïlande, 2009. Maître d’ouvrage, orphelinat Safe Haven avec le concours de l’université de Trondheim (NTNU), professeurs Sami Rintala et Hans Skotte ; Ole Jørgen Edna. © Pasi Aalto.

 


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Interview de Marie-Hélène Contal, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 mai 2014, durée 6'54". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Marie-Hélène Contal, directrice adjointe de l’Ifa / Cité, responsable du programme du Global Award ;
Avec les architectes lauréats du Global Award For Sustainable Architecture




« Réenchanter le monde » est une exposition-manifeste sur l’avenir du monde habité, conçue avec les architectes lauréats du Global Award for Sustainable ArchitectureTM. Au fil des années, ces architectes ont formé et animent une scène de recherche et de mise en question, reconnue dans le débat mondial sur les grandes transitions et leur effet sur la condition des hommes.

Ces transitions ‒urbaines, écologiques, démographiques, économiques, énergétiques…‒ s’effectuent en ce moment, sous nos yeux. Du premier ébranlement de 1974 à la crise systémique de 2008, ce ne sont pas de simples secousses qui ont freiné le cours des choses mais une rupture d’ampleur qui s’est produite. Elle sépare un siècle qui fonda sa vision du progrès sur l’exploitation de ressources pensées inépuisables, d’un XXIe siècle qui doit d’abord se demander de quel « progrès » nous avons besoin, pour rechercher des alternatives.

Si l’on considère l’architecture dans son acception traditionnelle ‒une oeuvre de commande ‒on a du mal à croire qu’elle puisse vraiment agir sur des enjeux aussi globaux et incertains que l’épuisement des ressources ou la violence du développement inégal. Les protagonistes de «Réenchanter le monde» affirment, eux, qu’un architecte n’est contemporain que s’il affronte ces réalités, met en cause les programmes, les modes de production, de décision… que nous avons hérités de l’ordre industriel moderne.



L’art d’habiter la terre

Lorsque nous visitons l’Académie des Arts de Hangzhou, construite par Wang Shu, la rue Delacroix à Boulogne-sur-Mer, rénovée par Construire, l’hôpital mauritanien de Kaedi, de Fabrizio Carola, nous découvrons des lieux civilisés par l’architecture alors même qu’en ces endroits le pire était sûr à Hangzhou qu’on rase, chez les habitants relégués de Boulogne, dans le dénuement de Kaedi.

Cette scène qui tutoie l’utopie résiste, donc, invente d’autres pratiques. Elle réunit des architectes du Nord et du Sud et leur dialogue apporte une autre vision du monde : sur la construction des cultures, le renversement des échanges, les foyers et les raisons de l’innovation, sur la façon dont l’architecture aide les hommes à transformer le cours des choses.

Ces architectes ont pour cela pris des distances ‒ avec l’architecture de communication et ses objets, si peu concernés par l’humanité qui les entoure, avec aussi parfois une écologie qui, née dans les pays nantis, peine à se projeter dans la réalité de l’urbanisation mondiale. Le propre de leur architecture est peut-être au contraire d’être immergé dans le monde réel, complexe, difficile, et de s’en saisir pour faire oeuvre de civilisation.

Aujourd’hui que le débat sur l’avenir de ce monde a pris toute sa voilure, la scène du Global Award a la légitimité de rédiger son manifeste pour « Réenchanter le monde ». Elle propose une pratique de l’architecture qui reprend place dans le débat philosophique et politique sur la conduite du monde, qui renoue avec les sciences et la recherche, qui lutte pied à pied contre les forces de la destruction des ressources, des sociétés, des cultures.


L’exposition

On aura compris que «Réenchanter le monde» présente une architecture en mouvement, en recherche de démarches nouvelles, complexe, foisonnante. Si on la compare à l’unité de style de l’architecture internationale, elle peut dérouter. À son image, l’exposition sera diverse, dense, et même peuplée. Parce que la ville et les mégalopoles du XXIe siècle y seront très présentes. Comme aussi la nature et les éléments, avec leurs blessures, leur immensité. Parce que la matière, le travail et le chantier ne seront pas « effacés » de l’architecture, pas plus que les êtres humains ne seront absents, qu’ils soient des constructeurs, des habitants, des enfants.


Manifeste

Travail collectif, cette section révèle la scène de l’architecture durable dans son « écologie mentale », c’est-à-dire sa singularité de pensée. Il est rédigé en six priorités, universelles aujourd’hui : Le monde global est-il vraiment devenu plat ? Condition humaine, condition urbaine ; L’eau, l’air, la terre, ressources vitales ; L’habitat pour tous, une priorité, partout ; Architecture, techniques et sociétés ; Des utopistes pour ouvrir l’horizon. Plus de 100 projets illustrent ce Manifeste. Ils ont été choisis parce qu’ils proposent des stratégies et des réponses pour affronter transitions et ruptures sur leur propre terrain. Il s’agit moins de les montrer comme objets que de raconter leur histoire : une appropriation active par les hommes et les femmes, des programmes qu’on invente, des modèles usés qu’on casse, une matière qu’on transforme, des savoirs qui s’échangent par le monde, des chantiers qui sont des laboratoires ou des leviers d’émancipation.


Cabinets de sciences

Les architectes qui veulent réenchanter le monde partagent un appétit de connaissances et d’expériences. Ils rouvrent le dialogue, au nom des grandes transitions, avec le monde de la pensée et des sciences, dans son plus large spectre. Plusieurs d’entre eux donnent accès à leur univers de recherche, à l’intérieur d’un petit meuble, sur le modèle des Cabinets de sciences des Lumières. Dans chacun d’eux, une collection d’objets raconte un engagement, le dialogue qu’une femme ou un homme de l’art du XXIe siècle engagent avec les sciences, les sociétés, les éléments, avec l’expérimentation ou encore la matière.


Fragments de monde

Il est caractéristique des architectes de recherche qu’ils aient besoin de sites d’expérience au long cours. Certains, par la grâce d’un projet exceptionnel ou la volonté d’avoir un laboratoire à l’échelle 1, ont pu construire des lieux suffisamment grands et complexes pour constituer un « fragment » du monde, tel qu’il pourrait être. Le village de Gando de Francis Kéré, l’université de Hangzhou, que Wang Shu a construite et où il enseigne, la rue Delacroix rénovée par ses habitants avec Construire à Boulogne-sur-Mer, le Comté de Hale que le Rural Studio fait revivre depuis 20 ans… sont devenus des lieux de civilisation du nouveau siècle. Ces lieux sont présentés par des films.